Jour 13 – Retour dans la foule du côté du Cercle d’Or
Un ciel bleu éclatant nous accueille ce matin, avec un vent un peu apaisé… mais il ne fait pas chaud pour autant !
Et c’est reparti pour la dernière journée de route. Très bonne piste, direction sud / sud-ouest sur cette rive droite du Þjórsá que nous quittons brièvement pour longer rapidement le lac de Bjarnalón et descendre en 2 virages de ce « haut plateau » (altitude de moins de 300 mètres) dans la plaine suivante, 100 mètres plus bas, où nous retrouvons le fleuve. Les paysages redeviennent plus verts, voire agricoles en certains endroits avec des fermes éparses.
A la jonction avec la route 30, nous bifurquons vers le nord pour rejoindre une Hvítá, « rivière blanche » et sa célèbre chute de Gullfoss, la « cascade dorée ».
Jön nous laisse au pied de la chute et nous récupèrera au centre de service un peu plus haut. Nous affrontons donc le vent et les embruns glacés, le sol glissant d’humidité plus ou moins gelé et les quelques touristes (peu à cette heure matinale glaciale) pour profiter encore une fois d’une de ces chutes dont Dame Nature a le secret. Encore des tonnes d’eau noires qui dégringolent à grands fracas entre les roches noires dans une gorge qui se prolonge en un canyon fantastique. Du haut de la chute, le regard porte loin sur la plaine au nord et à l’ouest, jusqu’au lointain dôme plat et allongé du glacier Langjökull qui luit au soleil.
Nous traversons rapidement la plaine agricole pour rejoindre le fameux site de Geysir, à flanc d’un coteau coloré. Le site est bien plus petit que celui de Námaskard (au nord, vers Mývatn pour celles et ceux qui se sont perdus
) mais nous y retrouvons des éléments identiques d’activité volcanique intense : roches rouges, blanches, jaunes, gouilles d’eaux chaudes et acides fumantes aux couleurs improbables, vapeurs pestilentielles de soufre…
La vedette reste néanmoins Strokkur, « fiston » de Geysir, celui qui a donné son nom à ce phénomène de geyser. Strokkur, c’est une gouille d’eau en ébullition qui toutes les 2, 3, 5 ou 10 minutes monte en pression en une grosse bulle bleue qui éclate en envoyant son jet jusqu’à 20 mètres de hauteur. C’est l’attraction qui cristallise toutes les attentions, attire irrésistiblement les objectifs, maintient immobiles pendant de longues minutes, doigt sur la gâchette, les paparazzis du monde entier…
Après un petit tour sur le site, je succombe moi aussi aux charmes de Strokkur quelques longues minutes, avant de me laisser tenter par un banc qui me permet d’observer l’ensemble, les roches colorées, les fumées et jets d'eau, les allées et venues des très nombreux touristes, les conversations aux accents internationaux, les photographes insatiables…
Après les randonnées et grands espaces des deux derniers jours, retrouver la civilisation, les parkings immenses emplis de véhicules et autocars, les aires de services aux magasins de souvenirs immenses et très achalandés, à la chaleur étouffante, les sanitaires payants (tiens ! c’est nouveau, ça ! les premiers que nous voyons en Islande !) les grappes de touristes aux verbiages internationaux parasites… C’est un peu le choc et le décalage pour nous. Ce Cercle d’Or constitué des trois attractions touristiques « majeures » du pays n’est peut-être pas idéalement positionné ainsi, en fin de circuit. Et le pire est encore à venir…
Mais avant, il y a le pique-nique, et Jön nous a trouvé une salle à manger de rêve ! Nous nous installons dans l’herbe rase d’un champ (défoncé forcément puisque terre islandaise martyrisée par le gel) avec une vue imprenable sur Geysir, là-bas, au loin, avec la possibilité de profiter des sautes d’humeur de Strokkur tout au long du déjeuner. Il fait quand-même bon être assis là en bonne compagnie, au soleil, sur un parterre de thym sauvage et autres herbes rases, face à un phénomène naturel aussi impressionnant qu’un geyser actif… à se goinfrer de haddock fumé et autres spécialités de poissons islandaises…
L’après-midi, une bonne et longue route en paysages plutôt plats et verts, cultivés, nous mène plein ouest vers Þingvellir, la “vallée du Parlement”, haut lieu islandais incontournable tant pour sa valeur historique que géologique.
Un touriste qui commence sa découverte des merveilles géologiques de l’Islande par là doit y trouver son compte… ce n’est pas mon cas. Certes nous trouvons dans cette vaste plaine d’effondrement, qui est en fait une faille du rift américano-européen, un beau lac, une jolie rivière aux reflets bleutés, un petit canyon de roches noires, et nous pouvons observer au loin les fumerolles de sources d’eau chaude et plus près de nous une forêt originelle de bouleaux et différents types de massifs et de roches volcaniques… Pardonnez pour l’image, mais après les merveilles des derniers jours, ceci me parait être une cacahouète qui traine sur la table à la fin d’un festin. Et en plus, elle est envahie de fourmis humaines cette cacahouète !
Þingvellir c’est aussi la plaine où se réunissaient l’été les colons en l’un des plus vieux Parlements au monde, dès les années 930, et également le lieu de la déclaration d’indépendance de l’Islande en 1944... On comprend là tout l’intérêt national et touristique du site. Malheureusement pour nous…
Nous empruntons néanmoins les pontons de bois et sentiers ultra-touristiques pour faire un très rapide tour du site… avant de nous sauver à toutes jambes.
Notre van file à nouveau plein ouest pour ce dernier tronçon d’une cinquantaine de kilomètres de bonne route qui nous ramène à Reykjavik dans ces paysages de vaste plaine bosselée aux multiples plans d’eau et bordée du massif de l’Esja qui domine, de loin, la capitale.
Nous retrouvons la banlieue tranquille islandaise et ses pseudos ‘bouchons’ de fin d’après-midi qui nous font bien rire malgré le vent de nostalgie qui plane sur les troupes. Jön et son 'Vieux Fidèle Rouge' nous font leurs adieux devant notre hébergement, l’Aurora Guesthouse, en plein centre-ville, à un bloc d’Hallgrimskirkja qui n’a pas bougé d’un pouce en notre absence.
Il est relativement tôt, nous sommes livrés à nous-mêmes. Après une courte pause, histoire de quelques douches, rangements et/ou stations horizontales délassantes, nous repartons en promenade au soleil couchant dans les quartiers de Reykjavík. C’est surtout l’occasion de retourner sur le port, de réserver une croisière aux baleines pour demain pour deux d’entre nous et de tenter à nouveau notre chance au SeaBaron / Sægreifinn aux si réputées soupes de homards et brochettes de poissons. L’endroit est bondé à notre arrivée, mais en insistant et s’incrustant on finit par faire entrer et asseoir les 9 membres du groupe autour d’une table pour une dégustation bien appréciée de tous. Nos déambulations post-dînatoires nous ramènent tranquillement et fraichement à la guesthouse.
Demain sera notre dernier jour islandais...