Une question de chance ?
Souvent pendant ce voyage, je me suis sentie privilégiée. Devant des paysages grandioses, durant des expériences de voyage ou bien lors de rencontres magiques. Ici aussi, à plusieurs reprises, face aux Moaïs, je me suis rendue compte de la chance que j’avais d’être là, sur l’Ile de Pâques, au beau milieu de Pacifique. Et il y a quelques instants, là, je me suis même demandée “Pourquoi ? Pourquoi moi ?”, lorsque Tio m’a confié que j’étais seulement la deuxième personne, deuxième touriste, qu’il emmenait chez sa maman.
Il est passé me chercher ce midi, en voiture pour changer. Je ne savais pas si j’allais le revoir ou non. Il m’avait emmenée la veille à une fête pour l’anniversaire d’un de ses copains. Fête en plein air avec un petit hangar en taule pour abriter quelques tables sur lesquelles étaient disposées de grandes feuilles de palmiers qui faisaient à la fois office de nappe et d’assiettes. On a servi devant nous du poulet, du riz, et des salades, à déguster avec les mains bien sûr. Rhum, pisco, whisky étaient de la partie évidemment et de fil en aiguille je me suis retrouvée seule avec Tio dans la voiture, qui je pensais allait me ramener chez Cecilia sans détour. J’avais pourtant bien mis les points sur les i dès la première heure où l’on s’était rencontrés, qu’il m’avait emmenée sur son cheval et que je trouvais qu’il avait les mains un peu baladeuses. Bon, et bien à croire que mes avertissements n’étaient pas suffisamment clairs, et lorsque dans la voiture il m’a fait une Nième avance, j’ai retourné les i et ç’a fait des points d’exclamation.
Il m’a déposée et je me suis couchée sereine, parce que je n’avais rien à me reprocher, mais déconcertée d’un autre côté, parce que je l’aime bien ce bougre de Tio. Il fait ours à la première approche (même a la deuxième !), mais un coeur plus gros que son ile, qu’il a. Alors oui, ça me faisait chier si je ne devais pas le revoir pour des conneries. Et puis voila, ce midi, il est revenu.
- On y va ?
- Où ?
- Ah ! Mais je ne sais pas, où ! mais j’ai la voiture aujourd’hui, et on y va !
- Bien...
Un arrêt à la maison de sa maman pour déposer les courses et embarquer Nico, son petit frère ou neveu d’une dizaine d’années (je ne sais pas trop qui il est au juste mais il fait partie de cette joyeuse tribu en tout cas).
Tio m’a emmenée visiter toute la côte Sud que je ne connaissais pas : j’ai découvert le volcan ou étaient taillés les Moaïs, la lignée des quinze Moaïs imposants et debout dos à l’océan, et des dizaines et dizaines d’autres Moaïs, couchés, semi-enterrés, ceux qui sont toujours dans la roche, non terminés et allongés à tout jamais dans leur berceau volcanique ; la magnifique plage d’Anakena aussi, avec son sable fin et ses cocotiers, des pétroglyphes, et cette pierre de bonne énergie, ronde comme la Terre ; et puis nous sommes revenus à Tahai pour le splendide coucher de soleil, avant de rentrer à la maison familiale pour prendre le café, maintenant devenu habituel entre nous. Ni lui, ni moi, avons reparlé de la veille. Pour quoi faire ? Il a changé sa manière d’agir envers moi (je m’en suis aperçue dès que je suis montée dans la voiture), et j’ai passé une super journée en compagnie d’un bon pote qui m’a révélé tous les secrets de sa belle ile.
[...]
Lilie