Le Village du Peuple Etrange Voyageur

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    Je me souviens... là-bas, au Canada.

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    Message par Wapiti Jeu 22 Nov - 18:34



    Je sais bien que j'ai quelques carnets en cours (ou plutôt en rade)... mais c'est ressortir ceci qui me démange plus le cerveau et la plume actuellement...






    Il y a parfois au fond des tiroirs, dans les coins du cœur et de l’âme, des trésors.
    Des trésors de souvenirs. Des trésors de mots couchés sur papier.
    Et voilà qu’à l’occasion d’un déménagement, un vieux cahier refait surface… un cahier rempli de trésors.

    Aujourd’hui j’aimerais en partager quelques extraits avec vous.
    Des extraits seulement… il y a des trésors que je ne suis pas prête à partager sur quelque forum que ce soit…

    De temps à autres, je viendrai donc poser un extrait ici.
    Pas tout en même temps, j’ai besoin de savourer.
    Vous aussi, peut-être.

    Ces extraits je les ai dédié en premier à ma lointaine amie Cosette qui en est à l’origine ; même si elle ne les lira probablement jamais par ici...
    Je les ai dédié ensuite à quelqu’un de magnifique qui les attendait, qui les a lu déjà une fois mais les relira, j’en suis certaine, avec plaisir toujours… et qui se reconnaîtra, sûrement. clin d'oeil


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    Message par Wapiti Jeu 22 Nov - 18:35

    Le Défi.


    Ces images qui reviennent quand on ferme les yeux, images de bonheur, images de beauté ou de surprise, souvenirs simples mais tendres…
    Beaucoup de souvenirs s’estompent avec le temps. Certains persistent de façon tellement forte que le cœur s’emballe à les revivre mentalement.
    Mais peut-on les coucher sur papier avec des mots ? Je n’en suis pas sûre.
    L’angoisse de la page blanche me saisit ; ou, pire encore, l’angoisse de perdre ces images à vouloir essayer de les transcrire avec des mots ; des mots écrits, qui plus est, des mots figés, simples constructions logiques, qui assemblées les unes aux autres sont sensées prendre sens et forme…
    Ô mon amie Cosette, imagines-tu seulement ce que tu me demandes là ? Toi la littéraire, la prof de français, qui aime cet exercice d’écriture ; toi, l’artiste qui aime créer, qui aime les défis.
    Et dis-moi, pourquoi, aujourd’hui, je tente de le relever ce défi ? Quelles puissances me poussent à me lancer dans l’aventure de mes souvenirs canadiens ? Sont-ce les mêmes que celles qui, un jour, m’ont poussée vers mon premier voyage chez nos « maudits cousins » d’outre-atlantique ?
    Le défi, véritable point de départ de cette histoire canadienne…


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    Je me souviens... là-bas, au Canada. Empty Re: Je me souviens... là-bas, au Canada.

    Message par Wapiti Jeu 22 Nov - 18:37

    Premier voyage

    Avril 1993, je n'ai pas encore 20 ans.

    Mon meilleur ami parti pour 8 mois d’études à Montréal me lance en défi : « Tu viens me voir au Québec cette année ? Même pas cap’ ! » .

    Véritable défi contre la personne que j’étais, plus timide que réservée, trop anxieuse du lendemain pour apprécier le jour même à sa juste valeur. Petite fille rarement partie de la maison, encore moins seule. Jeune étudiante sans le sou.
    Défi contre cette vie qui se déroulait comme un chemin trop bien tracé, sur lequel il me semblait que je n’avais aucune emprise.

    Mais voilà, je l’ai relevé ce défi, billet d’avion en poche, sac au dos, en partance pour l’aventure de ma vie, pour mon rêve américain : le Québec.

    De cette première expérience québécoise il me reste un souvenir doux-amer, mélange de bonheurs et de déceptions. Quelques flashs précis, des sensations diffuses, une révélation.

    Terrible sentiment d’abandon qui m’étreint lorsque je suis seule dans le train qui monte à Paris, dans l’avion qui traverse l’Atlantique, dans les couloirs et salles des aéroports et de Berri Uqam où j’attendrais une heure mon hôte en retard… Que d’actions héroïques en cette longue journée de voyage. Car toutes ces actions a priori banales représentaient pour moi à cette époque de véritables actes héroïques…
    Et soudain, cette silhouette, cette démarche, ce visage… ce n’est pas un appel que je lance, c’est un cri où désespoir et bonheur se mêlent.
    Délivrance.


    Dernière édition par Wapiti le Ven 23 Nov - 8:13, édité 1 fois


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    Message par Invité Jeu 22 Nov - 18:38

    Nous sommes tous prêts rêveur à savourer une bien belle lecture clin d'oeil sourire
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    Je me souviens... là-bas, au Canada. Empty Re: Je me souviens... là-bas, au Canada.

    Message par Lilie Jeu 22 Nov - 22:39

    Merci Wapiti. bisou


    Questions: combien d'annees apres as-tu "couche" ces mots-souvenirs?


    Lilie
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    Message par geob Ven 23 Nov - 5:10


    Dès les premiers mots, je sens que ça va être un carnet différent !
    En écrivant, on crée, même si nous publierons jamais et que le prix Nobel de littérature nous passera sous le nez. prof En créant, nous ne subissons pas, nous ne vivons pas passivement.
    Mets les premiers mots sur ta page blanche, Wapiti, les plus difficiles, et le reste suivra ! plume
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    Message par Fabricia Ven 23 Nov - 7:38

    Je me souviens... là-bas, au Canada. 3574378608 Pour le plaisir de te (re)lire, souviens-toi Frédérique...

    "L'écriture n'est pas une fin en soi, elle est la nostalgie d'un ravissement " ( Yasmina Reza)


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    Message par Invité Ven 23 Nov - 8:26

    Fabricia a écrit:"L'écriture n'est pas une fin en soi, elle est la nostalgie d'un ravissement " ( Yasmina Reza)

    Très, très joli, Fabricia ! top !
    Et tout à fait vrai ! clin d'oeil
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    Je me souviens... là-bas, au Canada. Empty Re: Je me souviens... là-bas, au Canada.

    Message par Wapiti Ven 23 Nov - 8:35

    Lilie a écrit:Questions : combien d'années après as-tu "couché" ces mots-souvenirs ?
    Environ une dizaine après ce premier voyage...

    rêveur Repartons vite là-bas...


    ---


    Flashs fugitifs.


    Le dédale des couloirs du département informatique de l’UdeM, l’atmosphère feutrée de ces salles informatiques où règne une ambiance bon enfant, les figures souriantes des étudiants québécois.

    C., amie et colocataire de mon hôte, qui sera une véritable grande sœur pour moi durant ce séjour, et dès le premier jour en me rentrant et me bordant au lit en fin d’après-midi, après une délicieuse soupe aux tomates. La première de ma vie. Pourquoi ce genre de détail peut-il rester en mémoire, alors que le visage même de C., je ne m’en souviens pratiquement pas ? Les mystères de l’inconscient…

    La maison dont nous occupions le premier étage dans le quartier Jean Talon, au nord de la ville. Jolie petite maison si semblable à ses voisines, avec son escalier tournant en façade -était-il blanc ou vert ?- et son arbre nu comme un ver dans le petit jardin sans haie ni fleur.

    Cette impression magique ressentie, perdue au milieu de la fameuse ville souterraine, avec ses places si différentes les unes des autres, s’étalant sur des kilomètres carrés. Quelques années plus tard, en montant vivre vers Paris, je me suis aperçue qu’il existe le même type de centres commerciaux et d’affaires en France, dans les grandes villes. A l’époque, petite fille de la campagne que j’étais, je découvrais un univers urbain assez grandiose et fantastique…

    La surprise d’approcher un écureuil à moins de 5 mètres dans le parc de l’UdeM. Et de toute évidence j’étais la plus surprise des deux ! J’ai depuis appris à observer avec amusement ces petits gris, aussi courants dans les villes canadiennes que le sont nos pigeons européens.


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    Message par gallia Sam 24 Nov - 2:41

    C'est marrant car je peux m'identifier à certains passages.

    je ne savais pas dans quel quartier tu étais, hihi j'étais très proche de Jean-Talon moi aussi.

    encore, encore, encore
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    Je me souviens... là-bas, au Canada. Empty Re: Je me souviens... là-bas, au Canada.

    Message par Wapiti Sam 24 Nov - 8:56

    rire Voilà comment te faire sortir de ton silence de là-bas, toé ! clin d'oeil

    Encore, OK. sourire


    ---


    Vers le sud

    L’autoroute qui descend à Toronto est très fréquentée par les trucks nord-américains. Nous sommes cernés par ces monstres d’acier, rutilants, fonçant à vive allure et crachant leur fumée par leurs cheminées. Petit frère, j’ai beaucoup pensé à toi ce jour-là, toi qui veut être routier et qui rêve de chevaucher un jour une de ces montures sur les highways sans fin de ce continent…

    Ma plus grande impression de bonheur aux Niagara ne fut pas la vue des chutes. A tant en entendre parler, à s’entendre promettre la huitième merveille du monde, à s’entendre promettre la lune, on imagine le grandiose, et finalement la réalité peut paraître décevante. Impressionnantes, oui. Grandioses, magnifiques, superbes… non. Ce ne sont pas les adjectifs qui m’arrivaient aux lèvres. Ce n’était pas l’émerveillement attendu, non. Ce qui me réjouissait le plus était aussi du domaine du naturel, mais ce n’était pas cette masse d’eau verdâtre se déversant en un vacarme assourdissant dans une immense cuvette en fer à cheval. Le bonheur, c’était la nature éclatante du printemps avec cette douce tiédeur de début d’été qui régnait ce jour-là en sud-Ontario, avec près d’un mois d’avance sur Montréal.

    Car à Montréal, l’arbre devant la maison ne nous montrera son premier bourgeon que la veille de mon départ. Et plus au nord, nous avons rencontré l’hiver avec son air vif et ses lacs encore gelés.



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    Message par Wapiti Sam 24 Nov - 16:26

    Vers le nord.

    La route vers le nord. Belle route en bordure du Saint-Laurent, sur laquelle s’égrènent villages colorés, forêt d’épinettes, collines de prairies et paysages côtiers. Ruban presque rectiligne sur lequel défile un film lumineux et sans parole. Le nez collé à la vitre, les yeux grands ouverts, j’ai bu goulûment à cette source intarissable qu’est la beauté de la nature québécoise, même encore engoncée dans ses grisailles hivernales.

    A Tadoussac, point septentrional de ce premier périple canadien, les baleines n’étaient pas au programme de notre expédition. Pas cette année-là. Nous avons tout de même manqué de quelques minutes un dîner d’un steak de cétacé. En guise de consolation, soirée autour du feu de bois avec le gérant de l’auberge de jeunesse, son accent chantant, ses légendes et anecdotes, sa guitare et ses tounes québécoises. Frissons garantis à la découverte de la ballade du phoque en Alaska.

    music Cré moé, Cré moé pâ... music


    Le lendemain, moment de détente sur une plage de sable fin ponctuée par sa cascade. Sans l’avoir revue depuis, je me souviens parfaitement de cette petite cascade enchanteresse. Aucune dimension comparable aux Niagara. Simple jet d’une eau cristalline et chantante sur des rochers mousseux entourés de buissons. Le rythme de l’océan en fond sonore et la luminosité d’un frais soleil matinal. Tout simplement beau.

    Le Lac Saint-Jean nous a surpris, encore en partie gelé. Promenade matinale magique au bord de l’eau, sous les arbres, le long des bungalows colorés précédés de leurs jardins d’été, ces doubles balancelles en bois tellement typiques. Jeux de lumières et de reflets sur les ondes, pure impression de temps suspendu au vol des canards sauvages, simples minutes de bonheur.

    De la visite de la ville de Québec durant ce premier voyage, je n’ai que peu de souvenirs précis.
    La marmotte des Plaines d’Abraham, que nous avons longuement guettée avec succès au sortir de son terrier, petit museau apeuré à moins de deux mètres de nos visages.
    Deux énormes et délicieuses crêpes, quelques muffins chocolat-banane… le bonheur d’une journée entière passée seule avec mon hôte…
    Une impression forte mais toute simple : j’aime Québec.
    Sa vieille ville fortifiée avec son château sorti comme d’un film de Walt Disney. Ses ruelles étroites, ses toits colorés, sa Promenade des Gouverneurs surplombant le Saint-Laurent.
    J’ai aimé, instantanément et tout simplement.



    Dernière édition par Wapiti le Dim 25 Nov - 9:56, édité 1 fois


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    Message par gallia Sam 24 Nov - 22:27

    ahhhhhhhhhh tu me donnes envie de retourner à Tadoussac, dans le fjord du Saguenay et au lac St-Jean.

    oui, il faut bien que je sorte un peu de ma tanière bien que le temps qu'il fait incite plutôt à l'inverse.
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    Message par geob Dim 25 Nov - 2:58

    Une impression forte mais toute simple : j'aime Québec

    La ville de Québec est jolie, mais j'ai une certitude : je préfère Montréal !
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    Message par Wapiti Dim 25 Nov - 9:40

    Geob a écrit: La ville de Québec est jolie, mais j'ai une certitude : je préfère Montréal !
    Je ne peux pas dire que je préfère l'une ou l'autre, ce que j'y ai vécu est tellement différent, la façon de les appréhender aussi. Je les aime différemment.
    En fait, je crois que Québec, ça a été un coup de coeur immédiat, instantané, alors que j'ai appris à aimer Montréal, avec le temps, sur la longueur...


    ---

    Retour sur Montréal.

    La vision magique depuis le Mont Royal de la ville illuminée dans la nuit, quand, assoupie à vos pieds, elle semble vous appartenir tout en forçant le respect. Qu’êtes-vous, petite ombre haut perchée, face à ces mille et une lumières identifiant près de trois millions de personnes ?
    Ce sentiment de toute puissance et d’infiniment petit mêlés, je le connais pour l’expérimenter régulièrement en randonnée dans les Alpes. C’est la même impression qui vous gagne quand, le sommet atteint, vous admirez à perte de vue les sommets des autres massifs, les vallées, les villages si petits au loin, l’immensité naturelle. Tout ce qui est à vos pieds vous appartient pour un instant. L’instant de récompense de l’effort fourni. Quelques minutes ou heures où l’on se sent comme détaché du monde d’en bas. Mais en résonance intérieure, une grande humilité vous gagne obligatoirement. Chacun d’entre nous est si petit, si faible, si ignorant ; simple être humain, véritable poussière dans cet univers. Créé par une puissance supérieure, Dieu ou Dame Nature, être totalement dépendant des autres forces naturelles ; un électron minuscule parmi les composants d’une construction plurimillénaire, véritable cathédrale naturelle.


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    Message par Wapiti Dim 25 Nov - 9:48

    Et puisqu'on est dimanche, cadeau. clin d'oeil

    Derniers souvenirs.

    Une glace dégustée sur les gradins d’un petit stade de quartier désert, quelques minutes avant d’entreprendre le voyage de retour en France. Minutes de connivences amicales. Un aveu : il ne croyait pas en ma venue ici avant de m’avoir trouvée à Berri Uqam quatorze jours plus tôt. Fierté. Tristesse.
    Une embrassade des plus chaleureuses, juste avant de monter dans le bus. Ces gestes, ce regard, cet instant si fort que l’on ressent le cœur palpitant, des années plus tard encore… La boucle est bouclée, la détresse à son comble, les larmes encore une fois au coin des yeux.
    Ces larmes couleront silencieusement dans l’aérogare bien vitrée devant le spectacle magnifique du coucher de soleil sur les pistes d’où s’envolent les « grands Boeing bleus de mer ». Une promesse : Je reviendrai à Montréal.




    music Je reviendrai à Montréal... music


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    Message par gallia Dim 25 Nov - 15:06

    bravo

    superbe récit. Mais je suis triste c'est déjà fini.
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    Message par Wapiti Dim 25 Nov - 19:37

    Mais non, Gallia !! Ce n'est que ce "Premier voyage" qui est fini ! clin d'oeil
    L'aventure, en fait, ne fait que commencer... rêveur


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    Message par Wapiti Lun 26 Nov - 9:55

    De fait, ce Premier Voyage fut le voyage qui a changé ma vie. clin d'oeil

    ---

    Atmosphères

    Une question s’est posée à moi : dois-je continuer avec un ordre chronologique ?
    A chaque séjour canadien, les lieux sont globalement les mêmes.
    Les incontournables Montréal et Québec n’ont pratiquement pas changé entre 1993 et 2001.
    Les lieux enchanteurs qui m’ont le plus émue ou surprise restent les mêmes au cours de ces différents passages.
    Les souvenirs sont parfois difficiles à resituer sur tel ou tel séjour.
    L’idée que j’ai aujourd’hui de chaque endroit n’est qu’une somme d’impressions temporellement distinctes.
    Et pourtant, chacun de mes séjours canadiens a son atmosphère propre et m’a laissé des sensations très différentes.

    L’été 1994 m’a offert une grande amie et ma première expérience de vacances entre copains.
    Sept Français partis pour trois semaines en Québec et Ontario. Un programme chargé, plus de 3000 km parcourus, de nombreux fous rires, des coups de gueule aussi…
    Le moment le plus magique ? L’excursion aux baleines, sans hésitation.
    La plus grande émotion ? Le départ de Cap-aux-Os. Comment repartir du paradis, après l’avoir simplement frôlé quelques heures du pied ?…
    Des instants marquants ? Naviguer seuls en canots sur les rivières et lacs sauvages, un pot de Nutella partagé devant une cabane à ours, la rencontre d’un troupeau d’orignaux au parc Algonquin, un pique-nique aux pieds des chutes Fraser, la cascade de Port-au-Persil, une esquisse d’aurore boréale à Cap-aux-Os… la liste serait trop longue !

    L’été 1998 résonne comme une réponse à une promesse : revenir en Gaspésie et prendre le temps d’apprécier cette région. Il renvoie aussi à un féroce désir de faire profiter mes amis de mon attirance pour cette contrée, et de mon expérience acquise.
    J’en ai donc convaincu cinq, cinq randonneurs au moins quinquagénaires, à me suivre dans cet itinéraire 100% québécois, très empreint de nature. Au rythme infernal du circuit de 1994 s’est substitué un itinéraire temporisé, aux étapes « à dimension humaine », pour ménager chauffeurs et passagers, en alternance avec des journées locales, incontournables pauses culturelles ou historiques, parfois relativement sportives.
    Ces 15 jours furent riches de découvertes, dans une ambiance très décontractée. L’accueil extraordinaire qui nous a été fait dans les diverses auberges de jeunesse de notre parcours restera toujours marqué profondément en nous. Et nous ne pouvons que remercier la chance qui était au rendez-vous avec notamment un temps magnifique et des baleines très coopérantes…
    C’est sans hésitation mon plus beau parcours québécois réalisé à l’heure actuelle. Je ne renie ni ne dévalorise les précédents et le suivant, mais je ne peux que constater que le rythme, le choix des activités, les rencontres faites cet été-là et les relations avec mes compagnons de route représentent un ensemble jusqu’alors inégalé.

    Entre ces deux circuits touristiques, ma plus grande expérience canadienne fut ces 8 mois passés à Montréal pour une année d’études universitaires, sur les traces de mon ami. Je me suis lancée à corps perdu dans cette aventure.
    Ce séjour reste encore maintenant pour moi LA meilleure année de ma vie. Avec cette sensation de réellement décider de ma vie pour la première fois, d’avoir choisi celle que je veux pendant quelques mois, d’être pleinement maître de mes choix et non de suivre une chemin tout tracé par les autres, par le système…
    Ma bonne étoile a encore joué son rôle en mettant sur ma route J., mon colocataire, mon ami et mon confident durant cette période ; et quelle entente indispensable et appréciable ! Que d’heures passées ensemble à découvrir Montréal « par l’autre bout de la lorgnette », baskets aux pieds et appareils photos armés. Montréal en long, en large, en travers, l’automne, l’hiver, le printemps. Les yeux grands ouverts, le cœur aussi.
    De ces huit mois ne restent pas que des images de tourisme, j’en ai peu fait. Je me suis volontairement intégrée au maximum au sein de mes classes, faisant des rencontres intéressantes, appréciant des amitiés précieuses, découvrant -un peu- la culture québécoise « de l’intérieur ».

    Eté 2001. Parce qu’il fallait retourner encore sur ces lieux de beauté que j’aime, en espérant recroiser ces personnes qui nous ont fait vibrer en 1998. Parce que j’avais encore besoin de partager « mon » Québec avec mes amis et que 6 d’entre eux étaient partants.
    Il m’est néanmoins devenu assez rapidement évident que ce serait probablement le dernier circuit de ce type que j’organiserais. Pas par lassitude du Québec, ho non ! Mais parce qu’au fond de moi quelque chose me criait d’aller aussi voir ailleurs, sur d’autres continents, vers d’autres provinces, plus au nord, plus à l’ouest, plus au sud, à la rencontre d’autres beautés, d’autres cultures... Un peu aussi par déception devant cette alchimie de groupe qui n’a pas été à la hauteur de la précédente ; autres personnalités, plus jeunes, groupe plus d’hétérogène…


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    Message par geob Mar 27 Nov - 9:21


    De ces huit mois ne restent pas que des images de tourisme, j’en ai peu fait. Je me suis volontairement intégrée au maximum au sein de mes classes, faisant des rencontres intéressantes, appréciant des amitiés précieuses, découvrant -un peu- la culture québécoise « de l’intérieur ».


    Voilà ce que j'appelle voyager ! (avis personnel que je partage avec moi-même)
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    Message par Wapiti Mar 27 Nov - 11:55

    C'est une autre façon de voyager... (avis personnel que je partage avec moi-même également clin d'oeil )



    Non, finalement, il n'y aura pas d'ordre chronologique.
    Je préfère picorer dans ces souvenirs,
    me laisser submerger par telle ou telle vague de souvenirs,
    poser plutôt aléatoirement des petites touches de couleurs,
    en piochant de ci de là des extraits de ce vieux cahier griffonné, au gré des humeurs et de la nostalgie... rêveur


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    Message par Wapiti Mar 27 Nov - 11:59

    Et puisque tout a commencé à Montréal, revenons à Montréal... (en spéciale dédicace à Marinette clin d'oeil )


    Montréal


    Montréal, en long, en large, en travers ; le printemps, l’automne, l’hiver, le printemps, l’été…

    …Au cours mon premier séjour révélateur, seule, un peu abandonnée par mon hôte ; ce n’est qu’en jouant à mon tour la guide pour une autre petite frenchie, dans les derniers jours, que j’ai commencé à apprécier Montréal.
    …Au cours de mon année universitaire à l’Uqam. Deux sessions à arpenter, à découvrir, à vivre, à aimer cette ville.
    …Au cours de mes circuits touristiques suivants, en proposant à mes compagnons de voyage une boucle de plus de 20 km, baskets aux pieds, parce que c’est comme cela que doit se découvrir et s’apprécier Montréal. Enfin, je le pense.

    De magnifiques balades à pied dans ses quartiers et dans ses parcs ; sous les couleurs flamboyantes de l'automne, sous les bordées de neige, dans l'air venté, glacial et éclatant du gros hiver, dans la tiède grisaille d'avril aux promesses de fièvre printanière, dans la chaude et joyeuse effervescence de l’été festif...

    Montréal, une belle ville ? Non.
    Une ville étonnante, détonante.
    Une ville riche. Riche de son hétérogénéité, riche de ses quartiers aux accents internationaux, riches de ses anachronismes architecturaux.
    Quand les buildings de verre jouent les miroirs aux églises de pierres...
    Quand les immeubles de ciment ou briques rouges font de l'ombre aux petites maisons anciennes…
    Quand sur une rue on arrive à se poser la question de savoir si on n’est pas en Italie, en Asie ou en Amérique Centrale tant les devantures, les visages et les accents rencontrés n’ont a priori rien de québécois.
    Quand au détour d’une rue proche du centre-ville on tombe nez à nez ici avec un terrain vague ou là avec les ruines de ce qui a dû être une église, et que l'on se demande si l’on n’est pas entré dans une dimension parallèle qui nous aurait projeté au Kosovo ou à Beyrouth…
    Contrastes de quartiers, contrastes architecturaux, contrastes culturels et ethniques, Montréal est une ville qui nous surprend à tous les coins de rues…
    Et on l'aime pour cela.



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    Je me souviens... là-bas, au Canada. Empty Re: Je me souviens... là-bas, au Canada.

    Message par Wapiti Mer 28 Nov - 21:40

    Montréal, en long, en large, en travers, au cœur de ses quartiers.

    Je me souviens du vertige qui nous saisissait au sortir de l’auberge de jeunesse, sur la rue Sainte Catherine, véritable artère vitale de la ville, aux pieds des buildings de verre. Nous étions vraiment au cœur du centre-ville, du quartier des affaires.
    Là, autour des innombrables voitures au trafic ininterrompu, grouille en permanence une foule hétéroclite et colorée : européens de souche ou de descendance, asiatiques, afro-américains, hispano, amérindiens, hommes d’affaires en costume, touristes en tenue décontractée, citadins vêtus en toute simplicité, petits et grands, silhouettes sveltes, trapues ou obèses, gens pressés ou déambulant tranquillement… Véritable tourbillon de vies télescopées sur ces immenses et bruyants trottoirs.

    Je me souviens de l’incontournable Vieux Montréal qui n’a rien de commun avec nos vieilles villes : très peu de ruelles étroites et pavées, peu de maisons pluri-centenaires, aucune place forte. A peine quelques bâtiments anciens disséminés au milieu des entrepôts de briques rouges, des immeubles délabrés ou rutilants neufs, des autoroutes. Haut lieu touristique, on y croise, surtout en été, une foule internationale. La double place Vauquelin-Jacques Cartier, avec l’Hôtel de Ville, le Vieux Palais de Justice et certaines des plus anciennes maisons montréalaises, et le Vieux Port, terrain incontournable de promenades pour autochtones et touristes universels, centralisent l’activité commerciale et touristique.
    Il fait bon s’y promener, y visiter ses « monuments » comme tout bon touriste qui se respecte, s’y laisser surprendre par un détail architectural au détour d’une rue, …

    Je me souviens du plaisir à déambuler dans les autres quartiers de Montréal, alignement de maisons plus ou moins identiques, d’au plus trois étages, devancées de leur petits jardins individuels de gazon anglais parfois joliment fleuri. Maisons de briques rouges à toit plat, habitations de style victorien au toit pentu et coloré, petits pavillons « à la française »…
    Quartiers où règne la plupart du temps un silence reposant, à peine dérangé par les rares voitures ou par les cris d’enfants jouant dans un square.
    Certains sont même très chics, composés de véritables petits manoirs à l’européenne encadrés de parcs plus ou moins fermés, toujours magnifiquement décorés. Westmount, Outremont… autant de noms symboles de richesse, de « bourgeoisie ».
    Quartiers populaires ou friqués, découvertes marginales d’expatriés en recherche constante de découvertes et d'ambiances, et de touristes amateurs de randonnées urbaines au-delà des circuits habituels.

    Je me souviens du véritable bonheur d’arpenter les sentiers ou se poser de longues heures dans ses parcs…


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    Je me souviens... là-bas, au Canada. Empty Re: Je me souviens... là-bas, au Canada.

    Message par Wapiti Jeu 29 Nov - 17:43

    Montréal, en long, en large, en travers, au cœur de ses parcs.
    L’été, l’automne, l’hiver, le printemps.


    Tous les jours, le square St Louis, à travers la fenêtre, assise sur un de ses banc, ou en le traversant au retour de mes occupations urbaines.
    Très souvent, le parc Lafontaine à quelques rues de là, ou le grand cimetière derrière la butte.
    Parfois, pour de longues balades, le parc des îles Ste-Hélène et Notre-Dame.
    Plus rarement mais toujours avec plaisir, le Jardin Botanique.
    Et le Parc du Mont-Royal, bien sûr, où j’ai toujours aimé me promener, en journée mais aussi en soirée.

    Au printemps, pour le bonheur de fouler l’herbe brûlée qui se redresse et s’ébroue de sa longue nuit sous le gel et la neige, qui se colore de verts d’abord timides puis éclatants. Tapis verts qui s’étoilent vite de myriades de jeunes fleurs multicolores.
    Partir à la recherche des petits bourgeons bruns ou vert tendre qui pointent aux branches, se gonflent et se multiplient, puis éclatent pour nous offrir leurs frêles ailes chlorophyllées. A l’écoute de cette nature qui se réveille de son long sommeil, qui frémit, qui gazouille, court et virevolte de toute part. A la rencontre de ces doux parfums d’herbe fraîche et de fleurs, de tiédeur agréablement aérée par un petit vent léger qui anime rues et sentiers.

    En été, à la recherche d’une certaine fraîcheur dans l’ombre apaisante des sous-bois.
    Pour échapper quelques heures à la touffeur et à l’animation fébrile et bruyante des rues. Le temps d’une tranquille promenade sous la voûte verte qui grouille de vie. Le temps d’un convivial pique-nique sur une couverture à carreaux couverte de victuailles enviées par les petits gris chapardeurs. Le temps d’une brève pause ou d’une longue sieste dans l’herbe folle à l’humidité résiduelle rafraîchissante. Le temps d’une balade nocturne pour s’apaiser avant une nuit tranquille et chaude ou mouvementée sous l’orage. Ou pour rejoindre les fêtards et autres tams-tams au Belvédère, pour une nuit endiablée.

    En automne sous la féerie des couleurs chatoyantes de la nature qui s’embrase en incendies merveilleux.
    Quand volent dans le ciel, tapissent le sol et frémissent encore sur les branches qui se dénudent, des milliers de feuilles aux verts changeant, aux rouges flamboyant, aux variations infinies de jaunes et de oranges, aux bruns lumineux ou plus sombres. Petites, grandes, très grandes, … unies, bicolores, tachetées, tout en nuances… lisses, velues, rainurées, cornées, dentelées, fripées, déchirées… feuilles qui murmurent, feuilles qui chantent, feuilles qui s’auréolent de dentelles de givre aux plus fraîches nuits, feuilles qui volent, feuilles qui adhèrent au sol et deviennent glissantes après la rosée ou la pluie, feuilles qui tapissent les sous-bois ou tatouent le macadam…
    Ciel torturé de tempêtes tropicales qui se meurent en gros nuages gris, noirs, violets… ou ciel bleu tranquille dans la luminosité brumeuse d'un soleil rasant.
    En automne, quand on ne peut marcher que les yeux écarquillés, sollicités de toute part. Quand le regard du promeneur est ébloui de tant de couleurs, de tant de beauté.

    En hiver à la rencontre du Lac aux Castors gelé.
    En hiver, sous les bordées de neige. Douce magie que cet enveloppement blanc de flocons tourbillonnant, dans le silence ouaté offert par le tapis neigeux. Agréable craquement provoqué par chaque pas dans la neige fraîche qui recouvre très vite les rues et sentiers en une couche épaisse. Offrir son visage à la douce caresse humide, s'abreuver de ces cristaux de poussière. On rentre de ces promenades épuisés, mouillés, mais sereins, l’âme reposée.
    En hiver aussi, mais sous un éclatant ciel bleu et venté qui vous glace les rares parcelles de peau laissées à l’air, entre l’écharpe remontée sur le nez, les lunettes de soleil et la capuche ou tuque. L’hiver propre, glacial et transparent, claquant, festival du noir et blanc au milieu des arbres dénudés, squelettes couverts de poussières d’étoiles qui vous font des clins d’œil sous les rayons habiles du soleil.
    Journées vivifiantes, qui vous épuisent mais vous rebooste en énergie positive.
    En hiver, avec toujours ce bonheur de savourer ensuite un bon chocolat chaud accompagné de toasts tartinés.

    " Le printemps fleurit,
    l'été frémit,
    l'automne mûrit
    et l'hiver les suit
    avec l'absence de toutes leurs belles choses.
    Noir et blanc,
    le temps qu'on l'aime
    et qu'on en ait assez.
    "
    Jean O'Neil


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    Je me souviens... là-bas, au Canada. Empty Re: Je me souviens... là-bas, au Canada.

    Message par Wapiti Sam 1 Juin - 17:55

    clin d'oeil Pour Solcha

    Un collier de perles

    Le Charlevoix, comme un collier de perles.
    Perles de villages, perles d’îles, perles de petits coins où il fait bon s’arrêter un instant.
    Perles de beauté, de magie, de rencontres.
    Dans quel sens vais-je le dérouler sous vos yeux ? Dans le désordre.

    Montmorency

    Ma première rencontre avec les chutes Montmorency s’est faite « par le haut », en été.
    Le point de vue offert vers l’est est impressionnant : la fracture naturelle, la courte plaine et le Saint Laurent avec son île d’Orléans, la côte est du fleuve fondue dans la brume.
    Il nous fallait descendre pour contempler ces chutes « d’en bas ». 384 marches de bois sur le flanc gauche de la cataracte, pour un point de vue autrement impressionnant.
    Plus hautes que les Niagara, ces chutes n’en sont pas moins beaucoup plus étroites, et surtout creusées dans une roche noire complètement dénudée. Pratiquement pas un arbre, pas une touffe d’herbe, la roche à nu. Et loin des verts bleutés de la chute ontarienne, l’eau qui gicle dans un vacarme assourdissant est jaunâtre.
    Cette fois encore, ce n’est pas de beauté dont je parlerais, mais d’une admiration devant ces forces naturelles si puissantes.

    Les Chutes Montmorency ne sont belles qu’en hiver.
    Quand vous arrivez par en bas, seule avec un ami, à pied le long de la voie, après avoir essuyé une bordée de neige glaciale, et que vous découvrez un paysage bien différent. Un tableau en noir et blanc aux reflets bleutés sous la percée d’un timide rayon de soleil.
    Le quasi-silence. Parce que l’eau ne coule plus, ou tout au moins ne coule plus à l’air libre. La chute est prise dans une gangue de glace, stalactites majestueux, tout en hauteur, collés les uns aux autres, et soudés aux stalagmites de la base. La retenue d’eau à ses pieds n’est qu’une immense plage de glace couverte d’une épaisse couche de neige sur laquelle les admirateurs que nous sommes avançons pour gagner le « pain de sucre », cet amas d’embruns gelés qui finissent par constituer un dôme de neige, assez solide pour être escaladé et offrir une belle piste de luge aux enfants, petits et grands.
    Oui, les Chutes Montmorency sont très belles en hiver. Un véritable cadeau de la nature qui s’enrichit encore quand le soleil joue avec les flocons virevoltant et nous offre en sus un magnifique arc-en-ciel au premier plan.



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