Le Bistrot, dans la pénombre et un calme étrange. Ils sont trois, attablés :
Wapata la tête soutenue par une main, en soupirant devant son demi vide : Pfff ! Il fait un temps magnifique et il y a une ambiance du tonnerre au village en ce moment !
Patand tournant lentement la tête vers la fenêtre d'où l'on devine d'épais nuages noirs déversant des tonnes d'eau sur les rues désertes : Mouai...
Wapiti la tête posée sur ses deux mains, le regard dans le vide au dessus de son thé fumant : Mouai... J'ai fait le tour hier entre deux averses... quand ça se sera calmé, il faudra penser à prendre le balai et ramasser les feuilles mortes, et puis bien faire le tour des baraques abandonnées pour vérifier que rien n'est arrivé.
Wapata : Tu penses aux maisons de Glatch et Pondy par exemple ?
Wapiti soupire : entre autres... mais oui, y'a déjà de belles toiles d'araignées sur ces deux-là.
Tic tac. Hormis le bruissement de la pluie venant de l'extérieur, seul le tic tac de l'horloge occupe l'espace du bistrot.
Wapata : Y'a longtemps qu'on n'a pas vu les autres aussi. Bon, Lahaut et Imanachnuelohim sont en voyage je crois. Mamina aussi, non ?
Wapiti : Mamina, je crois qu'elle est encore dans le coin, je l'ai croisée l'autre jour au marché sur son vélo. Mais son départ est pour bientôt. Et Simone, elle est tellement dans les préparatifs de son prochain trip qu'elle ne prend même plus le temps d'ouvrir ses volets !
Wapata, une étincelle malicieuse apparaissant dans son regard : T'es sûr que c'est pas l'absence de Lahaut qui lui pèse surtout ? Elle a décidé d'hiberner jusqu'à ce que son Romélao revienne...
Wapiti et Wapata se regardent, sourires aux lèvres.
Patand, imperturbable face à la fenêtre : Ha tiens ! Je viens de voir passer en courant Fabizan et Skyrgamur. Elles avaient l'air bien pressées...
Wapiti : Qui ne le serait pas avec un temps pareil !
La conversation qui battait bon train (à deux à l'heure) est furieusement interrompue par la porte d'entrée qui s'ouvre brutalement faisant entrer un coup de vent glacial, humide et feuillu, avant de se refermer aussi sec. Le facteur, détrempé dans son ciré jaune, se tient maintenant debout au centre de la pièce.
Le facteur : B'jour la compagnie ! Wapiti, du courrier express ! Et il vient de loin, celui-là ! Une 'tite signature là... merci. Bon vent à tous !
Wapiti, Patand et Wapata en choeur : Bons vents à vous surtout !
Wapiti tourne l'enveloppe dans tous les sens : elle est tellement trempée qu'on ne voit même plus mon adresse, ni l'expéditeur ! en regardant plus attentivement le timbre : Chile... Isla de Pascua... Ho, ça vient de Lilie !
Wapata et Patand, tout à coup bien réveillés : vite ! allez, ouvre ! raconte !
Wapiti, qui manoeuvre l'enveloppe avec délicatesse : Attendez, attendez, je dois préserver le timbre pour la collection de Wapapounet et vu l'état de l'enveloppe, j'espère que l'encre n'a pas coulé sur la lettre aussi...