Bonjour tout le monde !
Ouf, aucun de vous n’a répondu que je faisais une dépression, j’aurais vu rouge parce que fichtre je ne suis pas déprimée. J’avais lu aussi ce judicieux conseil : « ne t’oublie pas ». Un village à l’écoute, compréhensif, c’est tellement cool. » »
Hier c’était mon jour liberté.
J’ai enfilé ma parka de Sibérie et j’avais bien chaud.
J’ai marché, la pluie avait cessé.
Sur le bord du chemin, j’ai cru voir une grosse branche arrachée par le vent de la veille.
C’était un gros oiseau. Je suis d’un tempérament poltron aussi je me suis doucement approchée. Il était gros, ressemblait à un hibou ou à une buse. J’ai touché son plumage roux. Il n’a pas bronché, l’oeil rond, bien ouvert. J’ai mis mes gants pour le soulever, je n’avais pas du tout envie de recevoir un coup de bec.
Ses pattes étaient aussi jaune que son bec. Il n’a même pas essayé de s’envoler alors, je suis revenue avec lui à la maison. Posé dans une caisse à jouet rouge sur une serviette, je suis allée chez le vétérinaire :
« Non, je n’ai pas le droit de m’en occuper, c’est une oiseau sauvage, un busard Saint-Martin, il faut l’emmener à l’hôpital des oiseaux de Nevers, je vais appeler »
Personne au bout du fil et je n’ai pas l’intention de faire 50 km.
De retour à la maison, j’ai posé un peu de viande hachée fraîche à coté de son bec. J’ai tenté de l’abreuver avec une seringue d’eau.
Au matin, il était raide et j’ai pleuré.
Jeune fils appelle :
« T’as une drôle de voix ! »
« Oh, je suis désolée de n’avoir pu sauver un busard que j’ai trouvé »
« Maman, il faudrait que tu te rendes compte un jour que tu ne peux pas sauver tout le monde, tu t’épuises avec ton caractère christique »
Jeune Fils a appuyé là où ça fait mal.
En raccrochant, je me sentais en colère. En colère parce qu’il avait raison.
C’est l’histoire de ma vie.
Dire oui à tout. Gorgée de ce besoin de reconnaissance parfaitement stérile, vouloir que les gens soient tous heureux, apporter soutien, aide dès que l’on me le demande.
Il a raison Jeune Fils.
Tellement raison que, lorsque la voisine que vous connaissez depuis longtemps m’a appelé pour l’aider à rentrer ses sacs de pellets pour son poêle, j’ai dit non et ça m’a fait un bien fou.
J’ai enfin compris, il était temps, que ne n’avais pas à faire ma mère Théresa qui d’ailleurs n’était pas du tout aimable, que je n’avais pas à mettre un vernis rose sur mon existence, que la vie avait des aspérités que je pouvais accepter, que je me prenais pour Dieu la mère, que c’était d’une prétention sans nom.
Lorsque Vieux Papa cette nuit est entré dans notre chambre arc-bouté sur la raclette à douche, disant qu’il était monstrueux d’avoir pris sa canne, impassible, je l’ai recouché, remis la raclette dans la salle de bain et je me suis instantanément rendormie soulagée de n’avoir eu ni énervement, ni l’idée de parlementer.
Demain arrivent deux de mes frères, nous avons pour consigne de préparer nos sacs pour deux nuits. Nous ne savons rien d’autre, c’est une surprise.
Pour la première fois depuis janvier, je frémis d’impatience et de joie.
«
C’est qu’il m’en aura fallu du temps, vous savez, pour ne rien comprendre »
Lilie, y’a matière à réflexion !