par Wapiti Mer 25 Nov - 21:47
Durant la longue attente à l’aéroport, il repense à sa nouvelle vie d’espionné en lutte contre les « forces lutines » avec son ami lutin…
C’est d’abord dans un bar à concerts rocks, noir de monde et très bruyant, qu’ils avaient pris l’habitude de se rencontrer en cachette. C’est là que le « plan » avait été abordé, amorcé la première fois. Quoi de mieux qu’un espace sombre, surpeuplé, où il est difficile de s’entendre à deux même en se criant à l’oreille, pour masquer une rencontre et une conversation des plus sérieuses et secrètes ? « Élémentaire, mon cher Lutin », souriait-il en repensant à cette idée toute lutine… de Pullö, forcément.
Il en avait eu plein d’autres d’idées aussi élémentaires et excellentes, le lutin.
Comme le code mis en place pour se parler au téléphone, ou comme l’idée de louer, sous un faux nom et par l’intermédiaire d’un ami sur lequel ils pouvaient compter, un petit studio où ils pourraient tous deux discuter plus calmement, faire les recherches nécessaires et mettre au point le plan. Chacun avait une clé qu’il ne quittait jamais, précieusement conservée en pendentif autour du cou dans ce qui ressemblait à un talisman banal à têtes de gémeaux que Pullö leur avait achetés avant même le complot de cette année, simplement en clin d’œil à leur forte ressemblance et nouvelle amitié. L’immeuble était stratégiquement bien placé, dans un quartier très fréquenté où il était difficile de surveiller les allers et venues, et avec deux entrées par deux rues différentes ; ainsi chacun arrivait-il par un côté différent, aucune chance pour quiconque de savoir qu’ils étaient tous deux là, ensemble.
C’est encore Pullö qui avait trouvé une solution pour faire venir les affaires « sensibles » du faux-lutin dans cet antre protégé : Lahaut avait feint de jeter ces objets devenus théoriquement inutiles puisque officiellement sa quête de Noël était terminée, et le gros carton qui se révélerait très utile, dans une benne à ordures que le lutin magicien avait su, grâce à quelques complicités secrètes et non lutines, faire disparaitre, faisant réapparaitre le contenu dans le studio. Cela, Lahaut n’avait toujours pas compris comment cela s’était fait, mais Pullö lui avait expressément demandé de ne pas chercher à savoir, pour sa propre sécurité. C’est que le métier de « magicien » qu’annonçait son ami jumeau semblait bien mystérieux et flirtant avec l’illégalité… Lahaut avait donc accepté de faire taire sa curiosité obsessionnelle lorsque le lutin le lui demandait : il ne voulait pas se retrouver confronté à la pègre ou aux « forces du mal » qui sévissent dans le bas monde des hommes, pas plus que les services secrets français dont il préférait croire Pullö membre… Les « forces lutines » lui suffisaient amplement !