Je disais donc que je serai contrarié aujourd’hui. Voilà plus de 2 jours, que traînent… macèrent… fermentent et embaument les 2 fromages dans ma glacière électrique. Et comme je le fais d’habitude, je flanque mes effets gastronomiques à l’extérieur de mon véhicule pendant la nuit. En conséquence, ma glacière se situe exactement à l’arrière presqu’accolé au pare-choc avec bien entendu, mon trésor fromagé.
Au matin, je vis mon roquefort complètement répandu dans le champ, la glacière ouverte ! C’est 32 € de marchandise perdue à cause d’un indélicat stupide et qui s’est mêlé de ce qui ne le regarde pas. Peut être était-ce une bête qui aurait fourré son nez, je n’en sais rien, car pendant la nuit je n’avais rien vu ni entendu ?
Je reviens dans le village à pied pour converger vers l’embarcadère du marais. Seul, il serait bien regrettable de louer une barque (avec une rameuse) pour 2h00, le prix est bien dispendieux pour une telle balade. Comme un accord avec la locatrice, je lui dispose ma proposition d’attendre 1 ou 2 autres personnes pour faire la promenade aquatique en vue de partager le prix de la location. A peine plus de 5 minutes plus tard, la guichetière me retrouve pour m’affirmer qu’elle a trouvé un couple susceptible de vouloir faire le même circuit que moi. Donc pour 18.90 € me voilà trimballé sur les eaux calmes du Poitou.
Depuis longtemps, me trotte dans mon imaginaire l’image de milliers de lentilles vertes flottantes qui témoignent d’une originalité si bucolique. Cette « Venise verte » comme on l’appelle, suscitait un fantasme plus visuel que romantique. « Quelle beauté de voir tracer son chemin noir à travers ce tapis verdoyant et mouvant dans le lit des canaux ! » Mais hélas, rien de tout cela. Pas de tapis verdoyant, pas de lentilles couleur émeraude, point de mousse nageant sur la surface. Ne subsistaient sur l’eau que des araignées d’eau !
Ma consternation va cependant laisser place à l’éblouissement. Tout d’abord, comme un miroir sans tain, le marais laisse refléter l’image des aulnes et autres frênes qui le voûtent. Puis, à certains endroits, des petits nuages de brouillard caressent l’eau si délicatement que l’on aurait peur de les dissiper par notre passage peu tumultueux. J’admire les bocages dans un silence religieux, agrémenté parfois de chants d’oiseaux. Notre petite compagne de barque (et qui rame toujours !) nous conte les splendeurs de son terroir pour notre plus grand plaisir. Même au lieu le plus découvert du marais, l’éclat du jour révèle la verdure de cette région. Un vrai paradis ! Merci Mélanie.
A 10h30, je prends le temps de flâner dans les boutiques de souvenir jusqu’à avoir réellement une petite faim. J’engloutis un sandwich et un fruit, puis je retourne au guichet de location. Moyennant 11 €, me voici en possession d’un vélo pour déceler d’autres trésors du marais. L’employé me dispose un plan de 4 ou 5 circuits proposés de distance variable, allant de 10 km jusqu’à 30 km. Comme j’ai toute l’après-midi, je choisis celui qui fait les 33 km. Pour cela, durant tout mon parcours, je suis guidé par des pictogrammes au symbole bien précis. Pour moi, ce sera le violet. De chemin en chemin, je traverse des ponts, des digues, des écluses en tout genre ; m’arrête sur des aires parfaitement adaptées au repos des cyclistes. Plus loin, je pénètre dans une église d’une hauteur de quinze mètres, toute en pierre ! Je croise des promeneurs, des sportifs venus de près ou de loin pour le plaisir des yeux et de la sérénité. Dans la continuation de ma balade, mon sens de l’orientation me joue un mauvais tour : plus moyen de retrouver les bons pictogrammes qui tracent mon itinéraire ! Mais bien vite, avec ma langue bien pendante qui n’a pas peur de demander son chemin (pas comme à l’instar des hommes qui n’aiment pas demander leur chemin…), je reprends le bon sentier. Au fond, il suffit de longer toujours les canaux pour retrouver sa trace… les pictogrammes ne sont jamais bien loin.
Cet écart d’une dizaine de kilomètres m’aura permis de découvrir un aspect charmant de la traversée des canaux : la barque-vélo. Attachée de part et d’autre, une petite embarcation nous mène d’une rive à l’autre en tirant sur les câbles reliées aux 2 pontons du canal. Il suffit, avec dextérité, de charger la bicyclette dans une barque et attraper la chaîne de la direction voulue. (soit dans un sens ou dans l’autre) Vraiment rigolo !
Certes, les 40 km de l’itinéraire ne sont pas bien difficiles à pédaler, mais le climat presque caniculaire me déshydrate considérablement. J’avoue que j’ai rarement bu 1,5 l d’eau aussi vite en faisant « du sport » ! Le vélo rendu, je m’affaisse dans ma voiture encore étouffante pour me reposer jusqu’au soir. Mon GPS qui fait office de télévision me permet de m’égayer un peu et de passer le temps jusqu’à la nuit venue.