JOUR 1
km 0-- : Lundi 5 août 8h du matin. Des mouvements estivaux s'activent autour d'une voiture. Celle-ci, brillante de sa robe d'un vert Giverny, s'alourdit de glacière, jerricane, impedimenta et autres accessoires substantiels. Je ferme les volets de mon domicile, vérifie bien que tous les appareils et lumières sont éteints et clos, de mon gros trousseau de clef, la porte de mon appartement. Embarquant dans la Renault, je file chez mes parents, à 2 quartiers de mon adresse, afin de prévenir de mon départ en vacances. Devant le solitaire, mes vieux ne peuvent qu'être ébloui à l'énumération de mon périple dithyrambique dont je leur fais part.
Le soleil brille sur la ville de départ, je mets les compteurs à zéro et emmène ma berline glisser tout doucement sur une portion d'autoroute. Déjà je cogite dans mon esprit éthéré, un itinéraire de 24 jours, 1 mois, sur ce qui devra être mon "Tour de France". Ma première résolution est de faire des vacances économiques et intelligentes (?). Donc, je me résous à ne point payer de péages et préférer de rouler sur des routes qui auraient, disons, l'intérêt d'avoir un caractère touristique.
km 20--- : L'Alsace a l'avantage de n'avoir aucune autoroute à péage, et c'est ainsi que je l'emprunte jusqu'à Burnhaupt-le-haut et suit la D83. Pour le moment, cette départementale, je la connais par coeur, étant donné que je suis du coin. L'escompte pittoresque ne s'est pas encore manifesté. Ça viendra.
km 87--- : A partir de la commune tristounette de Médière, le charme de la France s'entrouvre. De là, la route rejoint, côtoie les méandres du Doubs et ses cascades en desservant les jolies bourgades aux noms ravissants de "L'Isle-le-Doubs, Beaume-les-Dames, Roche-les-Beaupré, Clerval, etc..." . Justement, c'est à Clerval, au moment de l'heure de midi que je fais ma 1ère pause. Ravigoté, une petite sieste s'impose car curieusement, voilà que se manifeste un abattement suffocant.
---km 156 : Larnod. Il y a belle lurette que j’ai repris le volant pour traverser Besançon et me retrouver au sud de son agglomération et arriver près d'un village au nom "grassouilleux" de Beure (avec un R), Larnod. Ici, rien de bien important : pas de car, pas de foule ni de site touristique, seulement une adresse familiale.
J'avoue que mon caractère opportuniste peut parfois déranger. Et c'est dans un sentiment pas tout à fait aisé que je viens sonner à la porte, pardon, déranger ma cousine maternelle en train de faire bronzette sur sa terrasse. Sa joie vive de me voir à l'improviste éradique mon incommodité passagère. Mais malgré tout je sens sa frustration à ma furtivité, car à peine avoir donné de mes nouvelles et porté à sa connaissance "mon périple envieux", comme elle le dit, je prends la poudre d'escampette pour "tracer" plus au sud.
---km 179 : La D83, belle et agréable à conduire, me transporte vers la liste du patrimoine mondial de l'Unesco. A Arc et Senans, il y a 220 ans, dans des conditions oppressantes tant psychologiques que sociales et physiques, travaillaient des esclaves pour extraire le sel, au prix d'agonies et de souffrances dans ce qu'on appela, les Salines Royales.
Je suis content d'avoir visité cette curiosité mondiale et je ne m'attarde pas à poursuivre mon chemin. La chaleur ne se fait ressentir que lorsque je sors de mon véhicule car, bien entendu, mon habitacle est doté de la climatisation. Cependant j'éprouve le besoin de bouger un peu dans la nature.
---km 201 : 17h00. Confinée dans une minuscule vallée de l'Arbois, réside une des plus belles cascades de la région, connue des locaux. Dans un écrin verdoyant, digne des paysages tropicaux et paradisiaques, coule en perle de pluie un courant d'eau sur des rochers habillés de mousse, lichens, caché sous une voûte végétale. Les rais de lumière jouent avec les feuilles des arbres dessinant sur la surface de l'eau des ombres parsemées et virevoltantes que l'on se complait à contempler. Par ce temps chaud, lorsque l'on arrive à proximité de la Cascade des Tufs, son déversement perpétuel apporte un rafraîchissement extraordinaire. Un pur bonheur !!