Euh.... Je vais dire que ça n'engage que toi !
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Quelques pondypotins
Invité- Invité
- Message n°76
Re: Quelques pondypotins
"Barbara Cartland écrit des histoires ennuyeuses, car toujours la même chose : homme riche, imbu de sa personne et jeune femme souvent pauvre, fragile et gentille... mais certaines phrases de Barbara Cartland sont quand même très jolies."
Euh.... Je vais dire que ça n'engage que toi !
Euh.... Je vais dire que ça n'engage que toi !
Invité- Invité
- Message n°77
Re: Quelques pondypotins
C'est l'heure du goûter.
J'ai écrit mon prénom, Léna et mon nom Baranov avec des lettres rouges sur la première page.
Maman m'a offert un carnet épais avec des lignes. Il a un fermoir doré et une petite clé dorée aussi.
La petite clé, je l'ai accrochée avec la grosse clé de la maison pour quand je rentre de l'école et que Maman et Papa ne sont pas là.
Il a une couverture bleue et très solide et très brillante et dessus c'est écrit :
-attrappe-cauchemars-
Comme ça, elle a dit Maman, tu peux écrire tout ce qui te fait peur et quand c'est écrit, la peur s'en va.
Je voulais pas lui faire de la peine à Maman mais je lui ai dit que quand je me réveille la nuit et qu'elle me prend dans ses bras parce que j'ai crié en dormant, je me rappelle plus ce qui me faisait peur et que le carnet, il peut plus être un attrape-cauchemar.
Alors, elle a dit Maman, que je pouvais écrire tout ce qui me faisait plaisir de raconter et tout ce qui me plaisait pas aussi.
Moi, j'aime bien écrire des histoires et des poèmes.
Maintenant que je suis au CE1, je sais écrire.
L'autre jour, mon maître, il a dit que c'était pas moi qui avait écrit la rédaction. Il fallait décrire le plus beau souvenir et j'ai parlé de quand on était allé dans la forêt chercher des cèpes. J'ai décrit le chapeau hémisphérique noisette et il a dit qu'une petite fille ne pouvait pas être érudite et connaître le mot hémisphérique.
Erudite, j'ai demandé à Papa,je connaissais pas ce mot, il a dit que c'était ceux qui savaient beaucoup de choses, des savants en fait.
Il était quand même en colère Papa et il a dit qu'il allait voir mon maître pour lui dire son fait.
Lui dire son fait, ça veut dire le gronder parce que sa petite fille chérie (c'est moi) elle est pas une menteuse.
Adrien, il m'a dit de lui apporter des Mars demain, j'ai demandé à Maman qu'elle en achète et elle a trouvé ça bizarre puisque d'habitude j'aime pas ça. Je lui ai dit que j'avais changé d'avis et que j'aimais bien.
Adrien et Harry, ils veulent toujours des choses et si je donne pas, ils me tirent mes tresses, tellement fort que ça me jette la tête en arrière et me fait mal dans mon crâne et même vers les yeux.
Je peux pas en parler à Papa et Maman, sinon ils ont dit qu'ils me frapperaient et que ça ferait encore plus mal que de tirer mes cheveux.
.../...
J'ai écrit mon prénom, Léna et mon nom Baranov avec des lettres rouges sur la première page.
Maman m'a offert un carnet épais avec des lignes. Il a un fermoir doré et une petite clé dorée aussi.
La petite clé, je l'ai accrochée avec la grosse clé de la maison pour quand je rentre de l'école et que Maman et Papa ne sont pas là.
Il a une couverture bleue et très solide et très brillante et dessus c'est écrit :
-attrappe-cauchemars-
Comme ça, elle a dit Maman, tu peux écrire tout ce qui te fait peur et quand c'est écrit, la peur s'en va.
Je voulais pas lui faire de la peine à Maman mais je lui ai dit que quand je me réveille la nuit et qu'elle me prend dans ses bras parce que j'ai crié en dormant, je me rappelle plus ce qui me faisait peur et que le carnet, il peut plus être un attrape-cauchemar.
Alors, elle a dit Maman, que je pouvais écrire tout ce qui me faisait plaisir de raconter et tout ce qui me plaisait pas aussi.
Moi, j'aime bien écrire des histoires et des poèmes.
Maintenant que je suis au CE1, je sais écrire.
L'autre jour, mon maître, il a dit que c'était pas moi qui avait écrit la rédaction. Il fallait décrire le plus beau souvenir et j'ai parlé de quand on était allé dans la forêt chercher des cèpes. J'ai décrit le chapeau hémisphérique noisette et il a dit qu'une petite fille ne pouvait pas être érudite et connaître le mot hémisphérique.
Erudite, j'ai demandé à Papa,je connaissais pas ce mot, il a dit que c'était ceux qui savaient beaucoup de choses, des savants en fait.
Il était quand même en colère Papa et il a dit qu'il allait voir mon maître pour lui dire son fait.
Lui dire son fait, ça veut dire le gronder parce que sa petite fille chérie (c'est moi) elle est pas une menteuse.
Adrien, il m'a dit de lui apporter des Mars demain, j'ai demandé à Maman qu'elle en achète et elle a trouvé ça bizarre puisque d'habitude j'aime pas ça. Je lui ai dit que j'avais changé d'avis et que j'aimais bien.
Adrien et Harry, ils veulent toujours des choses et si je donne pas, ils me tirent mes tresses, tellement fort que ça me jette la tête en arrière et me fait mal dans mon crâne et même vers les yeux.
Je peux pas en parler à Papa et Maman, sinon ils ont dit qu'ils me frapperaient et que ça ferait encore plus mal que de tirer mes cheveux.
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Invité- Invité
- Message n°78
Re: Quelques pondypotins
Demain, c'est mercredi et je vais à l'école du cirque. En ce moment on fait du trapèze. C'est comme la balançoire sauf qu'il faut s'accrocher avec les pieds et j'adore ça parce que c'est comme si on voyait le monde à l'envers. Pas comme ceux qui disent qu'en Australie les gens ils sont à l'envers, c'est faux. Non, comme si le plafond devenait le plancher.
Je me fais croire que je suis un oiseau et pour de vrai je me sens un oiseau.
Ca dure pas longtemps mais quand je serai encore plus grande que maintenant, disons quand j'aurais au moins onze ans, je me fabriquerai des ailes.
Et je voyagerai loin.
J'ai déjà voyagé loin, d'abord accrochée dans un porte-bébé sur le ventre de Maman et puis accrochée dans le dos de Papa parce que j'étais devenue lourde ils ont dit et après, j'ai marché.
Je m'en souviens pas.
Je me souviens de la Bretagne et je me souviens du Périgord noir. C'est un drôle de nom mais c'est pas noir quand même. Il faisait beau toujours.
Je vais fermer à clé mon carnet secret parce que je vais regarder la boîte des bijoux de Maman avant qu'elle revienne du boulot.
In-ter-dit, je sais mais je fais quand même, c'est trop beau.
Je me fais croire que je suis un oiseau et pour de vrai je me sens un oiseau.
Ca dure pas longtemps mais quand je serai encore plus grande que maintenant, disons quand j'aurais au moins onze ans, je me fabriquerai des ailes.
Et je voyagerai loin.
J'ai déjà voyagé loin, d'abord accrochée dans un porte-bébé sur le ventre de Maman et puis accrochée dans le dos de Papa parce que j'étais devenue lourde ils ont dit et après, j'ai marché.
Je m'en souviens pas.
Je me souviens de la Bretagne et je me souviens du Périgord noir. C'est un drôle de nom mais c'est pas noir quand même. Il faisait beau toujours.
Je vais fermer à clé mon carnet secret parce que je vais regarder la boîte des bijoux de Maman avant qu'elle revienne du boulot.
In-ter-dit, je sais mais je fais quand même, c'est trop beau.
Fabricia- Localisation : Alpes Maritimes
- Message n°79
Re: Quelques pondypotins
Chère Pondy,
Quel plaisir de lire ces portraits !..
J'envie cette imagination débordante, pittoresque, teintée d'un brin d'humour qui fait toute ton originalité.
Quel plaisir de lire ces portraits !..
J'envie cette imagination débordante, pittoresque, teintée d'un brin d'humour qui fait toute ton originalité.
_________________
Fabricia
"Le présent est un leurre puisqu'il se transforme sans cesse en passé" (selon Flora Groult)
Invité- Invité
- Message n°80
Re: Quelques pondypotins
J'ai mangé mon goûter, j'ai pris une cuillère énorme de Nutella et j'ai fait une trace marron sur mon beau carnet. Même avec l'éponge ça part pas.
J'ai déjà fait mes devoirs, c'était que des additions avec des retenues trop trop faciles.
J'aimerai bien avoir un chat mais Papa ça le fait éternuer alors j'en ai pas. A la place, j'ai un hamster qui fait du bruit que quand je me couche.
Dans le jour, si je veux le prendre il mord mes doigts. Je l'aime pas mon hamster.
Je l'ai appelé Caligula. C'était un empereur romain qui était fou et qu'il avait fait construire une écurie en marbre pour son cheval. C'est Papa qui a raconté l'histoire parce que Papa, c'est ce qui l’intéresse le plus l'histoire. Il a des livres qu'il met en piles toutes dérangées et que si la fenêtre fait du courant d'air, tout s'écroule.
Alors, ça lui va bien son nom à ce hamster idiot qui sait que tourner dans sa roue.
Adrien, il a pris ma gomme. Juste parce que c'est une gomme qui sent la fraise. Et j'ai presque plus des économies dans ma tirelire parce que Harry et lui, ils veulent que je donne un euro si j'ai pas des Mars ou des Bounty. J'avais treize euros dans ma tirelire jaune. Et moi, je voulais m'acheter la Barbie , la nouvelle et je peux plus maintenant. Je commanderai à Noël. C'est bien Noël même si je crois plus au père Noël. Bientôt on va faire la crèche et je vais peindre un nouveau santon. On l'a acheté samedi, c'est un tisserand.
Nous, on a une crèche parce que mes parents, ils croient en Dieu. Moi, plus beaucoup parce que quand je lui demande que Adrien et Harry ils arrêtent d'être méchants, Dieu, il m'écoute pas. Et pourtant, je ferme les yeux très forts quand je fais ma prière dans mon lit et qu'il y a que le bruit de la roue de Caligula.
.../...
Invité- Invité
- Message n°81
Re: Quelques pondypotins
Je suis petite pour mon âge il a dit le pédiatre, j'ai peur d'être naine toute ma vie.
Ca doit pas être drôle d'avoir les placards qui sont trop hauts et les miroirs où on se voit que le haut de la tête, et aussi quand on veut appuyer sur le bouton 39 de l’ascenseur.
Je dis le bouton 39 parce que là où Maman travaille souvent, il y a 39 étages. Ça s'appelle de siège de l'onu. C'est pas un vrai siège comme une chaise ou un fauteuil, c'est une tour qui est en Amérique.
Maman, elle y va tous les mois pendant trois jours ou quatre jours ou des fois même une semaine.
C'est à cause de son métier qu'elle est interprète simultanée.
Elles sont des rangées de personnes avec des casques sur les oreilles et qui parlent dans toutes les langues. Quand il y a un monsieur important ou une dame importante qui fait un discours, aussitôt Maman elle traduit dans la même vitesse que la personne qui parle.
Maman elle dit qu'elle non plus n'est pas grande mais je trouve qu'elle est grande comme une maman, alors si je suis comme elle ça me rassure.
Papa, lui, il est très, très grand, il faut qu'il baisse la tête des fois pour pas se cogner. Il s'appelle Vladimir mais tout le monde l'appelle Vova, sauf les gens qui ont pas l'habitude de le voir.
J'ai les cheveux noirs de Maman et les yeux bleus de Papa, c'est parce que je suis leur enfant, alors j'ai mélangé leur amour je crois.
Aujourd'hui, je suis pas allée à l'école, j'avais mal au ventre et j'ai vomi. Maman, elle a appelé grand-mère qui va venir. Comme quand elle va à Nouille-York. Je sais comment ça s'écrit pour de vrai mais c'est un message entre Grand-mère et moi. Quand Maman part, on mange des nouilles parce que j'adore et Maman elle dit que c'est pas diététique mais Grand-mère, elle s'en fiche.
Je peux même mettre plein de gruyère dessus.
Grand-mère elle dit : « alors, c'est Nouille-York dinner's ce soir mon poussin ? »
Je ris et Papa aussi.
Je suis contente de rester à la maison toute la journée.
Je vais attendre grand-mère qui habite à l'autre bout de la ville et que ça fait du temps pour qu'elle arrive et je vais regarder un dessin animé.
Mon dessin animé préféré, c'est celui qui est en russe et qui a plein d'histoires, il s'appelle cheburashka et le crocodile Guéna.
Ce sont des marionnettes. Le premier, c'est l'histoire d'un marchand de fruit qui trouve chébourachka dans une caisse d'orange. Il demande partout de quel animal il s'agit mais personne ne connaît ce drôle de petit animal à grandes oreilles.
Il devient ami avec un crocodile qui travaille la journée dans un zoo. Ils construisent ensemble la maison des amis pour tous ceux qui veulent se faire des amis.
Le soir, je regarde aussi parfois avec ma tête sur les genoux de Maman et mes jambes sur les genoux de Papa.
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Invité- Invité
- Message n°82
Re: Quelques pondypotins
Papa son travail c'est dans la faculté. Il est maître-assistant c'est plus fort que mon maître à moi est pourtant il est que l'assistant. Il est aussi doctorant. C'est pas un docteur, je sais pas bien. Il faut qu'il travaille sa taise. C'est beaucoup de travail parce qu'il bavarde beaucoup dans les leçons qu'il donne aux étudiants.
Sa taise, alors, ça parle de la vie des femmes au Moyen-Age. Il faut beaucoup chercher parce que c'était il y a longtemps, même grand-mère elle vivait pas encore.
Et il faut faire silence dans le salon quand il fait sa taise, ça me paraît normal, alors je vais jouer dans ma chambre avec mes barbies ou mes sylvaners. J'ai déjà la famille écureuil, la famille ours, la famille lapin. J'ai dessiné sur du carton une grande forêt et le soir, j'ai le droit de laisser mes familles dans la forêt et rien ranger dans le coffre parce que ça arrêterait l'aventure.
Des fois Papa il me raconte sa taise. Il m'a dit que les femmes qui étaient riches, elles se mariaient à 20 ans et que les pauvres, c'était à 14 ans.Et les riches elles ont des coiffures pour cacher leur cheveux en forme de cornes et les pauvres, juste un voile.
Quand je me déguise, je suis une dame pauvre parce que je fabrique mon voile avec le rideau blanc que Maman voulait plus et qui cachait le marronnier devant la fenêtre de la cuisine.
J'aime beaucoup me déguiser et j'ai le droit de me maquiller avec du maquillage d'enfants.
Mais que pour la maison, pas pour dehors.
Un jour que mes parents ils étaient pas rentrés, j'ai mis du vernis rouge sur mes orteils. Maman, elle a pas vu heureusement. J'avais des cerises aux pieds et puis, j'ai oublié de mettre mes pantoufles et Maman, elle a vu et elle était très furieuse et j'ai été puni d'ordinateur où je peux jouer à des puzzles.
Et aussi a l'école, Juliette, c'est ma copine, elle a pris du vernis transparent à sa Maman et on a été au cabinet et on a mis sur nos ongles des mains. C'était super beau, ça faisait comme des perles brillantes sauf à mon glin-glin parce que maintenant je le ronge toujours. Maman, cette fois, elle a pas vu le vernis.
Mon glin-glin rongé, elle a vu Maman.
Elle me demande si je suis inquiète, parce que les gens qui ont des inquiétudes ils se rongent les ongles.
Je lui ai montré que c'était que mon glin-glin et pas les autres alors que ç'était une petite inquiétude que je ne connaissais pas et au fond de moi, je pensais à Adrien et à Harry et j'ai très peur parce que j'ai plus d'euros.
Le porte monnaie de Maman, il est toujours sur l'étagère de l'entrée avec ses clés, mais j'ose pas, j'ose pas, j'ose pas.
.../...
Invité- Invité
- Message n°83
Re: Quelques pondypotins
Maman elle part demain à Genève, une ville en Suisse juste à côté de chez nous. Elle va en voiture et pas en avion et elle verra pas si je prends des sous dans son porte-monnaie.
Mais ce soir je peux rien dire parce que, en plus, Papa n'est pas content que Maman soit pas là souvent.
Elle lui a dit « Fais pas semblant que tout aille bien, je sais bien reconnaître ta voix blanche »
Une voix blanche, c'est bizarre pour de l'air qui rentre et qui sort, ça a pas de couleur.
Et si c'est de la couleur la voix, je dis que mon Papa a une voix rouge quand il chante et une voix bleue quand il me raconte une histoire d'histoire et une voix bleue marine quand il me lit un de mes livres. Et sa voix blanche quand il est furieux.
Grand-mère va venir demain encore une fois. Elle dit à Maman :
« Ma fille j'espère que tu vois la chance que tu as, ton pauvre père serait encore de ce monde, je ne pourrais pas venir sur tes claquements de doigts »
Maman, elle enrage et c'est souvent qu'elle se dispute avec Grand-mère.
En plus aujourd'hui le maître a dit : Léna, à toi ».
Je savais ma poésie par cœur et rien n'est sorti de ma bouche, j'étais toute vide. Il a froncé les sourcils et a dit : « Léna, qu'est-ce qui se passe, ça ne va pas du tout, tu as des mauvaises notes, alors, tu m'apporteras ton cahier de liaison, je veux voir tes parents ». Je me suis assise et mes yeux piquaient très fort et je pouvais pas les cligner sinon ça aurait fait une larme.
Mon cahier de liaison, il est dans mon cartable et je l'ai pas montré et je peux rien dire
Le matin, Maman était déjà partie et c'est Grand-mère qui est venue me réveiller.
« C'est l'heure ma pelote » Elle m'appelle souvent comme ça parce que je suis Léna, sa petite pelote de laine. J'ai ouvert les yeux et aussitôt, comme ça, toutes seules, les larmes elles ont coulé.
Grand-mère s'est assise sur mon lit :
« Ma pelote, viens tout me dire »
Grand-mère, elle sait pas raconter des histoires, que lire mes livres mais elle m'écoute beaucoup, alors dans ses bras, appuyée sur ses grosses poitrines, j'ai tout, tout raconter, Adrien et Harry, mes mauvaises notes, le mot du maître dans le cahier de liaison, les sous que je veux voler à Maman.
J'ai parlé et c'est pareil qu'un ballon qui se dégonflait. Je me suis mouchée et Grand-mère, elle caressait mes cheveux tout doucement.
« Aujourd'hui, on reste toutes les deux, de toute façon, ce sont les vacances dans deux jours et je parle à ton père ce soir »
C'était bien toute cette journées où mes copines, elles sont à l'école et pas moi.
Avec grand-mère, on est allé acheter des boules de Noël rouge et de la farine pour faire des cookies.
Et on a fait des cookies et c'était déjà le soir.
Grand-mère s'est enfermée dans le salon avec Papa.
J'ai collé mon oreille contre la porte. J'avais très peur que Papa me gronde.
J'ai entendu la voix de grand-mère qui montait et qui descendait et que deux mots, salopiots, raquette. Mais qu'est-ce qu'elle raconte, je lui ai pas parlé de tennis.
Papa ne parlait pas, j'ai pourtant bien écouté.
J'ai entendu le fauteuil couiner et je suis allée très vite dans ma chambre.
Papa a appelé :
« Padaidi, poslouchaï menia »
Quand Papa parle russe, ouille c'est que c'est très très grave.
Je suis venue devant lui, il a tenu mes deux bras, son regard tout bleu est rentré dans moi.
« Léna, je suis très triste, ces enfants n'ont pas le droit d'avoir fait ça. Ça s'appelle du racket et ils seront punis. Je suis triste aussi parce que tu n'as rien dit à Maman ou à moi et encore plein de choses et ma peur est partie et j'aurai pas besoin de voler les sous de Maman.
Papa, il va aller à l'école demain et moi, je reste à la maison, ça veut dire que je suis en vacances.
Les vacances, c'est génial.
Da svidania
Invité- Invité
- Message n°84
Re: Quelques pondypotins
L'heure du goûter est terminée.
Il en est de même de ma logorrhée.
Sympa d'avoir lu.
Hasta luego
Il en est de même de ma logorrhée.
Sympa d'avoir lu.
Hasta luego
Wapiti- Admin
- Localisation : Annecy et Thonon (74) France
- Message n°85
Re: Quelques pondypotins
Ho bin un goûter pareil, on en redemande !
Tous les jours, même !
Tous les jours, même !
_________________
"Nous méritons toutes nos rencontres, elles sont accordées à notre destin et ont une signification qu'il nous appartient de déchiffrer." F. Mauriac
Invité- Invité
- Message n°86
Re: Quelques pondypotins
Merci Pondy pour ta généreuse imagination et la plume qui l'accompagne !
bardak- Localisation : Dans mon canapé
- Message n°87
Re: Quelques pondypotins
Merci Pondy, c'était sublime à lire et comme en plus y avait du russe, ça me rend extatique.
Euh... tu sais que l'heure de gouter, c'est tous les jours.
Euh... tu sais que l'heure de gouter, c'est tous les jours.
_________________
"Il est parfois bon d'avoir un grain de folie"
Sénèque
mamina- Localisation : Près de Pau, sur le chemin de St Jacques...
- Message n°88
Re: Quelques pondypotins
miam ! miam ! j'ai savouré encore mieux qu'un muffin à la confiture de myrtilles et une tasse de thé vert... c'est dire !!!
merci pondy
Invité- Invité
- Message n°89
Re: Quelques pondypotins
Femmes entrecroisées
1
Carol,
Ils vont m'opérer, m'enlever toutes mes dents si on peut appeler ça des dents, je dis des chailles, des chicots. Ils ne me dérangent pas plus que ça, je ne mange que du mou, du haché, d'ailleurs j'ai jamais faim et je ne souris plus depuis la nuit des dents et s'il m'arrive de m'esclaffer, j'ai le réflexe automatique, puisque c'est un réflexe, je mets ma main devant la bouche.
Non, ils vont m'enlever les dents, pour pouvoir m'enlever le sein.
J'ai eu du mal a comprendre la logique. Les dents foutues, ça traîne des bactéries qui se mettent dans le cœur, voilà ce qu'ils m'ont dit.
Des bactéries dans le cœur, croyez-le, j'en ai depuis aussi longtemps que je taquine la bouteille et je ne sais même plus à quand ça remonte.
Forcément, ça se voit que je picole, les nervures rouge sur les pommettes, le nez framboise, les yeux aux veinules éclatées, le teint couleur presque aubergine.
Je sors du boulot et direct, je bois jusqu'à ce que la chaleur arrive dans toutes les fibres de mon corps.
Après, je ne sais plus rien parce que comme une idiote, je ne sais pas m'arrêter et je continue.
Parfois je me réveille dans le garage de l'immeuble transie de froid, j'ai laissé la porte de l'appartement entrebâillée et la truffe du chien vient réchauffer mon cou glacé du béton sur lequel je suis avachie, d'autres fois dans mon lit, sans savoir comment je l'ai atteint.
J'ai lu sur mon dossier d'anesthésie que je dois remettre au chirurgien, un mot poétique pour mon alcoolisme, parfois les docteurs font attention à ne pas choquer, c''est œnolisme. J'ai regardé sur internet et ça vient du mot vin. Le vin, je touche pas, j'aurais l'impression d'être à la rue, ce qui ne va pas tarder. Je bois des trucs forts et pas chers et en plus, c'est si dégueulasse que je mets du sirop de fraise avec.
Moitié, moitié et en trois verres je disparais de mon existence.
Le contre-maître, il m'a dit : « Picole chez toi, j'en ai rien à foutre mais si t’arrives encore une fois fracasse, c'est la porte ».
J'ai foutu le feu à la sécheuse dont j'avais la charge, elle s'est pas arrêtée automatiquement et je pionçais dans la réserve, bourrée.
La porte, je l'ai prise et je m'en contre-fiche.
Finie la blanchisserie industrielle, les cadences de merde, les draps souillés des hôtels, des hôpitaux, les nappes des restaurants. Finie de bosser dans une étuve où l'air mouillé t'étouffe. Et tu tournes sur les postes, sauf moi. Du plus crade, la réception du linge que tu tries, c'est pour ma pomme, une horreur, après t'as le poste lavage-décontamination, le séchage, le contrôle-pliage, l'ensachage et l'expédition.
Faute grave et Pôle-emploi me voici. Tu seras punie vieille pocharde et dans quatre mois, tu reviens et t'auras tes indemnités.
Entre temps, je vais me la couler douce, dans les draps propres que d'autres auront lavés, un sein en moins, une bouche aux lèvres qui rentrent en plus.
Le chien, c'est mon ex qui va le garder, on fait la garde alternée et il aime tellement ce clébard qu'il le garde quand je serai opérée.
Les enfants, je leur dis rien, l'un aux États-Unis, l'autre en Allemagne, ils ont sauvé leur peau loin de la picole des parents, ils ont bien fait. Bye les mômes.
Quelle vie de merde.
De toute façon, si j'en crève, y'aura que moi pour me regretter, ce sera une grande perte, pour moi, parce que j'aurais vraiment voulu une chouette vie.
Ça sert à rien de chougner, ce qui est fait et fait.
Je vais m'en jeter un vite fait, et croix de bois, croix de fer, si je meurs, je vais en enfer, je m'arrête dès que la chaleur enfin se répand dans mes os.
.../...
1
Carol,
Ils vont m'opérer, m'enlever toutes mes dents si on peut appeler ça des dents, je dis des chailles, des chicots. Ils ne me dérangent pas plus que ça, je ne mange que du mou, du haché, d'ailleurs j'ai jamais faim et je ne souris plus depuis la nuit des dents et s'il m'arrive de m'esclaffer, j'ai le réflexe automatique, puisque c'est un réflexe, je mets ma main devant la bouche.
Non, ils vont m'enlever les dents, pour pouvoir m'enlever le sein.
J'ai eu du mal a comprendre la logique. Les dents foutues, ça traîne des bactéries qui se mettent dans le cœur, voilà ce qu'ils m'ont dit.
Des bactéries dans le cœur, croyez-le, j'en ai depuis aussi longtemps que je taquine la bouteille et je ne sais même plus à quand ça remonte.
Forcément, ça se voit que je picole, les nervures rouge sur les pommettes, le nez framboise, les yeux aux veinules éclatées, le teint couleur presque aubergine.
Je sors du boulot et direct, je bois jusqu'à ce que la chaleur arrive dans toutes les fibres de mon corps.
Après, je ne sais plus rien parce que comme une idiote, je ne sais pas m'arrêter et je continue.
Parfois je me réveille dans le garage de l'immeuble transie de froid, j'ai laissé la porte de l'appartement entrebâillée et la truffe du chien vient réchauffer mon cou glacé du béton sur lequel je suis avachie, d'autres fois dans mon lit, sans savoir comment je l'ai atteint.
J'ai lu sur mon dossier d'anesthésie que je dois remettre au chirurgien, un mot poétique pour mon alcoolisme, parfois les docteurs font attention à ne pas choquer, c''est œnolisme. J'ai regardé sur internet et ça vient du mot vin. Le vin, je touche pas, j'aurais l'impression d'être à la rue, ce qui ne va pas tarder. Je bois des trucs forts et pas chers et en plus, c'est si dégueulasse que je mets du sirop de fraise avec.
Moitié, moitié et en trois verres je disparais de mon existence.
Le contre-maître, il m'a dit : « Picole chez toi, j'en ai rien à foutre mais si t’arrives encore une fois fracasse, c'est la porte ».
J'ai foutu le feu à la sécheuse dont j'avais la charge, elle s'est pas arrêtée automatiquement et je pionçais dans la réserve, bourrée.
La porte, je l'ai prise et je m'en contre-fiche.
Finie la blanchisserie industrielle, les cadences de merde, les draps souillés des hôtels, des hôpitaux, les nappes des restaurants. Finie de bosser dans une étuve où l'air mouillé t'étouffe. Et tu tournes sur les postes, sauf moi. Du plus crade, la réception du linge que tu tries, c'est pour ma pomme, une horreur, après t'as le poste lavage-décontamination, le séchage, le contrôle-pliage, l'ensachage et l'expédition.
Faute grave et Pôle-emploi me voici. Tu seras punie vieille pocharde et dans quatre mois, tu reviens et t'auras tes indemnités.
Entre temps, je vais me la couler douce, dans les draps propres que d'autres auront lavés, un sein en moins, une bouche aux lèvres qui rentrent en plus.
Le chien, c'est mon ex qui va le garder, on fait la garde alternée et il aime tellement ce clébard qu'il le garde quand je serai opérée.
Les enfants, je leur dis rien, l'un aux États-Unis, l'autre en Allemagne, ils ont sauvé leur peau loin de la picole des parents, ils ont bien fait. Bye les mômes.
Quelle vie de merde.
De toute façon, si j'en crève, y'aura que moi pour me regretter, ce sera une grande perte, pour moi, parce que j'aurais vraiment voulu une chouette vie.
Ça sert à rien de chougner, ce qui est fait et fait.
Je vais m'en jeter un vite fait, et croix de bois, croix de fer, si je meurs, je vais en enfer, je m'arrête dès que la chaleur enfin se répand dans mes os.
.../...
mamina- Localisation : Près de Pau, sur le chemin de St Jacques...
- Message n°90
Re: Quelques pondypotins
Quand elle est arrivée dans le service je ne savais pas si je devais prendre mon ton d'adjudant ou si je devais ravaler mes reproches, me taire et juste l'accueillir.
Ça se voyait gros comme son nez que cette femme buvait, pas bien pour nous ! les veines introuvables, les risques respiratoires, les traitements à ajuster... et puis ici c'est restriction obligatoire... est-ce-qu'elle y avait pensé ?
Sur son dossier pas d'enfant à prévenir, juste un ex ; ce ne sera pas une chambre bien animée où il faut parfois faire sortir le monde ni une chambre trop fleurie, a-t-elle même un peu de linge ? faudra que je regarde en douce dans son placard, sinon essayer de lui refiler des chemises de nuit potables.
"cancer du sein" normalement c'est pas trop grave, pris à temps, bien soigné, bon moral et un an après on en parle plus... bon, là, vu son état physique... allez, je ne sais pas pourquoi, je vais la chouchouter celle-là !
Je viendrais avec plaisir le matin pour la sortir de la moiteur de la nuit, je lui apporterais la fraicheur du dehors, l'entrain des biens-portants, le sourire pour démarrer la journée...
Elle est pas belle la vie !
Invité- Invité
- Message n°91
Re: Quelques pondypotins
Broder, mots comptés, mots en tige, mots en chausson, avec des jours à fils serrés ou à fils tirés, en relief ou au ruban, avec du coton en échevette ou de la soie, broder, quel délassement.
Super Mamina, c'est si facile d'inventer.
Invité- Invité
- Message n°92
Re: Quelques pondypotins
2
Pystil,
Parce que j'étais le cœur de leur vie, je porte ce prénom ridicule. Avec un y. A quoi songeait le factotum de la mairie quand mon père est allé me déclarer. Pas de surnom bref possible avec un prénom pareil.
La première syllabe est affreuse et lorsque j'allais à l'école, ça n'a pas été la joie.
Au lycée, plus d'une fois je fus nommée vespasienne, la gloire quoi ! Un nom d'empereur.
Le temps passant, on s'habitue mais quand on est conseillère pôle-emploi et qu'on annonce : « je suis Pystil votre agent référent », ça me coince le gosier.
Déjà, c'est quand même pas le métier que j'avais choisi. J'ai fait des études de stylisme. Pystil -styliste avec tous ces y cela sonnait soyeux.
Mais bon, c'est ainsi. Je suis conseillère pôle-emploi et de douze minutes en douze minutes je reçois les gens en recherche d'emplois.
Le recruteur a dit sentencieusement :
« Votre parcours est atypique mais si vous signez un contrat avec nous, votre créativité fera merveille. Il vous en faudra croyez-le, vous en verrez de toutes les couleurs, au propre comme au figuré. Du tire-au-flanc et au vrai qui cherche, des paumés, des qui bossent au black et perçoivent les indemnités. Radiez si nécessaire, je vous soutiendrai.
En deux mots, rigueur et créativité, au revoir mademoiselle. »
En fin de journée, j'adore retrouver mon copain. On se fait des raclettes à deux et l'amour qui nous laisse en nage dans les draps emmêlés qui font oublier.
J'en ai vu une, aujourd'hui, j'aimerai pas devenir comme elle.
Quand je me regarde, je m'aime bien. Je suis élancée et je m'habille avec les vêtements de toutes les couleurs que je crée et couds le week-end quand il pleut et que mon copain est au basket.
Depuis que je bosse à P.E. j'utilise des tissus encore plus colorés et je mêle le jaune et le vert, le rouge et le fushia. Ça met de la poésie je trouve.
Celle de ce matin, Mama mia, presqu'une clocharde. Elle s'est fait virer et malgré son histoire chuchotée, je n'ai pu que lui dire que je mettais le dossier en place et qu'elle devait attendre la réponse pour l'ouverture de ses droits par courrier.
Je peux pas porter la misère du monde, faut bien que je croûte moi aussi.
Galère pour trouver un job. J'en ai un, je le garde et tant pis si ce que je fais est souvent difficile.
On a les formations de gestion du stress, ça aide un peu quand on en prend plein la gueule.
Et c'est tous les jours que ça chauffe dans notre salle open space, discrétion mal assurée, découpée en logettes avec cloison à mi-hauteur.
Tout ça, pour dire, qu'au fond, je m'en contre-fiche, on part mon copain et moi à Bali pour la fin de l'année. Les fêtes en famille, y'en a assez.
La petite fleur de papamaman a arraché chaque pétale, son pystil est à nu, je choisis mon copain, l'étamine et la famille plus elle est loin, mieux je me porte.
Pystil,
Parce que j'étais le cœur de leur vie, je porte ce prénom ridicule. Avec un y. A quoi songeait le factotum de la mairie quand mon père est allé me déclarer. Pas de surnom bref possible avec un prénom pareil.
La première syllabe est affreuse et lorsque j'allais à l'école, ça n'a pas été la joie.
Au lycée, plus d'une fois je fus nommée vespasienne, la gloire quoi ! Un nom d'empereur.
Le temps passant, on s'habitue mais quand on est conseillère pôle-emploi et qu'on annonce : « je suis Pystil votre agent référent », ça me coince le gosier.
Déjà, c'est quand même pas le métier que j'avais choisi. J'ai fait des études de stylisme. Pystil -styliste avec tous ces y cela sonnait soyeux.
Mais bon, c'est ainsi. Je suis conseillère pôle-emploi et de douze minutes en douze minutes je reçois les gens en recherche d'emplois.
Le recruteur a dit sentencieusement :
« Votre parcours est atypique mais si vous signez un contrat avec nous, votre créativité fera merveille. Il vous en faudra croyez-le, vous en verrez de toutes les couleurs, au propre comme au figuré. Du tire-au-flanc et au vrai qui cherche, des paumés, des qui bossent au black et perçoivent les indemnités. Radiez si nécessaire, je vous soutiendrai.
En deux mots, rigueur et créativité, au revoir mademoiselle. »
En fin de journée, j'adore retrouver mon copain. On se fait des raclettes à deux et l'amour qui nous laisse en nage dans les draps emmêlés qui font oublier.
J'en ai vu une, aujourd'hui, j'aimerai pas devenir comme elle.
Quand je me regarde, je m'aime bien. Je suis élancée et je m'habille avec les vêtements de toutes les couleurs que je crée et couds le week-end quand il pleut et que mon copain est au basket.
Depuis que je bosse à P.E. j'utilise des tissus encore plus colorés et je mêle le jaune et le vert, le rouge et le fushia. Ça met de la poésie je trouve.
Celle de ce matin, Mama mia, presqu'une clocharde. Elle s'est fait virer et malgré son histoire chuchotée, je n'ai pu que lui dire que je mettais le dossier en place et qu'elle devait attendre la réponse pour l'ouverture de ses droits par courrier.
Je peux pas porter la misère du monde, faut bien que je croûte moi aussi.
Galère pour trouver un job. J'en ai un, je le garde et tant pis si ce que je fais est souvent difficile.
On a les formations de gestion du stress, ça aide un peu quand on en prend plein la gueule.
Et c'est tous les jours que ça chauffe dans notre salle open space, discrétion mal assurée, découpée en logettes avec cloison à mi-hauteur.
Tout ça, pour dire, qu'au fond, je m'en contre-fiche, on part mon copain et moi à Bali pour la fin de l'année. Les fêtes en famille, y'en a assez.
La petite fleur de papamaman a arraché chaque pétale, son pystil est à nu, je choisis mon copain, l'étamine et la famille plus elle est loin, mieux je me porte.
mamina- Localisation : Près de Pau, sur le chemin de St Jacques...
- Message n°93
Re: Quelques pondypotins
Depuis que Pystil travaille avec nous c'est comme si on avait un nouveau bouquet de fleurs fraiches tous les matins dans le bureau !
Faut dire qu'avec un prénom comme le sien elle ne pouvait avoir le genre "assistante sociale" à la retraite. Du coup c'est notre petite hippie de service, en plus toujours souriante et disponible.... je vois bien que les gens dans la salle d'attente espèrent qu'elle appellera leur n°... elle a le don d'apaiser les grincheux, de rassurer les anxieux et même l'autre jour quand un père de famille bien excité a pété les plombs à l'accueil, c'est elle qui a eu la première le courage de l'affronter... faut comprendre, plus de salaire, plus d'indemnité, on les renvoie d'un guichet à un autre, nous non plus on peut pas faire grand chose !
Notre métier devient un métier à risque ! je les trouve bien courageux tous ces petits jeunes qui deviennent conseillers mais eux non plus n'ont pas le choix.
Pour en revenir à Pystil, un amour cette fille, lucide et efficace...
Je l'inviterais bien à boire une bière en sortant du boulot, je me demande si elle a un copain ?
Faut dire qu'avec un prénom comme le sien elle ne pouvait avoir le genre "assistante sociale" à la retraite. Du coup c'est notre petite hippie de service, en plus toujours souriante et disponible.... je vois bien que les gens dans la salle d'attente espèrent qu'elle appellera leur n°... elle a le don d'apaiser les grincheux, de rassurer les anxieux et même l'autre jour quand un père de famille bien excité a pété les plombs à l'accueil, c'est elle qui a eu la première le courage de l'affronter... faut comprendre, plus de salaire, plus d'indemnité, on les renvoie d'un guichet à un autre, nous non plus on peut pas faire grand chose !
Notre métier devient un métier à risque ! je les trouve bien courageux tous ces petits jeunes qui deviennent conseillers mais eux non plus n'ont pas le choix.
Pour en revenir à Pystil, un amour cette fille, lucide et efficace...
Je l'inviterais bien à boire une bière en sortant du boulot, je me demande si elle a un copain ?
Invité- Invité
- Message n°94
Re: Quelques pondypotins
Ping-pong, badminton, tu montes au filet.
De la broderie on passe au sport.
Les femmes entrecroisées sont, on ne peut plus contentes..
De la broderie on passe au sport.
Les femmes entrecroisées sont, on ne peut plus contentes..
Invité- Invité
- Message n°95
Re: Quelques pondypotins
3
Solange
Je reviens de chez l'oncologue.
C'est une femme, je préfère.
J'ai choisi sa consultation privée cette fois, pour toutes mes questions.
J'exige qu'elle pratique une intervention conservatrice et si elle ne sait pas, j'irais chez un autre.
Sa consultation hospitalière est un scandale. J'ai attendu dans une salle d'attente qui sentait le chien mouillé et la sueur. Deux heures à parcourir quatre magazines éculés aux pages manquantes.
Deux heures sur des chaises en plastique orange qui ont fichu mon dos en capilotade toute la soirée.
Nous étions quatorze là-dedans, pas toutes pour le même chirurgien je me comprends, mais quand même, où va notre pays.
Je sentais la soie de mon chemisier qui se collait à ma peau tant il faisait chaud.
En face de moi, était assise une femme écœurante. Je sentais son haleine alcoolisée à chacune de ses expirations. Pouah ! Et quelle allure ! Elle aurait pu faire un minimum d'efforts et cirer au moins ses souliers.
Quand j'ai enfin étais reçue, j'étais d'une humeur de dogue.
- J'espère que le traiteur arrivera avant qu'Anita n'aie fini le ménage.
Ce soir Jean veut un dîner parfait, les clients en premier.
La force de l'habitude, je sais que je suis organisée...-
Je pensais à tout cela quand elle a ouvert la porte de son cabinet
Si je dois être découpée en rondelles et devenir une amazone, qu'importe. Depuis plus de vingt ans Jean s'attache à ma devanture exclusivement. C'est simple de trouver des subterfuges pour garder mon élégance naturelle.
Quand je suis dans mon bain, je regarde d'un œil distrait mes seins qui flottent comme des baudruches à la surface de l'eau chaude. Des seins inutiles que Jean ne touche plus, n'effleure plus.
Des seins inutiles en somme alors qu'importe, un de plus ou un de moins, du moment que je vive encore un peu.
Je crois que je vais demander le divorce, ça me trotte dans la tête et une belle pension en prime. Jean, fera ses dîners fins au restaurant.
Je vais aller mon chemin, seule, je crois que je le souhaite et que je suis prête vraiment maintenant.
.../...
Solange
Je reviens de chez l'oncologue.
C'est une femme, je préfère.
J'ai choisi sa consultation privée cette fois, pour toutes mes questions.
J'exige qu'elle pratique une intervention conservatrice et si elle ne sait pas, j'irais chez un autre.
Sa consultation hospitalière est un scandale. J'ai attendu dans une salle d'attente qui sentait le chien mouillé et la sueur. Deux heures à parcourir quatre magazines éculés aux pages manquantes.
Deux heures sur des chaises en plastique orange qui ont fichu mon dos en capilotade toute la soirée.
Nous étions quatorze là-dedans, pas toutes pour le même chirurgien je me comprends, mais quand même, où va notre pays.
Je sentais la soie de mon chemisier qui se collait à ma peau tant il faisait chaud.
En face de moi, était assise une femme écœurante. Je sentais son haleine alcoolisée à chacune de ses expirations. Pouah ! Et quelle allure ! Elle aurait pu faire un minimum d'efforts et cirer au moins ses souliers.
Quand j'ai enfin étais reçue, j'étais d'une humeur de dogue.
- J'espère que le traiteur arrivera avant qu'Anita n'aie fini le ménage.
Ce soir Jean veut un dîner parfait, les clients en premier.
La force de l'habitude, je sais que je suis organisée...-
Je pensais à tout cela quand elle a ouvert la porte de son cabinet
Si je dois être découpée en rondelles et devenir une amazone, qu'importe. Depuis plus de vingt ans Jean s'attache à ma devanture exclusivement. C'est simple de trouver des subterfuges pour garder mon élégance naturelle.
Quand je suis dans mon bain, je regarde d'un œil distrait mes seins qui flottent comme des baudruches à la surface de l'eau chaude. Des seins inutiles que Jean ne touche plus, n'effleure plus.
Des seins inutiles en somme alors qu'importe, un de plus ou un de moins, du moment que je vive encore un peu.
Je crois que je vais demander le divorce, ça me trotte dans la tête et une belle pension en prime. Jean, fera ses dîners fins au restaurant.
Je vais aller mon chemin, seule, je crois que je le souhaite et que je suis prête vraiment maintenant.
.../...
Invité- Invité
- Message n°96
Re: Quelques pondypotins
4
Jessica
Era et ameno à donf dans les oreilles, j'arrive au boulot. Je mets ma trotinette dans mon vestiaire,
Pointeuse, casaque et hop, à ma caisse.
Va pas me faire chier la chef, je lui balance à la tronche exactement ce qui sera sur le tapis roulant.
« 24 articles/minute, le rythme ! poulette tu veux rester en hyper ? Tu crois que t'es payé à regarder tes ongles ? ». Je déteste la voir arriver à ma caisse le nez fronçé comme si j'avais lâché un pet.
BMBJ combien de fois par jour ? faudrait un compteur.
Les étudiantes, elle aime pas la chef. C'est vrai, on baisse pas les yeux, on dit pas amen-oui-chef.
Les horaires aménagées, elle aime pas non plus.
Je fais des soirs, des fermetures, c'est quand même pas le plus cool des horaires.
Au début, les clients, je regardais leurs visages, maintenant, je regarde les articles, le tapis, la caisse et vite, vite la douchette, on avance.
Je suis souvent à la caisse 23 celle de la carte pousse. Si j'oublie de dire « Vous avez bien la carte pousse ? » paf, je me fais avoir. La cliente a tout déchargé, j'ai tout douché et je suis obligée d'héler la chef. Devant la cliente, elle la ferme mais quand je rapporte ma caisse, elle me rate pas.
Parfois, quand c'est calme et ça arrive, je lève les yeux pour regarder le paysage.
Consorayon, mon paysage quotidien. Magnifique contrée aux allées bien propres. Allée 5,6,7,8, au delà, mon regard est bloqué par les armoires de surgelés. Dans mon champ de vision, c'est soutien-gorge et petites culottes, biberons et poussettes, chaussettes et pyjamas d'hommes. De quoi rêver !
Les chariots se mettent facilement en file à la caisse 23. Il fait chaud, c'est sûrement la raison.
Un truc m'étonne quand même, pourquoi les retraités viennent-ils le samedi quand c'est bondé ?
Encore,je préfère les retraités aux jeunes mères avec leurs loupiots qui saississent toujours ce qu'il y a sur le tapis, qui glapissent d'énervement.
Aujourd'hui est passée celle qui achète toujours la même chose et qui choisit toujours ma caisse.
Deux tomates, deux tranches de jambon sans couenne, un sac de pain de mie, du fromage à tartiner st moret, une bouteille de gin et un litre de sirop fraise premier prix.
Elle vient au moins une fois par semaine, à peu près, j'en jurerai. Caisse 23.
Elle met sa carte pousse, marmonne un au-revoir, le menton et la bouche à moitié enfouis dans son col roulé, enfourne ses achats dans un sac à dos d'écolier et s'éloigne sans regarder quiconque.
De tels rituels, ça m'épate.
Maintenant quand j'ai fini, il fait nuit, je me tape vingt minutes de trotinette et une heure de métro.
Avec la zique, ça se fait. J'ai bientôt les partiels, faut que je bosse.
Faut que je cherche aussi une idée de cadeau original pour mon cousin.
J'adore le tirage au sort familial. Faut dire qu'on est vingt-cinq cousins-cousines. Un tirage pour nous, un autre pour les oncles-tantes. Je ne sais pas qui a tiré mon nom. Ce que je sais, c'est qu'on fait de telles fêtes tous ensemble qu'on se connait bien et le cadeau, il ne fait pas flop.
Budget à ne pas dépasser : 15 euros, ça va.
La fête du tirage, c'est trois semaines avant Noël. Tous les noms dans le chapeau haut de forme de l'arrière arrière grand-père, le plus jeune sort les papiers un à un.
Après, on s'fait une bouffe d'enfer qu'on arrose au beaujolais nouveau.
Et roule le temps, encore plus vite que mon tapis roulant, jusqu'à Noël.
.../...
Jessica
Era et ameno à donf dans les oreilles, j'arrive au boulot. Je mets ma trotinette dans mon vestiaire,
Pointeuse, casaque et hop, à ma caisse.
Va pas me faire chier la chef, je lui balance à la tronche exactement ce qui sera sur le tapis roulant.
« 24 articles/minute, le rythme ! poulette tu veux rester en hyper ? Tu crois que t'es payé à regarder tes ongles ? ». Je déteste la voir arriver à ma caisse le nez fronçé comme si j'avais lâché un pet.
BMBJ combien de fois par jour ? faudrait un compteur.
Les étudiantes, elle aime pas la chef. C'est vrai, on baisse pas les yeux, on dit pas amen-oui-chef.
Les horaires aménagées, elle aime pas non plus.
Je fais des soirs, des fermetures, c'est quand même pas le plus cool des horaires.
Au début, les clients, je regardais leurs visages, maintenant, je regarde les articles, le tapis, la caisse et vite, vite la douchette, on avance.
Je suis souvent à la caisse 23 celle de la carte pousse. Si j'oublie de dire « Vous avez bien la carte pousse ? » paf, je me fais avoir. La cliente a tout déchargé, j'ai tout douché et je suis obligée d'héler la chef. Devant la cliente, elle la ferme mais quand je rapporte ma caisse, elle me rate pas.
Parfois, quand c'est calme et ça arrive, je lève les yeux pour regarder le paysage.
Consorayon, mon paysage quotidien. Magnifique contrée aux allées bien propres. Allée 5,6,7,8, au delà, mon regard est bloqué par les armoires de surgelés. Dans mon champ de vision, c'est soutien-gorge et petites culottes, biberons et poussettes, chaussettes et pyjamas d'hommes. De quoi rêver !
Les chariots se mettent facilement en file à la caisse 23. Il fait chaud, c'est sûrement la raison.
Un truc m'étonne quand même, pourquoi les retraités viennent-ils le samedi quand c'est bondé ?
Encore,je préfère les retraités aux jeunes mères avec leurs loupiots qui saississent toujours ce qu'il y a sur le tapis, qui glapissent d'énervement.
Aujourd'hui est passée celle qui achète toujours la même chose et qui choisit toujours ma caisse.
Deux tomates, deux tranches de jambon sans couenne, un sac de pain de mie, du fromage à tartiner st moret, une bouteille de gin et un litre de sirop fraise premier prix.
Elle vient au moins une fois par semaine, à peu près, j'en jurerai. Caisse 23.
Elle met sa carte pousse, marmonne un au-revoir, le menton et la bouche à moitié enfouis dans son col roulé, enfourne ses achats dans un sac à dos d'écolier et s'éloigne sans regarder quiconque.
De tels rituels, ça m'épate.
Maintenant quand j'ai fini, il fait nuit, je me tape vingt minutes de trotinette et une heure de métro.
Avec la zique, ça se fait. J'ai bientôt les partiels, faut que je bosse.
Faut que je cherche aussi une idée de cadeau original pour mon cousin.
J'adore le tirage au sort familial. Faut dire qu'on est vingt-cinq cousins-cousines. Un tirage pour nous, un autre pour les oncles-tantes. Je ne sais pas qui a tiré mon nom. Ce que je sais, c'est qu'on fait de telles fêtes tous ensemble qu'on se connait bien et le cadeau, il ne fait pas flop.
Budget à ne pas dépasser : 15 euros, ça va.
La fête du tirage, c'est trois semaines avant Noël. Tous les noms dans le chapeau haut de forme de l'arrière arrière grand-père, le plus jeune sort les papiers un à un.
Après, on s'fait une bouffe d'enfer qu'on arrose au beaujolais nouveau.
Et roule le temps, encore plus vite que mon tapis roulant, jusqu'à Noël.
.../...
Invité- Invité
- Message n°97
Re: Quelques pondypotins
5
Sarah
Quand c'est mon jour hôpital, c'est toujours un jour spécial.
Je quitte les lambris de mon cabinet, mon bureau en noyer et les photos de mes enfants posées à côté de l'ordinateur.
Quand j'ai choisi cette spécialité, je ne savais pas encore que j'aimerais autant l'odeur de l'humus et des feuilles au sol broyées et noyées de pluie. Que la forêt regorgeait de champignons.
J'aurais été mycologue.
Oncologue, c'est différent.
J'aime ce que je fais, je le fais avec passion comme tout ce que j'entreprends :
la maternité et mes enfants étincellants de vie, mon compagnon, le violon, mes passions.
En consultation publique, c'est la variété des vies qui me passionne.
Femme excessive en tout, j'assume. Mes rondeurs moelleuses, s'exclame mon compagnon, pas de régime, surtout pas. J'aime mes tailleurs souples, mes foulards légers, mes châles douillets et tous les gens que je croise, qui consultent et qui attendent, tendus sur le bord de la chaise une sentence qu'ils connaissent déjà.
Comme si je portais l'espoir, lourde charge quand le désespoir emporte leur regard derrière la porte refermée. Une sorte de pouvoir qui me porte et pourtant me dérange.
Je suis rousse et mon visage est constellé de son, c'est pour cela que j'aime la musique, à cause du son.
Quand les enfants se sont endormis sur un dernier baiser, je joue du violon et la musique me soulève dans un monde peuplé de notes majestueuses. L'archet danse, le temps s'arrête comme l'on peut arrêter le temps, en le faisant frissonner.
La semaine dernière j'ai rencontré deux femmes de niveau social bien différent. Deux femmes que tout oppose et qui se ressemble. La même résignation.
Parfois, je tremble quand je songe à ma vie si pleine.
Juste, je tremble.
Petits soubresauts de joie ou d'incertitudes, je ne sais pas.
.../...
Sarah
Quand c'est mon jour hôpital, c'est toujours un jour spécial.
Je quitte les lambris de mon cabinet, mon bureau en noyer et les photos de mes enfants posées à côté de l'ordinateur.
Quand j'ai choisi cette spécialité, je ne savais pas encore que j'aimerais autant l'odeur de l'humus et des feuilles au sol broyées et noyées de pluie. Que la forêt regorgeait de champignons.
J'aurais été mycologue.
Oncologue, c'est différent.
J'aime ce que je fais, je le fais avec passion comme tout ce que j'entreprends :
la maternité et mes enfants étincellants de vie, mon compagnon, le violon, mes passions.
En consultation publique, c'est la variété des vies qui me passionne.
Femme excessive en tout, j'assume. Mes rondeurs moelleuses, s'exclame mon compagnon, pas de régime, surtout pas. J'aime mes tailleurs souples, mes foulards légers, mes châles douillets et tous les gens que je croise, qui consultent et qui attendent, tendus sur le bord de la chaise une sentence qu'ils connaissent déjà.
Comme si je portais l'espoir, lourde charge quand le désespoir emporte leur regard derrière la porte refermée. Une sorte de pouvoir qui me porte et pourtant me dérange.
Je suis rousse et mon visage est constellé de son, c'est pour cela que j'aime la musique, à cause du son.
Quand les enfants se sont endormis sur un dernier baiser, je joue du violon et la musique me soulève dans un monde peuplé de notes majestueuses. L'archet danse, le temps s'arrête comme l'on peut arrêter le temps, en le faisant frissonner.
La semaine dernière j'ai rencontré deux femmes de niveau social bien différent. Deux femmes que tout oppose et qui se ressemble. La même résignation.
Parfois, je tremble quand je songe à ma vie si pleine.
Juste, je tremble.
Petits soubresauts de joie ou d'incertitudes, je ne sais pas.
.../...
mamina- Localisation : Près de Pau, sur le chemin de St Jacques...
- Message n°98
Re: Quelques pondypotins
j'aime de plus en plus les points de suspension...
Wapiti- Admin
- Localisation : Annecy et Thonon (74) France
- Message n°99
Re: Quelques pondypotins
Moi aussi... sauf quand la suspension s'éternise.mamina a écrit:j'aime de plus en plus les points de suspension...
_________________
"Nous méritons toutes nos rencontres, elles sont accordées à notre destin et ont une signification qu'il nous appartient de déchiffrer." F. Mauriac
Solcha
- Message n°100
Re: Quelques pondypotins
tiens ça me rappelle une certaine balade automnale où là aussi la suspension...