J’ai passé la St Valentin au bout du monde, pour ma dernière nuit à Ushuaïa. J’ai même réussi l’exploit d’aller à Dublin et de revenir le soir-même à Ushuaïa ! Et oui, je ne pouvais pas aller au bout du monde sans aller dans le pub irlandais du bout du monde ! Pub irlandais qui portait donc le nom de ma chère ville d’adoption : Dublin. Chose improbable, pourtant : pas de Guinness à Dublin !
J’ai quitté la Terre de Feu le lendemain, direction le sud continental de l’Argentine, El Calafate, non loin de la frontière chilienne, dans les Andes donc. Arrivée à une heure du mat’ à El Calafate, pas de réservation, comme d’hab. Je crois en ma bonne étoile et surtout à la gentillesse des gens d’ici. Me laisserait-on, moi, jeune demoiselle, passer la nuit dehors ? Je ne le crois pas. Alors effectivement, descendue du bus, quelques rabatteurs d’hostels du blède viennent me voir pour offrir des lits encore disponibles en cette pleine saison touristique. Je monte dans l’un des mini-bus, avec un autre mec qui a fait le trajet avec moi depuis Ushuaïa. Il est Italien, de Milan, et s’appelle Massimo. On partagera notre chambre quatre lits à tous les deux, petit luxe pour moi depuis le début de ce voyage.
Après avoir dormi comme des loirs, c’est tout naturellement qu’on part tous les deux prendre le petit déjeuner, puis acheter nos billets de bus pour voir le glacier, pis se balader au bord du joli lac Argentino, puis bières en terrasses et bières au camping de l’hostel. Et quand on se retrouve dans la chambre en soirée, on est tout surpris quand deux nouveaux co-chambreurs hollandais nous demandent ce qu’on a fait de notre journée. On se regarde hébétés et on répond en choeur, avec le sourire “rien !”. La journée est passée sous des airs de vacances entre potes sans qu’on ne s’en aperçoive !
Le soir nous sommes allés remplir nos estomacs à une parrilla libre du coin. Je m’en suis mise plein la panse ! Cette viande de boeuf, michouyée devant nous, tranchée sous nos yeux, qu’est ce qu’elle est fondante sous mon palais ! Avec ce petit goût de braisé... un régal ! Puis glace parfum dulce de leche, avec en plus du dulce de leche en garniture (je n’arrive encore pas à m’en écoeurer). Vraiment une bonne journée, en bonne compagnie.
Le lendemain, hier, nous sommes allés au parc national Los Glaciares. Le parc, il faut le traverser avant d’arriver au grandiose Glacier Moreno. Ce parc est splendide : des lacs de glaciers couleurs turquoises comme je n’en ai encore jamais vus, entourés de montagnes au sols arides, un ciel bleu, toujours, des nuages blancs tout jolis, et voilà le tableau ! Et puis, ce glacier, enfin. Une étendue blanche et bleue qui s’étend semble-t-il jusqu’à l’infini, là-bas, derrière les montagnes qu’il enjambe. Imposant. Mille six cent kilomètres carrés de glace. Au pied de cette masse glacière, on la sent vivre incroyablement : elle craque, elle gronde quand s’en détachent d’énormes blocs qui s’effondrent dans le lac turquoise qui la porte. C’est bien vivant un glacier, oui.
Depuis quelques jours, j’ai vu tellement d’éléments naturels si grandioses, tout ça dans un seul pays, c’est incroyable ! Elle est belle notre planète bleue. Quand on a la chance d’en apercevoir quelques uns de ses trésors, on n’a vraiment pas envie de la saccager, non, vraiment pas. Et pis, on se sent infiniment petit face à une telle grandeur, majesté. On prend conscience de notre tout-petitesse et en même temps de quelle chance on a de faire partie du cercle de la vie !
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Lilie