Le Village du Peuple Etrange Voyageur

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    "Jusqu'au bout..." - Ile de Pâques & Colombie (2009/2010)

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    Message par Lilie Ven 13 Mar - 21:32

    Quelques photos de Bogota, pour la Majorité Singulière...

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    Message par Lilie Mar 17 Mar - 21:45

    18 novembre 2009
    Neiva


    - Mes plans foireux -
     
     
    Voici comment je voyage: sur place, je regarde une carte du pays. Dans ce cas precis, depuis Bogota, je sais que je veux descendre a San Agustin dont on m’a parle. Sur la carte, je regarde si entre ces deux points il y a quelque chose d’interessant. Je vois “Desierto de la Tatacoa”, a peu pres a mi-chemin entre les deux. Tiens, me dis-je, un desert par la, c’est bizarre, j’irais bien y faire un tour! Petit tour a l’office de tourisme pour savoir comment m’y rendre et si ca vaut le coup. Puis rapide recherche sur le net pour completer le tout. Effectivement, sur internet, c’a l’air chouette et en plus on me dit comment m’y rendre depuis Bogota: bus jusqu’a Neiva (environs cinq heures), puis autre bus jusqu’a Villavieja (quarante cinq minutes), et de la apparemment moto-taxi (quinze minutes) jusqu’au desert. Parait qu’on peut y camper, mais je n’en sais pas plus. Ca, c’etait hier.
     
    Ce matin, apres une demi-heure a chercher un distributeur qui fonctionne ou  qui accepte ma carte europeenne, je me rend la ou les nenettes de l’office de tourisme m’avait indique le spot pour prendre le bus jusqu’au terminal de bus. Il s’avere que les bus pour le terminal ne s’arretent pas la mais 800 metres plus loin... C’est assez pour ce debut de journee, je lache l’affaire et grimpe dans un taxi. Au moins, c’est super facile une fois au terminal, les infos de l’office de tourisme etaient justes, j’ai meme fait baisser un peu le prix du ticket (faut pas se leurer, j’ai quand meme du payer plus cher que les Colombiens). Quarante cinq minutes plus tard, le mini van part.
     
    Trajet sans encombre, les paysages defilent, les camions, les vaches indiennes bossues et sans cornes, les tracteurs aux remorques pleines de gens aussi. Je me sens enfin dans ce second voyage!
    La pause de quinze minutes me permet de discuter avec le chauffeur quand il s’enfile sa soupe, son porc et son riz. Me confirme ce que je pensais, que le desert de la Tatacoa n’est pas tres touristique, mais que c’est “bonito”. D’autres hommes du van se joignent a la conversation et appuyent les dires du chauffeur (une Francaise, et toute seule par ici, j’ai un peu l’impression d’etre la bete de foire). J’en profite pour lui demander s’il y a des trucs interessants entre le desert et San Agustin. Me parle d’eaux thermales et d’un volcan actif. Je note, ca peut servir. Il me ditque je devrais pouvoir rejoindre Villavieja aujourd’hui-meme, sans probleme.
     
    Je rigolais interieurement quand une fois au terminal de Neiva, avec mes deux sacs, je transpirais en faisant des allers-retours pour trouver ce fichu bus ou colectivo pour Villavieja! Oui, puisque chaque personne a qui je demandais m’assurait que je trouverais mon bonheur dans la direction par laquelle j’arrivais. Au bout de quinze minutes, un gentil monsieur d’une agence, comprenant a mon grand sourire desarme que c’etait bien marrant la visite du terminal de bus de Neiva mais que je souhaitais quand meme me rendre a Neiva, est sorti de son comptoir pour ne venir en aide. Bon, avec lui aussi on fait un petit tour de labyrinthe, mais en moins de cinq minutes il me trouve les taxis colectifs qui partent pour Villavieja. Sauf qu’ils ne partent pas avant demain matin, ou alors ce soir pour moi toute seule, mais je vais payer bonbon. Mon bon samaritain, d’un regard appuye me dit:
     
    - Demain, c’est mieux.
     
    Je le remercie et il repart a ses fonctions. Les chauffeurs de taxi me disent de revenir demain a 6h. Il n’y a pas d’heure de depart, ils partent quand ils sont pleins. Ah oui, c’est vrai, j’avais oublie ce principe.
     
    Bon, ben me reste plus qu’a trouver un endroit ou dormir par ici. 




    (...)


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    Message par Lilie Jeu 19 Mar - 21:52

    Pfff... Il creve de chaud ici, je transpire comme pas possible! Mon pauvre petit corps ne doit encore pas apprecier comment je le maltraite ces derniers jours: du climat humide polynesien aux 32 degres ultra secs de Santiago, a l’humidite de Bogota et a ses nuits froides a 2700 metres d’altitude. Et de la, le voici dans un desert et apparemment a nouveau tres bas en altitude! Pauvre petit corps! Il lui faut donc un endroit pour se reposer cette nuit. Toujours dans le terminal, j’apercois la police touristique; je vais y tenter ma chance pour des infos sur un logement. Le gars ne sait pas trop, et d’un seul coup une loupiotte s’eclaire dans ses billes noires. Il sort de sous une pile de trucs, une feuille au papier jaunit. Dessus, des noms et numeros de telephone. Comme je lui ai demande quelque chose de proche du terminal, il m’indique l’Hostel del Terminal, apparemment juste au coin de la rue.
    Effectivement, 300 metres plus bas j’apercois une sorte d’hangard douteux mais a la belle enseigne clinquante “Hospedaje del Terminal”. Je vois un hotel plus loin sur la droite. J’hesite. La fleme, je vais au plus proche, et a ce qu’on m’a indique. Je rentre par le grand portail en taule, ouvert sur la rue. C’est ni plus ni moins qu’un garage avec une camionette a l’interieure et un petit bureau sur la gauche. Je demande un lit pour la nuit. 20 000 pesos avec ventilateurs, 30 000 avec air conditionne. Comme j’hesite, la nana m’emmene voir une chambre a 20 000. Ah... y a pas de fenetre, je suis pas fan de ce genre de chambre. Encore, des fois y a un vieux Velux au plafond, mais la, c’est juste un vieux mirroir tout pique qu’il y a au plafond. Bizarre me dis-je. J’opte donc pour une chambre a 30 000. Je paye et elle m’emmene a l’etage. La chambre qu’elle veut me donner est fermee, elle frappe, refrappe. En attendant que ca ouvre, j’apercois par la porte ouverte de la chambre obscure d’en face, des cannettes de coca par-terre, et des papiers. La nana, toujours en attendant que ca ouvre, me dit que la chambre qu’elle veut me donner aurait du etre nettoyee pourtant. La porte s’ouvre enfin. Je ne vois que la tete du mec torse-nu puisqu’il se cache derriere la porte, dans le noir de la piece. S’en suit une breve discussion dont je ne comprends rien, mais en gros ca devait donner ca:
     
    - Tu devrais etre parti, t’as depasse l’heure!
    - Non, non, je vais rester encore un peu plus.
    - Ok, mais tu paieras le temps supplementaire.
     
    Ennuyee, elle m’emmene sur la chambre d’a cote, porte grande ouverte. Les vieux dessins de femmes nues dans le couloir et dans des positions plus que significatives achevent enfin de confirmer dans ma tete le dessein de cette hospedaje: un endroit ou on paye a l’heure, pour tirer son coup. Pratique habituelle en Amerique du Sud, notemment pour les jeunes qui vivent encore chez leur parents, ou les relations extra-conjuguales aussi je pense.


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    Message par Lilie Lun 23 Mar - 21:52

    J’ai donc l’air conditionne dans la chambre, qui tient je ne sais comment dans l’emplacement imparfait qu’on lui a troue dans le mur qui donne sur la rue. J’ai aussi un grand dessin d’une belle pulpeuse qui devoile tous ses charmes a gauche de mon lit. Une salle de bain sommaire sur la droite, une tele qui fonctionne et avec plein de chaines en couleur, une grande fenetre qui fait toute la largeur de la piece, face a mon lit, et grace a laquelle j’entend tout ce qui se passe dehors. Et par dessus tout, j’ai meme une serviette de bain et des draps propres! Le luxe pour un hotel de passe!
     
    Demain, je sens que je vais passer la journee pour me rendre a Villavieja... A moins que ca me gonfle, ou que je ne le sente pas, et que je file tout droit pour San Agustin. C’est pas la premiere fois que je me retrouve dans des situations comme ca, mais au final, ca se goupille toujours bien et en general il se passe quelque chose qui me fait comprendre pourquoi je rame un peu. Ca reste de la petite galere de rien du tout, faut juste savoir etre patiente et surtout, avoir un bon sens de l’humour!
     

    PS une fois douchee: Je me demande s’il est utile de preciser que le maigre filet d’eau qui sortait du tuyau de douche etait froid, puisque de toute maniere, avec la chaleur qu’il fait par ici, il faudrait etre fou pour vouloir de l’eau chaude!

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    Message par Lilie Mar 24 Mar - 20:23

    20 novembre 2009
    San Agustin



    Apres ma nuit a l'hotel de passe de Neiva, je me suis reveillee naturellement aux aurores ce qui m'a permis de n'avoir qu'une heure d'attente dans le colectivo avant qu'il ait ses six passagers et qu'il parte pour Villavieja.

    Apres avoir negocie un taxi pour m'emmener jusqu'aux portes du desert de la Tatacoa, j'ai laisse mon sac en garde au poste de police. C'est vachement bien d’etre une nana toute seule en voyage, ces messieurs ne vous refusent jamais rien! Je ne voulais pas m’emmerder de mon trente-trois litres, si l’envie me prenait de rentrer a pied. Donc j’ai pris le necessaire et suis partie avec mon petit sac a dos. J’avais l’intention de dormir dans le desert puisqu’il paraissait qu’on y voyait les etoiles comme nul
    le part ailleurs. Le probleme, c’est qu’il etait 9h30 du matin quand je suis arrivee, et la chaleur etait deja insupportable. J’ai essaye de m’aventurer a pied dans le mini canyon au milieu des formations rocheuses errosees et des cactus, mais j’ai rapidement rebrousse chemin. Je sentais que mon corps ne voulait pas faire plus d’efforts que ceux que je lui avais fait subir les precedents jours en matiere de changements climatiques et autres.

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    J’etais donc tranquillement posee a l’ombre, sur un banc, lorsqu’une famille colombienne et leur guide local sont arrives. Nous avions seulement echanges quelques mots, suffisemment pour eux pour savoir que j’etais une touriste francaise, lorsqu’ils m’ont invitee a me joindre a eux. Ils avaient leur voiture et etaient accompagnes d’un guide pour un tour de ce semi-desert. J’ai donc embarque avec eux pendant deux heures, deux heures durant lesquelles le pere, Fernando, me demandait ouvertement si j’etais interessee par son fils trentenaire ici present; deux heures durant lesquelles Abel, leur guide d’une soixante-dizaine d’annees flirtait avec moi a chaque occasion, sans jamais arreter de me lancer des fleurs et me demandant si je voulais rester dans le desert avec lui. Ah! Ah! Fernando, Marta, et Alejandro leur fils m’ont deposee a l’entree du desert, la ou je devais dormir, m’invitant a passer chez eux si je passe par la Zona cafetera, la ou ils habitent.
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    J’ai mange une soupe maison dans la casa de l’observatoire des etoiles, et puis apres j’ai passe l’apres-midi a immiter les locaux, assise dans une chaise a discuter avec eux, a l’ombre du patio bien sur. Les trois enfants se sont inventes mes coiffeurs... c’est dingue comme quand on est mome, on peut s’occuper de rien du tout!

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    Message par geob Jeu 26 Mar - 16:16


    Doux Jésus !!! timide Ai-je bien lu? Tu as dormi dans un hôtel de passe? diablotin
    Remarque, c'est l'endroit le plus sûr pour laisser ses affaires dans la chambre ! En effet, il y a de grandes chances que le propriétaire ne veut surtout pas que la police vienne y mettre ses pattes ! Ainsi, nous l'avons expérimenté avec un ami dans des hôtels chinois en Malaisie - vu comment sont considérés les chinois en Malaisie, ils ont intérêt à se tenir à carreau !
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    Message par Lilie Jeu 26 Mar - 20:39

    Pas vraiment un hôtel de passe au sens où tu l'entends, bien qu'il peut accueillir des prostitués, mais un hôtel qui a pour unique vocation d'accueillir les amants officieux pour une heure ou quelques unes, de jour comme de nuit. 

    En Argentine, ces hôtels-la s'appellent les "telos" mais ils ont un concept bien particulier, et sont plus confortables et glamour... http://www.gringoinbuenosaires.com/telo-time-buenos-aires-sex-hotels-revealed/

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    Message par Lilie Jeu 26 Mar - 20:49

    Nuit sous tente, et moi qui m’attendait a avoir super froid, ben c’est a cause de la chaleur insoutenable qu’il m’a fallu quelques heures pour m’endormir a meme le sol de la tente et en sous-vetements, sans meme supporter le petit matelas en tissus!
     
    J’ai bien aime cette experience du desert, pour ses gens plus que pour le desert lui-meme. Et je me suis justement dit que le desert, bah c’etait pas mon truc.
     

    De retour a Villavieja ce matin, j’y serai bien restee quelques jours mais j’etais a court de tunes et rien pour retirer de l’argent ici. Ca m’a fait chier, parce que c’est le genre de pueblo tranquille ou j’aime bien trainer quelques jours: aller a l’ecole par exemple, ou parler aux petits artisans. En plus, ils font du vin de cactus ici! J’aurais bien voulu savoir comment il faisait ca, et pis gouter aussi parce que le cactus c’est quand meme super amer. Au final, j’ai tout juste eu le temps d’enfiler mon tinto et mes deux empanadas de viandes et de riz, que mon colectivo etait pret a me ramener a Neiva.

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    Une fois au terminal de Neiva, j’ai embarque dans un de ces mini-bus, direction San Agustin. La, le mec qui collecte l’argent des passagers a passe les trois-quarts du trajet a me draguer. Sont bien “rentre dedans” les Colombiens il me semble! A vingt ans ou a soixante-dix, ils sont pareils, maries ou non! Manquent un peu d’originalite cependant... Par exemple, tous les mecs avec qui j’ai parle, peres de famille ou non, il m’ont tous demande si j’aimais les Colombiens (les mecs bien sur). Et le “t’as de beaux yeux”, c’est limite s’il ne suit pas systematiquement le “hola!” de la gente masculine! J’avais dit que les Italiens etaient des rigolos a cote des Argentins en matiere de drague. Je crois que je peux m’avancer et releguer les Argentins a la place de rigolos a cote d’ici! Meme les nanas elles le disent, que les hommes dans ce pays, ce sont des chauds (“calientes”, litteralement)! Et j’ai pu le constater tout le long du trajet bien sur puisque mon galant draguait aussi la nana d’a cote, bien qu’elle eusse ete avec ses trois momes.
     
    Rumba, meringue et salsa a fond les manettes sur la tele du mini-bus, voici qu’Oscar, de son prenom, m’invite a danser dans l’allee du bus! J’aurais dit oui pour le fun si nous n’avions pas ete sur une route defoncee toute en serpent, ou simplement se tenir debout plus de trentes secondes tenait du miracle. Assise au fond du bus, j’etais donc l’attraction de la rangee du fond et des quatre sieges de devant. Dans la bonne humeur, ces cinq heures passerent aussi vite que Superman dans les rues de Metropolis.
     
    Et me voici maintenant a San Agustin, a nouveau dans les montagnes, dans les Andes. J’avais le sourire grandissant et incontrolable au fur et a mesure que nous montions dans la Cordillere, et je me disais que oui, apres le passage du desert (et non la traversee), les Andes, c’est bien la ou je devais etre.
     
    San Agustin, hypra touristique. Meme dans un petit resto tranquille, un guide est venu me faire chier pendant que je mangeais pour vendre ses services. Je ne sais pas si je vais m’eterniser ici donc. Mais San Agustin, je voulais vraiment m’y rendre parce qu’il y a des statues mysterieuses, pre-hispaniques, dont on ne connait pas grand chose. Et il parait que tous les alentours sont chouettes. Alors je vais voir... En tout cas, il y a un super marche! Une fois le logement trouve, c’est la premiere chose que j’ai cherche. J’y ai achete plein de fruits, des grenades, des mangues, des raisins, et un autre truc que je ne connaissais pas. J’ai parle tout un moment avec Lusario la marchande. Ah! Enfin je retrouve un marche! La, il fermait, mais demain Samedi, elle m’a dit qu’il y aurait plein de monde! Si les rues pleines de rabateurs pour agences de voyage ne me plaisent pas, c’est peut-etre la, au marche, que je trouverai refuge.

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    Pour l’instant, je suis bien fatiguee et a meme pas 19h30, je songe a eteindre la lumiere... A moins que je picore quelques raisins du marche en lisant quelques pages de Gabriel Garcia Marquez...



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    Message par geob Ven 27 Mar - 15:20

    Les hôtels que tu indiques ne sont pas une spécialité argentine, c'est assez répandu dans le monde :

    http://kotaku.com/inside-japans-pleasure-hotels-892099090


    Dans un hôtel chinois de Georgetown, sur l'île de Penang, nous avons rencontré une famille de l'île Maurice : des gens extraordinaires, charmants, et qui parlaient tous remarquablement le français ; ils arrivaient de Singapour et vadrouillaient pendant trois mois en Asie ; leurs deux enfants, une fille de 10 ans et un garçon de 14 ans s'amusaient beaucoup de ce curieux lieu ; le père ingénieur et la mère professeur de français leur ont expliqué ce qui se passait et personne n'était traumatisé, et puis, comme nous, c'est le seul hôtel qu'ils avaient trouvé car tous ceux indiqués par les guides étaient "full" !!!

    ps : il y a une superbe lumière dans la plupart de tes photos la star !
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    Message par Lilie Ven 27 Mar - 21:51

    je pensais que c'était une spécialité sud-américaine... au Japon aussi? C'est marrant, je me fais l'idée d'une société plutôt monogame et fidèle... c'est comme partout en fait... La nature est plus forte que tout! 

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    Message par Lilie Ven 27 Mar - 21:59

    5 decembre 2009
     
    - Ils voudraient leur dire –
     
     
    Hier, j’avais choisi de m’offrir une ballade a cheval pour la journee. C’est le jeune Jonar, qui du haut de ses seize ans fut mon guide, ou plutot accompagnateur, car il n’avait encore pas les connaissances de son pere, guide, qui ce jour la n’etait pas disponible.
     
    Sur le chemin du retour, encore loin de San Agustin, il me demande si ca me dit de m’arreter voir la finca [petite propriete fermiere] de sa tante sur notre route, avant d’aller nous baigner au ruisseau. Toujours curieuse de voir tout ce que je ne connais pas, et surtout de renconter les gens dans leur univers, j’accepte.

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    Une femme est en train d’installer le sapin de Noel sous le patio. C’est Nuri, debut de trentaine peut-etre, mere de trois filles qui s’afferent autour d’elle entre un Pere-Noel et quelques anges. Son mari me salue tout en continuant de tailler a la machette un socle en bois pour le sapin artificiel. Il me demande mon nom, qu’il n’aime pas me dit-il. Eclat de rire general.
     
    -  Ah! Si ca ne te plait pas, ca ne te plait pas! Mais c’est mon nom, je ne l’ai pas choisi, c’est comme ca!, je lui repond en me marrant.
     
    Il s’appelle Wilson, des yeux bleus gris plus que rares par ici. Ils me disent qu’ils vont se baigner au ruisseau eux aussi, me proposent de venir avec eux. Je regarde Jonar, lui demande si c’est ok. Pas de probleme pour lui. C’est une bonne heure et demi plus tard que nous  nous sommes mis en route. Entre temps, j’ai regarde les filles se chamailler et jouer avec les deux chiots. Les eclats de rire entre parents et enfants, cette bonne humeur, cette jovialite naturelle, ont comble sans peine cette heure et demi.
     
    Les chiens de Wilson sont des chiens pour la chasse. Je lui dis que nous avons la meme race utilisee en France pour la chasse.
     
    - Ton papa chasse?
    - Non, mais j’ai un oncle chasseur, il a la meme race que toi.
     
    Il me demandait ce qu’on chassait dans mon pays, moi je lui disais que chez nous il y avait des quotas, des reglementations, une saison pour la chasse, et qu’on ne pouvait pas chasser tous les jours de la semaine.
     
    - Ici, tu peux chasser ce que tu veux, toute l’annee, tous les jours.
     

    Fierement, apres avoir envoye l’une de ses filles la chercher, il me mit sa carabine dans les mains. Euh... une arme a feu dans les mains, c’est pas trop mon truc! Mais j’ai essaye de transformer mon malaise en curiosite. Et puis surtout, j’ai compris que cette arme de chasse etait une grande fierte pour lui, parce qu’effectivement, elle etait “belle”, avec des gravures, et qu’elle avait du representer beaucoup d’economies pour lui, et qu’il devait en prendre soin. Trois minutes dans mes mains ont suffi a ce que je ne la vois plus comme une arme de chasse, mais comme un objet de grande valeur pour l’homme que j’avais face a moi.

    Nuri participait a la conversation tout en continuant la mise en place de son sapin, mais c’etait toujours Wilson qui me posait  les questions: ce que faisait mes parents, quelle etait la capitale de mon pays, si j’avais des enfants, ou je vivais, quel etait mon travail, la nourriture typique de mon pays. Moi, je me lancais dans le maximum de details, tout en essayant de faire simple dans mes reponses. Par exemple, je lui disait qu’en France, la nourriture typique c’etait le fromage. Et qu’on dit qu’en France, il y a un fromage different par jour de l’annee. Qu’ici, on trouve seulement quelques types de fromages de vache, et un type de fromage de chevre. Qu’en France, il y en a beaucoup plus. Mais ici, la specialite c’est le cafe, la canne a sucre, les fruits. En France, on n’a pas tout ca, mais notre specialite a nous, c’est le fromage... et le vin.
    J’ai pas mal parle pendant cette heure et demi, c’est vrai, mais j’ai aussi passe pas mal de temps a observer, comme souvent.

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    Message par Lilie Sam 28 Mar - 15:47

    On se met finalement tous en marche pour le rio [riviere]. En partant, on passe devant un hangard ouvert, avec des sortes de cuves en metal, une machine, des tables en faience. L’odeur me rappelle quelque chose, vaguement, mais je n’arrive pas a savoir quoi. Je demande a Wilson a quoi ca sert tout ca.
     
    - C’est ici qu’on fait la panela.
    - Ahah! Tu fais de la panela?! Et c’est fait avec quoi? C’est la premiere fois que je vois comment c’est fabrique...
    - Avec la canne a sucre. On la passe dans la machine la-bas, et apres, ca passe dans tous les differents bacs ici. Hier, on etait a en faire.
    - Mais cette odeur, ca me rappelle quelque chose... Il y a de la fermentation, non?
    - Si, claro!
    - Ah! C’est pour ca! Quand mon pere fait du vin, il y a aussi de la fermentation, c’est un peu la meme odeur qu’ici.
     
    CQFD...

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    Pour redescendre au rio, il faut traverser leur finca. D’abord entre les hauts plants de canne a sucre. C’est la premiere fois que je marche a travers une plantation de canne a sucre je leur dis. Nuri et Jonair devant moi se marrent. Moi, je sais pas pourquoi, je me prend pour Tom Sawyer a ce moment la. Ensuite, ce sont les plantations de cafes, de yukas et d’autres plantes a tubercules, d’haricots aussi que l’on traverse. 

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    On arrive finalement au ruisseau... Et a la cascade! Ah!...
     
    On a passe un bon moment a se baigner, dans la bonne humeur et la fraicheur de ce lieu enchanteur. Nuri m’avait prete un short pour que je me baigne, et j’ai garde mes vetement pour ce qui est du haut puisqu’avec la chaleur et le soleil, ca secherait rapidement.

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    De retour a la finca, un couple d’anciens etait la. Je les salue. On me dit que ce sont les parents de Wilson. Wilson qui a herite des yeux de son pere, aux yeux encore plus transparents je crois. Lui aussi me pose beaucoup de questions sur mon pays, sa femme assise a ses cotes sur le muret, discrete mais attentive.
     
    Traits communs a tous les Colombiens a qui j’ai parle jusqu’a present, il semble tres implique a me parler de son beau pays autre que les mauvaises choses dont on en dit. Je lui confirme que oui, dans mon pays, la Colombie a mauvaise reputation... surtout maintenant apres “Ingrid”. Comme tous, il en vient a me dire la meme chose:
     
    - Mais Ingrid, elle a cherche les problemes, c’est une politicienne, elle est allee volontairement dans les zones de guerilla. C’est sa faute.
     

    Je suis bien d’accord je lui dis... Trois autres personnes sont arrivees depuis notre retour du rio, et sans forcement insister, en entendant la conversation, eux aussi ajoutent leur grain de cafe en me disant que la Colombie c’est bien plus que ca, que les guerillas elles sont loin, seulement dans certains coins du pays, et que les gens d’ici sont des gens tres gentils et ouverts.

    On allait reprendre la selle avec Jonar quand Nuri nous a propose de prendre un cafe. L’aprem’ est deja bien avance, mais Jonar me dit que c’est bon. Une bonne demi-heure plus tard, on nous appelle.  On s’assoit dans la sombre cuisine, eclairee par le jour de la porte ouverte simplement, le poele a bois dans un coin, les cochons d’inde dans un autre. Tiens, me dis-je, je ne savais pas qu’on mangeait les cochons d’Inde ici en Colombie. Le Perou est connu pour ca, la Colombie, je l’apprend seulement maintenant! Nuri nous serre un bon cafe, avec des arepas super bonnes! Je lui demande comment elle fait pour les faire si bonnes parce que les miennes sont degueulasses en comparaison. Elle me dit qu’elle va en faire d’autres justement. Pendant qu’elle  me donne sa recette, sa belle-mere, de dehors, l’interrompt et lui lance:
     
    - Non! Pour une livre de farine de mais, c’est une demi livre de surcre, pas une livre!
     
    Nuri, en se marrant, me chuchotte:
     
    - Moi j’aime bien quand c’est bien sucre, je n’aime pas les siennes, elles n’ont pas assez de gout...
     

    Sa belle-mere entre dans la cuisine, et me confirme que c’est bien une demi livre de sucre et non une entiere pour une livre de farine pour ce type d’arepas. Nuri ne repond pas et me lance discretement un regard complice en se pincant les levres souriantes. Je me dis a ce moment la que toutes les belles-meres du monde sont les memes, et je me marre interieurement.



    (...)

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    Message par Lilie Dim 29 Mar - 20:23

    Tout ca, c’etait hier.
     
    Ce midi apres mon tour au marche ou Dieber, tete familiere depuis mon premiere jour a San Agustin, est venu me taper la causette, je suis remontee vers “mi casa”. En chemin, j’ai fait un petit detour par l’atelier-boutique de cuir, ou j’ai achete mes sandales il y a deux jours. J’adore les artisans, le travail manuel. Une certaine admiration pour ces gens qui peuvent faire tant de choses, avec precision, grace a leurs mains, alors que pour moi depuis toujours, mes mains sont plutot un fardeau qu’un outil, incapable d’en tirer quoique ce soit de joli, ou tout simplement, d’utile! A cet homme, dont l’avant de l’atelier sert de boutique ou il expose ses chaussures, chapeaux, selles, sacs et sacoches, ceintures et tout autre objet en cuir, je lui avais demande si je  pouvais revenir un autre jour, un peu, pour voir comment il travaille. Aujourd’hui quand je suis passee le voir, il etait a coller des semelles en caoutchouc pour des bottes.

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    Il s’appelle Isidor, et j’ai passe un bon moment a l’embeter et a lui poser tout un tas de questions: de la provenance de son cuir a demander si ce sac c’etait pour les carabines (“non, c’est pour un saxophone en bambou”...), du prix du cuir a combien de temps il faut pour transformer un peau en cuir (reponse: un mois). Je lui ai dit que si j’etais un homme, je lui aurai achete un de ses chapeaux. Que dans mon pays, les hommes ne portent pas de chapeau (il s’etonne). Et que je ne peux meme pas lui en acheter un pour mon pere, parce qu’il n’aime pas les chapeaux et qu’il ne le porterait pas. Je pense par contre lui acheter ces chaussures typiques, tout en cuir de vachette tresse, et qui semblent confortables tout en laissant respirer le pied... et ca, je crois que mon pere va adorer!
     
    En sortant de sa boutique, j’apercois les parents de Wilson de l’autre cote de la rue. Je traverse pour les saluer, ils me demandent ce que j’etais a faire. Je leur dis que j’etais a regarder comment on travaille le cuir dans la boutique, parce qu’en France, on n’a pas de choses comme ca, et aussi parce que j’aime bien le travail des  mains, artisanal. Eux, ils sortent du restaurant. El Fogon.
     
    - Ah! El Fogon! J’aime bien, ils font comme de la nourriture faite maison, c’est bon!
     
    Et puis, elle, m’invite a venir voir les orchidees chez eux. C’est vrai qu’hier, quand j’admirais les belles fleurs de Nuri, je lui demandais si elle avait des orchidees. Elle non, me repondit Nuri,  mais, en designant sa belle-mere a cote, elle, elle en a de jolies dans sa maison. A cette reponse, j’avais ajoute que j’aimais beaucoup les orchidees et que ma maman aussi, et que je savais que la Colombie etait le pays de cette jolie fleur (plus de trois mille especes il parait!), mais que je n’en n’avais pas encore vues. C’est sans doute en se souvenant de ces paroles que la mere de Wilson m’a invitee a les suivre chez eux pour me montrer ses orchidees.
     
    Ils habitent au coin de la rue, une jolie maison ouverte sur un patio arriere, comme partout ici. Et la, ce fut un grand “Ouah!” d’admiration. Quatre magnifiques potees d’orchidees violettes et blanches, abondantes, enormes, magnifiques, sont suspendues face a moi! Ah! Et il y en a d’autres dans le L du patio! Ce qui m’impressionne, plus que que l’abondance des fleurs, c’est leur taille! Toutes celles que j’avais pues voir en Europe etaient au moins deux a trois fois plus petites. Je les ai photographiees, pour les montrer a ma mere je leur disais, et ils m’ont ensuite invitee a m’asseoir sur l’un des fauteuils rouges, face a eux.
    On a continue a parler de nos pays respectifs. De mes fromages qui puent les pieds (ca les faisait marrer) mais tres bons, des gens tristes de mon pays qui ne comprennent pas la chance qu’ils ont de vivre en France, que oui on a plus d’argent en France qu’en Colombie, mais que meme si on a besoin d’argent pour vivre, l’argent ne fait pas tout; qu’ici les gens en ont moins mais sont plus heureux. Je leur disais qu’ici, c’etait vivant, dans la rue, dans les boutiques, les gens se parlent. Qu’ils savent encore quelles sont les choses importantes de la vie. Que dans mon pays, les gens ont peur de leur voisin, de leur prochain.



    (...)

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    Message par Lilie Jeu 2 Avr - 23:48

    - Tu leur diras, quand tu rentreras la-bas, comment c’est ici, hein? Dis leur que la guerilla, elle est loin, elle est seulement dans certains endroits, mais que les Colombiens, la majorite des gens de notre pays, ce sont des gens gentils et ouverts et qui offrent toujours. Dis leur que c’est different ce qu’ils voient a la tele la-bas et comment c’est ici en vrai.
     
    Oui, j’ai bien envie de leur dire, et c’est aussi pour ca que je voulais venir en Colombie. Pour voir de moi-meme, leur ai-je dit, et que jusqu’a present, j’aime beaucoup l’hospitalite et la gentillesse des Colombiens, qui sont des gens tres ouverts et sinceres. Que oui, je sais qu’il y a la guerilla pour la cocaine et le reste, mais que je comprends bien que dans le reste du pays, c’est un pays chevere, beau dans ses paysages comme dans ses gens.
     
    Je ne peux pas partir sans un tinto qu’ils me disent. Ah! Il y a de la panela dedans pour sucrer, trop bon!
     
    - Voila! me dit-elle, comme cadeau pour tes parents, ramene-leur du café de Colombie et de la panela!
    - Ah! Bonne idee, lui dis-je, la panela, ils ne connaissent pas!
     
    La question qu’on me pose presque toujours arrive.
     
    - Tu veux revenir en Colombie? Tu reviendras quand?
     
    Cette question, dans aucun autre pays on me l’a posee aussi systematiquement. Cette envie qu’ils ont de faire partager leur magnifique pays et de changer cette mauvaise reputation, on m’en avait parle. Mais j’avais du mal a la concevoir. Jour apres jour, je la comprends maintenant davantage.
    Pendant le café, j’en ai profite pour leur montrer les photos que j’avais prises hier, de leur fils et petites filles, durant la baignade, car je n’avais plus de batteries pour leur montrer hier. J’ai vu a leurs yeux qu’ils etaient tres contents de voir ces photos, et leur ai dit que j’allais essayer de trouver un endroit ici pour leur imprimer.
    Ils m’ont dit de revenir quand je voulais, et ils ont bien insiste sur ca.
     
    Je suis maintenant de retour a ma posada [logement chez le particulier] et tout en grifonant ces mots, je me dis que oui, il ne faut pas se voiler la face, que la Colombie est en etat de guerre. Mais que cette guerilla est bien delimitee et que sur ses 40 millions d’habitants que comptent ce pays, je serais surprise si plus d’un quart de million y etait implique. Que oui, il y a des deplaces qui ont perdu terre et maison a cause de cette saloperie. Mais je me dis surtout que la Colombie, c’est presque 40 millions d’habitants qui n’ont rien a voir avec narcotrafiquants et pouvoirs politiques internationaux, que c’est presque 40 millions de personnes dont la majorite est sincerment bonne, ouverte et genereuse, et que si dans mon pays soit disant developpe les gens se comportaient juste un semblant de la maniere dont les colombiens agissent et vivent entre eux, et bien il se vendrait certainement plus un seul anti-depresseur, et que cette “insecurite” permanente propre a mon pays se dissiperait bien vite.
     
    Les Colombiens ont en eux ce que nos televisions ne nous montrent jamais. Ils ont en eux ce que notre argent n’achetera jamais, ce que nos ecrans plasmas, nos monospaces, nos grandes surfaces ne remplaceront jamais. Ils ont encore en eux le sens des relations humaines, le souci de l’autre, sincere, et la joie de vivre.
     
    Ceci, ce n’est pas seulement la conclusion des mots et actes de Baudelino et Rosalba assis dans leurs fauteuils face a moi aujourd’hui. C’est ce que je tire de tous les Colombiens que j’ai rencontrés depuis maintenant trois semaines, que ce soit a Bogota pourtant, ou ici.
     
    J’ai en tete les paroles de Francis Cabrel, Il faudra leur dire, qui m’accompagnent maintenant.
     
    “Si c'est vrai qu'il y a des gens qui s'aiment
    Si les enfants sont tous les mêmes
    Alors il faudra leur dire
    C'est comme des parfums qu'on respire
    Juste un regard facile à faire
    Un peu plus
    D'amour que d'ordinaire.”

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    Message par geob Ven 3 Avr - 5:02


    "Les Colombiens ont en eux ce que nos televisions ne nous montrent jamais. Ils ont en eux ce que notre argent n’achetera jamais, ce que nos ecrans plasmas, nos monospaces, nos grandes surfaces ne remplaceront jamais. Ils ont encore en eux le sens des relations humaines, le souci de l’autre, sincere, et la joie de vivre."

    top là.


    Mais quand le niveau de vie montera jusqu'à notre modèle occidental, on pourra constater que les Colombiens sont des êtres humains comme tout le monde, à savoir qu'ils deviendront individualistes, consuméristes, et que la solidarité de la structure familiale en prendra un sacré coup. Enfin, je suppose, en tout cas je n'ai pas une vision optimiste du devenir de l'être humain incapable de comprendre que c'est ce nouveau capitalisme qui lui fait accroire que seul l'individu s'en sortira au détriment du collectif.

    Juste un petit reproche, un bien gentil petit reproche... tu n'aurais pas dû terminer avec les paroles de Francis Cabrel, assez gnangan, alors que ton texte montre une grande maturité !!!
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    Message par Lilie Ven 3 Avr - 22:06

    ah ben ouai, t'as raison, mais je n'avais qu'une chose en tête ce jour là "ils voudraient leur dire"... et du coup, j'ai eu ce titre et refrain en tête toute la journée, même si le contenu ne colle pas vraiment...

    Et pis à 27/28 ans, heureusement qu'on fait preuve de maturité!  langue

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    Message par Lilie Ven 3 Avr - 22:08

    7 decembre 2009
    San Agustin
     
    - Pied de Nez -
     
     
    J’avais pris ma decision il y a quelques jours, une semaine peut-etre. Je me voyais deja passer Noel au soleil pour la premiere fois de ma vie et le 31 dans les rues enflammees de Cali. Je me voyais deja revenir en Europe sans le sous fin janvier. Me restait simplement a joindre Iberia, pour reculer mon billet retour d’un mois.
     
    Et c’est Iberia qui a brise ce qui pour moi etait deja acquis.
    Une clause a la con qui m’oblige a utiliser mon billet retour au plus tard deux mois apres ma date de depart. La señorita a l’autre bout du fil ce matin me l’a dit: ma date de depart sur le billet aller, c’etait le 29 octobre, et au plus tard, je peux utiliser mon billet retour jusqu’au 28 decembre. Janvier, ce n’est pas possible.
    J’ai beau eu dire que mon vol aller c’etait Dublin-Santiago via Madrid, et que ca fait seulement trois semaines que je suis en Colombie, que mon visa m’autorise a rester dans le pays pendant quatre-vingt dix jours, la pauvre nenette au bout du bigophone s’evertuait a me repeter la meme chose, que la date de mon billet retour ne peut exceder les deux mois a partir de la date de depart, et qu’un retour en janvier est donc impossible.
     
    Iberia, ca pue!
     
    J’en avais gros sur le coeur quand j’ai raccroche, et c’est les yeux pleins de larmes que j’ai paye la communication au monsieur derriere le comptoir
     
    - Bueno? [C’est bon?] Il me demande, puisqu’il savait que ca faisait plusieurs fois que je tentais de joindre le numero d’Iberia (Iberia, ca pue vraiment!). Je lui repond:
     
    - Bueno, si. Mais ils ne peuvent pas changer mon billet retour, donc je dois bientot rentrer dans mon pays, alors que je voulais rester plus longtemps dans le tiens...
     
    Et comme je n’ai jamais cru au loto, je n’ai jamais joue, et mon compte en banque n’a meme pas trois zeros, impossible donc de m’acheter un nouveau billet pour rentrer en Europe sans utiliser mon actuel vol retour.
     
    Ce voyage n’est encore pas fini, mais je crois bien que je vais rentrer en Europe avec un gout d’inacheve. Il me semblait pourtant que j’avais des choses a apprendre ici a San Agustin. Pour ca que je comptais y rester jusqu’au 20 de ce mois environs; et ensuite, si j’avais pu reculer mon billet d’un mois, il m’aurait reste autant de temps pour me ballader un peu dans le pays. Maintenant, il me reste juste deux semaines. Et comme je n’ai rien vu de ce joli pays, j’ai quand meme envie de bouger un peu. Apres l’appel de ce matin a Iberia, je pensais partir de “San A.” d’ici trois jours. Mais nouveau pied de nez, j’ai mis des photos a developper pour les donner a quelques personnes d’ici, et je ne les aurai pas avant dans trois jours. Donc je “perd” encore un jour pour voir ailleurs. Ce matin encore, avant “l’annonce”, ca ne m’aurait pas deranger. Maintenant que je n’ai plus le temps, j’ai l’impression que ma mission ici a San A. s’est arretee, que je n’ai plus rien  a y apprendre et que rester ici, c’est perdre mon temps.
     
    (...). J’en ai gros sur le coeur au moment ou j’ecris. Je n’ai pas envie de rentrer en Europe deja, je ne suis pas prete. J’ai encore deux semaines pour m’y preparer, d’ici la les choses peuvent changer.
     

    Petit pied de nez de la Vie qui me force a rentrer prematurement au bercail. Il y a sans doute une raison pour ca, a ce jour je ne la comprends pas. Le temps me le dira, sans doute.



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    Message par Lilie Dim 5 Avr - 1:01

    8 decembre 2009
     
    - Quand les lumieres s’eteignent –
     
     
    Apres le coup de massue d’hier, quand la nuit fut tombee me vint le besoin urgent de sortir, de faire la fete, de danser, de m’amuser, d’oublier.
     
    Ca tombait bien, hier soir c’etait jour de fete a San A., “el dia de las velas” [le jour des bougies], et aujourd’hui c’est ferie. Alors les airs de meringue qui couraient a fond dans les rues du pueblo sont venus me chercher a ma posada, d’ou depuis ses hauteurs, je commencais a me tremousser. Un premier tour, infructueux quelque part, puisque je n’ai rencontre personne que je connaissais pour continuer la fete. C’est une biere a la main que je me suis donc assise un moment, sur la plaza de l’eglise, a regarder les rues pleines de monde, enfants, ados ou vieillards, ces musiques festives a fond pour les accompagner au grand air dans une ambiance populaire. Apres une bonne heure dans le pueblo entre sirotage de biere sur la place et ballade dans les rues, coups d’oeil dans les bars a la recherche de tetes familieres, je suis revenue a ma posada, sur ma faim. Heureusement, Hilel etait la, sur le point de ressortir lui aussi. Le temps qu’il se reprenne deux ou trois lignes, et on decole.
     
    Trentenaire israelien un peu paume, a la recherche de lui-meme, il “prend” selon lui pas mal en ce moment car ca l’aide a se vider la tete de ses soucis. Soit. Il fait ce qu’il veut, mais son humeur fetarde etait tout ce qu’il me fallait hier soir. Une premiere boite, pleine de jeunes couples locaux, et mon paradis musical sur la piste: salsa et meringue seulement, avec ragaton aussi bien sur, que je n’aime pas mais peux supporter dans ce genre d’ambiance. On a tout juste entame la premiere biere qu’un mec vient m’inviter a danser. Il ne me lacha plus jusqu’a la fin de la deuxieme biere... Pauvre Hilel passa son temps a fumer dehors, puisque, si j’avais la chance de voir deux tables de celibataires masculins, toutes les demoiselles, elles, etaient accompagnees. Et Hilel etait officiellement en mission ce soir, chose qu’il me declara avant de sortir:
     
    - J’ai dormi tout seul hier soir. Ce soir, faut que je trouve une fille puisque je ne crois pas que c’est avec toi que j’aurai du sexe.
     
    Eh! Oh! J’ai pense a ce moment la, j’ai peut-etre une vie de semi-none en ce moment ici a San A., c’est pas pour autant que mes hormones sont endormies! Et je te trouve pas mal par dessus le marche... Attend que je me reveille!
     
    On finissait donc notre seconde biere quand on a profite d’un tour aux toilettes de mon prof de danse (trop alcolise pour se souvenir de mon prenom) pour filer en douce. Des connaissances d’Hilel nous attendaient dans une autre boite 200 metres plus loin.
    Ambiance differente, bien bonde de monde, touristes et Colombiens. Ca alterne salsa, Manu Chau, meringue, Bob Marley, ragaton, James Brown, ... Un bon mix pour tout fetard dansant. Y a du beau mec, je me tremousse toujours hors du rythme sur la piste, avec la souplesse d’R2-D2, comme d’hab. Bah oui, j’ai pas le sens du rythme, c’est mon malheur, la grande desolation de ma vie! Ici en Colombie, c’est enervant de les voir tous enchainer n’importe quel type de danse avec le rythme parfait! Meme tous les mecs, sans exception, savent danser, ce qui pour moi est une nouveaute car je n’ai jamais vu une telle homogeneite dans le sens du rythme que peuvent avoir les gens d’un pays. Ce n’est pas ce qui m’empeche de continuer a me dehancher entre toute cette sensualite, entre deux bieres qui merde-alors-ne-me-saoulent-defintivement-plus, puisque le ridicule ne tue pas il parait.
     
    Mes yeux se sont arretes sur un beau Colombien, connaissance d’Hilel, des mon arrivee au Teritorio Libre, mais ce n’est que vers la fin qu’il est venu me chercher pour continuer a danser dehors, cote rue. Les hormones en ebulition mais pas pour autant en mode chasse, je rejoins mon beau latino dans la rue. Ahahah! Un coffre ouvert, les bytes d’un Pioneer a fond, ca salsa, ca ragatone, ca rumba dans la rue, sous la legere pluie, avec une bonne trentaine de personnes transformant la rue en piste de danse, pres de la voiture-dj garee a la sortie du bar. J’adore! Je m’eclate! Le beau mec s’appelle Rafa, et c’est certainement l’un des plus agen de tous les fetards parmi lesquels je danse sous la flotte. Quelques uns sont bien “high” sous coke, d’autres defonces de melanges coke-joints-alcool ou autre. Le ragaton aidant, Rafa et moi devenont intimes.
     
    3h, la zic du bar s’arrete. Tout le monde sort et on continue la teuf pres de la voiture toujours presente.
     

    4h, les lampadaires s’eteignent, nuit noire. Les groupes ne se dispersent pas pour autant, ca continue a parler, trois ou quatre irreductibles toujours a danser pres du coffre qui joue toujours des rythmes colombiens a tue-tete. Hilel, sur la redescente, est maintenant suffisemment lucide pour me conter ses mauvaises rencontres a l’instant au coin de la rue, lorsqu’il s’en est alle acheter des clopes avec Rafa. Du coup, lorsque plus tard Rafa et moi voulons nous eclipser pour aller acheter une bouteille de rhum, Hilel s’y oppose (en vain), concerne par ma securite, en grand gentleman.



    (...)

    Lilie
    geob
    geob


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    Message par geob Lun 6 Avr - 4:45

    Un carnet de voyage très caliente !!!  diablotin
    Et dire que Lahaut ne veut que des résumés ! Il rate des phrases détonantes !!!


    Eh! Oh! J’ai pense a ce moment la, j’ai peut-etre une vie de semi-none en ce moment ici a San A., c’est pas pour autant que mes hormones sont endormies! Et je te trouve pas mal par dessus le marche... Attend que je me reveille!


    Doux Jésus ! surpris

    ...
    Les hormones en ebulition mais pas pour autant en mode chasse,


    J'adore !!!!  rire bravo
    Lilie
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    Message par Lilie Mer 8 Avr - 21:10

    La tienda [boutique] ouverte 24h/24h est a quelques cuadras, eloignee de la ou les fetards sont regroupes. Effectivement, nous faisons quelques rencontres douteuses. Aucune menace directe, aucune agression physique. Mais je sens que ca pourrait devier tres rapidement et que si tout se passe bien, c’est par la simple attitude de Rafa. Un sang froid et une assurance qui me bluffent, moi qui suis etrangere a ces situations d’intimidation.
    On croise un groupe de trois, quatre mecs. L’un d’entre eux fait demi-tour, nous demande d’ou on vient. Rafa, d’un grand calme repond qu’il est d’ici, de San Agustin. Il ne lache pas des yeux son interlocuteur qui s’est maintenant rapproche pour etre a une cinquantaine de centimetres de son visage. Son accent de Bogota doit le trahir, le mec face a lui lui repond:
     
    - Tu mens, t’es pas d’ici!
    - Si je suis d’ici. Je m’appelle Rafa, et toi? Fait-il en lui tendant une main assuree et en soutenant un regard franc.
     
    Une deuxieme fois la meme replique de la part du mec, Rafa toujours aussi imperturbable, repetant ce qu’il venait de dire lui aussi une deuxieme fois. Sur ce, de maniere toute aussi inattendue que lorsqu’il fit demi-tour pour nous accoster, le mec continua sa route. Nous aussi, tranquilement.
     
    Quand je lui fais part de ma surprise de ce genre de situation dans un petit blede comme San A., Rafa me repond:
     
    - C’est la Colombie. Si tu leur montres que t’as peur, c’est fichu. Tu ne peux pas avoir peur ici, tu ne peux pas fuir, sinon tu fuis tout le temps. Des mecs comme ca, ils ne peuvent pas gagner, parce que sinon a chaque fois qu’ils me verront, ils sauront qu’ils sont plus forts que moi et ils viendront toujours me chercher. Si t’as peur, c’est foutu pour toi.
     
    Le temps de siroter quelques shots de rhum sur la meme plaza ou quelques heures plus tot j’enfilais ma biere en solo, et de nouveau je constate la realite des nuits obscures d’ici.
    La nana a qui je parle est completement defoncee. Il est 4h30, elle me dit qu’elle doit etre debout dans quarante cinq minutes pour aller travailler. Son mec est dans une parano que je ne comprends pas bien. Un autre mec a cote s’enfile un Nieme rail, ses yeux laissant maintenant percevoir une folie impredictible. Si je n’avais pas eu un pote tres agen de Rafa a mes cotes, je ne serais meme pas restee deux secondes parmi eux. Rafa, lui, a embarque la bouteille de rhum pour la “partager” avec un autre groupe de potes plus loin, vrais potes a ce que je comprends. Finalement il revient, et lui, son pote sobre et moi prenons le chemin de la casa de Rafa, a environs 500 metres de la, vers les champs, a la sortie du village. Une fois dans la securite de sa maison, quelques shots de rhum supplementaires ne reussirent toujours pas a me saouler, mais la nuit suivit son cours jusqu’au matin.
     
    Je relis maintenant ces mots, et je me dis que cette nuit vue de l’exterieur, ca peut faire peur. Je me dis que si mes parents, ma famille, ou mes amis, qui ne connaissent pas ce continent, ni la vadrouille, lisaient ca, ils me prendraient pour une complete inconsciente. Moi, je sais a qui faire confiance et a qui non. C’est la force de voyager seul, on developpe son instinct, et on apprend surtout a l’ecouter. Hier soir, quand les lumieres se sont eteintes, je me suis dit que si j’avais ete toute seule et que j’avais du rentree seule a mon hospedaje [logement], pourtant seulement a quelques centaines de metres, et bien c’aurait peut-etre ete craignos.
    Hier soir, quand les lumieres se sont eteintes, je n’etais pas seule: soit je rentrais avec Hilel, tres soucieux de mon bien-etre, soit je tracais ma route dans les rues de San A. avec mon amant rencontre le soir-meme. La premiere option peut paraitre la plus sage. Pourtant, je savais qu’avec la deuxieme, je n’avais rien a craindre, que j’etais tout aussi accompagnee et en securite, si ce n’est mieux.
     
    Cela ne s’explique pas sur papier. Ca se sent, ca se vit. Et c’est toujours le conseil que je donne a qui part voyager, ma relge d’or: si tu le sens, vas-y; si tu ne le sens pas, n’y vas pas. Jusqu’a present, ca a toujours marche pour moi, et hier soir me l’a confirme. Avec Rafa et son pote, je savais que je n’avais rien a craindre.
     
    Mais voila, quand les lumieres s’eteignent, si a San Agustin, pueblo tranquille en journee, il faut faire gaffe, j’imagine que c’est partout pareil en Colombie. Meme si c’est la premiere fois que je vis de telles situations bien que j’ai traine de nombreuses nuits dans d’autres parties d’Amerique du Sud, je sais que ceci est courant dans bon nombre d’autres pays d’Amerique Latine, et sans doute ailleurs dans le monde. Je me souviens de F., qui me parlait de son Mexique. C’est pareil. La loi de la jungle, la loi du plus fort. Une bagarre constante pour survivre, sinon on se fait ecraser. Et c’est bien ce que j’ai constate hier soir, et ce que les mots de Rafa sont venus me confirmer.
     

    Ce soir, les rythmes endiables me proviennent encore jusqu’aux oreilles au moment meme ou j’ecris ces mots, dans la fraicheur de la nuit, tranquile sur mon balcon. Mais d’ici quelques heures, quand les lumieres s’eteindront, quelques centaines de metres en aval, pour certains il faudra a nouveau faire preuve de sang froid et d’assurance inebranlable pour continuer a vivre tranquilement, au quotidien.
    Lilie
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    Message par Lilie Mar 14 Avr - 22:08

    11 decembre 2009
    San Agustin
     
    - Un conte de Noel –
     
     
    Il etait une fois une petite nana, farouche de vadrouille, et qui croyait dur en ses reves. Elle y croyait tellement fort que les etoiles, touchees par sa determination, ne restaient jamais insensibles a ses appels du coeur.
     
    Il etait une fois, mon conte de Noel...
     
    Aujourd’hui Vendredi, j’avais prevu de partir pour Cali, enfin. Dur dur de quitter San A. apres trois semaines, mais le compte-a-rebours du depart se rapprochait, dans dix jours exactement. Et je voulais absolument voir un peu de cette diversite colombienne avant de revenir en Europe.
     
    Reveillee naturellement a 5h, j’etais donc parfaitement a l’heure pour prendre le premier bus et enchainer mes minimum dix heures de trajet jusqu’a Cali. Mais les yeux en trous de pine et un mechant mal de gorge ont suffit a me convaincre de rester au lit. Sans compter que mon sac, debale dans la piaule depuis trois semaines, restait a faire. C’est enfin cinq heures plus tard que je me suis levee, resolue a quitter San A. demain Samedi, finalement.
     
    Hier, j’avais fait mes aux revoirs a tout le monde, distribue mes photos, et invite A. a dinner pour le remercier de tout son temps passe pour moi. Ce matin, apres le petit-dej, je suis allee sur Internet, car j’esperais un e-mail.
    En fait, le lendemain de mon premier appel a Iberia Colombie, j’ai envoye un e-mail a toutes mes connaissances de voyageurs, leur demandant s’ils n’avaient pas des tuyaux ou conseils pour me permettre de changer la date retour de mon billet d’avion et de rester plus longtemps en Colombie. Nombreux furent ceux qui repondirent, dans leur majorite positivement. Parmis eux, Alain, grand voyageur que j’avais rencontre via un forum de voyageurs.
     

    En octobre, lors de mon passage en France, j’etais passe chez lui. C’etait notre premiere rencontre physique, et avec sa femme G., ils m’avaient gardee a dejeuner dans leur jolie maison decoree de souvenirs du monde. Suite a mon e-mail, Alain me repondit qu’il avait appele la plate-forme telephonique d’Iberia Europe, et qu’avec le peu de details qu’il avait, ils lui avaient dit que c’etait possible de changer ma date retour. Je lui ai donc envoye tous les details de mon ticket electronique et apres quelques mails supplementaires, les coordonnees de ma carte bancaire afin qu’il puisse paye le montant necessaire. Ce matin donc, je lis ses derniers mails, ou il me dit que non, finalement, il ne semble vraiment pas possible de changer la date retour selon les conditions tarifaires de mon billet, a moins d’avoir une autorisation speciale. Dans son dernier mail, il me dit que tout n’est pas perdu, qu’il va les rappeler apres-demain. Je lui repond, en lui disant que j’ai passe un second appel a Iberia Colombie et que la reponse avait ete similaire a la premiere. Je lui dis aussi de ne pas perdre plus de temps ni d’energie pour moi.
    (...)
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    Message par Skyrgamur Mar 14 Avr - 22:46

    Je me souviens bien de toutes tes péripéties avec ce billet. clin d'oeil


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    Message par Lilie Sam 18 Avr - 11:07

    Il se trouve qu’il est en ligne a ce moment-la, et en vrai Nantais, il me repond qu’il n’y a pas plus tetu qu’un Breton, et de rester en ligne car il rappelle Iberia de suite!
     
    Une demi-heure plus tard, je recois un mail intitule “C’EST BON, C’EST GAGNE!” avec Alain qui me confirme mon vol retour Bogota-Madrid-Dublin pour le Dimanche 17 janvier 2010! Je n’y crois pas! Je regarde mon ticket electronique, et comme par magie, la date de mon billet retour est effectivement passee du 21 decembre 2009 au 17 janvier 2010! Ensuite vient l’e-mail de confirmation d’Iberia. Je n’y crois pas! Alors que tout semblait contre moi, alors que je m’etais resolue a etre en Europe pour les fetes, voici qu’un bon samaritain du nom d’Alain vient m’offrir le plus beau des cadeaux de Noel que je pouvais esperer! En prime de ca, il m’ajoute que comme le prix du changement de date est de vingt-cinq Euros au dessus de plafond maxi que je lui avais indique, et bien qu’il me paye la difference de surplus, et que c’est son cadeau de Noel! Il conclut en disant qu’il ne veut pas de merci, que c’est normal.
     
    Des gens comme Alain sont rares. Tres rares. J’espere pouvoir un jour le remercier, un remerciement a la hauteur de son geste, noble, et de sa generosite. Alain m’offre le plus beau des cadeaux de Noel. Je vais finalement pouvoir vivre en reel ces fetes de fin d’annees dont tout le monde me parle ici, soit disant la semaine la plus “heureuse” de toute l’annee, avec tout le monde dans la rue, heureux. Les 24 et 25, je les passerai donc ici en Colombie, en pensant tres fort a cet homme formidable sans qui ceci n’aurait ete qu’un desenchantement.
     
    Merci Alain, aucun merci ne sera suffisant pour te remercier de ce que tu as fais en ma faveur.
     
    Des gens comme lui et sa femme, ce sont des perles, des gens en or, dont il faut prendre soin. J’aimerais un jour avoir la meme generosite du coeur que lui, et pouvoir en faire de meme pour un autre voyageur dans le meme cas que moi.
     
    Il ne me reste plus qu’a profiter de ce joli conte de Noel, de chaque instant, chaque seconde, et ce jusqu’au 17 janvier pour sur!
     
     
    *****
     
    Quelques heures plus tard:
     

    Une bouteille de rhum vide sur la table, pres de mon hamac. Je l’ai partagee avec un Australien, un Chilien et un couple francais. Et chaque shot fut bu en trinquant “A Alain!”.



    Lilie
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    Message par Solcha Sam 18 Avr - 11:54

    J'aime toujours autant les contes de Noël!!! Merci Alain! clin d'oeil


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    ¡ Pura vida !
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    Message par Lilie Lun 20 Avr - 16:46

    13 - 17 Decembre 2009
    San A.
     
    - Hilel -
     
     
    Hilel me fait rire. Ca fait maintenant dix jours que lui aussi a elu domicile chez El Japones. Sa premiere semaine a San A., il l’a passee dans un petit hotel familial mais il avait envie d’intimite et d’independance, alors il est venu ici, chez le Japonais.
     
    Hilel est en mission. En Colombie, il doit apprendre l’Espagnol, la salsa, et trouver une femme. Deux mois aux pays des emeraudes et toujours au point mort dans les trois matieres, ou presque. Hilel me raconte son kibboutz d’Israel, comment vus de l’exterieur ces villages israeliens de types communistes paraissent ideaux, et comment la realite est toute differente.
     
    Je ne connaissais rien des kibboutzs, je n’en avais meme jamais entendus parler, a la grande surprise d’Hilel qui m’affirme que tous les Europeens qu’il croise savent ce que c’est. Une fois de plus, je brille par on inculture!...
     
    Son kibboutz, ce sont trois cent personnes qui partagent a part egale la fortune de cette communaute tres riche d’apres lui, et proprietaire d’hotels et casinos en Israel. Hilel me raconte qu’il a tout ce qu’il faut dans son kibboutz: voiture, maison et salaire. Mais il n’en peut plus de cette sphere etouffante, ou tout le monde est interconnecte par les liens familiaux mais aussi et surtout pecuniers. Ou la pression des regles non-dites pourrit sa vie. Alors quand il a annonce qu’il voulait quitter le kibboutz, le conseil s’est reuni et lui a propose une annee sabatique pour reflechir, a la fin de laquelle il pourra reintegrer le kibboutz s’il le souhaite. Hilel a donc un an, un an de voyage en Amerique du Sud pour savoir ce qu’il veut faire. S’il ecoute son coeur dit-il, non, il ne veut pas retourner dans le cercle de son village, parce qu’il tourne fou la-bas. Mais s’il ecoute sa raison, le kibboutz lui offre logement, voiture, deux mille Euros par mois, et un capital de deux cent mille Euros. Difficile de renoncer a ce confort de vie pour partir ailleurs. Et puis, il y a sa famille et tous ses amis dans son kibboutz. Renoncer au kibboutz, c’est renoncer a tout ce qui a fait sa vie depuis trente et un ans. Dans l’ideal, il aimerait a son retour revenir vivre au kibboutz, pour profiter de tous les avantages, mais travailler a l’exterieur, afin d’avoir la tete seine comme il dit. Mais il ne pense pas que ce soit possible, que rapidement il se ferait engloutir par ce systeme, a nouveau.
     
    En attendant, Hilel profite de la Colombie, ou il cherche desesperement la femme de sa vie. Il est tellement naif! On dirait un petit garcon! La femme de sa vie a Hilel, elle doit etre super belle, sentir bon, etre intelligente, et dediee a lui uniquement. Il adore les Colombiennes, mais ici il ne comprend rien. Il voit toutes les filles avec des copains differents tous les jours, meme si elles disent vouloir se marier avec ce soldat rencontre il y  a une semaine.
     
    Il me raconte ses deboirs d’homme celibataire qui, lors de soirees, n’arrive pas souvent a ramener une fille dans son lit; que son truc a lui, c’est plutot d’aborder les nanas en journee. J’ai eclate de rire quand il m’a dit qu’il lisait beaucoup de livres pour savoir comment comprendre et seduire les femmes. J’eclate de rire aussi a chaque fois qu’il me dit qu’il est amoureux. Parce qu’Hilel, il tombe amoureux a chaque fois qu’il rencontre une Colombienne. Il y a d’abord eu la fille ainee de “sa famille” de San Agustin qui tient l’hotel ou il logeait les premiers jours. Elle est super belle, et Hilel en est tombe amoureux. Sauf, me disait-il, qu’elle disait avoir un novio [copain], mais qu’il l’avait vue flirter avec un medecin et un autre mec dans la meme journee la semaine derniere. Et comme il semblait qu’elle lui faisait egalement des avances a lui, le pauvre ne comprenait rien! C’est ainsi que peu de temps apres son arrivee au Japones, il me demanda conseil. Je lui ai dit de laisser tomber, qu’elle jouait avec lui.
     
    Depuis, on est sorti quelques fois faire la fete, Hilel et moi. C’est trop marrant! Il vient a chaque fois me demander conseil, on elabore des strategies. L’autre soir, il avait une cible, mais il n’a reussi a rien. Je lui avais promis qu’il ne rentrerait pas seul cette nuit-la. Il est finalement rentre avec une autre nana, du nom de Mercedes, mais je n’y etais pour rien dans cette histoire! Le lendemain matin, Hilel me disait qu’il etait amoureux de Mercedes... Ah! Ah! Ah! Je lui dis de faire gaffe, que cette Mercedes, lui comme moi l’avions vue embrasser un autre mec cinq minutes avant de l’embrasser lui.
    Trois jours plus tard, Mercedes lui demande de venir la rejoindre a une fete. Alors qu’il vient de payer toutes les bieres pour Mercedes et ses amies, cinq mecs arrivent, dont un gringo qui se met a draguer Mercedes. Elle, a un metre de mon pauvre Hilel, drague et se fait draguer ouvertement, et mon pauvre Hilel qui comprend tout puisque la discussion est en Anglais. Hilel se casse, elle le rattrape, des mots doux, et ils passent la nuit ensemble.
     
    - Je ne comprends pas, me dit Hilel, quand elle est avec moi, elle est douce, attentive, elle me dit qu’elle veut faire des trucs avec moi... Mais a cote de ca, elle drague tous les mecs, et en plus elle ne se cache pas pour le faire!
     

    Je lui dis de ne pas se faire d’idees. Moi non plus je ne comprends pas trop leurs relations infideles. Mais je ne suis pas naive, je sais que si je suis avec un Colombien, c’est uniquement pour le plaisir de la chair. Je ne crois aucune de leurs douces paroles, meme si je pretend les boire. Dans mon cas actuel, c’est tout ce qu’il me faut. Mais Hilel, Hilel qui cherche sa femme ideale, il va falloir qu’il apprenne a etre moins naif. Je lui dis que nous les femmes, nous sommes manipulatrices. Et qu’ici, les Colombiennes (de la campagne en tout cas), elles ne veulent qu’une chose: se marier.

    (...)



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