Le Village du Peuple Etrange Voyageur

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    Voyage ton reve: extraits d'un journal de bord qui s'etala sur un an

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    Message par Lilie Ven 13 Avr - 0:48

    Les nuits sans dormir apportent souvent leur lot de reflexions. J'y pensais depuis un moment, à vous le livrer, ou non. Albatros a clôturé ses Origines d'une Passion (qu'il me reste a finir), Wapiti approche de la fin de son séjour aux Pays des Incas. Les Villageois auront peut-être encore un peu d'appétit. clin d'oeil

    L'hésitation était ailleurs, vous le comprendrez facilement à la lecture. C'a été tapé il y a un bon moment, ça fait bizarre de dépoussiérer tout ça !

    Voici, ça commence comme ça...



    "
    24 janvier 2007

    Slainte ! (ndlr : "Sante" en irlandais, ça se prononce un truc qui ressemble à Solcha rire )

    Deux ans de préparation et voilà : la première étape de ce voyage se termine !
    J’ai laissé en France il y a trois jours mes proches, en larmes (eux plus que moi), me souhaitant « bon voyage ». Je l’espère qu’il sera bon, tu parles !
    Gab et David m’ont offert le premier toit de ce voyage dans leur mignonette maison dublinoise. Et oui, le pré-départ de ce périple s’est fait à Dublin, passage quasi-obligé pour cette Fair City qui m’accueillit plus de trois ans et où l’idée de ce voyage a vu le jour, germé au fil des semaines et des mois, pour finalement se concrétiser jusqu’à l’achat du billet il y a quelques mois. The Billet c’est :
    - Dublin-Londres-Buenos Aires
    - Santiago du Chili-Sydney
    - Sydney-Adélaïde
    - Adélaïde-Darwin
    - Darwin-Perth
    - Perth-Jakarta
    - Singapour-Londres-Dublin.

    Mes amis m’ont rejoint hier soir au Conway’s dans le centre de Dublin, pour une dernière Guinness. Plusieurs en fait. Au fur et à mesure que les amis partaient rejoindre leurs chaudes demeures, je me sentais de plus en plus sereine. Pas de larmes même, bizarre pour la fontaine habituelle que je suis ! Le Grand Départ approchait, l’excitation grandissait. Une dernière lessive dans le lavabo de la chambre d’amis de Gab et David et c’est imbibée de Guinness que je suis partie dans les bras de Morphée.
    Sentiments bizarres ce matin : une légère anxiété à peine ressentie, c’est toujours ce sentiment de sérénité qui domine. Je crois que j’ai tellement attendu ce voyage tout en passant deux ans à le fignoler, que rien ne peut ébranler cette paix intérieure, cette joie aussi. Oui, je peux le dire : Je suis heureuse !
    Une année se dessine devant moi et l’excitation se trouve dans l’inconnu. Où serai-je demain à la même heure ? Dans une semaine ? Quelles rencontres aurai-je déjà faites ? Car oui, ce voyage c’est aussi des rencontres à tous les fuseaux horaires du globe, rencontres inattendues ou bien provoquées... J’espère remplir ces pages de bien des noms aux sonorités toutes plus jolies les unes que les autres !

    Je suis à l’aéroport de Londres, j’attends ma connexion pour Buenos Aires et j’ai faim. C’est con, je n’ai que de l’Euro en poche et je ne peux rien m’acheter, « Ils » ne prennent que les Sterlings ici. Et pas question d’échanger mes Euros contre leurs Livres : l’Euro est accepté en Amérique du Sud, pas les écus de la reine ! En plus, ils m’ont sucré mes deux bouteilles d’eau bien qu’elles étaient vides... donc obligée d’attendre d’être dans les airs pour récupérer des contenants ! Je n’ai jamais volé plus de trois heures (bah oui, je suis novice aussi dans ce domaine). Là, Londres-Buenos Aires, c’est quinze heures... Ouah !
    Je regarde vers l’avant et demain s’offre à moi, dans un pays dont je ne connais rien d’autre que deux mots de la langue locale. Qu’est ce que j’ai hâte !... Ne serait-ce que d’être dans l’avion !

    [...]


    Lilie


    PS: Pour la bonne santé de SMS, je m'abstiens de révéler le nombre de pages Word que représente ce journal de bord... sans photos. langue





    Dernière édition par Lilie le Ven 13 Avr - 0:56, édité 2 fois
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    Message par Lilie Ven 13 Avr - 0:55

    25 janvier 2007

    Hola, quetal ?!

    M’y voici arrivée ! Buenos Aires, Argentine ! Sur le vol, on a fait escale au Brésil pendant plus d’une heure. Rien d’excitant, simplement que je m’attendais à ce que l’Argentine soit ma première terre américaine d’accueil. Et bien non, ce fût Sao Paulo, sur la terre du ballon rond ! Une immense étendue de barraquements en taules, bois et autres matériaux de récup’, parsemée de champs de vieux immeubles pas beaux. Voilà l’impression de cette ville vue du ciel, pas exactement ce qu’on aimerait voir dans les ouvrages du grand Arthus-Bertrand ...

    Bon alors, cette première journée ? tu me dis en bavant d’impatience. Et bien Buenos Aires, pour moi qui ne suis jamais sortie d’Europe, c’est un autre monde : les vieilles Renault 12 de mon enfance recyclées en taxi ou tout bonnement toujours voitures familiales, une circulation infernale (limite si je comprends de quel côté ils roulent ces ritaux américains !), des beaux mecs à en pleurer, architecture coloniale encore bien présente (belle et bien présente devrais-je dire !) et alors mon dieu ! Ces steaks !!!

    C’est pas une légende les steaks argentins, promis, juré, craché ! Tu devrais voir ça : mon assiette tout juste assez grande pour y loger mon bife de costilla, tendrement grillé, juste comme il faut. C’est vrai, et ce n’est pas parce que c’est mon premier ici : le meilleur beefsteak que je n’ai jamais mangé... et je ne cracherai pas dessus pour vous le faire comprendre !

    A côté de ça, l’autre versant de l’arrivée dans une contrée inconnue et de mon inexpérience, c’est cette sensation de léger malaise à ne pas se sentir en sécurité et puis surtout, les frustrations de ne pas parler ni comprendre la langue locale. Mais je suis contente de moi, je fais beaucoup d’efforts et je les vois. Bon, c’est vrai, il n’y a pas de mal à voir les progrès vu le niveau qoisi-inexistant de mon espagnol ... N’empêche que je pourrais très bien parler en anglais alors que je ne le fais pas, ou seulement quand je suis vraiment bloquée ! Preuve en est, mon steack, et bien j’ai commandé mon menù especial toute seule comme une grande... et en espagnol s’y’ou’plaît ! C’était marrant d’ailleurs, je me croyais dans mon cd pour apprendre l’espagnol, chapitre 2, leçon 3 :

    - Y para beber (et à boire ?)
    - Que hay ? (qu’est ce qu’il y a ?)
    - Hay coca, sprite, agua mineral,…
    - Quiero Sprite por favor.


    Rolala, je m’impressionne !...

    Pour le reste, c’est vrai que c’est frustrant. J’ai même vu un discours des Matres de la Plaza de Mayo, sur la place du même nom. J’aurais voulu aller leur parler et les embrasser moi aussi, comme le reste de l’assistance mais que dire ? Que faire ? Alors je suis restée assise parterre, à contempler ces femmes pleines de sagesse, douze au total, qui se sont révoltées quand le gouvernement leur a tué leurs enfants dans les années soixante-dix (pour faire bref selon ce que j’ai lu). J’étais là, vexée de mon ignorance, frustrée dans ma solitude, quand l’une d'entre elles s’est approchée, souriante et me parlant. Elle a pris le temps de me parler, a deviné que j’étais française à mon accent, m’a demandé si j’étais toute seule, ce que je faisais ici. Oui, à ce moment là, j’étais bien seule. Et c’est là que, amèrement, je me suis dit que les débuts de ce voyage allaient être teintés de solitude, de choses vécues non partagées, non exprimées.
    Mais je dois apprendre, une fois rodée, mon espagnol un peu meilleur, j’aurai de meilleurs outils pour aller à la rencontre des autres. Et j’y compte !

    Le décalage horaire se fait sentir, fermons les guillemets, volets, loupiotes, et trois petits tours et puis s’en vont dormir.


    [...]


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    Message par Invité Ven 13 Avr - 8:38

    Un nouveau Carnet qui commence... sourire
    Chouette idée, Lilie ! top !

    Nous sommes tous fin prêts à cette belle et longue lecture ! rêveur
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    Message par Wapiti Ven 13 Avr - 9:38

    Chouette, chouette, chouette un nouveau Lilie-carnet à lire ! sourire
    Et il commence 'achement bien !

    rêveur


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    "Nous méritons toutes nos rencontres, elles sont accordées à notre destin et ont une signification qu'il nous appartient de déchiffrer." F. Mauriac
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    Message par Lilie Ven 13 Avr - 9:57

    Wap',

    Je vais essayer de relire avant de faire les copier/coller ici, sinon t'es partie pour des mois de correction! rire


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    Message par Wapiti Ven 13 Avr - 9:59

    T'inquiète ! clin d'oeil
    Ecris seulement ! je lis, me régale...
    ... et corrige si et quand j'en ai envie.
    (le 2ème était déjà beaucoup plus propre)
    sourire


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    Message par Lilie Ven 13 Avr - 10:04

    Risque d'y en avoir des beaucoup plus sales: c'est ecrit avec le crayon qu'ecrit tout seul sur le papier, sans relecture. C'est retape des mois, voire annees plus tard, en y ajoutant le lot de fautes, sans relecture toujours... et c'est copier/coller ici des annees plus tard, avec une relecture survolante et zero assiduite: bon courage! mon dieu ! rire


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    Message par lahaut Ven 13 Avr - 11:17

    Et pas la moindre petite photo tout de même ??? Voyage ton reve: extraits d'un journal de bord qui s'etala sur un an 4080046062
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    Message par Lilie Ven 13 Avr - 11:52

    Desolee Lahaut, y a toute sorte de papiers glisses, colles, dans les plus de 3 cahiers qui font ce carnet, mais y a pas de photos. langue


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    Message par Lilie Ven 13 Avr - 12:52

    27 janvier 2007
    Tango por favor !

    Café Tortoni, « célèbre » entre autre pour ses sessions de tango. A deux pas de mon joli hôtel Hispano, c’était l’idéal pour moi. Tu parles ! ils m’ont refoulée comme une vieille mouche ! Il faut réserver... par téléphone... mouai... j’essaierais peut-être d’y aller demain en journée sans qu’il y ait ce nabo à l’entrée ! Non mais ! En plus que j’avais fait des efforts sur la présentation : basta les grosses godasses de rando, j’enfile mes ballerines noires de danse qui font office de chaussons jusqu’à présent ; je jette le pantalon amovible de rando kaki pour le plus passe-partout pantalon noir de fitness ; je troque le maillot offert taille-sumo de Tipperary pour un classique T-shirt Hi-tech Quechua, j’attache bien mes cheveux grisonnants, un coup de crayon noir sur les yeux pour faire ressortir mon charme naturel, et touche finale, je jette sur mes épaules le t-shirt manches longues en coton kaki qui n’est autre que mon pyjama ! Eh ! Le pull sur les épaules, ça fait chic, non ? Enfin bon, pas de réservation, no entrenda, et le nabo qu’est même resté insensible à mon charme quand je lui ai lancé d’une voix sensuelle : « hay tango hoy ? » (il y a du tango aujourd’hui ?) ...

    (...)

    Je regardais mes photos tout à l’heure. Je n’ai que de l’immeuble. Je n’ai pas pris les gens encore. Pas de vie. Ça reflète certainement mon état d’esprit actuel : encore mal-à-l’aise, problème de la langue qui ne facilite pas l’approche. Mais je dois dire que, si les Porteños ont la réputation d’être fiers et arrogants, ils ne m’en semblent pas moins adorables pour autant. Dans la rue, alors que je scrutais mon Lonely Planet pour chercher ce fichu hostel, un papy s’est arrêté et m’a dit je ne sais quoi, je crois qu’il me demandait si je cherchais un endroit pour manger, ce que j’ai conclu lorsqu’il a amené à plusieurs reprises sa main à sa bouche. Je lui ai dit que non mais Donde esta l’Avenida de Venezuela ? Il a hésité et m’a indiqué la route d’en face avant de continuer son chemin. Il s’est avéré que l’Avenida de Venezuela était dans la direction inverse en fait... De même, lorsque je me suis posée pour commander mon dîner, il faut dire que j’avais un peu de mal à comprendre le serveur et vice versa. Une demoiselle assise à la table d’en face est venue à mon secours... en anglais ! Et a gentiment traduit ma commande. Pas de ma faute à moi si ce serveur ne sait pas s’exprimer ! Quelle idée aussi de me demander si je veux du beurre, de la sauce ou autre avec mes raviolis et de me regarder avec des yeux ahuris lorsque je lui dis :

    - Raviolis con pesto, nada mas.

    Mais si les Buenos-Airessiens doivent être les Parisiens de notre France, ils ont en plus le charme, la bonne-humeur et la tranquillité des âmes du Sud. Je suis aussi pressée de rencontrer les gens d’ailleurs, qui comme dans tous les pays, devraient sans doute être plus abordables que les autochtones de la capitale.

    [...]


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    Message par lahaut Ven 13 Avr - 21:59

    Siiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii il y a des photos Voyage ton reve: extraits d'un journal de bord qui s'etala sur un an 542953 c'est écrit ici Voyage ton reve: extraits d'un journal de bord qui s'etala sur un an 626800 :" Je regardais mes photos tout à l’heure. Je n’ai que de l’immeuble. Je n’ai pas pris les gens encore. Pas de vie. Ça reflète certainement mon état d’esprit actuel......."

    Bon sinon c'est pas grave je me contenterai des paragraphes qui ne font pas plus de 5 lignes ! Voyage ton reve: extraits d'un journal de bord qui s'etala sur un an 626800
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    Message par Lilie Sam 14 Avr - 0:14

    Un Lunes de Eneiro 2007


    Que dices ?


    Ca y est, passé les premiers moments de solitude, à moi les soirées entre jeunes et moins jeunes trotteurs des auberges du monde ! A moi aussi les conversations en Espagnol, Anglais, Français, langues des mains, des pieds, du dessin, de la musique et des sourires.

    Hier Dimanche, après m’être enregistrée au Che Lagarto Hostel, j’ai pris mon Olympus (en forme olympique, toujours) et suis partie sur le marché de San Telmo. Marché tout en couleurs, odeurs, gestes, plein d’antiquités du grenier de chez mémée de mémée, cassées, poussiéreuses, mais aussi des terrasses remplissant les pavés, et ne serait-ce les orchestres ou danseurs de tango, on se croirait à Montmartre.
    Alors, dans ce bric-à-brac en plein air, je me suis dit que c’était l’occasion d’aller vers les gens : un hola! au marchand d’ici, un hola! par là. Et pis, je me suis tapée la causette avec quelques uns d’entre eux, en espagnol por favor! J’ai réussi à comprendre le charmant (!) marchand de petits soldats de plomb quand il m’a parlé de San Domingo (je l’ai surtout compris quand il a pris un papier et s’est mis à dessiner en fait...). Honte à moi aussi d’avoir pris le drapeau Uruguayen d’une armée de trois soldats pour l’ancien drapeau argentin... disculpame joli marchand ! Je suis partie toute contente avec sa trombine en photo.
    Là, je me suis dit que j’essaierais d’encadrer tous ces gens qui feront de mon chemin autour du globe une allée bordée de fleurs, toutes différentes et si belles à la fois.

    Ainsi, Chaigho, Brésilien de Rio de Janeiro, mon voisin de lit dans ce grand dortoir coloré de la chambre 34. Il étudie l’éducation physique mais ce n’est pas pour lui, dit-il. Lui, ce qu’il aime, c’est la photo et le cinéma. Il n’a pas d’appareil photo cependant. Il m’explique que ses photos, il les prendra dans sa tête, pendant ses voyages (c’est la première fois qu’il sort du Brésil). Il me dit aussi qu’au Brésil, il n’y a pas de liberté de parole, la corruption et la répression font leurs lois. Alors lui, son projet c’est de photographier les murs des chiottes publiques, là où les gens peuvent s’exprimer. Il voudrait les publier, pour libérer la parole de ceux qui ne s’expriment que dans les toilettes. On ne lui dirait rien bien sûr, ce ne serait pas ses mots, il n’aurait fait que prendre quelques photos. Il croit que je le prends pour un fou. Non, je le trouve beau, ne lui avouerai-je pas.

    Par lui, je rencontre ses deux compères, Marhcio qui ne parle que Portuguais et Gilerme. Et puis le cercle s’agrandit et on se retrouve au bar d’en bas entre quatre Brésiliens (qu’ils sont beaux !) et une Brésilienne, Fatima, jeune d’une cinquantaine d’années, deux Chiliens, un Italien et trois Françaises. Etant la seule à ne qoisiment pas parler espagnol (Marhcio lui, il peut se démerder quand même), on s’accorde pour communiquer en espagnol, tout le monde m’encourage et, le pisco aidant, je me démerde et j’arrive même à comprendre que Gilerme et son maillot brésilien, quand il s’adresse au champion du monde, c’est pour parler de la bola de futball !
    Alessandro est une Sardine italienne (de Sardaigne donc). Le typique. Il peut parler pendant trente minutes de l’art de cuisiner des pastas à la carbonara (j’ai enfin le secret pour que mes carbonaras ne soient plus collantes !). Et pis, si on lui coupe les mains, il devient muet. Et quand je plaisante en disant que je ne veux pas parler de foot en présence d’un Italien parce qu’il va y avoir baston, il monte sur sa chaise et demande en mettant la main a l’oreille, qui c’est donc les Champions du monde ?! Et Gilerme de lui répliquer en empoignant son maillot que eux, ils ont quatre étoiles et que combien ils en ont les Italiens ? Ahah ! Je découvre aussi qu’une autre équipe aux couleurs brésiliennes est connue hors d’Europe : Nantes ! Yepah ! Décidément, pour ces Brésiliens, le foot, c’est leur religion !

    Voilà donc comment j’en suis arrivée à me pieuter à quatre heures pour ce qui aurait dû être une soirée couche-tôt. Soirée qui réussit tout de même à mettre les hormones en ébullition : je n’en peux plus de tous ces beaux mecs aux peaux brunes du soleil !


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    Message par Lilie Sam 14 Avr - 22:58

    Samedi 3 février 2007

    Vamos a la playa !

    Me voilà arrivée à Puerto Madryn, sur les côtes patagoniennes. Ou plutôt me voilà clouée au lit à Puerto Madryn !...

    J’ai quitté Buenos Aires Mercredi en bus. Trajet de seize heures, traversant les plaines à perte de vue avec leurs troupeaux de bovins, leurs arbres, leurs oiseaux bizarres et leurs gauchos à cheval sur les leurs. Je n’ai pas vu les premières centaines de kilomètres de la Patagonie qu’on a atteint de nuit. J’apercevais juste des herbes hautes battues par les vents quand j’ouvrais les yeux de temps à autres. Et c’est donc en début de matinée que j’ai posé mes sacs à Puerto Madryn, tout près de la péninsule de Valdes, patrimoine mondial de l’Unesco.

    L’office de tourisme m’a orientée vers l’hostel Che Patagonia, tout neuf, tout propre, et charmant accueil de Maru et Gabi. L’hostel étant situé juste en face la plage, je n’ai pas pu résister longtemps avant d’aller jeter ma viande sur le sable blanc. Pas de maillot de bain, je décide de garder mon petit débardeur et pour le bas, ma petite culotte noire rayée orange et jaune en synthétique passera très bien. Un coup d’indice cinquante vite fait sur ce bout de cuisse là, sur ce bout de nez là, sur ce bout de bras là, ça devrait suffire à protéger ma peau d’aspirine. Après tout, avant de vivre au pays de la Guinness, j’avais une peau mate et qui bronzait l’été, il n’y a pas de raison pour que ça ne revienne pas ! Purée ! Qu’est ce qu’il tape le soleil ici ! C’est le trou de la couche d’ozone ou quoi ? On m’avait prévenue mais quand même ! Et comment ils font les Argentins pour être aussi bronzés et ne pas cramer ?

    Après une heure et demi environs, je décide que le soleil, c’est bien, mais il ne faut pas en abuser. Je retourne donc à l’auberge de jeunesse. Quand je vois la tête de Maru et Gabi en rentrant, je me dis que quelque chose ne va pas... “Ah oui, d’accord...” comprends-je en me regardant dans le miroir. Visage rouge, surtout le front, je suis toujours couleur aspirine sur les épaules, là où reposaient les bretelles de mon haut... parce qu’autour, on dirait un steak tartare ! Le pire, ce sont les jambes. Blanc sur le bout où j’avais étale l’indice cinquante et steak tartare sur les côtés, intérieurs et extérieurs ; pieds rouges, tibias blancs. Le cou n’est pas mal aussi : rouge père-noël avec le V blanc de mon menton. Heureusement que j’ai quand même eu la raison de ne pas faire recto verso pour la cuisson ! Le devant, c’est déjà bien suffisant ! Je décide alors de rester à l’abri pour le reste de la journée, j’ai déjà suffisamment joué à Gaston Lagaffe, à peine depuis quelques heures ici.

    C’était donc avant hier.

    Hier, il était prévu que j’aille sur la péninsule de Valdes, le mini-bus passait me prendre aux aurores. En me levant, je trouve que j’ai les chevilles un peu enflées, et pour une fois, au sens propre du terme. A peine montée dans le bus, un anglophone quadracinquagénaire s’assied à côté de moi.

    - Tu viens d’où ?
    - D’Irlande.
    - Ah ! D’où exactement ?
    - Je suis de Galway mais j’habite à Dublin.

    Je lui montre le maillot de Tipperary que j’ai enfilé le matin (à manches courtes mais vu que c’est taille sumo, elles m’arrivent légèrement sous les coudes, pratique pour protéger ma chair rouge !). On passera la journée ensemble, il s’appelle Michael.

    [...]


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    Message par Lilie Dim 15 Avr - 10:09

    Peninsula Valdes, semi-désertique, il ne pleut jamais. Les animaux y puisent l’eau par le sol et la végétation. Des guanacos (cousins des lamas, couleur gazelles), des petites autruches locales, lions de mer, éléphants de mer, renard gris, et ce petit truc à carapace, la tête aussi, on dirait qu’il a enfilé son armure du XIIè siècle!

    Il y a tout de même quelques trucs qui me froissent dans cet attrape-touristes-générateur-de-fric. Déjà, je me dis que les tours, bien que guidés, comme ça, en bus, c’est pas pour moi, je ne me sens pas à ma place. Ce n’est pas comme ça que je veux vivre mon voyage. Pas en touriste. Pas seulement en tout cas. Parce que si je veux voir des sites magnifiques en Argentine, je sais que c’est passage qoisi obligé, à moins de me trimballer une tente lourde et encombrante. Ensuite, ce petit mammifère-chevalier du moyen-âge et le renard gris, c’est sur le parking où tous les bus se garent pour observer les colonies de lions de mer qu’ils nous ont approchés. Une pancarte “Ne pas nourrir ni toucher les animaux”, plantée un peu en retrait du parking, reste tout de même bien visible. Et bien, le touriste-neuneu que fait-il ? Il nourrit et touche le rase-moquette armuré, pas sauvage pour un poil, qui répond même au tac-tac-tac qu’on fait à son chien-chien pour lui dire de venir aux pieds quand on a la flemme de l’appeler par son nom. Renard, lui, animal habituellement si méfiant, ne l’est plus guère : lui aussi tourne autour des voitures. J’étais ravie bien sûr de voir ces petits êtres, et de les voir de si près dans leur “environnement naturel”. Mais ces cons de bipèdes...

    Enfin, dernier point chiffonnant, Peninsula Valdes, patrimoine de l’Unesco, oui, mais à quel prix ? Notre gentille guide nous a demandé si nous n’étions pas interpelés de voir des troupeaux de moutons ici ou là alors que la péninsule est un site protégé et qu’il ne devrait donc pas y avoir de cultures ni d’élevages sur ces terres. Avant qu’elle ne soit déclarée patrimoine mondial de l’humanité, c’était avant-tout le patrimoine des gens qui y vivaient. La péninsule est à deux heures de route de Puerto Madryn, village le plus proche. Il y avait donc avant 1999 des éleveurs, des pêcheurs, et des gens qui vivaient ici en toute liberté. Depuis, les contraintes sont arrivées avec l’officialisation d’une réserve naturelle. Plus le droit aux insecticides, ni de chasser les guanacos, pas le droit de tondre les moutons à n’importe quelle saison... Certes, cela a changé les modes de vie, et apporté du tourisme, beaucoup. Mais je serais curieuse de savoir ce qu’en pensent les gens qui ont toujours vécu là. L’éleveur de moutons, ça lui a apporté quoi d’avoir le beau drapeau de l’Unesco qui flotte à la frontière payante de la péninsule ?

    Sur la route du retour, on se met d’accord avec Michael pour aller dîner au 345 Avenue du 9 juillet. Pis je dois lui refiler dix pesos. Quand j’arrive à l’AJ, la première chose que je fais, c’est d’enlever mon pantalon pour voir l’état de mes jambes qui me tirent de plus en plus. Ouah! Là, ça fait vraiment peur ! Non seulement c’est rouge vif mais en plus mes genoux et mollets ont triplés de volume, mes chevilles et pieds, seulement doublés. Bon, douche, aloé vera et je pars pour le resto.

    J’arrive Avenue du 9 juillet et remonte la rue. J’atteins la première intersection après trois cent mètres et je ne suis qu’au numéro 100. Je continue. J’ai vraiment du mal à marcher. Quand après plus de cinq cent mètres je m’aperçois que je suis à peine à la moitié des trois cent quarante-cinq portes, je décide qu’il est plus sage de faire demi-tour. Désolée Michael. Je ne sais même pas si tu t’es pointé au resto de toute manière, t’es irlandais, et dieu sait si j’ai pu constater maintes et maintes fois que tes compatriotes n’avaient pas de parole. Merci pour les 10 pesos néanmoins...

    Me voici donc de retour à l’hostel avec mes deux poteaux rouges, moi qui, lorsque j’allais me faire dorer la pilule sur les plages vendéennes l’été, me moquais des rosbeefs et autres de la même espèce de peau qui persistaient à s’exposer pour bronzer mais ne comprenaient pas que leur peau ne pouvait prendre une belle couleur ambrée et seulement rôtir... me voilà comme eux maintenant. J’ai récolté la monnaie de ma pièce, comme me l’a très justement fait remarquer Michael.

    Après une bonne nuit de repos, j’espérais avoir bien dégonflé ce matin. Non. Ou si, légèrement. Alors après la connerie, un peu de sagesse, je décide de rester au lit toute la journée afin d’éviter de marcher au maximum. J’ai aussi prolongé mon séjour au Che Patagonia, je reste au moins jusqu’à Lundi matin, pour la même raison que mon alitement forcé. “Il ne faut pas rigoler avec ça !” comme dirait ma mère. Je vais bien sûr taire cet incident, pour le mieux de tout le monde. Et pis, Maru et Gabi sont adorables, Maru joliment enceinte pour encore deux mois. Ce matin, je leur ai demandé si je pouvais rester au lit toute la journée. “Tu veux qu’on appelle le docteur ? Fais voir comment c’est ? Tu veux un thé ? Tiens, une lampe pour accrocher à ton lit, tu verras mieux.” L’occasion de papoter lorsqu’ils étaient à changer les draps de ma chambre. Gabi connaît Nantes, de nom... “Ils ont une équipe de foot”. Ouah ! Alors là, je suis impressionnée, les petits Canaris semblent connus de tous ici ! Gabi est originaire de Mendoza. Il m’a dit que ça devrait être possible pour moi d’y faire les vendanges, chouette !

    Je vais profiter de cette journée de repos forcé pour étudier mon Espagnol. J’en aurai besoin si je veux que ma prochaine destination sorte des guides touristiques, où il n’y a rien à faire que d’aller à la rencontre des gens...

    [...]


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    Message par Lilie Dim 15 Avr - 10:21

    Je vous bombarde de bafouilles, mais ça se calmera quand j'aurai récupéré plus ou moins la concordance des dates avec celles de cette année. Vous aurez ainsi à lire ici jusqu'à la fin de l'année. clin d'oeil Lahaut, pour le résumé pour la MS, tu attendras bien la fin de la toute dernière note, hein ? C'est un résumé par carnet, d'habitude. rire



    El primero Martes de Febrero


    Je ne sais déjà plus les dates. Le jour, j’y arrive encore, mais les dates !... Il semble que je commence à me libérer des contraintes du monde moderne : plus de notion du temps illusionnément saccadé en secondes, minutes, heures, jours, mois,... le temps est un fil que l’on ne peut couper. C’est uniquement pour se rassurer et par soucis de dompter la nature que l’Homme a créé le calendrier. Pour moi maintenant, plus d’heure, plus de date, plus de téléphone portable non plus. Je commence à ne plus fouiller dans mes poches dès que j’entends un des airs électroniques chanter ici ou là. Presque désintoxiquée donc. Il me reste internet tout de même. Contrainte du monde moderne également, mais pour moi, c’est le repère qui m’y tient, le cordon nombrilique qui me permet de rester en contact avec mes proches à l’autre bout de la planète (la Terre est ronde, il n’y a pourtant pas de bout ???). J’essaie de ne pas m’en faire une drogue néanmoins. Pendant ce voyage, je veux pouvoir me passer de tout le superflux qui a fait mon quotidien jusqu’à présent. Vivre de vraies valeurs. Je ne veux pas dire du strict nécessaire, non. Je ne pourrais pas me passer d’un bouquin, ni même de ce carnet, j’ai même dans mes neuf kilos de bordel un harmonica, une balle anti-stress, un tube de colle, deux paires de chaussures, le nécessaire d’épilation, etc. Plein de trucs pas nécessaires, tu vois.

    Dans ce registre, hier, j’ai pris conscience plus que jamais de la préciosité de l’eau et à quel point cette ressource est vitale. Ici, en Patagonie, les précipitations (guère pressées), sont très faibles. Dans la région de Chubut, dont fait partie Puerto Madryn où je suis toujours, il n’y a qu’un seul réservoir d’eau pour arroser toute la populace. L’hiver, pas de soucis. L’été, ça se complique. Et depuis quelques années, avec l’augmentation massive du tourisme dans la région, pas besoin de faire de calculs savants pour comprendre que l’eau ici, c’est, plus qu’une denrée rare, un cadeau précieux qu’on ne jette pas aux égouts à tort et à travers. Hier donc, en fin d’après-midi, panique dans l’hostel. Quelques résidents sortent demander mais-pourquoi-donc-qu’il-n’y-a plus-d’eau-qui sorte-de-la-douche ? Gabi et Maru expliquent que tous les trois jours, l’eau est coupée pendant vingt-quatre heures pour économiser la nappe (pas de la table évidemment) de la région. Ah... première fois, moi européenne où l’eau coule à flots, que je suis confrontée à ce problème. Je comprends alors pourquoi sur les portes des salles-de-bain des AJ, des petits écriteaux nous demandent de ne passer trop de temps dans cette “salle d’eau” et de n’utiliser que l’eau nécessaire.

    Ce matin au petit déj’, Gabi m’expliquait qu’ils ont un réservoir à eux de deux mille litres pour alimenter l’AJ quand l’eau est coupée (ils ne déverrouillent les valves de leur précieux coffre que durant quelques heures cependant). Les restaurants, hôtels et autres lieux pour touristes gâcheurs d’eau comme moi, je suppose qu’ils ont le droit d’avoir ces réserves d’eau. Ça m’étonnerait que le particulier l’ait ce droit au stock de breuvage. Et comme me dit Gabi, ça coûte cher l’eau, ici, en Patagonie. L’électricité aussi.

    Est-ce que c’est cher, l’eau, en Europe ? Il me demande. Non, je ne crois pas. Il y a des rationnements comme ici l’été. En quelque sorte. Je me sens honteuse un peu de lui dire que nos rationnements à nous, c’est l’interdiction de laver nos voitures, d’arroser le jardin ou de remplir la piscine. A côté de ça, c’est bains à volonté, robinet d’eau qui coule sans arrêt, lave-vaisselle en marche tous les jours ou presque. Non, on n’a pas de problèmes comme ça chez nous. On ne demande pas aux touristes de faire attention à l’eau dans les hôtels ou les appartements de location. On a d’autres problèmes, certes. Mais pas du domaine vital, quotidien et populaire.

    [...]

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    Message par Wapiti Dim 15 Avr - 10:38

    Lilie a écrit:
    Je vous bombarde de bafouilles, mais ça se calmera quand j'aurai récupéré plus ou moins la concordance des dates avec celles de cette année.
    Bueno ! top !


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    Message par Invité Dim 15 Avr - 18:09

    Je vais te faire une confidence, Lilie...
    Je l'aime bien moi, ton Carnet ! top !

    D'autant plus que la lecture "Patagonienne" d'aujourd'hui, me fait remonter d'anciens souvenirs à la surface ! clin d'oeil
    Du temps où la Péninsule de Valdés n'était pas encore estampillée "Réserve naturelle" faisant partie du "Patrimoine Mondial de l'humanité",
    et où donc dans une absolue liberté, nous avions pu parcourir (pratiquement seuls !) cette immense et belle région peuplée d'innombrables animaux sauvages ! sourire

    Il semblerait qu'entre notre passage et le tien, les choses aient malheureusement bien changé ! triste
    Comme j'ai déjà eu l'occasion de le vérifier en d'autres endroits du Monde où je suis passé une deuxième fois (à plusieurs années d'intervalle) !

    Poursuis ton récit, Lilie...
    Et fais-moi ressentir à nouveau... Le souffle d'El Viento de la Patagonia... Patagonia que me gusta tanto !!! rêveur

    Suerte

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    Message par Lilie Dim 15 Avr - 21:39

    9 fevrier 2007

    Je suis sur la sorte de mini plage de Comodoro Rivadavia où je fais escale, ayant quitté Puerto Madryn hier, et je me dirige vers Rio Gallegos. Mon bus est à 23h15, onze heures de trajet, j’espère réussir à dormir. Je mets du temps à m’endormir, je cogite toutes ces belles choses qui se sont passées dans la journée. Mardi par exemple. Ah Mardi ! Quelle belle journée ce fût !

    Le matin, un mail de Vendée m’informait que la France rencontrait l’Argentine en match amical de rugby le jour même. Immanquable donc ! A 17 heures, je me suis donc installée devant la télé de l’AJ. L’Argentine ouvre le score rapidement. Gabi, Maru, et d’autres Argentins s’en réjouissent.

    Mi-temps.

    De la cuisine, Maru joliment enceinte de sept mois d’une petite Katalina me lance “Aurélie, do you want to drink mate ?”. Je n’en attendais pas tant, chouette invitation ! Mon Lonely Planet m’a heureusement renseignée sur cette tradition et je sais qu’il est bien vu d’accepter. Je m’assieds donc à la table avec Maru et Claudia, Porteña qui partage ma chambre, pendant que Cecilia, Porteña et co-chambreuse également fait chauffer l’eau. C’est elle qui remplit le premier mate et le passe à Maru. Je comprends vite que c’est elle qui a le rôle de re-remplir la tasse à chaque fois et de la passer à la personne suivante. Boire le mate est un art : une seule tasse qu’on remplit à trois-quart de yerba composée d’écorces et de feuilles de thé séchées puis vient l’eau chaude (mais pas bouillante) que l’on sert jusqu’au ras bord de la llava (tasse). On aspire le tout à l’aide de la bombilla, sorte de paille en métal munie d’un filtre à sa base pour éviter d’ingurgiter les feuilles de yerba. Quand on a fini l’eau, on redonne la llava à la personne qui sert, qui la remplit à nouveau d’eau chaude et la passe à la personne qui suit, dans le sens des aiguilles d’une montre. Un art je vous dis !

    Donc me voilà, en compagnie de ces trois adorables Argentines et on discute, on discute, on discute. Quand je ne comprends pas, Maru me traduit en anglais. La première bouilloire se termine et j’ai oublié le match qui doit être fini depuis un moment. On met une deuxième bouilloire sur le feu pour prolonger ce bon moment qu’on passe toutes les quatre.
    Un Brésilien complètement déluré est venu se mêler à notre discussion. Il fait partie d’une petite équipe de la télévision brésilienne et ils tournent un reportage sur “partis de Sao Paulo avec nos sacs à dos, nous voyageons quelques temps en Argentine ; voici notre voyage”. Il ne parle pas très bien espagnol et y mélange le portugais, appelant cette étrange mixture le “portuñol”. Je ne comprend pas tout ce qu’il dit mais les filles ont du mal à le suivre aussi, ça me rassure ! Et quand il comprend que je suis française, c’est l’extase ! Je vois la petite étincelle s’allumer dans ses yeux marrons et il n’en a presque plus que pour moi, ahah ! La magie du bleu, blanc, rouge, partout pareil ! Je l’avais vite remarqué en Irlande, et dieu sait si j’en ai joué. Une nana, tu lui colles le Tricolore sur le front et tous les mecs s’émerveillent ! T’ajoutes à ça un bon accent français et on te supplie presqu’à genoux de dire un mot dans ta langue natale so bioutifoul...

    En tout cas, cet après-midi là j’ai compris toute l’importance du mate : partager un bon moment avec des gens qu’on apprécie, tel est l’intérêt de cette tradition pour les Argentins.

    [...]

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    Message par Lilie Dim 15 Avr - 21:49

    Il était environ vingt heures quand je suis partie dans la cuisine du haut pour manger.
    Mauricio, le brésilien déjanté m’y rejoint. Je photographierai le coucher de soleil depuis le balcon pendant que lui le filmera. Je retourne m’asseoir, étudier mon trajet. Je m’aperçois que Mauricio me filme et vient se planter derrière moi, caméra au-dessus de mon épaule. Alors, c’est tout naturellement que je me mets à lui parler en espagnol en lui montrant sur la carte et avec un crayon, où je vais demain, où je veux aller ensuite, et ensuite, jusqu’à Mendoza, et après, je ne sais pas, je verrai.

    Après ça, vite nous rejoignent petit à petit, cet Italien mystérieux, Juan, aussi Rafael, autre Brésilien, le reporter qui parle devant la caméra et qui fait équipe avec Mauricio. Je le trouve très séduisant avec ses cheveux blonds ondulés et ses yeux clairs. Claudia, ma co-chambreuse Argentine nous rejoint aussi et Nir, un Israëlien et puis Lynn, jolie Danoise. Que dire de cette tablée si ce n’est qu’elle appartient au Monde, à notre belle Planète ?

    Nir ne parle pas Espagnol, Anglais seulement. Sa voisine argentine, c’est l’inverse. Les Brésiliens, un peu d’Anglais pour Rafael, un peu d’Espagnol aussi. L’Italien parle Espagnol seulement. Seule Lynn, la Danoise, se débrouille dans les deux langues, et moi je me dépatouille entre Anglais et Espagnol. Je m’exprimerai en espagnol limité principalement, plus les gestes, les écriteaux, les dessins, les sourires... langages universels. Heureusement d’ailleurs qu’on puissent se comprendre sans parler la même langue : on est tous de la même espèce après tout. Les chiens de Paris, Tokyo, ou de Johannesbourg doivent tous se comprendre, pourquoi nous autres humains n’y parviendrions-nous pas ?

    L’Italien mystérieux m’intrigue. Il semble pur, vrai. Il a des yeux magnifiques, t’as l’impression qu’il lit en toi. C’est dérangeant même. Alors moi, je n’arrive pas à soutenir son regard longtemps et je le fais vite fuir quand il me parle. Lynn traduira son récit en Anglais pour ceux qui ne comprennent pas. Il ne parle pas beaucoup. Il raconte qu’avant, il ne pouvait pas parler, il était muet. Un jour, à la chasse, une personne est sortie de nulle part, est venue vers lui, et lui a dit :
    “Pourquoi ne crois-tu pas en Dieu ? Il faut croire en Dieu.” Et depuis se jour-là, il parle. Ça explique très certainement le chapelet en bois et le médaillon du Christ qu’il porte autour du cou.

    On aura aussi le droit à une séance de tournage car cette table ronde est une chance inespérée pour nos reporters de Sao Paulo. Et dieu sait si je les comprends ! Durant cette nuit, tout le monde parlera à tout le monde : Claudia essayant d’apprendre à Nir comment prononcer le “r” espagnol, Mauricio et Rafael me conseillant et m’apprenant à me servir du réglage de la lumière sur mon appareil numérique, Juan complètement absorbé par la beauté de Lynn et lui demandant simplement si elle était célibataire. J’ai vraiment cru qu’il avait eu le coup de foudre ! Soirée ponctuée de rires, de moments plus sérieux aussi, soirée marquée dans ma mémoire. Et pis voilà, j’ai eu envie de garder un bout de chacun d’entre eux et c’est ainsi que je leur ai demandé de m’écrire un petit mot dans ce journal, chacun dans sa langue, le traduire si possible. Il n’y a guère que Lynn qui a pu traduire sa langue natale en Anglais, les autres me l’ont lu et traduit à l’oral. J’ai trouvé ça beau.

    Une nuit simple, pleine d’amour. Oui, de l’amour. Que de beaux sentiments entre des personnes que tout sépare et qui se sont retrouvées par hasard, loin de chez eux, tous ensemble, à vivre cet instant comme il s’offrait à eux. En me couchant, je me suis demandée comment pouvait-on faire la guerre sur Terre. Les politiciens, l’appel du pouvoir. C’est tout. Et trop pourtant.

    Le matin, quand je suis sortie de la chambre, je me suis trouvée nez à nez avec l’Italien qui passait par là et qui tout naturellement m’a fait un bisous sur la joue en me disant bonjour. Cela m’a surpris mais m’a tellement mis de bonne humeur ! Un geste simple fait avec la spontanéité et le naturel d’un enfant. On ne le savait pas à ce moment là, mais c’était la dernière fois qu’on se voyait. Quel bel au-revoir me dis-je maintenant.

    J’ai laissé un mot en anglais pour Maru et Gabi qui ont été adorables avec moi. Accolade à Rafael qui était là, de même avec Cecilia et Claudia, et puis embrassades avec Maru et Gabi, leur promets de leur envoyer les photos dès que je pourrais, et me voilà partie. Le chapitre Puerto Madryn se termine, en route vers de nouvelles aventures !

    Me voilà donc à Comodoro, pas beau blède sur la côte patagonienne. Je dois y passer la journée puisque mon bus n’est qu’à vingt trois heures ce soir.
    En arrivant hier, impossible de trouver l’hospedaje où je voulais aller demander un lit. Je savais que je n’étais pas loin alors je me suis décidée à demander mon chemin à deux quinquagénaires qui discutaient sur le chemin. Ni une, ni deux, voilà que le plus bedonnant d’entre eux me dit qu’il va m’y conduire ! Je suis montée dans sa voiture, garée à deux pas. Quand je lui dis que je suis française, il me répond qu’il a étudié trois ans le français mais ne sait même plus comment dire bonjour. Pourtant, le voilà qui entame la Marseillaise, et parfaitement bien en plus ! Ouah ! Je lui demande ce qu’il fait dans la vie, je sais qu’à part s’il me répond “gaucho”, j’ai très peu de chance de comprendre. Effectivement, je ne comprends pas, alors il me dit “campo” et là je fais “ah ! Si !”. Je suis très forte pour jouer à Oui-Oui quand je ne comprends rien... donc “campo”, il faudra que je choppe un dico pour voir ce que c’est. Il me lâche devant le 546 que je n’aurais pas trouvé toute seule et me demande mon nom. Lui, c’est Jamon. Adios !

    Voilà, c’est le petit truc qui me fait plaisir de m’être arrêtée dans ce blède minable. Ils sont serviables ces Argentins, je m’en rends compte. C’est en fait seulement au volant qu’ils font peur à vrai dire. A celui qui klaxonnera le plus souvent et le plus longtemps, on sort la tête par la fenêtre en proliférant je ne sais quoi que je suis contente de ne pas comprendre et on agite son bras gauche dans tous les sens. Ça doit être ce qu’ils apprennent dans le code de la route je suppose.

    Ma montre annonce quinze heures. Je vais me rendre à la station de bus, j’ai pas fait la grosse commission depuis presque quarante huit heures et là ça presse... j’espère qu’il y aura du papier !...

    [...]


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    Message par Lilie Dim 15 Avr - 21:50

    Même jour, un peu plus tard

    ... Il n’y avait pas de papier, j’avais des kleenex...

    [...]


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    Message par Lilie Lun 16 Avr - 14:44

    14 février 2007


    Ushuaïa. La Terre de Feu. Je ne sais par où commencer. Les images se bousculent dans ma tête. Je me réveille tout doucement, les traits tirés par la fatigue. Le soleil perce gentiment les nuages, et j’ai vue sur la baie tranquille d’Ushuaïa, ses montagnes pour la protéger.

    Le voyage de Rio Gallegos, tout moche blède, jusqu’à Ushuaïa est tout simplement magnifique. On passe la frontière Argento-Chilienne et on se bouffe trois heures de piste chilienne avant d’embarquer le bus et nos tas d’os sur le ferry à Punta Delgada, ferry qui nous mène à la mythique Terre de Feu. Deux dauphins nous souhaitent la bienvenue en venant à notre rencontre et nous souhaitent bon voyage d’un coup de nageoire juste avant que nous atteignions l’autre rive. Charmant accueil, me dis-je. On refera tamponner nos passeports plus tard en passant la frontière chilo-argentine.
    Paysage désolé, sans habitation, sans arbre, mais à la différence du reste de la Patagonie, quelle faune ! Flamants roses sur les étendues marécageuses, aigles sur les bords des routes, guanacos et rheas bien sûr, et tant d’autres oiseaux inconnus de mes yeux. Et puis, le paysage change passé Rio Grande, des arbres, des forêts, des forêts d’arbres morts recouverts de lichen volant au vent. Ça me faisait parfois penser à la forêt d’arbres morts-vivants dans Harry Potter. Et puis d’un coup, sans s’en apercevoir, on arrive en bord de lacs-mers avec les montagnes et leurs sommets enneigés autour. On se retrouve sur les routes grimpantes et lacetantes de montagne avec, dans le bas ses lacs et sur le versant d’en face, de devant, de derrière, les Majestueuses.
    Ushuaïa est à une centaine de kilomètres de ces premières montagnes, qu’on aura tout le loisir d’apprécier en contemplant le Grand Jaune allant se coucher dans ses draps orangés.

    [...]


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    Message par Lilie Lun 16 Avr - 19:15

    Nuit à l’AJ.

    Le lendemain, je me mets en recherche d’une tente de camping, à louer ou à acheter. On m’a conseillé de camper dans le parc national de la Terre de Feu, ce que j’ai bien l’intention de faire, bien que je n’aie aucune idée de ce à quoi m’attendre. Tout est trop cher. Je constate effectivement ce dont on m’avait avertie : Ushuaïa, piège à touristes, “piège à neuneus” comme j’ai lu une fois sur un forum de voyageurs.

    Je reviens donc à l’AJ, bredouille. Je laisse mon gros sac et n’emporte que le nécessaire, bien décider à camper dans le parc national coûte que coûte. On m’a dit qu’il devait être possible d’y louer une tente là-bas, directement. Quelques provisions au supermarché et en route choucroute !

    Il est environ treize heures quand le bus me dépose au camping du Parc National, près du lac Roca. Là, je loue la tente pour la nuit, pour moitié moins cher que ce qu’on m’avait proposé à Ushuaîa même. J’y laisse quelques affaires et emporte mon sac allégé direction... je ne sais pas ! “Je ne sais pas où je vais mais une chose est sûre : j’y vais!” pourrait être le leitmotiv de ce voyage. Deux ans de préparation sans savoir où me mènerait ce voyage mais avec la détermination de “le faire”. Et me voici dans le parc national de la Terre de Feu, à Ushuaïa, ces mots qui font rêver des milliers de gens juste en les prononçant. Et moi, en train de vivre ce rêve, ici, dans l’un des endroits les plus australs du monde, à mille kilomètres seulement de l’Antarctique.

    Je regarde la carte du Parc sur un panneau, les commentaires des différentes pistes. Mmm... le sentier d’El Guanaco propose deux points de vue, et le début de la piste est à peine à un kilomètre du camping. C’est parti ! A ce moment précis, je n’ai aucune idée de ce à quoi m’attendre, ni la difficulté, ni le type de balade. Je sais juste que ça fait six kilomètres de long, que si je vais jusqu’au deuxième point de vue, fin du sentier, je serais à 973 mètres d’altitude. Ça ne me paraît pas énorme, je m’élance, il est quatorze heures. Forêt. Ça grimpe après seulement quelques mètres. Des racines, des troncs à enjamber ou à éviter, il faut souvent monter les genoux jusqu’à la poitrine. J’ai chaud, j’ai soif. Je m’arrête après seulement vingt minutes de forêt montante. Je n’ai pas encore trouvé mon rythme, je vais un peu trop vite peut-être. Je repars, c’est bon, j’ai mon rythme, mais je m’arrête à nouveau vingt minutes plus tard, je mange une demi banane et je repars. Deux mètres de cours d’eau à traverser sur un tronc d’arbre et on continue la grimpette, avec le soleil qui perce entre les arbres. J’arrive au premier point de vue, gros rocher plat dominant la vallée. C’est vraiment chouette, le lac Roca, lac vert, en bas, les montagnes avec les sommets enneigés au loin.
    Je croise un couple de Brésiliens qui sont sur la descente, ils me disent qu’il y en a encore pour deux heures. Aaah ! Mais je vais mourir ! Ils ont mis une heure quarante à faire ce que je viens de faire en une heure dix. Je me dis que peut-être j’en ai encore pour moins de deux heures. Mes mollets me font déjà mal, je suis essoufflée, c’est dur. Mais je n’arrête pas de me répéter ce leitmotiv “je ne sais pas où je vais, mais j’y vais !”. Pas question d’abandonner. Un rapide coup d’oeil sur la carte et je constate que je suis, en distance du moins, à mi-parcours. Je continue. De la forêt grimpante et fatigante encore un peu. Et puis enfin, un peu de plat ! De faux-plat mais quand même, ça ne grimpe plus aussi raide, je me dis que ça va me reposer un peu. Et bien non : rapidement arrive un terrain boueux, genre marécageux. Un kilomètre de boue, qui vole jusqu’au mollet de mon pantalon. C’est là que je suis contente d’avoir les Jumelles qui m’arrivent jusqu’à la cheville, waterproof, et qui me garderont les pieds bien au sec tout du long. Il faut s’agripper aux arbustes sur le côté de la piste si on ne veut pas finir au milieu d’un champ de gadoue. Un vrai cross, un Fort Boyard, un Koh-Lanta... mais sans argent au bout. Un autre butin doit m’attendre à la place sans doute. Par (ma petite) expérience, les randos les plus dures sont en général celles qui offrent le plus beau réconfort au bout. Mais ça se mérite. Alors je persiste à suer et à galérer dans cette boue. Pas le passage le plus difficile des six kilomètres (pas reposant pour autant), mais pas le plus agréable non plus.

    Sortie de ce terrain plus ou moins plat, m’y voici : au pied de la montagne. Abrupte, caillouteuse, raide. J’évalue la distance, environ un kilomètre de piste jusqu’en haut, puis la difficulté. Je me dis qu’il va me falloir environ une heure pour atteindre le sommet. Je n’en peux plus. Mes jambes me font un mal de chien, la plante des pieds, les orteils, un mal de chat. Je regarde autour de moi et la vue est déjà magnifique. Je ne sais pas ce qui m’attend là-haut mais ça doit valoir la peine, au sens sale (pourquoi propre ? je suis dégueulasse à ce moment de l’ascension). Alors j’entame cette piste caillouteuse par le flanc de la montagne, dangereuse aussi si on manque d’attention. Vite, il me faut compter mes pas par série de dix pour me motiver à avancer. Mon sac pèse une tonne sur mes épaules endolories. Qui y a rajouté des poids d’altères sans que je ne m’en aperçoive ? Qui, hein ? Il devrait pourtant être plus léger puisqu’il y a une banane et trois-quart de litre d’eau en moins... moins ma polaire que je viens d’enfiler parce que le vent commence à souffler frais, doit pas y faire chaud là-haut. Trois Argentins d’Ushuaïa feront la fin du trajet avec moi. Je suis seulement au tiers du mont et je m’arrête tous les vingt mètres. C’est trop dur, je suis exténuée. Là, je croise un couple de blonds cinquantenaires, sur la descente. Merde ! Si eux y sont arrivés, il n’y a pas de raison pour que je n’y arrive pas ! Ça me remotive, et je repars.

    C’est dur. Très dur. Très très dur. De plus en plus. Un, deux, trois,... huit, neuf, dix pas. Allez, je vais jusqu’à ce piquet jaune et je m’arrête, pas avant ! ça doit faire dix séries de dix pas, vas-y poulette ! Je regarde mes pieds, les pas se font de plus en plus courts. Je pense aux alpinistes, à ceux qui se tapent des sommets de cinq ou six mille mètres. Mais comment ils font bon sang ?!

    Je m’approche du sommet. Je croise deux Argentins de Buenos Aires, Carlos et Victor. Il me reste quinze minutes, ils me disent et il y a aussi deux Français au sommet. Un petit coup d’oeil et le paysage autour de moi est à couper le souffle, je n’ai pourtant pas besoin de ça pour me le couper au point où j’en suis ! Cinq minutes plus tard, je croise le couple français. En haut, c’est grandiose selon eux, trois cent soixante degrés d’un paysage magnifique, on voit les avions qui se posent au loin sur la piste d’Ushuaïa, tous les sommets,...

    Et enfin, m’y voilà ! Sur la crête, les pieds dans la neige éternelle ! La piste continue encore un peu puisque je suis dans une petite bassine. Il fait froid, j’enfile ma veste de rando. Et me voici sur le toit du monde ! Ah ! Nature, Mère Nature, que tu es belle ! Merci ! Merci d’exister ! Merci de m’avoir donné la chance de vivre cette vie ! Je peux mourir demain, j’aurais vu le plus beau paysage de ma courte vie ! Pfff... Je suis sans mot. Trois cent soixante degrés d’une beauté inouïe : lacs verts, mer, montagnes, sommets aux neiges éternelles, ciel bleu, soleil de plomb. Et puis, arrivant, de je ne sais où, un aigle, majestueux, passe à une dizaine de mètres de moi, si petite dans cette immensité. L’émotion est trop forte et je lâche une petite larme. La nature a ça de beau que sa pureté m’émeut à chaque fois. Et pis, après tant d’efforts, quel plaisir d’y être arrivée ! Et Dieu sait si “y” en vaut la peine ! Il m’a fallu trois heures de peine et de volonté pour atteindre ce point d’une beauté sans pareil. Je ne voudrais pas le quitter mais ça fait déjà une heure que j’y suis et il est plus prudent de redescendre maintenant.


    [...]


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    Message par Lilie Lun 16 Avr - 22:05

    Quelle affreuse descente ! J’ai horreur de revenir d’une rando par le même parcours, surtout si, comme ici, la rando mène à un point final magnifique et que le chemin pour s’y rendre n’offre rien d’exceptionnel. Alors voilà, pendant deux heures durant, je descends, attentionnée pour ne pas tomber ou glisser ou me prendre des branches dans les yeux. Ça me tue les genoux cette descente, mes épaules et mon cou vont se décrocher d’une minute à l’autre. Et pis enfin, j’arrive au pied du lac vert sans embûches.

    Je rejoins le camping, je tourne la tête hasardeusement, vers un emplacement de camping vide et là, que vois-je ! Les trois aigles que j’ai vus au sommet ! (oui, ils étaient trois, deux qui précédaient celui qui est passé à portée de mes mains). Je suis sûre que c'est eux car il y en a deux ensemble qui se disputent les restes d’un barbecue, et un autre, aux couleurs plus vives, la mère peut-être, en retrait et plus méfiant. Ils me laissent les approcher, les photographier et les contempler tranquillement. Presqu’à portée de main là aussi. Je les reverrai le lendemain, tous les trois, dans le parc près de la rivière Pipo. Je me dis que j’ai de la chance non seulement de les croiser une fois, mais de pouvoir les observer de si près et ce à trois reprises dans des lieux différents.

    Je suis exténuée quand je rejoins ma tente à minuit après m’être faite draguée – sans succès- autour d’une bouteille de vin blanc sous une jolie nuit étoilée, par Oscar, l’un des deux Porteños croisés dans l’après-midi. Pourtant, sans tapis de sol ni sac de couchage, je ne fermerai pas l’oeil de la nuit, trop froid. C’est seulement une fois la cacophonie de l’aube passée que je fermerai les yeux deux ou trois heures seulement.

    Je passe la journée du lendemain à me balader dans le parc, une quinzaine de kilomètres de marche seulement mais avec la fatigue de la veille, la moindre petite côte me fait mal. Pourtant, j’aurai tout le loisir d’observer la faune et la flore du parc : des oiseaux gros, moyens, petits que je ne connais pas pour la plupart (sauf les piverts), des lagons verts turquoises, cascades et rivières, barrages de castors, et bien plus.

    Je suis revenue à Ushuaïa en fin d’après-midi. A dix neuf heures j’étais couchée, morte de fatigue ! La rando d’El Guanaco est certainement la plus difficile que j’ai jamais accomplie, mais c’est de loin celle qui m’a offert la nature et les paysages les plus beaux jamais contemplés par mes deux yeux. Et quand je pense que je ne suis qu’au début de ce voyage, je me dis que vraiment, que de belles expériences notre belle planète va m’offrir ! Je ne sais lesquelles, je ne sais où, mais je le sais.


    [...]


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    Message par Wapiti Lun 16 Avr - 23:29

    Hola, Lilie ! J'arrive pas à suivre, moi !! mon dieu !
    rire
    Mais continue, t'arrêtes pas. clin d'oeil


    _________________
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    Message par Invité Mar 17 Avr - 10:06

    Moi j'y arrive Lilie ! clin d'oeil
    J'y arrive tellement bien, que je viens de prendre une drôle de décision...

    A partir d'aujourd'hui, c'est décidé:

    Je ne lirai le carnet de Miss Lilie qu'uniquement chaussé de mes chaussures de rando et mon sac sur le dos !
    Ceci afin de pouvoir la suivre plus facilement par la pensée vers ces contrées que j'aime tant ! rire

    Voilà Lilie, chose dite, chose faite ! sourire
    Je suis à présent équipé, mais ne tarde pas trop pour la suite rêveur Car...... Mon sac à dos est assez lourd !!! gag ! rire

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