par mamina Dim 13 Nov - 17:49
Avec l'accord de l'auteure et pour en rajouter aux Pondypotins voici un lointain souvenir :
Je suis sur mon balcon et j’observe….
Hors le fait que nul ne lève jamais la tête, (je situe la proportion des gens qui lèvent les yeux au ciel à 0,1% et uniquement si le ciel est menaçant), j’aperçois tous les cheveux qui passent sous ma fenêtre. Des tonsures librement acceptées, des tonsures soigneusement cachées par la mèche largement rabattue, pathétiquement ridicule, des tonsures comblées par des implants roussâtres, je vois aussi des racines grises des colorations trop anciennes, des fausses blondes qui oublient que vu du haut on les découvre superbement brunes et toutes les couleurs artificiellement crées par des coloristes voulant mettre de la belle humeur sur les têtes à défaut de l’intérieur de ces mêmes têtes.
Que vois-je encore, des casquettes, des bobs et autres couvre-chefs parfois maintenus par grand vent. Quelques bandanas, quelques foulards noirs bien serrés ne laissant échapper aucune mèche, parfois une calvitie totale cachée tristement par un foulard noué sur le dessus (là, j’ai envie de crier, t’inquiète, ça repousse).
Des cheveux de petits garçons, si légers, qu’ils sont tout ébouriffés, des couettes et tresses de petites filles avec leurs barrettes multicolores.
Des crânes rasés où j’entrevois des cicatrices anciennes qui font des petits traits blancs sur le cuir chevelu.
Une marée de tête vue du haut.
Je vous entends d’ici, " aucun rapport avec le voyage, comme un cheveu sur la soupe…, on va lui sucrer son post"
Et je pense .mais oui, ça m’arrive !
Je pense aux magnifiques cheveux des indiennes dévotes collectés par les temples et revendus à l’Occident pour les perruques et pour ces fameux rajouts si « tendance »
Je pense aux asiatiques qui veulent être blondes
Je pense aux africaines qui veulent des cheveux raides
Je pense aux indiens si soigneusement coiffés, la raie bien droite et le cheveu huilé.
Je pense aux fichus de nos grand-mères qu’on trouve encore parfois dans nos campagnes et aux mantilles pour aller à la messe autrefois. L’époque où sortir en cheveux c’était pour les femmes mal élevées.
Je pense aux femmes tondues à la libération.
Je pense aux morpions, aux poux et autres bêtes
Je pense aux nonnes et à leur tête rasée sous la coiffe
Et je me dis qu’il n’y a pas un seul pays au monde ou cheveux et poils n’ont aucune importance. Je crois que c’est la seule et unique partie du corps dont tous les humains se préoccupent, bien plus que les mains, les pieds, les seins, les muscles….. Les cheveux symbole de force, de séduction. Les cheveux des guerriers, la tonsure des bonzes. Et chez nous, baromètre du moral (j’vais chez le coiffeur, j’supporte plus ma tête)
C’est sacrément important la chevelure….et les poils…
Et ma pensée s’étire et je pense à nos différences physiques. Les asiatiques ne veulent plus de l’épicanthus qui font leur regard délicieusement bridé, les brésiliennes veulent des derrières hauts perchés (eh ! c’est pas très beau la fesse en goutte d’huile). En Chine on ne bande plus les pieds, en Thaïlande on étire encore les cous, en Afrique on perce le nez et partout dans le monde on cherche à être beau, toujours plus beau avec la chirurgie, avec les artifices, les crèmes, les enduits, les onguents, les pilules, etc.….On s’épile chaque poil mal venu même en vacances, y’a qu’à voir, ici, les questions existentielles sur les centres de beauté, sur les branchements électriques pour épilateur.
Et même, on ne dit plus « c’était au poil » ce n’est plus in. Le poil, c’est sale, faut le couper, le raser, le tondre, le parfumer, l’oindre. Ah les belles barbes douces, elles n’ont plus le vent en poupe… Les moustaches, ça reste viril, presque tous les moustachus se concentrent en Inde,(statistiquement, c’est là qu’il y a le plus d’hommes !), en Occident, c’est démodé la moustache..
Pfuuu, y’a pas à dire le poil est un problème. L’éliminer ou le garder ?
Comme quoi, même sur un balcon y’a matière à couper les cheveux en quatre…
Me reste le poil dans la main, mais faut de l’ art pour le planquer…l’ est mal vu…
Dom