Aller ensuite à la rencontre des « anciens » sous la case à palabres, la togouna, ou adossés à l’ombre d’un mur, d’un arbre… leur offrir quelques noix de cola en guise de remerciement pour nous accueillir dans leur village. Rendre visite au hogon, le plus vieux du village, prêtre du Lébé, le serpent qui vient le laver chaque nuit... un honneur, qui certes nous fait quand même bien sourire, nous autres occidentaux.
Un autre honneur pour nous : que notre guide nous emmène chez lui, et nous présente sa famille, sa mère, sa femme, sa dernière fille, ses neveux et nièces, tante et belles-sœurs. Communauté de femmes et d’enfants vivant ensemble dans la même cour. Pas d’homme en ce milieu de journée, ils ne rejoindront le groupe que pour le repas du soir.
C’est l’occasion de découvrir de l’intérieur une modeste demeure dogonne. Un escalier de roche en guise de porte. Une cour poussiéreuse où piaillent enfants et volatiles près d’un feu, de quelques ustensiles de cuisine, d’un seau d’eau, d’une chèvre. Autour, deux ou trois pièces aux murs de pisé, sans fenêtre, au sol de terre battue, à peine encombrée de quelques nattes, vêtements et objets de vie courante ; c’est là que dorment la nuit les grands-parents maîtres des lieux et leurs petits-enfants, quand ils ne montent pas sur les toits-terrasses. Dans un coin, au sommet d’un rocher, les greniers de la famille, cylindres de pisé couronnés de toits pointus de paille, image médiatique du pays dogon. A l’intérieur, sacs de mil, de sorgho, d’arachide, de fonio, quelques herbes, du poisson séché… le tout caché derrière une belle porte de bois plus ou moins richement sculptée.
Ha ! Qu’il était fier notre cher guide de nous montrer tout cela ! Et il semblerait que nous ayons été les premiers « toubabs » invités dans cette modeste demeure… Un bien beau moment.
S’arrêter aussi chez les artisans et les commerçants ravis de nous montrer leur art.
Les tisserands, derrière leurs métiers, qui réalisent les bandes de tissu de coton que les femmes vont coudre et teindre pour réaliser de superbes bogolans aux motifs nommés « Pluie du matin », « Samedi soir » ou les tenues traditionnelles des hommes (pantalon, tunique, bonnet)…
Les forgerons assis à même le sol, poussiéreux et ruisselants devant leur petit four au feu avivé, à façonner les outils de ce peuple de cultivateurs ou les fusils d’apparat destinés aux festivités.
Croiser des bijoutiers touaregs nomades avec leur petit atelier mobile…
Apprécier le superbe travail du bois à travers les nombreuses statuettes, de femmes notamment (porteuses d'eau, aux bras levés), les masques et les portes de grenier racontant l’histoire du peuple dogon…
Se poser quelques instants sur une plate-forme rocheuse dominant le village et la plaine. Rester contemplatifs en silence, à apprécier notre chance d’être là, d’avoir toutes ces merveilles à nos pieds, d'être autorisés à assister à ce spectacle ancestral et naturel. Espérer pouvoir rester ici des heures pour regarder dans la course du soleil la vie tranquille de ce village si animé aujourd’hui.