Pour tout vous dire, avant d’arriver là-bas, en Ouzbékistan, et de consulter de façon approfondie le guide d’une camarade de voyage, j’avoue que je ne situais pas vraiment ce pays sur la carte. C’était en Asie Centrale, par là-bas, au sud de la Russie, à l’est de l’Europe, pas encore en Chine… mais plus précisément ? Non.
Destination très floue donc. Floue aussi dans ce que j’allais y trouver et y vivre. Anciennes républiques russes, certes, mais pays encore classés « en voie de développement », et musulmans… Ce n’est ni l’Europe, ni l’Afrique, ni même l’Asie telle que je la connais… A quoi ressemblent les infrastructures et la vie quotidienne en de tels pays ? Mystères. Côté visites et beautés architecturales, quelques carte postale et photos d’amies voyageuses m’avaient alléchée, quelques noms comme Samarcande ou Boukhara étaient empreints de mythes et d’espoirs, mais je n’ai pas voulu chercher à en voir plus avant de partir. Garder le mystère.
J’avais décidé de cette destination un peu comme un coup de tête, pas tout à fait de dernière minute mais presque, l’Asie Centrale n’étant pas en haut de ma très longue liste de régions du monde à visiter, de pays et cultures à découvrir en priorité. Décidée donc à me laisser porter par le voyage, à en profiter.
Mon récent passé et ma santé étant ce qu’ils sont, j’avais d’abord choisi auprès d’une de mes agences préférées un circuit « cool » mêlant certes découvertes culturelles et randonnée, mais sans difficulté physique majeure, en Ouzbékistan et Kirghizstan. Seule inscrite, il m’a fallu me rabattre sur un autre programme, abandonnant les steppes et lacs du Kirghizstan pour les montagnes et lacs du Tadjikistan, un niveau de difficulté plus élevé. Une journée de trekk en son cœur me faisait particulièrement peur, je savais que j’en baverai. J’en ai méchamment « bavé à en crever la bouche ouverte », mais j’ai survécu et apprécié, et là est l’essentiel.
Inscrite en solo, j’ai découvert mes 9 compagnons de circuit à Roissy et Tashkent, ainsi que notre guide ouzbek francophone, Kahramon, facétieux descendant de Nasr Eddin…
Sur place, 17 jours dont 9 en Ouzbékistan encadrant 8 jours de randonnée au Tadjikistan :
Tashkent (1 j) – train (0,5 j) – Samarcande (1,5 j) – frontière – Tadjikistan : 7 jours au bord des lacs autour du pic du Chimtarga – frontière – Samarcande (1,5 j) – Boukhara (2,25 j) – désert – Khiva (2,25 j) – aéroport de Tashkent
Train, minibus, 4x4, avion, diversité des moyens de transport locaux utilisés.
Hôtel, maisons d’hôtes, hébergement chez l’habitant tadjik, bivouac de tentes, diversité des hébergements offerts, du plus sommaire au plus luxueux et confortable.
Repas gargantuesques préparés au gaz sous la tente par notre cuisinier tadjik, orgie de poissons du fleuve Amou Daria dans une gargote sommaire au bord de la route en plein désert, restaurants soignés des villes, variété et délicioseté des mets proposés... Sempiternelles graines à grignoter, tentatrices salades de crudités ou légumes cuits, nourrissantes soupes, plat principal allant du pot-au-feu local au plôv régional (riz pilaf épicé et accompagné d’un peu de viande) en passant par les brochettes de viande marinée, bœuf ou mouton… Yaourt à boire et fromages locaux, et enfin, coupe de fruits bien garnie qu’il m’a malheureusement fallu admirer en bavant d’envie plus souvent que je n’ai pu profiter de la saveur de leurs poires et pêches juteuses, des raisins appétissants, des pastèques et melons jaunes à tomber par terre…
Car à classer dans les mauvais souvenirs de ce voyage, il y aura eu une attaque virale sur le système digestif de la très grande majorité d’entre-nous, nous mettant chacun à notre tour hors-circuit pendant 24 heures et en délicatesse alimentaire durant quelques jours. Et privilège personnel, je me suis offert le luxe d’une récidive intestinale 5 jours avant la fin, encore d’actualité une semaine après le retour… La joie des voyages.
Autre mauvais souvenir avec le passage de la frontière tadjike et un visa qui serait incorrect (merci l’Ambassade de considérer que les jeunes femmes trentenaires sont des femmes d’affaires alors que tous leurs papiers démontrent le côté touristique du circuit !) et nous a conduites à un vrai faux bakchich, d’une trentaine d’euros quand-même… Première expérience du genre pour moi, et une évidence : je n’accepte et ne supporte pas, malgré mon calme extérieur devant la situation !
Dans la liste des désagréments, la sempiternelle problématique des pourboires… Décidément, cela non plus je n’apprécierai jamais, le côté automatique et obligatoire de ce qui devrait être une récompense supplémentaire laissée au libre arbitre de chacun, puisque la prestation a été précédemment payée…
Enfin, je dois avouer que les très fortes chaleurs supportées dans les villes ouzbèkes n’ont pas été dans mon sens. Trop, c’est trop ! Ou alors, il faut me laisser la possibilité d’un rythme africain, avec un réveil aux aurores pour profiter de la tiède partie de la matinée, et une pause méridionale au frais de plusieurs heures, pour une sortie de ma tanière après 17h00, quand les rayons de Râ se font plus horizontaux, moins violents, qui plus est plus doux à mes yeux et pour les photos…
Ces quelques points négatifs mis à part, je rentre ravie de mon voyage.
Le cœur n’a pas fait boum-boum comme sur d’autres destinations qui me tenaient particulièrement à cœur, l’eau n’est pas montée au bord des ridelles d’émotion, mais le voyage était beau et enrichissant, et restera un excellent souvenir, un ensemble d’excellents souvenirs.
Paysages majestueux, du désert à l'horizon sans fin aux montagnes acérées, pelées et perlées toujours envoûtantes, merveilles architecturales pluri-centenaires qui entortillonnent l’œil et donnent le tournis, confrontation toujours enrichissante avec une autre culture – et quelle culture aux influences diverses et divergentes ! –, moments magiques de ces rencontres aux partages simples dépassant la barrière linguistique…
Une main sur le cœur, une légère inclinaison du buste, « rahmat* » Ouzbékistan, « rahmat » Kahramon, « rahmat » compagnons de voyage…
* prononcez comme vous le pouvez, en vous approchant de quelque chose comme drrarrmart, pour un merci ouzbek ou tadjik.