De fait, ce Premier Voyage fut le voyage qui a changé ma vie. ---
Atmosphères Une question s’est posée à moi : dois-je continuer avec un ordre chronologique ?
A chaque séjour canadien, les lieux sont globalement les mêmes.
Les incontournables Montréal et Québec n’ont pratiquement pas changé entre 1993 et 2001.
Les lieux enchanteurs qui m’ont le plus émue ou surprise restent les mêmes au cours de ces différents passages.
Les souvenirs sont parfois difficiles à resituer sur tel ou tel séjour.
L’idée que j’ai aujourd’hui de chaque endroit n’est qu’une somme d’impressions temporellement distinctes.
Et pourtant, chacun de mes séjours canadiens a son atmosphère propre et m’a laissé des sensations très différentes.
L’été 1994 m’a offert une grande amie et ma première expérience de vacances entre copains.
Sept Français partis pour trois semaines en Québec et Ontario. Un programme chargé, plus de 3000 km parcourus, de nombreux fous rires, des coups de gueule aussi…
Le moment le plus magique ? L’excursion aux baleines, sans hésitation.
La plus grande émotion ? Le départ de Cap-aux-Os. Comment repartir du paradis, après l’avoir simplement frôlé quelques heures du pied ?…
Des instants marquants ? Naviguer seuls en canots sur les rivières et lacs sauvages, un pot de Nutella partagé devant une cabane à ours, la rencontre d’un troupeau d’orignaux au parc Algonquin, un pique-nique aux pieds des chutes Fraser, la cascade de Port-au-Persil, une esquisse d’aurore boréale à Cap-aux-Os… la liste serait trop longue !
L’été 1998 résonne comme une réponse à une promesse : revenir en Gaspésie et prendre le temps d’apprécier cette région. Il renvoie aussi à un féroce désir de faire profiter mes amis de mon attirance pour cette contrée, et de mon expérience acquise.
J’en ai donc convaincu cinq, cinq randonneurs au moins quinquagénaires, à me suivre dans cet itinéraire 100% québécois, très empreint de nature. Au rythme infernal du circuit de 1994 s’est substitué un itinéraire temporisé, aux étapes « à dimension humaine », pour ménager chauffeurs et passagers, en alternance avec des journées locales, incontournables pauses culturelles ou historiques, parfois relativement sportives.
Ces 15 jours furent riches de découvertes, dans une ambiance très décontractée. L’accueil extraordinaire qui nous a été fait dans les diverses auberges de jeunesse de notre parcours restera toujours marqué profondément en nous. Et nous ne pouvons que remercier la chance qui était au rendez-vous avec notamment un temps magnifique et des baleines très coopérantes…
C’est sans hésitation mon plus beau parcours québécois réalisé à l’heure actuelle. Je ne renie ni ne dévalorise les précédents et le suivant, mais je ne peux que constater que le rythme, le choix des activités, les rencontres faites cet été-là et les relations avec mes compagnons de route représentent un ensemble jusqu’alors inégalé.
Entre ces deux circuits touristiques, ma plus grande expérience canadienne fut ces 8 mois passés à Montréal pour une année d’études universitaires, sur les traces de mon ami. Je me suis lancée à corps perdu dans cette aventure.
Ce séjour reste encore maintenant pour moi LA meilleure année de ma vie. Avec cette sensation de réellement décider de ma vie pour la première fois, d’avoir choisi celle que je veux pendant quelques mois, d’être pleinement maître de mes choix et non de suivre une chemin tout tracé par les autres, par le système…
Ma bonne étoile a encore joué son rôle en mettant sur ma route J., mon colocataire, mon ami et mon confident durant cette période ; et quelle entente indispensable et appréciable ! Que d’heures passées ensemble à découvrir Montréal « par l’autre bout de la lorgnette », baskets aux pieds et appareils photos armés. Montréal en long, en large, en travers, l’automne, l’hiver, le printemps. Les yeux grands ouverts, le cœur aussi.
De ces huit mois ne restent pas que des images de tourisme, j’en ai peu fait. Je me suis volontairement intégrée au maximum au sein de mes classes, faisant des rencontres intéressantes, appréciant des amitiés précieuses, découvrant -un peu- la culture québécoise « de l’intérieur ».
Eté 2001. Parce qu’il fallait retourner encore sur ces lieux de beauté que j’aime, en espérant recroiser ces personnes qui nous ont fait vibrer en 1998. Parce que j’avais encore besoin de partager « mon » Québec avec mes amis et que 6 d’entre eux étaient partants.
Il m’est néanmoins devenu assez rapidement évident que ce serait probablement le dernier circuit de ce type que j’organiserais. Pas par lassitude du Québec, ho non ! Mais parce qu’au fond de moi quelque chose me criait d’aller aussi voir ailleurs, sur d’autres continents, vers d’autres provinces, plus au nord, plus à l’ouest, plus au sud, à la rencontre d’autres beautés, d’autres cultures... Un peu aussi par déception devant cette alchimie de groupe qui n’a pas été à la hauteur de la précédente ; autres personnalités, plus jeunes, groupe plus d’hétérogène…