Le Village du Peuple Etrange Voyageur

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    Voyage ton reve: extraits d'un journal de bord qui s'etala sur un an

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    Voyage ton reve: extraits d'un journal de bord qui s'etala sur un an - Page 4 Empty Re: Voyage ton reve: extraits d'un journal de bord qui s'etala sur un an

    Message par Lilie Lun 30 Avr - 22:20

    5 avril 2007

    Bolivie me voici !

    J’ai quitté Tilcara ce matin, laissant derrière moi Greg et d’autres compagnons de route. Là, nos chemins se séparent pour de bon... pour ce voyage tout du moins. La page Argentine se tourne après plus ou moins deux mois passés au pays des « Che ! », du maté et de la délicieuse viande de boeuf. J’étais un peu anxieuse à l’idée d’entrer dans un nouveau pays. J’avais mes repères en Argentine, je savais comment fonctionnait le pays, les transports, connaissais la valeur des choses et raisonnais en Peso Argentin et non plus en Euro. Là, il me faut tout réapprendre. Un nouveau voyage commence.

    Je suis arrivée à La Quiaca, ville frontalière du côté argentin et avec Les Jumelles aux pieds, j’ai traversé ce petit pont, sans à peine m’en apercevoir. Deux nouveaux tampons sur mon code-barre français et me voici à Villazon, en Bolivie ! Premier changement : l’heure ; on enlève une heure à son cadran pas solaire quand on passe en Bolivie. Ensuite, petit tour à la banque pour retirer la monnaie locale (un Euro équivaut à dix Bolivianos). Je n’ai plus de guide touristique à partir de maintenant et décide que je m’en accommoderai très bien. Mon Castellano me permet désormais de demander mes directions, un endroit pour dormir et tout ce dont j’ai besoin de basique ainsi que de passer des soirées à refaire le monde dans la limite de mes non connaissances grammaticales et de temps, mais j’ai maintenant un vocabulaire et une compréhension suffisante. De plus, j’ai un peu plus d’expérience que quand je suis arrivée à Buenos Aires et je sais désormais la manière dont j’aime voyager : au contact des populations locales, c’est à dire un peu en retrait des Lonely Planet, Foot Print, Guide du Routard et autres guides pour simples vacanciers qui ont un temps limité. Cela peut être un précieux outil de voyage, certes (et Dieu sait si j’ai tourné les pages du mien lors de mon premier mois en Argentine !), mais à partir de maintenant, je préfère m’en passer. Et pis, il y a les forums de voyageurs sur Internet sur lesquels on peut trouver tous les tuyaux dont on a besoin pour trotter le globe à sa manière.

    Alors, une fois la pseudo frontière passée et mes Bolivianos en poche, direction le terminal de bus. J’aime pas les blèdes frontaliers, je les trouve toujours glauques, je préfère m’en échapper dès que possible. Des voyageurs internautes justement m’avaient conseillé Tupiza comme bon point de départ pour visiter le Salar de Uyuni. Billet en main, je grimpe dans le bus. Il ne me faut pas longtemps pour être plongée dans une des facettes de ce nouveau pays : mon billet indique le siège numéro 37, sur la banquette du fond, mais je me demande comment je vais y accéder avec tous ces gens qui encombrent le passage ! Mais pourquoi ils ne s’assoient pas bon sang ?! Ah oui, je sais pourquoi : parce que tous les sièges sont déjà occupés ! Ah ! Ah ! Alors je commence à enjamber les paniers de fruits et légumes, les enfants, les derrières des grosses mamas à tresses, mon sac au dessus de la tête. Les gens sont adorables, ils rigolent de ce cohu-bohu. Et moi aussi du coup ! J’atteins mon siège finalement. A côté de moi s’assied une jeune Argentine de dix-sept ans. De mère bolivienne, elle vient passer le week-end de Pâques en famille, à Tupiza. Elle m’explique justement que le Castellano a ses particularités dans chaque pays d’Amérique Latine. Par exemple, pour moi qui n’ai jamais étudié l’espagnol et qui l’ai appris en parlant avec les Argentins, le pronom de la seconde personne du singulier, jusqu’à présent, c’était « vos ». Et bien, ça aussi, il va falloir que je réapprenne, car ici en Bolivie, ça se dit « tu » ! Ça me fait rire, il faut même que je réapprenne à parler Castellano !...


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    Message par Lilie Mar 1 Mai - 13:20

    Pendant le trajet, mes fesses décollent quelques fois du siège sur la piste caillouteuse et je me bouffe aussi plein de poussière qui me fait toussoter. Mais ça m’est bien égal, je vois des cochons entrer dans une école primaire, des troupeaux de chèvres sur les bords des routes, et tous ces visages et habits traditionnels qui m’ont bien souvent fait rêver quand je les voyais sur les cartes postales ou à la télé quand j’étais en Europe.

    Et puis, me voilà à Tupiza. Je me suis trouvée une piaule dans une maison familiale, une adresse trouvée sur un forum justement. L’indication c’était : « Quand tu sors du terminal de bus de Tupiza, tu prends à droite, tout de suite. Il y a face à toi, au coin de la rue, un magasin de téléphones. A côté, une épicerie peut-être et à côté encore, une porte métallique rouge avec une sonnette en haut de la porte. Sans panneau ni inscription. Ne t’inquiète pas, ça fait un peu louche comme indications, mais c’est un bon endroit... mais non officiel. Si on te demande comment tu connais, tu peux parler de moi, Matéo, ils se rappelleront je pense. » Oui, effectivement, ça m’a tout l’air d’être un bon endroit ! J’ai ma chambre pour moi, deux grands lits et la fenêtre qui donne sur le petit balcon d’où j’aperçois en ce moment-même mes trois bonnes étoiles d’Orion. Il n’y a pas d’eau chaude me dit Sara, la dame de la maison, mais si je prends ma douche le matin, le soleil chauffe un peu l’eau. De plus, comme je viens de la part de Matéo, elle fait la nuit à douze Bolivianos au lieu de quinze... merci Matéo !

    Je demande à Sara où je peux manger à pas cher. Dans le centre, je trouverai certainement me dit-elle, mais il ne faut pas que j’aille à ce resto italien où il n’y a que des gringos, parce que c’est très cher. Je lui dis que je n’aime pas les endroits où vont les gringos. Eh quoi ! c’est vrai, je n’ai rien contre les Américains ou autres blancs riches dont je fais partie, mais si je voulais en voir, je serais en voyage aux Etats-Unis ou en Europe, pas en Bolivie... Alors je me balade dans le centre. C’est l’heure où les marchands remballent leurs étagères dans la rue. Je trouve un petit boui-boui mais toutes les tables sont prises et on me dit qu’il n’y a plus de bouffe jusqu’à la prochaine demi-heure. Je continue mon chemin, déambule un peu dans la rue parallèle, d’où s’échappent de bonnes odeurs de rôtisserie. J’observe. Je vois des gens manger sur le trottoir où qui emportent de la bouffe dans des sacs plastiques. Je m’approche d’une dame cachée derrière son fourneau ambulant. Je lui demande ce qu’elle a. Poulet rôti et frites pour 5,50 Bol. Ça me va. Elle me demande si c’est pour manger sur place ou à emporter. Bah ? Qu’est-ce qu’elle me raconte, elle ? On est dans la rue, c’est forcément pour emporter... Et bien non ! Elle me désigne un petit banc bleu, le long du mur, derrière elle. Je prendrai à manger sur place donc. Comme quoi, avec mes idées préconçues d’occidentale, j’ai encore bien des choses à apprendre !

    Le temps où je suis à manger et à regarder les gens dans la rue, je vois des mômes passer avec des sacs en plastiques, une paille plantée dedans, avec ce qui me semble être des jus de fruits frais. Mmm... ça me donne envie ! Je finis ma corbeille dînatoire et pars à la recherche d’un breuvage fruité. Je m’approche d’une petite dame qui a de disposé devant elle, trois verres remplis, au fond desquels repose un fruit. Je lui demande combien ça fait. Cinquante. Quoi ?! Cinquante ?! Je lui fais répéter deux fois avant de comprendre que c’est cinquante centimes... Ah ! J’ai eu peur... Elle a compris et s’est mise à éclater de rire avec les deux ou trois clients qui se trouvent autour de moi. Je lui dis que ça me paraissait bien cher cinquante bolivianos pour un jus de fruit alors que je venais de manger pour cinq ! Elle me demande d’où je viens. Réponse habituelle à la question qui l’est tout autant : de France.

    - Ouh ! Francia ! c’est où ? C’est très loin ! me dit-elle en rigolant.

    Je lui dis sur le même ton que c’est un pays où il y a beaucoup de fous. Ça fait marrer tout le petit groupe qui se trouve autour de moi, et la marchande de me répondre :

    - Ici aussi, en Bolivie, il y a beaucoup de fous !

    Ah ! Ah ! Je finis mon verre dans la bonne humeur ambiante, et en partant, la marchande n’oublie pas de me lancer un :

    - J’espère que tu reviendras demain, il est bon mon jus de fruit, hein ?

    Oui, je pense bien que je vais revenir demain, non seulement il était bon son jus de fruit (goût de poire mais le fruit au font avait un noyau...), mais en plus j’ai passé un agréable moment.

    Premières heures dans ce pays et les gens m’y semblent déjà si chaleureux ! Je sens que je vais m’y plaire... Et pour couronner cette belle journée, une étoile filante vient de passer au-dessus de mon nez alors que je regardais par la fenêtre de ma chambre...


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    Message par Invité Mar 1 Mai - 23:36

    J'adore la manière dont tu racontes les choses, Lilie ! sourire

    Oui ce style est vraiment "parlant" pour moi, et rien que de te lire...
    M'entraine très facilement par la pensée vers ces contrées que j'aime tant !!! clin d'oeil

    Alors ne t'arrête surtout pas ! Et continue à me (nous) faire rêver... rêveur
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    Message par Dolma Mer 2 Mai - 10:15

    J'arrive et déjà 6 pages de lecture Lilie surpris ! Va m'en falloir du temps pour lire ton journal de bord ! Je reviendrai par là dès que je serai à jour sourire

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    Message par Lilie Mer 2 Mai - 16:08

    Dimanche de Pâques 2007

    J’ai finalement choisi de me rendre à Uyuni pour visiter le Salar parce que 110 USD au départ de Tupiza, non merci !
    A Tupiza, je vais au terminal de bus pour acheter mon billet pour Uyuni. La veille on m’avait dit cinquante Bolivianos. Là, c’est cinquante à nouveau. Je parle un peu et on me le fait à quarante-cinq. Première petite expérience de négociation puisque je sais que ça fait partie des us et coutumes en Bolivie. Je demande d’où part le bus. Pas de bus me répond la petite dame, c’est cette jeep là. Si un jour j’avais pensé qu’on pouvait monter à onze dans un petit 4*4 !... Quatre dans ce qui pourrait être le coffre, quatre sur la banquette arrière, et devant le chauffeur et deux paires de fesses sur un siège qui peut n’en comporter qu’une et demi. Je le sais, parce que c’est ma fesse gauche qu’était plus ou moins dans le vide entre le chauffeur et mon voisin de droite. Réussir à poser ses fesses, c’est une chose, encore faut-il trouver de la place pour ses guibolles, la boîte de vitesses étant surélevée là où naturellement j’aurais mis mes pieds. Grâce au ciel, je suis élastique et j’arrive à me tordre pour les glisser sur la droite, entremêlés avec ceux de mon co-locataire de siège.

    On part. La route grimpe très haut, des paysages magnifiques défilent, c’est aride avec des cactus, des montagnes rouges qu’on penserait sculptées par Michelangelo. D’ailleurs, dans le Nord Ouest argentin, j’avais parfois l’impression que ces montagnes étaient l’oeuvre de Picasso et Michelangelo réunis : des palettes de couleurs sur des formes dont on se demande comment c’est possible que ça tienne debout. Ici, au départ de Tupiza, c’est un peu ça, avec moins de couleurs : des sortes d’énormes stalagmites rouges ou jaunes, j’ai même vu un bloc rocheux qui s’élevait tout droit, on aurait dit la représentation du pénis de Zeus ! Et puis, on monte encore plus en altitude, on a maintenant du ravin sous les roues, le paysage change, ça devient plus aride et sans cactus. Il faut parfois klaxonner pour faire dégager les vaches ou chèvres qui encombrent la route. Et s’il y a vaches ou chèvres, ça veut dire qu’il y a hommes. Pourtant, entre Tupiza et Atocha, en cinq heures, on ne traversera que deux villages, du reste, j’apercevrai juste deux ou trois maisons perdues dans les vallées. Le 4*4 a du mal, on s’est arrêté une fois pour fixer les suspensions et il était temps d’arriver à Atocha pour changer de véhicule et de chauffeur.
    Là, j’embarque dans un 4*4 plus grand, plus confortable (pour moi). On est treize, chauffeur inclus : sept Israéliens, un couple d’Anglais, deux Boliviens et moi-même. On repart, cette fois-ci direction Uyuni.

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    Message par Lilie Jeu 3 Mai - 10:11

    Le mâle anglais se met vite à lancer des "fucking" par-ci, "fucking" par-là pour demander au chauffeur de fermer les vitres à l’avant parce qu’on se prend toute la poussière à l’arrière. Mais mon pauvre gars ! parle-lui en castellano ! tu pourras lui lancer toutes les insultes que tu veux, il ne comprend pas l’anglais ! Pis t’es pas en Angleterre ici, si t’aimes pas la poussière, t’as mal choisi ton pays, rumine-je. Je me contenterai juste de lui dire que ni le chauffeur, ni les deux Israëliens à l’avant ne fermeront les vitres, parce que sinon, eux, ils vont crever de chaud et donc je conclue en lui disant gentiment de prendre mon bandana pour se couvrir le visage s’il veut. Il était pas si chiant que ça, et sans son intervention, je ne sais pas si je serais à Uyuni aujourd’hui...

    Après avoir crevé quelques kilomètres après avoir quitté Atocha, le véhicule se met à toussoter. Le chauffeur s’arrête, capot ouvert une bonne vingtaine de minutes et on repart. Ça recommence une deuxième fois, puis une troisième, et ainsi de suite. Ça nous fait tous marrer, sauf l’Anglais, frustré parce qu’il n’arrive pas à expliquer au chauffeur ce qu’il faut faire. Il se marrera finalement, par la force des choses. Pendant les pannes, moi je m’amuserai à photographier les troupeaux de lamas qui nous regardent bêtement dans notre galère. Finalement, l’Anglais réussira à fixer la panne, je ne sais trop comment. Tout ce que je sais, c’est que la première panne était due au filtre trop sale (qu’il a nettoyé) et que par la suite, c’était le pétrole qui n’arrivait pas au moteur. Mes connaissances en mécanique s’arrêtent là.

    On a atteint Uyuni de nuit (arrivée prévue vers 16h30), couverts de poussière mais en un seul morceau. J’ai passé une bonne nuit sur un tas de matelas, dans un pièce sous les toits de l’hospedaje El Salvador. Ça ressemble plus à un hôtel en fait et c’est René, un adorable papy qui le tient.

    Aujourd’hui, je me suis mise en recherche d’un appareil numérique, ayant cassé l’écran du mien à Tucuman il y a trois semaines lors d'une soirée arrosée avec des maçons de la région de Rosario. Je mourrais depuis ce temps-là ! Combien de portraits me sont passés sous le nez et combien de paysages magnifiques n’ai-je pas mis en boîte ?! J’ai trouvé un magasin avec un peu de choix. J’ai choisi un bon petit Canon et après m’être amusée à négocier, j’ai gagné 10% du prix de départ. Pas énorme, mais les arguments de mon vendeur étaient justifiés et honnêtes. Dans la négociation, je n’ai pas envie d’arnaquer la personne en face, je veux qu’elle s’y retrouve quand même. De même, je suis allée faire mon marché pour les tours du Salar. Idem, là j’ai réussi à grappiller quelques dollars et l’avoir pour soixante-cinq USD, en promettant de ne pas révéler mon prix aux autres passagers qui seront avec moi. Je suis encore novice en négociation, je sais que je m’y prends mal. En tout cas, faut relativiser, soixante-cinq USD ça fait à peine cinquante Euros et pour ce prix là, j’ai trois jours et nuits inclus, logement et nourriture compris et visite d’un désert de sel situé à plus de trois mille mètres d’altitude ! Je pense en tout cas qu’au fur et à mesure de la pratique, je vais réussir à mieux négocier. Et c’est davantage pour le jeu, pour le plaisir de l’échange, que pour grappiller quelques deniers ici ou là.

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    Message par Lilie Ven 4 Mai - 10:15

    Un Lundi d’avril 2007

    Salar de Uyuni, premier jour

    En quittant Uyuni ce matin, je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre : un désert de sel à environ quatre mille mètres d’altitude, voilà tout. Dans mon 4*4, m’accompagnent pour ces trois jours un couple de cinquantenaires français, un couple de jeunes Danois et un Australien. Je suis la seule à parler castellano (pour ce que j’en ai appris depuis les deux derniers mois et demi), pauvre Eddy...



    De retour à Uyuni, deux jours plus tard.

    Là où on logeait, l’électricité c’était par groupe électrogène et tout juste fini de dîner, ils nous coupaient les loupiotes... Je reprends donc là où j’avais commencé : Jour 1.

    Oui, pauvre Eddy ! Notre adorable chauffeur-cuisinier-guide, j’étais la seule à le comprendre. J’ai donc fait l’interprète quand il le fallait. Enfin, le minimum vital. C’est pas mon problème si les gens se promènent en Amérique du Sud sans parler un mot d’espagnol. J’étais comme eux en arrivant, j’ai fait des efforts loin d’être insurmontables, j’ai appris comme n’importe quel idiot peut le faire. Pourquoi pas eux ?... Enfin bon, là je rentre sur un terrain qui m’énerve, je reviens à mes lamas et à toutes ces choses qui ont fait de ce circuit de trois jours une excursion mémorable.

    Comme prévu, quelques kilomètres après être sortis de Uyuni, on arrive dans le salar, ce désert de sel de douze mille kilomètres carrés, la plus grande réserve naturelle de sel au monde. Premier arrêt dans ce petit village où l’on travaille le sel et nous repartons. Et là, mis à part au Groënland, je ne crois pas qu’on puisse voir une immensité blanche comme cela ! Même les dents des pubs pour dentifrice ne sont pas aussi immaculées que ce plateau qui s’étend sous ce grand ciel bleu ! Je vois des montagnes au loin... Et des OVNIs aussi ! J’aperçois clairement des formes sombres flottées au dessus de la ligne d’horizon, mais je n’arrive pas à distinguer ce que c’est... Je réalise que pour la première fois de ma vie, je suis face à des mirages. Les masses que je prenais pour flottantes sont en fait des camions ou des îles plantées au milieu de ce désert et par je ne sais quelle explication physique, notre oeil les voit se refléter comme dans un miroir au dessus de la ligne d’horizon, d’où l’effet OVNI.

    Il y a des hommes qui travaillent dans ce salar, pour récolter l’or blanc qu’ils amoncèlent en petit tas afin de permettre l’évaporation de l’eau. Seule une infime partie du salar est exploitée, le reste est protégé. Et ce « reste », il est immense, une mer blanche qui s’étend sur des centaines et des centaines de kilomètres. On a fait un arrêt sur l’Ile des Pêcheurs, un rocher parsemé de cactus, tous plus grands les uns que les autres. Le doyen de ces chardons sur tronc a plus de mille ans, cent vingt mètres de haut ! On a mangé là, au pied de cette île. Eddy nous a cuit à point le lama qu’on a mangé avec une espèce de céréale locale et des crudités aussi. On digère le temps qu’Eddy remballe la nappe et nous voilà repartis.

    Eddy nous demande après quelques kilomètres si on veut prendre une dernière photo du salar puisqu’à partir de maintenant, on ne le verra plus jusqu’à notre retour à Uyuni dans deux jours et deux nuits. Comment ça ? Je croyais que j’allais passé trois jours dans ce désert blanc moi ? Je savais en partant que j’avais douche et eau chaude la première nuit mais pas la deuxième, je savais que j’allais voir des lagons... mais je ne savais pas que le salar ce n’était qu’une seule demi-journée. Bah mince alors... pas grave, ce sera surprise totale, je verrai bien ce qui m’attend par la suite.


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    Message par Lilie Sam 5 Mai - 19:50

    Et la suite immédiate ce sont... des lamas ! Pleins ! De toutes les couleurs ! Et des petits aussi ! Oh ! Ils sont trop mignons !

    Ce seront les seuls arrêts qu’on fera de l’après-midi, les « stops photos lamas », jusqu’à ce qu’on atteigne San Juan vers dix-sept heures, petit village perdu au milieu des montagnes et des troupeaux de lamas. On pose nos sacs à l’hospedaje où l’on doit passer la nuit, à 3600 mètres d’altitude quand même. Pas rien pour moi, la première fois de ma vie que je dormirai si haut ! Je suis allée me balader un peu dans le village et j’ai aperçu un petit sentier qui avait l’air de donner sur les montagnes. Je l’emprunte (je l’ai rendu bien sûr), j’arrive sur un plateau, le soleil commence à baisser derrière les montagnes. Et c’est là, assise sur un rocher, au milieu d’un troupeau de lamas que je contemplerai Mozart se coucher, en me répétant une fois de plus : « Tu te rends compte ? T’es là, en Bolivie, au milieu des lamas à regarder le soleil se coucher... Même dans ton rêve de gamine tu n’avais jamais imaginé ça ! ».

    Le lendemain, debout à sept heures trente, une grosse journée nous attend selon Eddy. Et quelle journée ! Encore une tonne de « premières fois de ma vie » en l’espace de quelques heures ! Première fois de ma vie que je vois un volcan actif, premières fois de ma vie que je vois des lagons avec du sel blanc en guise de plages, premières fois de ma vie que je vois autant de flamants roses en liberté, et ce, tout du long de la journée... Et pis, ces paysages inouïs ! J’ai des photos dignes d’un National Geographic : ciel bleu, montagnes rouges, flamants roses, le tout reflété impeccablement dans un lagon bleu bordé de blanc. Ou bien, lamas en premier et gros plan, avec derrières des flamants roses faisant trempette dans une laguna rouge, les montagnes colorées et le ciel bleu en arrière plan. Ou encore cette lagune turquoise dans la vallée, avec une terre jaune orange ocre autour et des monts aux sommets enneigés au loin, avec tout ce Grand Bleu par dessus. Ce continent, décidément, n’arrête pas de me surprendre : une telle diversité de paysages, tous plus jolis les uns que les autres... je serais bien embêtée si on me demandait un jour de les classer par ordre de préférence...

    Après s’en être mis plein la vue, on arrive au crépuscule dans ce grand refuge, encore plus reculé de la civilisation que le village où l’on a dormi la veille, pour la bonne et simple raison que ce n’est même pas un village, mais juste une auberge, avec une toute petite épicerie pour tous les 4*4 touristiques qui passent dans le coin au quotidien.
    Cette journée aurait pu être presque parfaite s’il n’y avait pas eu deux évènements qui m’ont énervée plus que tout.
    Tout juste arrivé au refuge, l’Australien de mon 4*4 demande à Eddy, par mon intermédiaire, s’il est possible de louer une moto ici. Eddy répond que non, il n’y a pas de moto ici. Je n’ai pas le temps de traduire la réponse que l’Australien, ayant compris la négation, enchaîne avec un « muchos dollares » (beaucoup de dollars) accompagné d’un signe de la main les proposant à Eddy. Eddy continue à répéter dans sa langue qu’il n’y a pas de moto ici et l’Australien d’insister avec ses « muchos dollares ». Je suis tellement clouée sur place qu’il me faut quelques instants pour expliquer au Kangourou qu’il n’y a pas de motos ici. Et d’un « ah... » déçu se résigne.
    Un peu plus tard, on est à table à l’intérieur, à discuter en attendant le dîner, les deux Danois, le Koala et moi-même. L’Australien sort soudain son appareil photo et photographie la petite fille qui se trouve de l’autre côté de la fenêtre, dehors. Il ne faut pas longtemps pour que la gamine rentre et vienne demander trois Bolivianos à ce gringo. Il refuse d’abord puis se trouve gêné et lui donne finalement une pièce. La petite fille disparaît aussitôt. Je n’ai pas pu me contenir et me suis juste contentée de lui dire que je n’aimais pas ça, je n’aimais pas ce qu’il avait fait, je n’aimais pas donner de l’argent pour une photo, volée qui plus est. Il s'est défendu en balbutiant timidement. Je suis civilisée et je n’étais pas là pour faire scandale. Mais au fond de moi, je bouillais, et le reste de ma pensée, le voici : Ils croient quoi tous ces gringos ? Qu’ils peuvent débarquer dans un pays avec leurs cartes de crédits et leurs billets volants, sans même parler la langue locale, et tout acheter ? Les gringos, quand ils voyagent, ils se croient au zoo à photographier ces vermines de gens qui n’ont pas un sous. Parce que eux, les gringos, ils ont des cartes de crédit, ils prennent les habitants d’ici pour des moins que rien. Comme si la valeur d’une vie se mesurait à la richesse pécuniaire. Je fais partie des nantis moi aussi, et j'ai honte de ces attitudes auxquelles je suis forcément assimilée ici.

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    Message par Lilie Lun 7 Mai - 13:37

    Heureusement, après le dîner, j’ai fait la connaissance de Diego, un petit bambin qui n’a pas su me dire son âge. Quatre ans peut-être. J’étais à fumer ma clope dehors et il me loupiait de l’intérieur, certainement une gringa de plus devait-il déjà se dire dans sa petite tête. J’ai commencé à lui faire des grimaces à travers la vitre et à faire des dessins sur cette même vitre avec la buée de ma bouche. Ça le faisait marrer. Quand je suis rentrée, je suis allée lui parler mais il restait tout timide. Je suis allée chercher ma balle en mousse anti-stress et j’ai commencé à jouer avec lui. Il était trop marrant, on a joué un peu jusqu’à ce qu’il en ait marre et qu’il me rende ma balle avant d’aller retrouver son frère et sa soeur. Il m’a remis du baume au coeur dans cette soirée ce bambin. Merci Diego, tu m’as retiré l’histoire d’un instant de la stupidité des grands.
    Et puis je me suis couchée, avec toutes ces belles images en tête, parfois entrecoupées de la débilité de l’Australien qui m’énervait encore, et pis je repensais à Diego et ça me calmait. Et ce n’est même pas les quatre mille mètres d’altitude ni le froid glacial qui m’ont empêchée de dormir mais le groupe de jeunes Anglais alcoolisés un peu trop bruyants à mon goût.

    Aujourd’hui, troisième et dernier jour, levés à quatre heures trente, dans ce froid terrible, dur dur ! Mais le magnifique lever de soleil au bord d’une lagune dans lequel se reflète un mont rouge étincelé de la lumière du soleil nous a vite fait oublié nos cernes et nos yeux rouges. De là, direction des eaux thermales naturelles en plein air, au milieu d’un décor somptueux, montagnes et vapeurs d’eau chaude donnent à nos photos un aspect irréel. Et pour les plus courageux, c’est bain évidemment ! Mais avec les moins cinq degrés dehors, on a beau être à quatre mille mètres d’altitude au milieu d’un paysage magnifique, les trente degrés de cette source naturelle ne me font pas oublier que pour en profiter, il me faut me dévêtir ! Je déshabillerai mes pieds seulement pour faire trempette dans ce ruisseau tout chaud.

    D’autres lagons, d’autres montagnes jaunes et rouges, d’autres flamants roses, encore et encore. On ne s’en lasse pas pourtant. Ce midi, on sera les seuls à manger au milieu d’un décor digne des westerns à la John Wayne. Un espace où s’élève de gros rochers rouges, d’une centaine de mètres, ça donne l’impression d’un fort au milieu du désert, entouré de plaines arides.

    Jusqu’au bout ce « tour du Salar et du Sud Lipez » m’aura surprise et émerveillée. Je ne sais pas quels autres trésors me cache la Bolivie, mais je suis impatiente de les découvrir !

    [...]


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    Message par Wapiti Lun 7 Mai - 14:01

    Jusqu’au bout ce « tour du Salar et du Sud Lipez » m’aura surprise et émerveillée.
    sourire Même sentiment, mêmes images colorées imprimées sur la rétine des souvenirs... rêveur


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    "Nous méritons toutes nos rencontres, elles sont accordées à notre destin et ont une signification qu'il nous appartient de déchiffrer." F. Mauriac
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    Message par Lilie Mer 9 Mai - 10:47

    Vendredi 13 avril 2007

    Je suis arrivée à Potosi hier dans la nuit. Sans carte, à deux heures du mat’, j’ai demandé au chauffeur du bus où je pouvais dormir pas loin. Il m’a désigné l’un des taxis qui attendait spécialement à la descente du bus, dans cette rue bien calme. Pas très chaude pour monter dans un taxi seule de nuit, je n’ai pourtant pas trop le choix il me semble. Je grimpe et demande au chauffeur une hospedaje à pas cher, la plus proche. Il me dit qu’il y en a une, près du centre. Comme je ne vois pas de compteur dans l’auto, je lui demande combien ça va me couter. Huit Bolivianos il me dit. Bon, il a l’air honnête mais quand même, je reste attentive aux rues qu’il emprunte. Cinq minutes plus tard, il me dépose à la porte de l’hospedaje et me propose d’attendre avant de partir afin d’être sûr qu’elle soit encore ouverte à cette heure-là. Elle l’est, je le paye, et il s’en va tranquillement. Il y a de l’eau chaude de huit heures à dix huit heures me dit la demoiselle qui m’accueille et j’ai ma chambre pour moi toute seule pour vingt cinq Bolivianos. Le lit y étant très confortable, c’est en toute fin de matinée que je m’y suis réveillée. Et alors, grand confort ! La douche est bien chaude et il y a de la pression ! Ça ne m’était pas arrivée depuis Cafayate, l’eau chaude, deux ou trois semaines auparavant !

    J’ai ensuite fait de deux empanadas mon petits déjeuner et puis me suis dirigée vers le bas de la ville pour prendre un micro direction El Ojo del Inca à vingt-cinq kilomètres de Potosi (encore un tuyau trouvé sur un forum de voyageurs).
    El Ojo del Inca, c’est en fait le cratère d’un volcan rempli d’eau à trente degrés ! J’y ai passé deux heures au moins, à me baigner en plein air, seule dans ce trou d'eau (insulte, c'est tellement plus !) d’environ cinquante mètres de diamètre avec pour vue en face de moi des montagnes de toutes les couleurs : le pied ! Et quand, toujours dans l’eau, en petite culotte et en soutien-gorge, je me suis allumée une clope dans ce décor paisible, je n’ai pu m’empêcher de me lancer à moi-même, une fois de plus : « Ah ! Que linda vida ! ». Pour retourner à Potosi, j’ai repris un micro, plein de ces visages andins rides ou de petits morveux dont je ne me lasse pas.


    [...]


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    Message par Lilie Mer 9 Mai - 18:16

    A la correctrice eventuelle: A partir de maintenant, cette partie du journal de bord a ete retranscrite en dactilographie sur un clavier QWERTY, et comme je suis toujours en QWERTY, ce sera donc sans accents ni autres trucs inexistants sur mon clavier jusqu'a... la fin de l'annee. pardon



    15 Avril 2007

    Dessine-moi un lama

    En quittant l'Europe, je laissais derrière moi les habitudes qui ont fait ma vie jusqu'a présent, pour découvrir et surtout comprendre de nouveaux modes de vies. Je ne parlais même pas un mot de “Castellano” (Espagnol) quand j'ai atteri a Buenos-Aires il y a peine trois mois. Je n'ai pas emmene non plus mes chers cds avec moi, me disant que dans tous les pays du monde, il doit bien y avoir de la musique. Effectivement, je n'ai pas un jour sans musique, surtout ici en Bolivie, ou les airs de lambada resonnent dans mes oreilles presque quotidiennement (et oui, la Lambada, c'est bolivien, loin des mini-jupes marketisees a la bresilienne).

    Les marches. Pour ce que j'en ai vu jusqu'a present, les marches font partis de la vie de tous les jours ici. Et quand je ne suis pas a me ballader en ville, dans le blede, ou dans les montagnes environnantes, c'est la que je passe le plus clair de mon temps. C'est la que je passe des heures a deambuler dans les allees, ou assise sur le trottoir a observer les gens. C'est plein de couleurs, des tissus et vetements evidemment mais aussi des fruits et legumes, des epices ou des cereales. On y trouve aussi tout le bric-a-brac qu'on veut: cadenas, teles et radios qui braillent a tue-tete, tout pour la toilette, cigarettes, appareils photos et surtout... des sourires. Les sourires des marchandes assises sur leurs marchandises ou bien ceux des minots de ces memes marchandes. Les plus jeunes n'ont que quelques mois et quand ils ne sont pas dans le dos de leur mere bien au chaud dans ces tissus multicolores, ils sont tout simplement allonges a meme le sol, sur des tissus, au milieu des etalages. Sur ces marches, c'est la vie de tout les jours: on y mange, les marchandes alletent leurs tout-petits ou changent les couches, on rit, on parle de tout et rien.

    C'est la aussi ou je mange, loin des autres touristes. Je suis souvent la seule blanche à manger sur les marches couverts ou l'on aligne de petites tables et bancs sous des airs de cantines familiales. J'y mange bien, meme tres bien. Ce midi par exemple, j'ai mange pour deux Bolivianos une assiette debordante de pates, de patates (La Bolivie ou le VRAI pays de la pomme de terre!), de tomates, de salade et d'oignons, le tout accompagne d'une sauce piquante a la viande (du lama). J'ai encore du mal a finir ces assiettees bien garnies mais hors de question de laisser de la nourriture dans mon assiette!
    Je comprend pourquoi les occidentaux ne mangent pas sur ces marches: ce ne sont pas les standards hygieniques de chez nous. Mais si ca ne vous derange pas de manger face aux carcasses d'animaux suspendues en face de vous, de voir que la marmitte d'ou l'on sort votre bouffe ne doit pas etre lavee tous les jours, de voir qu’on sort le poulet que vous venez de commander d’un saut sous la table en l’attrapant par le cou, d'avoir des chiens a vos cotes, alors la, vous mangez du trois etoiles pour les pauvres! Pour l'instant, il faut croire que ca me convient: Turista, ou te caches-tu?

    Cote photo maintenant: j'ai loupe beaucoup de cartes postales sur ces marches. Mais par soucis d'ethique, je n'aime pas "voler" des portraits alors je demande toujours la permission aux gens avant de les prendre en photo. Et les gens que je photographie, ce sont toujours des gens avec qui j'ai eu un echange, pas de parfaits inconnus. Le truc, c'est que par pudeur sans doute, la reponse est toujours negative jusqu'a present. Et bien tant pis, si je repars de ce pays sans jolies figures encadrees, c'est pas grave, je les aurai dans ma memoire. Je respecte car j'ai remarque tous ces gringos qui se permettent de photographier ces gens comme s'ils etaient au zoo: sans mot dire, sans aucune discretion, sans demander la permission et en partant comme si de rien n'etait. Je me demande toujours si ces voleurs d'images-paparazzi-amateurs aimeraient voir un parfait inconnu entrer dans leur jardin, les prendre en photo, et partir sans mot dire...

    Peut-etre de par mon inexperience, je debarque avec mon innocence et j'ai depuis quelques jours ici en Bolivie, l'impression de me prendre pour le Petit Prince qui decouvre le monde. Cet apres-midi, j'etais assise a cote d'un mome, et j'ai justement eu l'envie de lui demander de me dessiner un lama... manque de bol, j'avais ni papier, ni crayon. Une autre fois peut-etre...


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    Message par Lilie Jeu 10 Mai - 14:59

    Mardi 17 Avril 2007

    Patacamaya, Bolivie

    Ce sont toujours les rencontres les plus inattendues qui sont les meilleures.

    En quittant Sucre hier, je me dirigeais à Cochabamba avec dans l’idée de prendre ensuite directement un bus pour La Paz et de descendre avant cette dernière, là où j’en aurais envie. C’est ainsi que je me suis arrêtée à Patacamaya, blède qui n’a d’autre intérêt que d’être un stop pour les nombreux bus et camions qui font la route entre La Paz, Cochabamba et la frontière chilienne. Des commerces alignés le long de la route principale et de nombreux alojamientos (chambres basiques chez l'habitant) pour les Boliviens en transit, rien d’autre. J’ai pris le premier alojamiento que j’ai vu en descendant du bus. Très sommaire, pas de douche et des toilettes turques sous le préau, mais le lit est bon. Je n’ai pas vu un seul touriste en me baladant et je ne les blâme pas : il n’y a a priori rien d’attrayant dans ce pueblo.

    J’ai fait une petite sieste car pas trop dormi durant la nuit dans le bus et puis j’ai demandé à la tenancière ce que je pouvais faire dans le coin. Elle m’a parlé d’eaux thermales dans un blède un peu plus loin, qu’on rejoint en prenant un micro. Bon, je n’ai pas tout compris à ses explications mais je me décide pour y aller, serviette de bain dans le sac à dos, sous-vêtements propres sur moi.

    Je demande à un homme où je peux prendre le micro pour aller à ces eaux thermales. Il me demande lesquelles (ah bon ? Il y en a plusieurs ?). Je ne sais pas je lui reponds, les plus proches. Il n’a pas l’air très enjoué pour me renseigner et me fait signe d’aller voir plus loin. Deuxième tentative, au chauffeur d’un mini-bus. Lui, il me dit que si, à Viscachani, je trouverai mon bonheur. Il y va, il peut m’y emmener pour trente pesos. Trente pesos ?! C’est le prix pour faire Cochabamba – La Paz, huit heures de route ! Là, c’est dix minutes… non ! non ! je lui dis. Il me propose vingt et là, je lui réponds :

    - Je suis peut-être une gringa, mais je ne suis pas stupide tu sais. Vingt pesos pour dix minutes de route, non merci.

    Il m’envoie donc voir les taxis d’à côté.

    Je les trouve bien peu aimables les gens ici. Peut-être devrais-je me confiner aux lieux touristiques après tout, les gens y ont plus l’habitude des gringos sans doute. Je tente tout de même les taxis. Vingt pesos également. Même argument en réponse, vingt pesos pour si peu de trajet, c’est pas pour moi. A me voir persévérer tout en restant calme et aimable, ils comprennent et enfin, plus sympathiques, m’indiquent quel bus prendre, où, et ce pour la maudite somme de deux pesos. Et bien voilà ! C’était pas compliqué tout de même !


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    Message par Lilie Ven 11 Mai - 14:12

    Le chauffeur me descend au coin de la route et m’indique gentiment le chemin.

    - Tout droit, au fond du village, tu trouveras la piscine balnéaire.

    Effectivement, je la trouve facilement, je paye et entre. Il y a une dizaine de personnes dans le bassin. Je me déshabille sur un banc, et en petite culotte et soutien-gorge sobres mais assortis, je me dirige vers l’eau chaude.

    Je n’ai pas de maillot de bain, et jusqu'à présent, j’utilise toujours cet ensemble de sous-vêtements en synthétique tout simple en guise de maillot. Je vois que tout le monde me dévisage, hommes comme femmes, et je me dis que ça n’est pas seulement du fait que je sois blanche. Je comprends en effet très vite pourquoi : aucune femme n’est en bikini, elles ont toutes un débardeur et un short en guise de maillot de bain. Choc des cultures… Bon, et bien la prochaine fois, je mettrai au moins un haut à bretelles, je serai moins de la repere !

    Ce bain chaud me fait du bien en tout cas. J’étais un peu mal à l’aise dans ce blède de Patacamaya mine de rien, les gens m’y paraissant un peu froids ; un peu perdue, oui, pour la première fois de ce voyage, je peux le dire. C’est toute détendue donc que je repars ensuite prendre le micro pour retourner à Patacamaya. J’attends sur le bord de la route en compagnie de trois femmes dont une grand-mère, un homme et une petite fille qui marche tout juste. Ils parlent une de ces langues andines que j’ai entendues souvent, langues ancestrales dérivées, inca, maya, ou autre. Le bus arrive finalement, un peu plus et je mourrais congelée sur place par ce vent glacial !

    Je crois au soulagement d’un siège bien au chaud dans le bus… Et bien, il faut que j’arrête de rêver : je suis en Bolivie, le pays de ceux qui sont passés maitres dans l’optimisation des transports en commun ! On est donc cinq adultes à vouloir monter mais le bus débordé déjà de jupons et de sacs de pommes de terre ! Les deux premiers grimpent pourtant. La grand-mère et l’autre femme me font signe de monter devant elles. Mais, où je vais me mettre bon sang ?! Je suis sur la première marche du bus et je n’arrive pas à m’enfoncer plus loin. Ça se bouscule, ça crie. J’arrive à mettre mes orteils sur la seconde marche, je m’agrippe à la rampe que j’arrive à saisir de justesse au-dessus de ma tête. Le chauffeur s’impatiente, il démarre. Les passagers lui crient de s’arrêter, il reste encore la grand-mère sur le bord de la route. Ça se bouscule encore, mais toujours dans la bonne humeur, les gens se serrant tant qu’ils peuvent pour faire de la place aux nouveaux passagers que nous sommes. Le chauffeur gronde un dernier mot pour qu’il puisse fermer la porte, et le voila parti, tout le monde à son bord. Je ne peux pas m’empêcher de sourire dans ces bus, c’est un tel capharnaüm, c’est génial !

    Quelques arrêts avant Patacamaya, on descend les sacs de patates, les bonnes-femmes, les mômes, le chauffeur toujours aussi impatient et menaçant de partir avant même que toute la cargaison humaine soit descendue. Je trouve finalement de la place pour poser mon tas d’os sur un sac de patates, nez à nez avec une femme qui porte son bout de chou bonneté dans le dos. Elle doit voir à ma tête que je ne suis pas habituée à tout ça et commence à plaisanter avec moi. Elle me retient aussi quand je manque de tomber suite à un coup de frein appuyé du maitre de bord. On arrive à Patacamaya, je la salue et je descends : Ouf ! Ce petit trajet de dix minutes m’a remise dans l’entrain et j’ai le sourire aux lèvres quand je rejoins mon logement. Je pose mes affaires et vais manger au petit resto d’à côté.


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    Message par Skyrgamur Dim 13 Mai - 0:02

    Je viens de lire d'une traite les 6 pages.
    Merci Lilie de nous faire voyager.
    Vite, la suite. sourire

    Lilie a écrit: C’est alors que je me décide à attendre la sortie des classes pour entrer dans ce sanctuaire de l’insouciance et demander à l’une des maîtresses si je peux assister à une journée de classe. C’est à Veronica que je m’adresse et qui gentiment m’invite à revenir demain à quatorze heures pour passer l’après-midi en classe. J’ai hâte ! Hâte de voir ces bambins dans leur milieu, de voir comment ça se passe ici, dans le Nord-Ouest de l’Argentine.
    [...]Lilie

    Tu n'as pas raconté ta journée de classe. triste


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    Message par Lilie Dim 13 Mai - 13:42

    Effectivement, mais c'est un journal de bord, écrit en voyage, pas à la maison : y a des jours j'écrivais, d'autres jours non. Pas toujours le temps de me poser tranquillement pour écrire non plus. clin d'oeil

    Sur mon cahier, j'y ai des notes de cette journée, des dessins aussi. De ce qui se traduit, ça donne ça :

    "30.03.07

    Sur le tableau de l'école de Cachi :

    2 Avril, jour de la récupération des iles Malvines...

    Tous les villages du monde doivent savoir que le colonialisme est un fléau inadmissible à notre époque. Les Iles Malvines espèrent confiantes le triomphe de ses droits."

    Avec en bas à droite du tableau, une île, une maison et un pingouin où flotte le drapeau argentin."

    D'autres notes aussi, sur les iles Malvines, un poème, des consignes.

    Un souvenir de cette expérience ?

    Sur mon blog de l'époque, j'avais écrit ça :

    "A Cachi, j'ai passé deux jours dans l'école pour voir comment ça se passait ici. Cours sur les Droits Universel du Descendant du Singe où l'on explique aux enfants de 8-10 ans que l'éducation en est un de ces droits universels. A un moment, la directrice interrompt le cours, c'est pour donner aux enfants un petit papier qu'ils devront remettre à leurs parents. On demande 4 pesos (1 euro) pour contribuer au cours d'informatique qui va commencer bientôt (c'est le début de l'année scolaire ici). Je vois des enfants qui commencent à se regarder bizarrement. Alors la directrice ajoute que si les parents n'ont pas les 4 pesos maintenant, ce n'est pas grave, ils peuvent donner 2 pesos ce mois-ci et 2 pesos le mois prochain ou alors 1.50 pendant 2 mois et 1 peso le 3ème mois. Alors après on me dit que l'éducation est un droit universel ?... Certes, mais bien inégal. En France, les mômes ne savent même pas d'où sortent la tripotée d'ordis qu'ils ont à disposition dès l'école primaire..."


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    Message par Lilie Lun 14 Mai - 10:05

    Il ne fait pas chaud par ici la nuit ! Après mon repas, je décide donc de rentrer bien au chaud et de me coucher de bonne heure. Je passe juste par le petit magasin d’en face pour acheter des cigarettes. Je demande à la marchande qui se trouve dehors si elle a ce qu’il me faut. Elle me fait signe de la suivre à l’intérieur de sa boutique, me donne ce que je voulais. Je la paye et m’apprête à partir mais elle continue la conversation, me demande d’où je suis, me sort quelques mots de français.

    Après une dizaine de minutes à discuter, elle m’invite à m’asseoir à une table (elle fait cafétéria-cantine aussi). Elle a l’air tellement gentille que j’ai un doute sur ses bons sentiments et je m’attends d’une minute à l’autre à ce qu’elle me propose de manger là ou d’acheter de l’épicerie ou quoi que ce soit d’autre. On parle, on parle. Quelques clients rentrent pour manger, pour acheter de la coca. Elle revient toujours s’asseoir à mes côtés.

    - Tu aimes la coca ? me demande-t-elle.
    - Oui, j’en ai, c’est très bon pour l’altitude.

    Là, je pense qu’elle va essayer de m’en vendre. Non, toujours pas. Elle a ses deux fils, sa fille et son neveu à ses côtés. Sa sœur est dehors, près des étalages.

    Elle me parlera de son pays, de ses coutumes et me demandera celles du mien. Surprise quand je lui dis qu’en France, on peut vivre des années célibataire sans être mariée, qu’on peut avoir des enfants et vivre avec son partenaire sans être mariée, qu’on peut se séparer ; étonnée quand je lui dirai que chez moi, c’est normal pour une femme d’avoir des enfants seulement en fin de vingtaine et jusqu’en début de trentaine.

    - Mais alors, vous accouchez toutes par césarienne ? Me fait-elle.
    - Bah… non, pourquoi ?
    - Et bien ici, après vingt-cinq ans, si tu accouches, c’est systématiquement par césarienne, c’est moins facile l’accouchement passe vingt cinq ans.
    Ah bon…
    - je ne savais pas, lui réponds-je stupidement. Chez nous, on a des médicaments pour faire passer la douleur.
    Elle me désigne ses deux derniers :
    - Césariennes. Ici, toutes les femmes, toutes, on passe toutes par là…

    Elle me parle du mariage. Dans son pays, ici, entre treize et quinze ans, tu peux être déjà mariée. Ce sont tes parents qui choisissent. Si tu as de la chance, tu tombes sur « un bon ». Elle, n’en a pas eu, de chance, me dit-elle. Les femmes par ici sont souvent malheureuses. Et la séparation, c’est impossible. Si tu te sépares de ton mari, c’est comme si tu étais morte. Sa sœur nous a rejoint. Elle me confirme tout ce que Magda (pour Maria Magdanela) me dit.


    [...]


    Magda, m’apprendra beaucoup sur son pays, sur les langues locales, les coutumes, les modes de vie. J’ai joué aussi avec les enfants lorsqu’elle était dans l’arrière-boutique. Les deux grands étaient curieux d’apprendre de nouveaux mots de français ; le petit Wilfredo se contentait de venir me voir, de me parler, de me faire des grimaces.

    Je suis restée une heure et demi dans cette boutique chaleureuse. Et Magda n’a jamais tenté de me vendre quoi que ce soit… Il y a des gens comme ça, dont la gentillesse surprend toujours. En partant, j’ai embrassé les enfants, le petit Wilfredo s’est jeté dans mes bras pour me faire un bisou. Magda m’a demandé à quelle heure je partais demain. Je ne sais pas, quand je me lèverai, lui ai-je répondu. Tu passeras me dire au revoir avant de partir ? Oui, bien sûr, je passerai.
    Je l’embrasse, elle me dit de gentils mots, je lui souhaite bonne nuit et traverse la rue pour rejoindre ma chambre.

    Voila, je sais maintenant pourquoi je me suis arrêtée dans ce blède peu attrayant. Il a fallu que j’attende la fin de la journée pour le comprendre, mais ça valait la peine : un très beau moment, passé en très bonne compagnie.


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    Message par Lilie Mar 15 Mai - 12:17

    Un jeudi d’avril 2007

    J’ai quitté Patacamaya hier et je suis arrivée dans ce petit village, Curahuara.
    J’y suis restée quelques heures et c’est un micro, charge d’un troupeau de moutons sur son toit, qui m’a déposée au carrefour d’où je comptais prendre un autre micro pour Sajama, au pied du mont du même nom, au cœur d’un parc national.

    Une dizaine de mamitas attendent avec moi sur le bord de la route. Le micro passe enfin, après peut-être trois bons quarts d’heure… et ne s’arrête pas. Déjà complet. Une première femme tend le pouce, un camion s’arrête, et elle disparait. Une deuxième l’imite. A mon tour maintenant. J’aperçois un camion au loin. Je tends le bras et il s’arrête. Il ne va pas à Sajama me dit son chauffeur mais il peut me laisser à Tambo, à la frontière Bolivie-Chili, d’où je trouverai facilement un autre camion pour me déposer à Sajama, à vingt kilomètres de la frontière, toujours en Bolivie. Impeccable ! J’embarque dans sa cabine en compagnie de deux autres femmes. On me parle un peu, d’où je viens, ce que je fais, questions habituelles. Et puis très vite, je ne comprends plus rien à ce qu’on raconte : le chauffeur et les deux femmes parlent en Aymara, une de ces langues andines de la région. J’ai tout le temps donc d’admirer le paysage, le mont Sajama, enneigé et point culminant du pays, ainsi que d’autres sommets blancs, des volcans ceux-là.

    J’arrive à Tambo après deux heures de route - à bord du camion le plus lent du monde, et là, je n’attends pas très longtemps pour voir un mini-bus arriver et qui me déposera une demi-heure plus tard à Sajama.

    Sajama, petit village perdu sur un haut plateau de la cordillère des Andes, sans électricité, aux maisons de pierres en toit de paille. L’alojamiento qu’on me désigne est rustique, comme tous les autres : très bon lit de paille, pas de douche ni de lavabo évidemment, et une cabane au fond du jardin (salut Francis !) avec un trou dans le sol en guise de toilettes. Un pot de chambre tout de même pour les envies nocturnes, et une bougie.
    En descendant du micro, j’ai rencontré deux couples de jeunes Belges avec qui je dinerai dans la boutique de ma tenancière. Après le diner, rien de plus à faire et donc très tôt j’éteins mon chandelier pour me retrouver dans l’obscurité andine de la chambre, où le silence se fait poésie.

    [...]


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    Message par Lilie Mer 16 Mai - 18:25

    Je suis partie en fin de matinée ce matin, pour me rendre aux geysers, à huit kilomètres de marche du village. En route, j’ai rejoint mes petits Belges qui s’y dirigeaient aussi. On traverse un hameau, quelques troupeaux de lamas et mis à part ça, on est tout seuls dans ce décor sauvage fait de pampas et de monts enneigés depuis des millénaires sans doute.
    On arrive aux geysers. Je m’attendais à voir de petites cheminées de vapeur sortir du sol comme celles que j’avais vues dans le Sud Lipez. Et bien non, la, ce sont de mini cratères, de deux mètres de diamètre maximum, remplis d’eau bullotante, dont les vapeurs dégagent parfois de fortes odeurs de souffre. Certaines en ont la couleur justement, d’autres sont d’un bleu limpide et très profonds. Je me suis posée à côté du plus fort d’entre eux. Ne me suis pas aventurée à tremper mes menottes dans cette eau bouillante volcanique, non. Au lieu de ça, je me suis faite un petit hammam en plein air avec la vapeur qui s’en échappait : le panard !

    Ensuite, Olivier, l’un des (cafés) Liégeois nous tuyaute que l’eau du ruisseau plus bas est d’environ trente degrés, qu’il a repéré de petits endroits pour se baigner. C’est parti pour le bain thermal ! Je les ai laissés dans le plus grand bassin et suis remontée plus haut, près d’une cascade tout juste suffisante pour ma petite personne. Je n’avais pas prévu de me baigner, je n’ai donc pas de serviette de toilette mais avec ce soleil de plomb, je ne devrais pas avoir froid en sortant ! Alors pour la Nième fois en quelques jours, je me dévêtis à nouveau, impatiente de prendre le bain chaud dans ce jacuzzi en plein air. Ah ! Qu’est ce qu’elle est bonne cette eau ! Ce n’est pas très profond, l’eau m’arrive au maximum au niveau des cuisses. Raison de plus pour s’allonger, la tête appuyée sur un rocher, et de laisser l’eau bullotante déniveler ma nuque, mes épaules, et puis tout le corps.

    Un massage d’une bonne demi-heure comme ça, sans même un lama pour vous déranger, je peux vous dire qu’il n’y a pas plus relaxant ! Suffit qu’ensuite vous vous trouviez un gros rocher plat pour vous faire dorer la pilule en bord de rivière, avec le ruissellement de l’eau pour vous bercer, et vous oubliez que vous êtes sur Terre et non parmi les anges, là-haut, dans les nuages blancs qui vous surplombent.

    Je lâche mon crayon maintenant et vais me mettre à pique-niquer, sur ce même rocher, quelque part au paradis…


    [...]


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    Message par Invité Jeu 17 Mai - 16:40

    Hello Lilie, Magdanela a t-elle influencé tes choix de vie ? clin d'oeil
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    Message par Lilie Jeu 17 Mai - 17:30

    Hallo Pondy, clin d'oeil


    Je crois intimement que toutes les rencontres faites au fil de ces voyages m'ont influencée et font qui je suis aujourd'hui. Quand j'ai des coups de mou, je pense à eux, à la vie ailleurs, et ça m'aide à ne pas m’apitoyer sur mon sort pour mieux me relever.

    Je pense très souvent à cette femme, oui. Ce fut une rencontre clé.


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    Message par Lilie Ven 18 Mai - 21:52

    21 Avril 2007

    Je rêvais d’un autre monde

    C'est cette chanson qui me revient en tête sans cesse depuis ce matin.
    Je suis de retour à Curahuara, et cette fois-ci j'y passe la nuit.

    Hier soir, à Sajama, le mari de la dame chez qui je dinais m'a conseillé de dormir à l'hostel Quti Kaya si j'allais à Curahuara, d'y aller de sa part, Marciello, pour avoir un prix. Chose faite, je me suis présentée à ce même hostel très tôt ce matin, j'ai fait mon petit speach et le prix de la nuit est descendu de 10 bolivianos comme par magie !

    C'est la famille Ramirez qui tient cet endroit grand confort : chambre familiale aménagée de beaux tissus, joliment meublée, et alors, luxe : salle de bain en suite avec douche et eau chaude ! Pour moi qui n'ai pas vu de douche depuis une semaine et pour qui ces derniers jours le lavabo n'existait même pas, ce que je me paye là, c'est du cinq étoiles ! Oui, j'avoue : j'aurais très bien pu me prendre un alojamiento à moitié prix pour cette nuit mais j'avais envie d'un peu de confort. Ça se comprend, non ? Eh ! Je passe du trou au fond du jardin aux toilettes dans ma piaule, c'est pas la classe ça ?

    La presque-euphorie passée, je vais tout droit au grand marché-foire que j'ai aperçu quand le bus m'a déposée ce matin-même. Ce marché se tient uniquement le Samedi, ça fait également foire aux bestiaux et les gens viennent de tous les environs pour y trouver ce dont ils ont besoin ou bien pour y vendre leurs marchandises. J'y petit-déjeune d'un api et de 2 pasteles, sorte de galettes frites dans l'huile qui tiennent bien l'estomac. Je déambule dans les allées de vêtements, d'herbes et de céréales, de fruits et légumes, de réparateurs de vélos et de marchands de chaussures en caoutchouc, et puis j'arrive sur ce champ immense rempli de troupeaux de lamas, d'alpacas et de moutons. S'y trouvent aussi des mules qui se déplacent en sautillant puisqu'on leur a attaché les pattes avant pour ne pas qu'elles se fassent la mule, des vaches ou des boeufs attachés à des camions. Leurs propriétaires se trouvent assis non loin, par-terre, parfois en famille, parfois seuls ou en couple. Je parle avec quelques-uns d'entre eux, ça me rappelle quand mon père m'emmenait autrefois sur les foires aux bestiaux lorsque j'étais môme. Souvent, on me propose d'acheter ce lama ou cette vache. Qu'est-ce qu'ils voudraient que j'en fasse, moi, de passage ici ? J'avoue que l'idée de m'acheter un âne en Bolivie ou au Pérou m'a effleuré l'esprit il y a quelques semaines mais j'ai rapidement abandonné l'idée : je me vois mal me balader à dos de mule par ici... ça pourrait être pratique pour grimper le Machu Picchu mais mis à part ça...(*)


    [...]


    (*) A l'époque, j'étais loin de me douter que quelques années plus tard, je parlerai sérieusement de traverser, un jour, les Andes du Nord au Sud... accompagnée d'une mule !


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    Message par Lilie Lun 21 Mai - 19:49

    (Merci Wap'Admin. sourire )

    J'aperçois un enclos en pierre plus loin, ç'a l'air de s'agiter. Ce sont quelques hommes et deux enfants qui ligotent un troupeau de lamas, on les ficèle par le train arrière (tchou tchou !) de manière à ce qu'ils ne puissent pas s'échapper, façon de les tenir tranquilles avant de les charger dans le camion qui les emmènera vers La Paz pour reproduire un troupeau (d'autres sont moins chanceux...). Deux hommes sortent de l'enclos et partent négocier plus loin, à l'abri des oreilles indiscrètes. C'est en cash qu'on paye ici et l'on peut discuter longtemps pour s'accorder sur le prix.

    De retour sur le marché des marchandises immobiles, je suis maintenant dans le "quartier" des laines. Laines fraiches coupées, avec les peaux encore sanglantes. Parfois, des gens viennent, avec leurs peaux de moutons ou de lamas encore chaudes, le marchand les examine, scrute les défauts, les secoue, les retourne dans tous les sens avant de lancer son verdict. S'il les achète, il les pose parmi les autres fourrures, à même le sol, dans l'espoir de les revendre sitôt après.
    Je me suis aussi racheté de la coca, de "la bonne", qui embaume toute ma chambre de son parfum que j'aime tant.

    C'est en vain que j'ai essayé de prendre des photos de ces étalages, soit on refusait, soit on me demandait une pièce contre l'image, chose que je refuse systématiquement jusqu'à présent. Ce sont donc uniquement des scènes de vie que j'ai photographiées sur ce marché, pas de portraits, ni de gros plans. Peu m'importe, sur ce marché, et dans ce village, là, oui, c'était vraiment le dépaysement. Pas un blanc, pas un touriste, juste moi qui souriait encore étonnée de tous ces costumes traditionnels, de ces femmes à nattes et à jupons qu'un chapeau melon tout juste posé sur la tête suffit à habiller, de ces mômes qui poussent les charrettes de marchandises, de ces tissus colorés, de ces mini-bus en attente de cargaison de toutes sortes.
    Pas de voitures ou peu dans le village, on se déplace à pieds ou en vélo. Maison en argile recouvertes de paille en guise de toit, des rues poussiéreuses, ... Qu'il est loin mon monde fait d'écrans plats, de trains à grande vitesse et d'internet ! Que la vie est paisible et simple dans ce village ! Pas facile, certes, mais d'une simplicité ! Ne serait-ce les lignes électriques qui traversent les rues, trahissant la modernisation infaillible, on a l'impression que rien n’a changé ici depuis des siècles !


    [...]


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    Message par Lilie Mar 22 Mai - 11:26

    Cet après-midi, Freddy, qui tient l'hostel, m'a emmenée faire un tour dans les environs. Trésors insoupçonnés pour celui qui se balade sans guide personnel. Une sorte de petit canyon à 2 kilomètres du village avec de jolies formations rocheuses d'où sortent parfois de mystérieuses sources qu'on se demande bien d'où qu'elles proviennent. Je me suis baladée plus tard dans les ruelles, les gens toujours souriants et répondant à mes "hola ! como estas ?".

    Curahuara, c'est l'un de ces endroits où l'on se sent bien, rien de plus. Si différent de notre monde occidental. Ce sont peut-être les tombeaux Aymaras des alentours, datant d'environs 1500 ans, qui préservent cet endroit, ou bien peut-être est-ce tout simplement les gens qui l'habitent qui donnent à ce blède son charme si particulier.

    Demain, en route pour La Paz, retour à la ville et à sa vie moderne... Le choc !


    [...]


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    Message par Lilie Mar 22 Mai - 21:41

    Dernier Samedi d’avril 2007
    Isla del Sol, Lac Titicaca, Bolivie

    Isla del Sol, Lac Titicaca, Bolivia. "La Petite Irlande de Bolivie", c'est ainsi que je l'appelle. J'y ai passé deux nuits, et deux jours, sur cette ile de 12 kilomètres de long sur 9 de large, à 2-3h de bateau de Copacabana, sur le lac navigable le plus haut du monde (3800m).

    Sur le côté Nord, je me croyais parfois sur la cote dublinoise, Howth tout particulièrement. Avec ses monts à la fois rocailleux et verdoyants qui se jettent dans l'eau aux dégradés de bleus passant par le turquoise jusqu'au transparent. De petites criques de galets ou de sable blanc aussi. Et puis, en descendant vers le Sud, je me retourne et là, avec le ciel gris du matin, je me crois dans le Nord du Donegal avec des falaises tombant à pic dans l'eau. Des moutons et des murs de pierres pour confirmer tout ça, et le tour est joué ! Même le temps s'est mêlé à la confusion le deuxième jour : je suis partie le matin avec un temps couvert et en l'espace de deux heures, j'ai eu grand soleil, grêle, pluie et re-soleil ! Temps irlandais, quoi !

    Quant aux gens, j'avais peur qu'ils soient pollués par le tourisme comme on m'a beaucoup parlé des iles voisines côté péruvien (au point où les habitants là-bas y sont payés pour porter les costumes traditionnels...). Et bien là, non, au contraire. Ce sont des gens charmants que j'y ai rencontrés. Bien sûr, la marque du tourisme est là et j'ai croisé quelques mômes qui m'ont réclamé de l'argent et des bonbons.
    C'est ainsi que j'ai croisé le chemin de Leticia, 8 ans, et de sa soeur, Anita, 4 ans, qui gardaient leurs quelques moutons sur le sentier qui relie l'ile du Nord au Sud. Je me suis arrêtée leur parler un peu et bien sûr, la grande m'a demandé de l'argent, des bonbons, ou bien se proposait de poser pour une photo contre de l'argent (si c'est pas de la prostitution pour touristes, ça, c'est quoi?...). J'ai tout refusé, prétextant que je n'avais pas d'argent sur moi. Je suis restée leur parler un peu et j'ai continué ma route jusqu'au Sud, un sentiment amer de culpabilité au fond de moi. D'accord, je n'aime pas donner d'argent, comme pour lutter contre cette idée de Blancs=fric, mais enfin quoi ! un ou quelques Bolivianos, c'est pas grand chose ! J'ai rejoint le Sud et juste comme je commençais le chemin retour vers le Nord, une averse de grêle m'est tombée dessus. C'était très local car je voyais juste un peu plus loin, une poignée de dizaine de mètres devant, le grand ciel bleu. Ça peut paraitre stupide, mais je l'ai ressenti comme la Pachamama qui me punissait de ne pas avoir partagé plus avec ces petites. Je me suis alors mis en tête de retrouver ces deux bambines et de passer du temps avec elles.


    [...]

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