Pas besoin de directives pour me confiner, ce jeudi matin 9 avril l'indice de la qualité de l'air à Chiang RaÏ est remonté à plus de 300, exactement 344, c'est à dire la zone "dangereux". Vers 11h, c'est descendu à 238 qualifié de "très mauvais". Donc, ça s'améliore ! A titre indicatif, Bangkok se trouve dans la zone "moyen", entre 50 et 100, exactement comme à Paris en ce moment, et dans le sud, au bord de la mer, l'air est "bon" à "moyen". Actuellement, le nord de la Thaïlande est l'endroit le plus chaud et le plus pollué.
Voir 99% de motards roulaient avec un masque ne cesse de m'étonner. En temps normal, c'est plutôt rare. Comme je ne vois comment peut se propager le covid 19 en roulant à moto, je me demande, c'est juste une hypothèse, si les thaïlandais, en fin de compte, ont enfin pris conscience de la dangerosité de cette pollution due aux brûlis de la Birmanie et du Laos, sans doute aussi de la Chine.
A côté de l'Overbrook Hospital, il y a un café-pâtisserie. La plupart des clients achètent pour emporter, le "take away". Pourtant, on peut consommer assis et, vu que très rares sont les gens qui le font, la règle de "distanciation" physique se trouve appliquée de facto. Jusqu'à présent, j'ai toujours réussi à boire et à manger sur place, il suffit pour cela savoir où aller. Hier, après avoir bu un cappuccino et déguster un cookie, je suis sortis (il n'y a pas de devanture, c'est ouvert sur la rue) prendre ma moto. J'ai remarqué un pick-up de la police de la route - des flics coiffés d'une casquette. L'un d'eux est apparu avec un objet jaune à la main, un truc bizarre qu'il tenait par les cordes (je ne voyais pas trop que c'était sur le coup), il a commencé à traverser la rue en se dirigeant vers une berline noire garée sur des lignes blanches. Tout à coup, une autre personne s'est mise à traverser : c'était une jeune femme en jean, vêtue d'un léger chemisier blanc, chaussée d'escarpins vernis luisant sous le soleil, et arborant une paire de lunettes de soleil très chic. Elle est passée sous le nez du flic qui n'était pas encore à la moitié de la rue, elle est entrée précipitamment dans la berline et elle a démarré sans demander son reste. C'est là que j'ai compris, réalisé, que le flic tenait un sabot d'envers non pas par une corde mais par des chaines, avec ce boitier jaune qui pendouillait, inutile. En tout cas, le flic a regardé la nana s'éloigner d'un air furieux.
Et c'est tout.
C'est tout? Mais oui ! J'aurais imaginé qu'il l'interpelle, lui demande ses papiers, lui colle une contravention, même pas, rien, juste un regard courroucé. Je n'en suis toujours pas revenu ! Bien entendu, il y a une réflexion que l'on ne peut s'empêcher d'avoir : en France, cela ne se serait pas passé comme ça ! Sans doute... mais, je sais cela n'a rien à voir... apparemment, en France on accepte beaucoup de privations de liberté par la force des choses. Sous l'emprise émotionnelle du covid-19, est-ce nous arrivons à réaliser que nous sommes obligés de fournir un papier en bonne et du forme pour mettre un pied dehors? C'est tout de même fascinant avec quelle facilité l'état est arrivé rapidement à imposer ces contraintes. Oui, oui, c'est pour notre bien et aussi, il ne faudra jamais l'oublier, pour pallier l'impéritie de l'état. Nous l'avons compris. Mais j'entends des commentaires qui rappellent que des ordonnances extraordinaires prises pendant l'état d'urgence, suite aux attentats, qui devaient être provisoires, sont entrées dans la normalité constitutionnelle ! Bref, j'enrage en écrivant ces lignes, nous finissons par accepter par principe de précaution, pour notre santé, pour notre sécurité, de plus en plus l'inacceptable, en somme nous sommes condamnés à devenir juste des citoyens dont le principal devoir sera... de consommer et de partir en vacances. Quant à la politique, citoyennes, citoyens, vous qui irez voter la fleur au fusil, oyez oyez...
La politique fut d'abord l'art d'empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde.
A une époque suivante, on y adjoignit l'art de contraindre les gens à décider sur ce qu'ils n'entendent pas.
Ce deuxième principe se combine avec le premier.
Paul Valéry
Ce matin, j'imaginais tous mes compatriotes applaudissant chaque soir le personnel hospitalier. Alors je me suis posé cette question : toi, si tu étais à Paris, applaudirais-tu? Et c'est là que je me suis vu spectateur dans une arène de la Rome antique, applaudissant les gladiateurs qui se battent contre la mort... non, je n'irais pas applaudir...
Ah les braves gens, doit se dire le président Macron en écrasant une larme de soulagement, un soulagement fugace, toujours bon à prendre....
21h15. L'indice de la qualité de l'air est tombé à 187, c'est "mauvais". On annonce des orages après 1h... bon, j'espère que cette fois-ci la météo ne s'est pas trompée !
Un article très intéressant, juste pour comparer les stratégies. La Thaïlande n'est plus pour l'instant le pays du sourire, mais celui du gel hydroalcoolique !
https://lepetitjournal.com/bangkok/covid-19-pourquoi-la-thailande-deplore-t-elle-aussi-peu-de-deces-277938
Maadadayo !
Dernière édition par geob le Ven 10 Avr - 4:04, édité 1 fois