Me voici partie pour 15 jours d'un circuit autour de l'Islande qui s'intitule chez le voyagiste : "Le Tour du Pays de Feu".
Le Tour du Pays de Feu...
...aurait dû s'appeler "Le Tour du Pays des Eaux".
Les eaux océaniques qui encerclent cette île aux côtes superbes.
Eaux vertes écumées par le vent dont le ressac s’écrase à grand fracas sur les falaises basaltiques noires de la péninsule Snæfellsnes ; eaux bleu profond qui s’étalent langoureusement dans de tranquilles fjords verts qui accueillent phoques et oiseaux marins divers pour leurs siestes ou leurs repas.
Eaux du ciel qui n’auront de cesse de rejoindre la terre pratiquement tous les jours de ce voyage, en ondées ou bruines sans conséquences, en averse de ‘‘pluie verticale islandaise’’ rinçante, en fantastiques jeux de nuages et de nuées éclairant les terres sauvages de luminosités célestes.
Eaux du ciel décidant de rester là-haut en amas blancs, gris, noirs, jouant à cache-cache avec les sommets enneigés et autres merveilles des hauteurs… pour notre plus grande frustration.
Eaux qui coulent partout, dans tous les sens. Rus, ruisseaux, torrents, rivières, des kilomètres - des milliers de kilomètres - d’eaux qui ondulent, serpentent, galopent, caracolent, sautent, gazouillent, chantent…
Eaux limpides ou chargées de sédiments des multiples gués à traverser sans cesse, à pieds, en véhicule.
Milliers, millions peut-être de chutes d’eau. Celles, anonymes, qui gazouillent sur un ou deux mètres avec un filet cristallin de la largeur de la main, celles qui chantent en rebonds joyeux de rochers en rochers entre les herbes folles, celles qui grondent en fracassant leurs centaines de tonnes par seconde dans leur canyon quelques dizaines de mètres plus bas. Glymur, Goðafoss, Dettifoss, Gullfoss… pour ne citer que les plus connues de ces chutes fantastiques.
Eaux stagnantes, rampantes, cachées, qui baignent partout les champs de linaigrettes, grassettes et autres herbes à marais, dans une boue rouge ou noire, ces eaux dans lesquelles il nous faut sans cesse patauger ; eaux retenues dans ces mousses blanches, grises, vertes, fluorescentes, qui rendent spongieux et glissant le sol rocheux des champs de lave noire…
Eaux calmes, dormantes des lacs et lagunes aux couleurs variées. Le vert d’Ásbyrgi, les bleus de ces cratères assoupis aux parois colorées de rouges, verts, ocres, jaunes… ou encore les bleus lumineux ou les gris reflets du ciel tourmenté de ces retenues lacustres réputées de Mývatn ou du côté de Þingvellir, ou de toutes ces gouilles, mares, lacs, croisés, longés, entraperçus…
Eaux chaudes et douces dans lesquelles il fait bon se plonger dans le relatif froid ambiant, se délasser après quelques belles randonnées, que ce soit dans un ‘‘pot chaud’’ de bois trônant sur la terrasse de notre gîte, dans le « blue lagoon » des bains aux bleus irréels de Mývatn ou en pleine nature au milieu du fantastique et coloré Landmannalaugar…
Eaux figées qui habitent les hauteurs. Neiges résiduelles de l’hiver dernier en multiples névés plus ou moins noircis de cendres volcaniques. Eaux glacées en calottes immenses occupant près de 12% de la surface du pays, généralement installées sur de terribles volcans endormis comme le Snæfellsjökull ou bien vivants tels Vatnajökull, Langjökull ou le bien connu Eyjafjallajökull. Eaux glaciaires qui s’évacuent en de longues et nombreuses langues aux moraines de graviers noirs, qui descendent vers la mer, se perdent parfois en lagons habités d’icebergs blancs et bleus fondant et dérivant…
Eaux de la terre au tempérament volcanique, qui s’expulsent du sol par tous les moyens. Eaux claires et brûlantes qui coulent en surface ou captées, canalisées, pour une utilisation agricole ou énergétique ; eaux sulfureuses bouillonnantes qui glougloutent dans les trous jaunes et blancs puants des sulfatares de Námaskard, Leihrnjúkur ou Geysir ; eaux sous pression qui jaillissent en vapeur constante, fumerolles du champ de lave de la fissure du Kraffla, ou en jets intermittents puissants du Strokkur, si célèbre fiston du Geysir…
Les eaux des fjörður, des foss, des vatn, des jökull...
Islande, terre des eaux.
Dernière édition par Wapiti le Mer 7 Sep - 9:49, édité 2 fois (Raison : poussières de basaltes encrassant les lettres issues du clavier... ;-))