excursion au Cañon de Colca (Jour 3)
Vers 2h du matin, notre sommeil est perturbé par le départ des autres groupes qui doivent arriver à temps pour passer à la Cruz del Condor. Quelle bonne idée de l’avoir fait à l’aller ! Quel bonheur de pouvoir profiter de 2h de sommeil supplémentaire !
Vers 4h, Jaime a du mal à nous réveiller. La perspective de la longue montée sans petit-déjeuner en fait grogner plus d’une…
A la lampe frontale, nous entamons nos 1100 mètres de dénivelée pour rejoindre Cabanaconde. Jaime marche en tête, avec pour seule lumière le faible halo de ma frontale ; sacrés yeux de chat ! A l’aube, il reprend son poste de serre-file derrière Lili qui souffre.
Longue montée. Nous nous faisons doubler par les locaux, avec ou sans montures. Certains auront eu le temps de faire l’aller-retour que nous ne serons pas encore arrivés en haut. Le groupe d’ados anglo-saxons souffre autant que nous, petit réconfort…
Nous apprenons qu’une Tchèque est portée disparue ce matin sur ce chemin ; c’est un corps que les locaux cherchent ; les statistiques donnent tout disparu pour décédé… Nous sommes ravis d’avoir pris un guide. D’autant qu’il se sera révélé très professionnel, très sympathique et il nous aura appris plein de choses sur la vie locale, la faune, la flore… Seuls, aurions-nous vu et compris les cultures du cañon et notamment celle de la cochenille ? Aurions-nous vraiment repéré les différentes catégories de cactus, d’arbres, de fleurs rencontrées ? Aurions-nous vraiment perçu la rudesse de la vie des habitants du cañon ? … Certainement, non.
Longue montée. Chaque fois que nous nous arrêtons, le redémarrage est très douloureux ; je prends le parti de ne plus attendre, de marcher à mon rythme. J’arrive la première en haut sur le plateau. Instants de jubilation. Même si je n’ai pris aucune photo, même si j’ai souffert, j’ai admiré les luminosités matinales, les paysages, les ambiances… Paradoxe classique en montagne : j’ai eu mal mais pris du plaisir.
Les autres arrivent enfin, épuisées les filles.
S’ensuit une petite course dans les champs pour rejoindre la plaza de Cabanaconde où nous espérons attraper le bus de 9h10. Et oui, nous l’avons, au vol ! Nous sautons dedans...
C’est un bus rempli de locaux qui nous ramène vers Chivay, qui cahote sur les pistes, qui s’arrête très souvent. Long trajet de 2h30… mais quel panorama sur la vallée du Colca ! A l’aller il faisait à peine jour, nous avions des places côté paroi ; aujourd’hui nous découvrons les coteaux cultivés d’andènes, les petits villages blottis dans les creux de la vallée, les magnifiques sommets… On aurait aimé s’arrêter pour prendre des photos, on se contentera d’images précieusement gardées en mémoire…
Ces heures de bus, c’est l’occasion de rencontres. Rencontre avec de jeunes péruviens ravis de partager un peu de leur belle région avec les touristes que nous sommes… Rencontre silencieuse avec ces anciens aux costumes traditionnels et au regard qui sourit… Rencontres avec des enfants qui s’amusent à être pris en photo ou qui s’endorment sur votre épaule…
Chivay.
Il est midi, il nous faut régler deux urgences : baños et manger ! (et oui : toujours pas eu de p'titdèj nous !) Jaime nous emmène dans un restaurant de catégorie "moyenne", de type "cantine" où pour une somme presque ridicule nous mangeons bien, en quantité et qualité ; rien à redire. Nous voici presque "réparées" de notre matinée sportive et de jeun.
Ensuite, plutôt que d’aller rapidement aux thermes comme la majorité des touristes, nous préférons traînailler dans les rues, vers l'église en restauration, et sur la plaza de Chivay… lamas, photos, propina… ça commence déjà à m’énerver un peu.
A 14h30, le bus repart, plein, avec les locaux debout ou assis dans le couloir.
Longue route qui débute par une montée au col à 4800 m, avant de se dérouler à travers la pampa. Nous découvrons cet univers puisqu’il fait jour cette fois. Cahots et poussière, troupeaux de lamas ou vigognes, Péruviens isolés sortant de nulle part, comme leurs villages de terre ou de briques dont on ne sait s’ils sont en construction ou à l’abandon… Nous contournons les majestueux Misti (sans neige) et Chachani (enneigé).
La nuit tombe avec notre arrivée sur Arequipa. Jaime nous accompagne à l’hôtel… et nous hésitons à le laisser repartir : trop bien ! trop mignon ! Nous sommes sous le charme, il faut bien l’avouer…
Il est tout de même bon de prendre une bonne douche chaude, de décoller toute cette poussière et se mettre au propre, d’hydrater cette peau tannée par le soleil. Il faut néanmoins ressortir dans le froid nocturne pour dîner, avant de s’effondrer sur les lits.