Raymond : un éleveur de vipères dans une carrière, pour récolter leur venin et le vendre aux labos pour fabriquer des sérums ?
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Quelques pondypotins
Fabricia- Localisation : Alpes Maritimes
- Message n°126
Re: Quelques pondypotins
Bonjour Dom,
Raymond : un éleveur de vipères dans une carrière, pour récolter leur venin et le vendre aux labos pour fabriquer des sérums ?
Raymond : un éleveur de vipères dans une carrière, pour récolter leur venin et le vendre aux labos pour fabriquer des sérums ?
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Fabricia
"Le présent est un leurre puisqu'il se transforme sans cesse en passé" (selon Flora Groult)
Wapiti- Admin
- Localisation : Annecy et Thonon (74) France
- Message n°127
Re: Quelques pondypotins
équarrisseur, le Raymond ?
_________________
"Nous méritons toutes nos rencontres, elles sont accordées à notre destin et ont une signification qu'il nous appartient de déchiffrer." F. Mauriac
Invité- Invité
- Message n°128
Re: Quelques pondypotins
Choisissons une piste totalement différente !
Raymond est... Un pêcheur en carrières !
Raymond est... Un pêcheur en carrières !
Wapiti- Admin
- Localisation : Annecy et Thonon (74) France
- Message n°129
Re: Quelques pondypotins
Z'avez noté les italiques que Pondychérie nous a insérées dans la reprise de son texte-énigme ?
_________________
"Nous méritons toutes nos rencontres, elles sont accordées à notre destin et ont une signification qu'il nous appartient de déchiffrer." F. Mauriac
Invité- Invité
- Message n°130
Re: Quelques pondypotins
Wapiti a écrit:Z'avez noté les italiques que Pondychérie nous a insérées dans la reprise de son texte-énigme ?
Oui j'avais bien noté, et tout pourrait "coller" avec ma proposition de "Pêcheur en carrières"
. Une activité dont on pourrait bien envisager d'en faire un métier !
. Une fois son poisson pêché, allez hop dans la poêle bien chaude !
. Briser menu beaucoup d'espérance... Un sacrément bon pêcheur le Raymond, au point de surpasser les autres dans le nombre de ses prises !!!
Wapiti- Admin
- Localisation : Annecy et Thonon (74) France
- Message n°131
Re: Quelques pondypotins
et ils beuglent les poissons ?
_________________
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Invité- Invité
- Message n°132
Re: Quelques pondypotins
Wapiti a écrit:et ils beuglent les poissons ?
Si Albatros a bien lu (et bien tout compris !), c'est le beurre qui "beugle" dans la phrase de Pondy et la poêle de Raymond !!!
Invité- Invité
- Message n°133
Re: Quelques pondypotins
Wapiti, tu es attentive, Fabricia et Albatros z'avez déjà entendu des vipères et des poissons beugler ?
Wapata, un lien avec la cuisine existe, je n'ai pas testé mais vais le faire dès que ce peut !
Lilie, tu dis : "...Ou recolte de quelque chose non alimentaire que Raymond transforme en alimentaire." Y'a de l'idée, le mot récolte ne convient cependant pas tout à fait.
Z'êtes quand même pas veaux(terme-indice), vous allez trouver ! Et vite maintenant en joignant ce dernier mot en italique aux autres non exploités du texte.
Fabricia- Localisation : Alpes Maritimes
- Message n°134
Re: Quelques pondypotins
... Raymond = castreur de jeunes taureaux ... pour en faire des boeufs ?
Dernière édition par Fabricia le Jeu 7 Juin - 14:47, édité 1 fois
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Fabricia
"Le présent est un leurre puisqu'il se transforme sans cesse en passé" (selon Flora Groult)
Solcha
- Message n°135
Re: Quelques pondypotins
Wapiti a écrit:Z'avez noté les italiques que Pondychérie nous a insérées dans la reprise de son texte-énigme ?
Oui, c'est pour cela que j'écartais la thèse trop facile du carrier...
Par contre, il y a ce morceau là qui m'interroge
mais n'a pas été mis en italique"son métier l'a fait manger à sa faim et empêche maintenant sa fin."
Fabricia a peut-être raison...
Invité- Invité
- Message n°136
Re: Quelques pondypotins
C'est pô juste Pondy !
Tu nous a un peu entrainé vers une fausse piste avec ton histoire de carrière...
Que tout le monde au début, pensait être de pierres !!!
A présent, je rejoins l'avis de Fabricia !
Tu nous a un peu entrainé vers une fausse piste avec ton histoire de carrière...
Que tout le monde au début, pensait être de pierres !!!
A présent, je rejoins l'avis de Fabricia !
Wapiti- Admin
- Localisation : Annecy et Thonon (74) France
- Message n°137
Re: Quelques pondypotins
Je pense que tu as vu juste, Fabricia.Fabricia a écrit:... Raymond = castreur de jeunes taureaux ... pour en faire des boeufs ?
Et les coucougnettes de veau en tranches fines dans une poêle bien chaude avec du beurre jaune qui grésille, ça doit être quelque chose, en effet !
_________________
"Nous méritons toutes nos rencontres, elles sont accordées à notre destin et ont une signification qu'il nous appartient de déchiffrer." F. Mauriac
Solcha
- Message n°138
Re: Quelques pondypotins
Wapiti a écrit:
Et les coucougnettes de veau en tranches fines dans une poêle bien chaude avec du beurre jaune qui grésille, ça doit être quelque chose, en effet !
"son métier l'a fait manger à sa faim et empêche maintenant sa fin."
Ca y est j'ai compris!!! sa fin/faim!!!
Bravo Fabricia et Wapiti!
Skyrgamur- Localisation : Normandie
- Message n°140
Re: Quelques pondypotins
Croque-morts ?
_________________
Skyrgamur, le lutin Islandais
Invité- Invité
- Message n°141
Re: Quelques pondypotins
@ Lahaut : plombier ? Parce que c'est affaire de tuyauterie ?
@ Skyrgamur : Croque-mort ? Ah non, le métier dont je parle m'étais inconnu alors ...
Fabricia, tu as trouvé et ce n'est pas limité aux bovins.
La vraie terminologie qui n'a plus cours de nos jours est : châtreur et Raymond était châtreur-hongreur. . Ils étaient au XVe et XVIe siècle les ancêtres de nos vétérinaires par leurs connaissances parfaites des animaux.
La technique de maintenant, si elle est dispensée avec, a minima, une anesthésie locale n'a pas changé parce que les gens veulent manger de la viande maigre. Parait que quand l'anesthésie s'estompe,l'animal "douille" encore quelques jours.
Des bons steacks, du gigot tendre, du chapon (coq castré), de la poularde (poulet castré) etc...
En équitation, un hongre est plus facile à mener qu'un cheval entier et re-etc...
Quoiqu'il en soit bravo aux trouveurs.
Et si vous voulez l'histoire de la vie professionnelle de Raymond en français, (je traduirai le morvandiau), elle est vraiment inusitée. Nos campagnes étaient peuplées de gens rudes et chaleureux (maintenant encore d'ailleurs) et des cojones presque chaque jour au repas, personnellement je n'aurais pas pu !
@ Skyrgamur : Croque-mort ? Ah non, le métier dont je parle m'étais inconnu alors ...
Fabricia, tu as trouvé et ce n'est pas limité aux bovins.
La vraie terminologie qui n'a plus cours de nos jours est : châtreur et Raymond était châtreur-hongreur. . Ils étaient au XVe et XVIe siècle les ancêtres de nos vétérinaires par leurs connaissances parfaites des animaux.
La technique de maintenant, si elle est dispensée avec, a minima, une anesthésie locale n'a pas changé parce que les gens veulent manger de la viande maigre. Parait que quand l'anesthésie s'estompe,l'animal "douille" encore quelques jours.
Des bons steacks, du gigot tendre, du chapon (coq castré), de la poularde (poulet castré) etc...
En équitation, un hongre est plus facile à mener qu'un cheval entier et re-etc...
Quoiqu'il en soit bravo aux trouveurs.
Et si vous voulez l'histoire de la vie professionnelle de Raymond en français, (je traduirai le morvandiau), elle est vraiment inusitée. Nos campagnes étaient peuplées de gens rudes et chaleureux (maintenant encore d'ailleurs) et des cojones presque chaque jour au repas, personnellement je n'aurais pas pu !
fabizan- Localisation : Sainte Enimie Lozère
- Message n°142
Re: Quelques pondypotins
pondy a écrit:
des cojones presque chaque jour au repas, personnellement je n'aurais pas pu !
ça dépend où on prend ses repas !
Si la mairesse veut me censurer............
_________________
Fabienne
Wapiti- Admin
- Localisation : Annecy et Thonon (74) France
- Message n°143
Re: Quelques pondypotins
Non ! non ! Je ne l'aurais peut-être pas formulé ainsi, mais si tu ne m'avais pas devancée, c'est moi qui l'aurais avancée cette idée !fabizan a écrit:Si la mairesse veut me censurer............
_________________
"Nous méritons toutes nos rencontres, elles sont accordées à notre destin et ont une signification qu'il nous appartient de déchiffrer." F. Mauriac
Invité- Invité
- Message n°144
Re: Quelques pondypotins
Oulala, j'ai eu du mal à retrouver cette rubrique empoussiérée !
Elle s'appelle Michèle. Pas vraiment très âgée, un petit soixante dix ans. C'est pas beaucoup.
Elle marche avec un déambulateur et ses deux jambes ne sont pas à la même hauteur. Elle porte des lunettes qui lui font un regard de hibou..
Elle a vécu à l'hospice devenu maison de retraite.
Quand je la croise, elle tend son bras et sa main qui enserre mon poignet a de la poigne. Impossible de se dégager sans tirer au risque de la faire basculer. Alors, je n'ai plus qu'à patienter et à décrypter ses crachotements. Parce qu'elle parle en crachotant Michèle. Des petites postillons qui giclent joyeusement sur mon bras.
Aujourd'hui, j'ai du temps et je m'assois, du coup, elle lâche mon poignet.
« C'est vrai qu'on peut pas se marier quand on sait pas lire et écrire ? » me dit -elle
« Ah non, tout le monde peut se marier »
Michèle est très amoureuse de Mr J. qui lui n'en veut pas.
« Il m'a dit ça Patrick (l'amoureux) et moi je sais pas lire et écrire »
Devant ma surprise elle rajoute.
« Mes parents, ils buvaient tous les deux dès le matin. Et moi, je vivais, l'été et aussi l'hiver dans la grange et j'allais pas à l'école. Dans le village, tout le monde savait et personne disait rien parce que mon père c'était l'ami du maire.
Et pis un jour avec le manche de la fourche, ma mère, elle m'a cassé les deux jambes.
Et j'avais tellement mal que j'ai pas pu bouger de la grange. Je sais même pas combien de temps je suis restée dans la paille.
On m'a emmené à l'hôpital, peut-être des voisins, je sais plus et j'ai plus jamais vu mes parents.
On m'a mis à l'assistance et là non plus j'ai pas appris à lire et à écrire »
« Vous voulez que je vous apprenne ? »
Aïe, mais qu'est-ce que je propose, dans quel bazar vais-je me lancer. Mon esprit mouline à mille à l'heure.
« C'est vrai vous voulez faire ça ? Les gens y vont dire, Michèle, elle est intelligente ».
Elle est radieuse. Je vois les postillons en cascade qui étincellent dans les rayons du soleil qui illuminent la pièce.
"Promis la semaine prochaine j'apporte un cahier et un livre." (allo chez ma fille institutrice, biensûr Môman tu peux, va sur ce site super, tu trouveras tout »
La semaine suivante, munie d'un beau stylo, de feuilles me voilà vers Michèle.
Ses yeux sont tout embués d'émotion.
On s'assoit toute les deux à la table. Michèle tourne et retourne le beau stylo doré que je lui ai trouvé.
Elle le caresse.
Elle tripote les feuilles. Sur la première des M rouge et des dessins où elle devra entourer ceux où elle entend le son M
« Je crois que je pourrais pas apprendre, il faut que je vois le docteur pour mes yeux, je vois trouble »
Je tente :
« Et là, c'est quoi ce dessin » (un mouton)
« Je vois pas si c'est une chèvre ou un mouton, voyez bien, je vois pas, il faut que vous me preniez un rendez-vous.
Son regard est paniqué, vraiment paniqué.
D'accord, on s'arrête là pour aujourd'hui.
Intense soulagement de Michèle.
« Je peux garder le stylo ? »
…
Dans sa chambre, sur sa commode j'ai vu le stylo disposé artistement dans une boîte en bois garni de velours aux côtés d'une gomme rose et d'un collier de perle de culture.
Elle est fière Michèle de posséder les instruments du savoir.
Elle s'appelle Michèle. Pas vraiment très âgée, un petit soixante dix ans. C'est pas beaucoup.
Elle marche avec un déambulateur et ses deux jambes ne sont pas à la même hauteur. Elle porte des lunettes qui lui font un regard de hibou..
Elle a vécu à l'hospice devenu maison de retraite.
Quand je la croise, elle tend son bras et sa main qui enserre mon poignet a de la poigne. Impossible de se dégager sans tirer au risque de la faire basculer. Alors, je n'ai plus qu'à patienter et à décrypter ses crachotements. Parce qu'elle parle en crachotant Michèle. Des petites postillons qui giclent joyeusement sur mon bras.
Aujourd'hui, j'ai du temps et je m'assois, du coup, elle lâche mon poignet.
« C'est vrai qu'on peut pas se marier quand on sait pas lire et écrire ? » me dit -elle
« Ah non, tout le monde peut se marier »
Michèle est très amoureuse de Mr J. qui lui n'en veut pas.
« Il m'a dit ça Patrick (l'amoureux) et moi je sais pas lire et écrire »
Devant ma surprise elle rajoute.
« Mes parents, ils buvaient tous les deux dès le matin. Et moi, je vivais, l'été et aussi l'hiver dans la grange et j'allais pas à l'école. Dans le village, tout le monde savait et personne disait rien parce que mon père c'était l'ami du maire.
Et pis un jour avec le manche de la fourche, ma mère, elle m'a cassé les deux jambes.
Et j'avais tellement mal que j'ai pas pu bouger de la grange. Je sais même pas combien de temps je suis restée dans la paille.
On m'a emmené à l'hôpital, peut-être des voisins, je sais plus et j'ai plus jamais vu mes parents.
On m'a mis à l'assistance et là non plus j'ai pas appris à lire et à écrire »
« Vous voulez que je vous apprenne ? »
Aïe, mais qu'est-ce que je propose, dans quel bazar vais-je me lancer. Mon esprit mouline à mille à l'heure.
« C'est vrai vous voulez faire ça ? Les gens y vont dire, Michèle, elle est intelligente ».
Elle est radieuse. Je vois les postillons en cascade qui étincellent dans les rayons du soleil qui illuminent la pièce.
"Promis la semaine prochaine j'apporte un cahier et un livre." (allo chez ma fille institutrice, biensûr Môman tu peux, va sur ce site super, tu trouveras tout »
La semaine suivante, munie d'un beau stylo, de feuilles me voilà vers Michèle.
Ses yeux sont tout embués d'émotion.
On s'assoit toute les deux à la table. Michèle tourne et retourne le beau stylo doré que je lui ai trouvé.
Elle le caresse.
Elle tripote les feuilles. Sur la première des M rouge et des dessins où elle devra entourer ceux où elle entend le son M
« Je crois que je pourrais pas apprendre, il faut que je vois le docteur pour mes yeux, je vois trouble »
Je tente :
« Et là, c'est quoi ce dessin » (un mouton)
« Je vois pas si c'est une chèvre ou un mouton, voyez bien, je vois pas, il faut que vous me preniez un rendez-vous.
Son regard est paniqué, vraiment paniqué.
D'accord, on s'arrête là pour aujourd'hui.
Intense soulagement de Michèle.
« Je peux garder le stylo ? »
…
Dans sa chambre, sur sa commode j'ai vu le stylo disposé artistement dans une boîte en bois garni de velours aux côtés d'une gomme rose et d'un collier de perle de culture.
Elle est fière Michèle de posséder les instruments du savoir.
Solcha
- Message n°145
Re: Quelques pondypotins
pondy a écrit:Oulala, j'ai eu du mal à retrouver cette rubrique empoussiérée !
Ah, mais quel bonheur de la retrouver, cette rubrique-là!
Wapiti- Admin
- Localisation : Annecy et Thonon (74) France
- Message n°147
Re: Quelques pondypotins
+ 1 !Solcha a écrit:Ah, mais quel bonheur de la retrouver, cette rubrique-là!pondy a écrit:Oulala, j'ai eu du mal à retrouver cette rubrique empoussiérée !
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mamina- Localisation : Près de Pau, sur le chemin de St Jacques...
- Message n°148
Re: Quelques pondypotins
Invité- Invité
- Message n°149
Re: Quelques pondypotins
Lui, c'est Monsieur R., prénom Gérard. Pas facile à porter un prénom pareil. Quand on étire la dernière syllabe, comme ça, Géraaaard, qu'on rajoute un accent circonflexe sur le dernier a, ça fait comme un haut le cœur.
Le prénom qui préside au destin, à coup sûr.
Il est arrivé hier, directement de l'hôpital, sans passer par la case maison. Le scénario le plus horrifiant pour les vieux. Les assistantes sociales sont d'une efficacité redoutable quand il s'agit du bien-être et de la sécurité des gens...
Gérard est bien en peine ce soir. Il essaie maladroitement de nouer un lacet à sa chaussure.
Faut dire qu'il a pété une durite il y a quelques semaines et que malgré ses presque deux mètres il est malhabile comme un nouveau-né.
Ses cheveux sont une brosse blanche très drue et il porte une épaisse moustache blanche constellée de miettes de gâteau de noix servi en dessert.
Entre parenthèse (quelle idée de donner du gâteau de noix à une armée de dents branlantes et de dentiers mal ajustés, fermer la parenthèse).
Gérard lui, a une dentition parfaite. Des grosses dents, bien plantées, épaisses, bien alignées et bien jaune. Elles semblent encore plus jaune sous la blancheur de la moustache.
Bref, je m'agenouille pour lui donner le coup de main salvateur.
Je le connais très peu mais ce n'est pas une raison pour ne pas aider son prochain. Que je suis bonne quand même.
« Vous êtes gaucher Monsieur R. ? »
« Mais oui, comme le savez-vous ? »
« Il vous manque trois doigts à la main droite, et même sûrement que vous étiez soit bûcheron, soit menuisier »
« C'est bien petite, j'étais menuisier ébéniste et je faisais des tables de nuit, des lits et des armoires »
« C'est un beau métier, vous étiez à votre compte ? »
« Non, du tout, j'avais un patron »
Il souffle, quelques miettes s'éparpillent.
« Vous vous sentez bien ici ? »
« ohh, ici ou ailleurs.. »
« Peut-être que vos enfants vont venir vous voir ? »
« J'ai pas d'enfants »
Arrêt sur image
« Alors des neveux ou des nièces ? »
« Je suis fils unique »
Deuxième arrêt sur image
« C'est bien aussi d'avoir été fils unique, vous avez pu être choyé. »
« Ca oui, maman était une femme très bien et papa m'a appris mon métier, il était aussi ébéniste.
D'ailleurs, elle était si formidable que j'ai jamais trouvé de femme à la hauteur.
Les femmes, vous savez, c'est la plaie, toujours à gémir, à se plaindre, à vouloir tout et son contraire
Je suis resté garçon. »
« Heureux célibataire alors, c'est le principal ! »
« Non, jamais heureux, merci pour le lacet, bonsoir »
Carrément la mire.
Invité- Invité
- Message n°150
Re: Quelques pondypotins
Lui, c'est Blaise c'est son prénom et Pascal ce n'est pas son nom.
D'ailleurs il s'appelle Blaise, pour tout le monde.
Blaise est un petit homme, ancien ouvrier agricole comme beaucoup ici, il est courbé d'avoir trop fauché, sans doute.
C'est un petit homme et un monument du pays.
Il a 98 ans et reçoit des multitudes de visites. Les gens apportent des oranges, souvent, très souvent, comme on le faisait dans les prisons autrefois. Ca ressemble un peu à l'univers carcéral tous ces vieux dans leur chambre.
Blaise a des problèmes intestinaux et les oranges, c'est le personnel qui n'apprécie pas, on comprend.
Blaise a aussi une dyspnée d'emphysémateux, ça lui fait un souffle qui siffle et roucoule en grasseyant.
Blaise fume et le pouce et l'index sont devenus jaune foncé avec des cals brûlés.
Et Blaise fait du stop sur le chemin du bourg.
Personne ne prend Blaise et chacun dit, j'ai vu Blaise qui tendait le pouce.
Alors Blaise marche tout courbé vers l'épicerie pour acheter le chocolat qu'on lui interdit à cause du diabète.
Parfois il s'arrête au bistrot et on lui offre un coup à boire. Parfois Blaise tombe dans une trace. La trace, c'est la haie ici et elle amortit sa chute.
Toujours il se relève Blaise et tend le pouce pour rentrer.
Les voitures passent, les gens klaxonnent, personne ne s'arrête.
Je me suis arrêtée et Blaise au souffle court s'est installé.
Je me suis garée devant l'épicerie et Blaise est descendu.
Le siège passager se souvient encore que Blaise s'est oublié. C'est bon les oranges. Blaise n'est pas Pascal et il ignore la théorie des probabilités.
Moi aussi.
Je ne m'arrête plus.