Bolivie me voici !
J’ai quitté Tilcara ce matin, laissant derrière moi Greg et d’autres compagnons de route. Là, nos chemins se séparent pour de bon... pour ce voyage tout du moins. La page Argentine se tourne après plus ou moins deux mois passés au pays des « Che ! », du maté et de la délicieuse viande de boeuf. J’étais un peu anxieuse à l’idée d’entrer dans un nouveau pays. J’avais mes repères en Argentine, je savais comment fonctionnait le pays, les transports, connaissais la valeur des choses et raisonnais en Peso Argentin et non plus en Euro. Là, il me faut tout réapprendre. Un nouveau voyage commence.
Je suis arrivée à La Quiaca, ville frontalière du côté argentin et avec Les Jumelles aux pieds, j’ai traversé ce petit pont, sans à peine m’en apercevoir. Deux nouveaux tampons sur mon code-barre français et me voici à Villazon, en Bolivie ! Premier changement : l’heure ; on enlève une heure à son cadran pas solaire quand on passe en Bolivie. Ensuite, petit tour à la banque pour retirer la monnaie locale (un Euro équivaut à dix Bolivianos). Je n’ai plus de guide touristique à partir de maintenant et décide que je m’en accommoderai très bien. Mon Castellano me permet désormais de demander mes directions, un endroit pour dormir et tout ce dont j’ai besoin de basique ainsi que de passer des soirées à refaire le monde dans la limite de mes non connaissances grammaticales et de temps, mais j’ai maintenant un vocabulaire et une compréhension suffisante. De plus, j’ai un peu plus d’expérience que quand je suis arrivée à Buenos Aires et je sais désormais la manière dont j’aime voyager : au contact des populations locales, c’est à dire un peu en retrait des Lonely Planet, Foot Print, Guide du Routard et autres guides pour simples vacanciers qui ont un temps limité. Cela peut être un précieux outil de voyage, certes (et Dieu sait si j’ai tourné les pages du mien lors de mon premier mois en Argentine !), mais à partir de maintenant, je préfère m’en passer. Et pis, il y a les forums de voyageurs sur Internet sur lesquels on peut trouver tous les tuyaux dont on a besoin pour trotter le globe à sa manière.
Alors, une fois la pseudo frontière passée et mes Bolivianos en poche, direction le terminal de bus. J’aime pas les blèdes frontaliers, je les trouve toujours glauques, je préfère m’en échapper dès que possible. Des voyageurs internautes justement m’avaient conseillé Tupiza comme bon point de départ pour visiter le Salar de Uyuni. Billet en main, je grimpe dans le bus. Il ne me faut pas longtemps pour être plongée dans une des facettes de ce nouveau pays : mon billet indique le siège numéro 37, sur la banquette du fond, mais je me demande comment je vais y accéder avec tous ces gens qui encombrent le passage ! Mais pourquoi ils ne s’assoient pas bon sang ?! Ah oui, je sais pourquoi : parce que tous les sièges sont déjà occupés ! Ah ! Ah ! Alors je commence à enjamber les paniers de fruits et légumes, les enfants, les derrières des grosses mamas à tresses, mon sac au dessus de la tête. Les gens sont adorables, ils rigolent de ce cohu-bohu. Et moi aussi du coup ! J’atteins mon siège finalement. A côté de moi s’assied une jeune Argentine de dix-sept ans. De mère bolivienne, elle vient passer le week-end de Pâques en famille, à Tupiza. Elle m’explique justement que le Castellano a ses particularités dans chaque pays d’Amérique Latine. Par exemple, pour moi qui n’ai jamais étudié l’espagnol et qui l’ai appris en parlant avec les Argentins, le pronom de la seconde personne du singulier, jusqu’à présent, c’était « vos ». Et bien, ça aussi, il va falloir que je réapprenne, car ici en Bolivie, ça se dit « tu » ! Ça me fait rire, il faut même que je réapprenne à parler Castellano !...
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Lilie