Bon rétablissement Vovonne
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Vovonne
fabizan- Localisation : Sainte Enimie Lozère
- Message n°226
Re: Vovonne
Super ! tout s'est bien passé, Vovonne va bien. Voilà une nouvelle qui me fait plaisir. Déjà que tu nous régalais de tes mots simples pleins de bon sens avec ta tête encombrée de cette vilaine tumeur, alors qu'est ce que cela va être maintenant qu'elle est nettoyée !
Bon rétablissement Vovonne
Bon rétablissement Vovonne
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Fabienne
Vovonne- Invité
- Message n°227
Re: Vovonne
Dimanche, je suis sortie pour la première fois. J'ai descendu la ruelle et au carrefour j'avais les jambes fauchées.
Je me suis assise sur la dalle de granit qui portait autrefois la fontaine.
J'ai repris mon souffle et il y avait une odeur de printemps dans l'air.
J'ai enlevé mon bonnet du Pérou et j'avais des picots de plaisir sur mon crâne sans plume.
C'est rêche quand je passe ma main.
Tgv est venu avec son bras en écharpe. Sans son vélo, il se sent tout nu, il m'a dit.
On est resté assis sans rien dire parce qu'il n'y avait rien à dire.
J'ai appuyé la tête sur le mur de pierre et j'ai fermé les yeux, alors il est parti.
En rentrant j'ai croisé la voisine couverte de peinture. L'étage de leur maison est presque terminé, c'est très beau et les salles de bain sont grandes comme ma salle. Je me sens très timide quand je regarde.
Les voisins, ils vivent encore dans leur cuisine parce qu'en bas, c'est toujours tout défoncé.
Ça fait beaucoup de mois et le chantier est en retard.
Pétrolane m'avait dit qu'il n'avait jamais fait un chantier aussi énorme et que le chef des travaux est débordé. Les voisins sont souvent furieux en ce moment par tout ce retard mais ils devraient juste voir leur chance d'avoir une bâtisse aussi ancienne et aussi grande qu'on pourrait faire tenir dedans plusieurs familles.
Pour remonter la ruelle, la voisine m'a pris le bras, c'était moins fatiguant et on a parlé de ce qui se passe en Tunisie. Moi la Tunisie, j'en avais un peu rêvé. Je voulais voir des maisons blanches aux volets bleus, des palmiers et rester dans un hôtel avec une piscine où on vous sert tout ce que vous voulez.
C'était trop cher et avec l'exploitation, on a jamais pu partir.
Je savais même pas que les gens n'étaient pas heureux là-bas. C'est comme si je croyais qu'avec le soleil, la mer et les fleurs c'était facile de vivre.
On a alors parlé de la liberté et je pensais pas la même chose que la voisine qui, on voit bien, n'a jamais eu faim. Quand on a la bonne nourriture dans le ventre c'est facile de se sentir dans le bonheur, mais elle, elle dit que manger à sa faim, si on est pas libre de dire ce qu'on veut, on peut pas être heureux.
La seule chose où je suis d'accord c'est l'instruction. Quand on a pas de l'instruction, ceux qui dirigent, ils peuvent faire ce qu'ils veulent avec nous autres. Et si on a de l'instruction, on peut penser et réfléchir et après on devient plus d'accord avec ceux qui dirigent.
On est arrivé sur le perron de ma maison et la voisine est restée boire le café avec moi.
On a parlé des révolutions et de se battre pour des causes.
La voisine, elle connait que mai 68.
Je lui ai dit que autrefois , on se demandait si les femmes avaient une âme.
Elle le savait pas.
Alors c'est dire si les femmes se sont battues. Parce que quand je me suis mariée, on disait que la femme devait obéir à son mari, faire des enfants et s'occuper de sa maison et c'est tout.
J'avais pas le droit d'avoir de l'argent à moi et j'avais passé les quarante ans quand les femmes, elles ont eu le droit de travailler sans demander l'autorisation à leur mari.
Pour moi, faut dire que ça changeait rien, Félix, l'avait toujours eu besoin de mes bras à la ferme.
Mais pour les femmes de la ville c'était formidable parce que presque en même temps,les usines ont plus eu le droit de mettre à la porte les femmes qui attendaient un enfant.
Elle se rend pas compte la voisine mais quand on a pu avoir un compte en banque, rien que pour la femme sans demander au mari, j'ai mis les sous que je gagnais avec mes lapins, que Félix, il s'en occupait pas, j'ai eu de l'argent rien qu'à moi.
Le père du voisin,elle m'a dit la voisine, c'était pareil mais inversé, il s'occupait des abeilles et les sous du miel, c'était à lui, parce que tout le reste, il le donnait pour le ménage.
Quand j'en ai eu beaucoup, au bout de dix ans, j'ai fait construire une marquise au-dessus du perron.
J'étais très fière et j'ai payé comptant parce que le crédit ça vous mange un homme, enfin, une femme, c'est du pareil au même.
Maintenant, on a un petit quelque chose de côté, à la caisse d'épargne pour le au cas où.
Le aucaou c'est mon mot à moi et Félix rit quand je refuse d'en prendre pour acheter une nouvelle télévision, que la notre, elle marche encore. Il dit : « ton aucaou, tu l'emmèneras pas sous terre ».
Il a raison mais mon aucaou, il peut servir pour faire réparer la voiture ou pour changer le matelas, que j'y pense beaucoup parce qu'il fait trop de bosses et qu'il a comme une rigole au milieu tellement on a dormi emmêlé.
C'est tout pour aujourd'hui, je vais faire la sieste comme les enfants.
mamina- Localisation : Près de Pau, sur le chemin de St Jacques...
- Message n°228
Re: Vovonne
Elle nous semblait longue ta convalescence ma Vovonne.... mais on n'osait ni te déranger ni te presser...
Contente que tu reprennes pied sous ce beau soleil de janvier !
Contente que tu reprennes pied sous ce beau soleil de janvier !
Invité- Invité
- Message n°229
Re: Vovonne
Bonjour fidèles lectrices de la chronique sans prétention de Vovonne.
Une question : trouvez-vous Vovonne saoulante ?
Dans l'affirmative, je peux lui bloquer son ordinateur, elle n'y comprend goutte et ce sera un jeu d'enfant.
Une question : trouvez-vous Vovonne saoulante ?
Dans l'affirmative, je peux lui bloquer son ordinateur, elle n'y comprend goutte et ce sera un jeu d'enfant.
fabizan- Localisation : Sainte Enimie Lozère
- Message n°230
Re: Vovonne
Non mais ça va pas Pondy ? On est tous accros aux tranches de vie de Vovonne. Pas question de nous en passer à moins qu'elle ne le décide elle-même.
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Fabienne
mamina- Localisation : Près de Pau, sur le chemin de St Jacques...
- Message n°231
Re: Vovonne
RE :
Non mais ça va pas Pondy ? On est tous accros aux tranches de vie de Vovonne. Pas question de nous en passer à moins qu'elle ne le décide elle-même.
Si tu savais à quel point elle me manquerait !!!
Non mais ça va pas Pondy ? On est tous accros aux tranches de vie de Vovonne. Pas question de nous en passer à moins qu'elle ne le décide elle-même.
Si tu savais à quel point elle me manquerait !!!
Wapiti- Admin
- Localisation : Annecy et Thonon (74) France
- Message n°232
Re: Vovonne
Pondy ! Tu lui bloques son ordinateur, je t'enferme à grands renforts de barricades dans ta cahute villageoise que tu pourras plus sortir, plus discuter, plus voir la lumière du soleil et même plus respirer ! Non mais !pondy a écrit:Une question : trouvez-vous Vovonne saoulante ?
Dans l'affirmative, je peux lui bloquer son ordinateur, elle n'y comprend goutte et ce sera un jeu d'enfant.
Allez, Vovonne, surtout ne t'en vas pas : NOUS, on t'aime !
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"Nous méritons toutes nos rencontres, elles sont accordées à notre destin et ont une signification qu'il nous appartient de déchiffrer." F. Mauriac
Skyrgamur- Localisation : Normandie
- Message n°234
Re: Vovonne
Si Vovonne part, je quitte le Village et je prends Lahaut en otage.
Reste Vovonne, ton bon sens nous manquerait trop. Et comment serions-nous au courant de l'avancée des travaux de la voisine ?
Reste Vovonne, ton bon sens nous manquerait trop. Et comment serions-nous au courant de l'avancée des travaux de la voisine ?
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Skyrgamur, le lutin Islandais
Glatch- Localisation : Ilmmünster, Bavière, Allemagne
- Message n°235
Re: Vovonne
Nan mais ça va pas Pondy dis-nous pas que c´est les perfusions d´air du Bazois qui te montent à la carafe !
Et pis quoi encore, tu vas pas nous priver de notre bouffée de mots oxygénés pluri-hebdomadaire. D´ailleurs à ce sujet, et à propos de sondage, serait-il possible d´envisager une éventualité de passage à un rythme pourquoi pas bi-quotidien ?
Tous les ceusses qui sont dakodak, cochez la case "d´accord". Les autres, vous perdez rien pour attendre... et filez avant que je me fâche dans les chaumières !
Je profite de cette connexion éclair pour dire bonjour à tous les villageois et vous souhaiter une lumineuse, éblouissante et néanmoins non aveuglante année 2011.
Et pis quoi encore, tu vas pas nous priver de notre bouffée de mots oxygénés pluri-hebdomadaire. D´ailleurs à ce sujet, et à propos de sondage, serait-il possible d´envisager une éventualité de passage à un rythme pourquoi pas bi-quotidien ?
Tous les ceusses qui sont dakodak, cochez la case "d´accord". Les autres, vous perdez rien pour attendre... et filez avant que je me fâche dans les chaumières !
Je profite de cette connexion éclair pour dire bonjour à tous les villageois et vous souhaiter une lumineuse, éblouissante et néanmoins non aveuglante année 2011.
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Agathe
Skyrgamur- Localisation : Normandie
- Message n°236
Re: Vovonne
L'éventuel lâchage de Vovonne a au moins l'avantage de faire sortir Glatch du bois (même pas de la Forêt Noire...)
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Skyrgamur, le lutin Islandais
Invité- Invité
- Message n°237
Re: Vovonne
Bon, après cette vérification de l'audimat qui va rassurer grandement Vovonne, je remercie personnellement les lectrices (peuh, pardon, y'a p'têtre des lecteurs)pour leur intérêt non dissimulé porté aux tribulations de cette charmante dame.
Vovonne- Invité
- Message n°238
Re: Vovonne
Les soldes, les soldes, les soldes, j'entends que ça et même au village où il y a pas de magasins.
A l'entrée du bourg voisin de notre village, il y a Baptiste qui vend du John Deere. Et même lui, il s'y est mis aux soldes. C'est la première fois. Il fait du 30 % sur les têtes abattage H270 pour les forestiers. C'est l'engin le plus petit et il en a un gros stock qu'il arrive pas à faire partir et même en solde.
Je lui ai dit de faire à 50% mais il veut pas.
Les bûcherons, ils peuvent plus vendre leurs chênes, parce que les gens, ils achètent du bois exotique qui est moins cher ;
Baptiste, il est copain avec Félix même s'ils se chipotent tous les deux entre les John Deere et les Fergusson. Il passe souvent quand il va livrer du matériel.
Au bourg, toutes les boutiques s'y sont mises aussi et directement à 70 %. C'est aussi la première fois.
Les autres années, ça commençait avec du 30 % mais, Marjolaine qui a la boutique de vêtements d'enfants, elle dit que les gens ils achètent pas beaucoup. Pourtant que je lui ai dit, j'ai entendu à la radio que les femmes françaises faisaient beaucoup de bébés. 2,07 enfants.
Ca, faut le faire le 0,7.
Ca fait croire qu'une femme a deux bébés entiers plus une main à quatre doigts.
Ils disent aussi à la radio, qu'on est chanceuse pour les faire garder nos petiôts, plus que dans d'autres pays comme l'Allemagne.
On voit même plus les vitrines à cause des grandes affiches -solde-.
Le boucher, il solde pas, ni le boulanger, ni le fleuriste et je comprends. On imagine pas une affiche avec écrit : baguette -solde à 70% ou rôti de veau à 50 %, on pourrait croire que c'est périmé et en plus ils feraient pas de chiffres. Qu'est-ce qui reste sur une baguette à 70 % ? Rien, c'est pas sérieux.
Mais chez Atac, il y a les promotions toute l'année et les soldes, en plus, que c'est la même chose. Ils sortent juste de la réserve ce qui est pas vendu et ça sent un peu le moisi.
A la boucherie d'Atac, c'était solde sur le cochon : 1,39 euros le kilo. Ca m'a fait honte quand j'ai vu ça, parce que, ils vont gagner quoi les éleveurs de cochons qui sont tous en Bretagne et qui ont tous les gens des villes sur le dos qui disent qu'ils polluent et que ça sent mauvais le lisier et qu'ils veulent du cochon pas cher.
Ils disent, ces mêmes gens qu'il y a les algues qui polluent et pullulent. Mais faudrait savoir, parce qu'on dit qu'à Paris, il y a des restaurants où on mange que de ça et pis que c'est utilisé aussi pour faire des crèmes de beauté.
Il y a algue et algue mais ça doit être une vérité qui dérange comme il dit Alguore celui que Bush n'aimait pas.
Mais je vais faire ma fine bouche, j'ai fait aussi les soldes d'Atac. Un paillasson où c'est écrit Welcome, il a du caoutchouc dessous. Félix, quand il a vu ça, il a dit : « pourquoi pas un, avec écrit Monsieur Bricolage parce qu'il a cru que c'était écrit Weldom. Faut dire qu'il y va très souvent chez ce quincaillier.
Les voisins aussi font les soldes, mais eux, ils achètent avec l'internet, sans bouger de leur maison explosée.
Ils ont trouvé deux lits à 30% à la redoute, je sais bien j'ai vu la camionnette et ils pourront pas dire qu'ils ont chiné des vieux meubles à la brocante.
On solde tout. Même Félix qui s'y met. Il a soldé la facture avec le dernier chèque pour la réparation de la chaudière.
Et les soldes, je peux dire que ça fait mal au porte-monnaie.
A l'entrée du bourg voisin de notre village, il y a Baptiste qui vend du John Deere. Et même lui, il s'y est mis aux soldes. C'est la première fois. Il fait du 30 % sur les têtes abattage H270 pour les forestiers. C'est l'engin le plus petit et il en a un gros stock qu'il arrive pas à faire partir et même en solde.
Je lui ai dit de faire à 50% mais il veut pas.
Les bûcherons, ils peuvent plus vendre leurs chênes, parce que les gens, ils achètent du bois exotique qui est moins cher ;
Baptiste, il est copain avec Félix même s'ils se chipotent tous les deux entre les John Deere et les Fergusson. Il passe souvent quand il va livrer du matériel.
Au bourg, toutes les boutiques s'y sont mises aussi et directement à 70 %. C'est aussi la première fois.
Les autres années, ça commençait avec du 30 % mais, Marjolaine qui a la boutique de vêtements d'enfants, elle dit que les gens ils achètent pas beaucoup. Pourtant que je lui ai dit, j'ai entendu à la radio que les femmes françaises faisaient beaucoup de bébés. 2,07 enfants.
Ca, faut le faire le 0,7.
Ca fait croire qu'une femme a deux bébés entiers plus une main à quatre doigts.
Ils disent aussi à la radio, qu'on est chanceuse pour les faire garder nos petiôts, plus que dans d'autres pays comme l'Allemagne.
On voit même plus les vitrines à cause des grandes affiches -solde-.
Le boucher, il solde pas, ni le boulanger, ni le fleuriste et je comprends. On imagine pas une affiche avec écrit : baguette -solde à 70% ou rôti de veau à 50 %, on pourrait croire que c'est périmé et en plus ils feraient pas de chiffres. Qu'est-ce qui reste sur une baguette à 70 % ? Rien, c'est pas sérieux.
Mais chez Atac, il y a les promotions toute l'année et les soldes, en plus, que c'est la même chose. Ils sortent juste de la réserve ce qui est pas vendu et ça sent un peu le moisi.
A la boucherie d'Atac, c'était solde sur le cochon : 1,39 euros le kilo. Ca m'a fait honte quand j'ai vu ça, parce que, ils vont gagner quoi les éleveurs de cochons qui sont tous en Bretagne et qui ont tous les gens des villes sur le dos qui disent qu'ils polluent et que ça sent mauvais le lisier et qu'ils veulent du cochon pas cher.
Ils disent, ces mêmes gens qu'il y a les algues qui polluent et pullulent. Mais faudrait savoir, parce qu'on dit qu'à Paris, il y a des restaurants où on mange que de ça et pis que c'est utilisé aussi pour faire des crèmes de beauté.
Il y a algue et algue mais ça doit être une vérité qui dérange comme il dit Alguore celui que Bush n'aimait pas.
Mais je vais faire ma fine bouche, j'ai fait aussi les soldes d'Atac. Un paillasson où c'est écrit Welcome, il a du caoutchouc dessous. Félix, quand il a vu ça, il a dit : « pourquoi pas un, avec écrit Monsieur Bricolage parce qu'il a cru que c'était écrit Weldom. Faut dire qu'il y va très souvent chez ce quincaillier.
Les voisins aussi font les soldes, mais eux, ils achètent avec l'internet, sans bouger de leur maison explosée.
Ils ont trouvé deux lits à 30% à la redoute, je sais bien j'ai vu la camionnette et ils pourront pas dire qu'ils ont chiné des vieux meubles à la brocante.
On solde tout. Même Félix qui s'y met. Il a soldé la facture avec le dernier chèque pour la réparation de la chaudière.
Et les soldes, je peux dire que ça fait mal au porte-monnaie.
Skyrgamur- Localisation : Normandie
- Message n°239
Re: Vovonne
Vovonne a écrit:Mais je vais faire ma fine bouche, j'ai fait aussi les soldes d'Atac. Un paillasson où c'est écrit Welcome, il a du caoutchouc dessous. Félix, quand il a vu ça, il a dit : « pourquoi pas un, avec écrit Monsieur Bricolage parce qu'il a cru que c'était écrit Weldom. Faut dire qu'il y va très souvent chez ce quincaillier.
On solde tout. Même Félix qui s'y met. Il a soldé la facture avec le dernier chèque pour la réparation de la chaudière.
Et les soldes, je peux dire que ça fait mal au porte-monnaie.
Vovonne, tu as bien fait de te faire trifouiller le cerveau, tu es montée en puissance dansl'humour.
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Skyrgamur, le lutin Islandais
Solcha
- Message n°240
Re: Vovonne
Chère Vovonne,
J'ai enfin pu profiter de quelques jours de vacances pour rattraper tout le retard que j'avais pris dans la lecture de vos aventures! 70 pages qu'il m'a imprimé mon ordinateur pour partir à la montagne avec!!!
C'est un vrai régal que de suivre vos tranches de vie. J'adore!
Bonne année à vous, à Félix, à la voisine et à tous les villageois(es).
J'ai enfin pu profiter de quelques jours de vacances pour rattraper tout le retard que j'avais pris dans la lecture de vos aventures! 70 pages qu'il m'a imprimé mon ordinateur pour partir à la montagne avec!!!
C'est un vrai régal que de suivre vos tranches de vie. J'adore!
Bonne année à vous, à Félix, à la voisine et à tous les villageois(es).
Glatch- Localisation : Ilmmünster, Bavière, Allemagne
- Message n°241
Re: Vovonne
Vovonne a écrit:
Le boucher, il solde pas, ni le boulanger, ni le fleuriste et je comprends. On imagine pas une affiche avec écrit : baguette -solde à 70% ou rôti de veau à 50 %, on pourrait croire que c'est périmé et en plus ils feraient pas de chiffres. Qu'est-ce qui reste sur une baguette à 70 % ? Rien, c'est pas sérieux.
Et ben si, Vovonne !
Je t´invite à sauter le Rhin à cloche-pied (prends de l´élan si possible...) et à venir y voir dans le pays où que je squatte.
Il y a une excellente boulangerie qui ne fout aucune colorant et aucun conservateur dans sa pâte et qui solde tous les soirs ses pains entre 17h30 et 18h à (tiens-toi bien au chariot Atac)... 50% !!! La queue déborde tous les jours jusque sur le trottoir, figure-toi.
Quand il reste quelque chose, je me rue dessus moi aussi. Je demande à la dame qu´elle me tranche les miches (seigle, ou sésame-carottes, ou multi-céréales...) et je congèle ce que je vais pas consommer immédiatement.
Je sens que ça va t´en boucher un coin, ça. Hein ?
Bises
_________________
Agathe
Skyrgamur- Localisation : Normandie
- Message n°242
Re: Vovonne
A Caen, une vraie boulangerie donne ses viennoiseries de la veille si tu passes de 5h30 à jusqu'à épuisement des stocks.
_________________
Skyrgamur, le lutin Islandais
mamina- Localisation : Près de Pau, sur le chemin de St Jacques...
- Message n°243
Re: Vovonne
Donner oui mais solder.... ne le dit pas à ta voisine Vovonne ; elle qui a travaillé dans le pain, elle va sauter au plafond (et plus haut peut-être suivant les travaux !) si on lui parle de solder le pain !!!
Quoique ! ce n'est pas une mauvaise idée... par ici beaucoup de boulangerie "soldent" les viennoiseries de la veille qu'on achète en sachet de 4 ou 6... un coup au micro-ondes et ni vu ni connu !
Quoique ! ce n'est pas une mauvaise idée... par ici beaucoup de boulangerie "soldent" les viennoiseries de la veille qu'on achète en sachet de 4 ou 6... un coup au micro-ondes et ni vu ni connu !
Vovonne- Invité
- Message n°244
Re: Vovonne
Cet après-midi,l'air était blanc. Félix dormait, la bouche entre-ouverte et le menton sur le paletot.
Je suis allée marcher lentement vers le champ de Perdita.
Il y avait une camionnette boueuse au bout du chemin.
Les herbes craquantes de gel étaient froissées et couchées.
J'ai longé la haie de noisetiers brunie d'hiver.
La surprise m'a clouée et aucun autre mot en vapeur n'est sorti de ma bouche.
J'ai juste dit « Bonjour »
Amélie la pharmacienne du bourg était enfourchée sur le cantonnier.
Ils m'ont regardé aussi surpris que moi. Les fesses blanches d'Amélie se sont posées sur les cuisses velues du Bertrand. Sa figure à lui, couleur de porc frais s'est davantage colorée.
En une poignée de seconde, j'ai vu la couverture à carreaux, les pantalons en tire-bouchon, la thermos de café, les gants dans l'herbe .
Amélie m'a regardé les yeux encore troublés de plaisir, elle a souri.
J'ai fait demi-tour, le cœur tapant dans mes oreilles et une chaleur bizarre dans mon ventre.
Chacun sait au village la légèreté d'Amélie et son besoin d'entendre le son de la vie.
Elle est jeune, plus très jeune, encore jeune. Quand une bougie fait une décennie, bientôt, elle aura quatre bougies.
Amélie c'est une femme moderne, elle a fait des grandes études et du temps a passé. Après, elle a acheté la pharmacie à Denis qui partait à la retraite. Et du temps à passer.
Son aventure qui devait lui assurer un bon couple solide avec beaucoup de sous a tourné court. C'était avec le notaire. Et le notaire, il prenait l'argent des gens et un jour les gendarmes ont mis des menottes à ses poignets noueux et secs comme des brindilles. On l'a plus vu.
Et Amélie était seule et le temps avait encore passé.
On a murmuré beaucoup sur ses amants. Qu'elle avait le feu au derrière, qu'elle voulait se caser.
Mais personne ne sait rien d'Amélie. Rien de son cœur serré comme un poing qu'on mord pour pas pleurer, rien des choses qu'on s'exerce à oublier. C'est souvent comme ça quand on attend d'aimer.
J'arrive pas à dire le mot sexe, ça me fait comme si c'était pas propre, comme si c'était des bêtes qui s'accouplent. Des bêtes, ça se soulagent mais ça fait pas le plaisir.
Et le plaisir, c'est beau et c'est gai. Et après si le cœur il s'emballe c'est encore mieux.
C'est ça qu'elle cherche Amélie, le plaisir et le cœur qui s'emballe.
Bertrand, lui, c'est pas pareil, il cherche le bon moment et dans l'herbe couverte de givre sur la couverture à carreaux, il est à son affaire.
Avant, il était régisseur au château. Il a visité souvent le ventre de la comtesse et elle l'a mis dehors après.
La comtesse, elle est vieille et les vieilles, elles n'aiment pas être humiliées surtout quand les gens du village jasent.
Quand j'irais chercher les médicaments pour le cœur de Félix, je ferai celle qui sait rien.
C'est mieux pour Amélie derrière son comptoir dans sa blouse blanche.
Amélie qui vend plus de médicaments pour les articulations qui font mal que tests de grossesses et du lait pour bébé.
Amélie qui a peur des aiguilles pointues de l'horloge qui avancent trop vite.
Je suis rentrée à la maison avec une idée qui dansait ;
Félix dormait toujours, un filet de salive coulait sur le gilet.
L'idée est restée une idée.
Je suis allée marcher lentement vers le champ de Perdita.
Il y avait une camionnette boueuse au bout du chemin.
Les herbes craquantes de gel étaient froissées et couchées.
J'ai longé la haie de noisetiers brunie d'hiver.
La surprise m'a clouée et aucun autre mot en vapeur n'est sorti de ma bouche.
J'ai juste dit « Bonjour »
Amélie la pharmacienne du bourg était enfourchée sur le cantonnier.
Ils m'ont regardé aussi surpris que moi. Les fesses blanches d'Amélie se sont posées sur les cuisses velues du Bertrand. Sa figure à lui, couleur de porc frais s'est davantage colorée.
En une poignée de seconde, j'ai vu la couverture à carreaux, les pantalons en tire-bouchon, la thermos de café, les gants dans l'herbe .
Amélie m'a regardé les yeux encore troublés de plaisir, elle a souri.
J'ai fait demi-tour, le cœur tapant dans mes oreilles et une chaleur bizarre dans mon ventre.
Chacun sait au village la légèreté d'Amélie et son besoin d'entendre le son de la vie.
Elle est jeune, plus très jeune, encore jeune. Quand une bougie fait une décennie, bientôt, elle aura quatre bougies.
Amélie c'est une femme moderne, elle a fait des grandes études et du temps a passé. Après, elle a acheté la pharmacie à Denis qui partait à la retraite. Et du temps à passer.
Son aventure qui devait lui assurer un bon couple solide avec beaucoup de sous a tourné court. C'était avec le notaire. Et le notaire, il prenait l'argent des gens et un jour les gendarmes ont mis des menottes à ses poignets noueux et secs comme des brindilles. On l'a plus vu.
Et Amélie était seule et le temps avait encore passé.
On a murmuré beaucoup sur ses amants. Qu'elle avait le feu au derrière, qu'elle voulait se caser.
Mais personne ne sait rien d'Amélie. Rien de son cœur serré comme un poing qu'on mord pour pas pleurer, rien des choses qu'on s'exerce à oublier. C'est souvent comme ça quand on attend d'aimer.
J'arrive pas à dire le mot sexe, ça me fait comme si c'était pas propre, comme si c'était des bêtes qui s'accouplent. Des bêtes, ça se soulagent mais ça fait pas le plaisir.
Et le plaisir, c'est beau et c'est gai. Et après si le cœur il s'emballe c'est encore mieux.
C'est ça qu'elle cherche Amélie, le plaisir et le cœur qui s'emballe.
Bertrand, lui, c'est pas pareil, il cherche le bon moment et dans l'herbe couverte de givre sur la couverture à carreaux, il est à son affaire.
Avant, il était régisseur au château. Il a visité souvent le ventre de la comtesse et elle l'a mis dehors après.
La comtesse, elle est vieille et les vieilles, elles n'aiment pas être humiliées surtout quand les gens du village jasent.
Quand j'irais chercher les médicaments pour le cœur de Félix, je ferai celle qui sait rien.
C'est mieux pour Amélie derrière son comptoir dans sa blouse blanche.
Amélie qui vend plus de médicaments pour les articulations qui font mal que tests de grossesses et du lait pour bébé.
Amélie qui a peur des aiguilles pointues de l'horloge qui avancent trop vite.
Je suis rentrée à la maison avec une idée qui dansait ;
Félix dormait toujours, un filet de salive coulait sur le gilet.
L'idée est restée une idée.
Skyrgamur- Localisation : Normandie
- Message n°245
Re: Vovonne
Fallait le réveiller ton Félix, si t'avais dit oui, pour sûr qu'il aurait pas dit non...
_________________
Skyrgamur, le lutin Islandais
Glatch- Localisation : Ilmmünster, Bavière, Allemagne
- Message n°246
Re: Vovonne
Nom d´une brouette, Vovone !
Pour une rencontre, c´est une rencontre ! L´histoire ne nous dit pas si Amélie achète ses dessous chez Damart et si Bertrand ira prendre ses médocs contre la pneumonie carabinée chez Amélie dans les prochains jours !
Sinon, je suis d´accord avec toi, c´est pas parce que t´es rentrée toute chose de balade que le Félix doit se prendre une remontée de bretelles.
Pour une rencontre, c´est une rencontre ! L´histoire ne nous dit pas si Amélie achète ses dessous chez Damart et si Bertrand ira prendre ses médocs contre la pneumonie carabinée chez Amélie dans les prochains jours !
Sinon, je suis d´accord avec toi, c´est pas parce que t´es rentrée toute chose de balade que le Félix doit se prendre une remontée de bretelles.
_________________
Agathe
Vovonne- Invité
- Message n°247
Re: Vovonne
J'ai entendu toute la journée le marteau-piqueur qui défonce la maison des voisins, ça résonnait jusque dans ma salle.
Alors je pense à la voisine qui met des boules quies le matin et garde ses oreilles bouchées.
Ils s'échappent de la maison et viennent boire le café quand c'est trop difficile.
Ce qui me fait défaut, ce n'est pas le temps, parce que c'est rien le temps. Tout le monde sait ça.
Les cinq minutes qui durent une heure et l'heure qui dure une seconde.
Et pareil, on dit que plus on vieillit plus le temps passe vite. Quand j'étais une enfant, je voulais être déjà une grande personne et c'était long à attendre.
Maintenant, je suis une grande personne, une adulte et une vieille femme, les trois à la fois et attendre c'est toujours long.
C'est juste plus la même chose qu'on attend.
Non, ce qui me fait défaut, c'est le savoir. Je me sens souvent comme un flamand rose, rouge.
Un oiseau sur une patte, rouge de confusion. La patte relevée sous mes plumes duveteuses, les plumes où je me replie pour me sentir en sécurité, l'autre patte plantée dans du sable mouvant.
Parce que, les gens qui ont le savoir, ils ne se font pas rouler dans la farine, ils sont sûrs de ce qu'ils disent et de ce qu'ils pensent et ils l'affirment.
Moi, je doute toujours. Je doute pas des gens parce que Félix, il dit que je suis une grande naïve et que je fais confiance en n'importe quel margoulin, mais je doute de ma pensée, je n'ai jamais des certitudes et c'est fatiguant de jamais être certaine de rien.
Pas les petites choses, pour ça, ça va. Je sais que j'aime le bœuf miroton et pas les sardines, je sais que j'aime les livres et pas les bandes dessinées où je sais jamais quelle bulle il faut lire en premier..
Pour les choses artistiques, c'est difficile. Quand je vois des sculptures ou des tableaux et que j'entends tout le monde dire que c'est beau, j'ose pas dire que je trouve que c'est pe. Et quand tous les gens disent que c'est pe, j'ose pas dire que moi, ça me fait dresser les petits poils de mes bras.
C'est pour ça que je me sens si betiôlot.
Quand je raconte les choses de mon enfance à la voisine, mes phrases, elles viennent toutes seules avec les virgules bien placées dans ma voix et je ne suis pas une godiche qu'a pas été à l'école.
Avec les gens de mon village, c'est pareil parce qu'on est tous pareils justement. Mais avec ceux de la ville, là, c'est plus la même chose. Je deviens lourde, je tiens sur une patte toute déséquilibrée.
On a été au musée du Louvre il y a deux ans avec la sortie week-end du club.
75 euros ça coutait avec l'hôtel et les repas .
Je me souviens, c'était le premier dimanche de février parce que c'était gratuit ce jour là.
Il paraît qu'il y a trente cinq mille œuvres, c'est vraiment beaucoup et je me rappelle de quoi ?
Rien de rien.
Je voulais voir la Joconde et j'ai été déçue, elle a des yeux morts sans lumière.
Dans ma tête, j'ai gardé la peinture de Dali, que c'est un peintre que je connaissais parce qu'il disait dans une publicité : « je suis fou du chocolat Lanvin ».
Je savais pas qu'il avait peint la plus belle peinture que j'ai jamais vu sur le Christ. C'est un Christ sur la croix, qu'on voit pas, pour une fois le visage et qui est au-dessus du monde.
On voit pas de clous, pas de sang, rien qu'un homme, tête penchée, bras étendus.
Ca m'a fait un frisson mais je l'ai pas dit.
Je connais une autre peinture que j'ai vu chez la voisine et pas au musée du Louvre. C'est juste une reproduction mais ça fait rien, j'ai hâte qu'ils la sortent de la grange où elle est dans un carton à cause des travaux.
J'ai retenu le nom, qu'on peut pas l'oublier. Ça s'appelle -le cri-. Il y a comme des vagues rouge et jaune et un pont où on voit deux personnes au fond. Devant c'est quelqu'un qui se tient la figure.
C'est comme si toute la toile jaune et rouge criait et pas seulement la personne devant. Comme du sang ou du feu, comme de la peur terrible.
C'est si magnifique.
C'est exactement comme ça que je me sens avec le savoir que j'ai pas.
Aujourd'hui l'air est gris, mon esprit est gris, mes petits cheveux qui repoussent sont gris et dans le soir qui tombe, le gris s'efface dans la couleur jaune de la lampe.
La journée est finie et je suis soulagée .
C'est parfois comme ça certains jours d'hiver. Une journée toute vide comme une bogue aux piquants ratatinés.
Vovonne- Invité
- Message n°248
Re: Vovonne
Je n'ai pas eu l'occasion d'écrire dans mon ordinateur parce que j'étais occupée.
Quand je suis occupée, je pense que j'écrirai le soir et quand le soir est là, j'ai sommeil.
Après les jours passent et je me rappelle même plus ce qui m'a tant occupé.
Mais hier soir, c'est pas loin et je vais le raconter parce que les vœux de Monsieur le Maire c'est important dans notre village.
On y va tous.
L'année dernière, il y avait le député et cette année les gens du village, ils disaient qu'il y serait aussi.
Sont pas très astucieux quand même. Il risquait pas de venir dans notre coin isolé, parce que cette année, il y a pas d'élection, alors, il s'en fiche de nous comme d'une guigne. Un député, ça se déplace si il y a un intérêt, pour avoir des voix. Des graves et des aigües, il est pas difficile.
Notre maire, il sait pas très bien parler en public. Il a sa feuille dans les mains et il lit comme une machine et il oublie de s'arrêter aux points. Après, il se rend compte que sa phrase veut rien dire et il recommence. Son discours il dure dix minutes, ça chevrote, ça rature de la voix et quand il termine par bonne année à tous, il sourit de toutes ses dents en pagaille.
Il a une bouche bouleversée le pauvre.
Nous, on l'aime bien notre maire.
C'est toutes les années comme ça. Sûrement aussi cette année, sauf que je suis arrivée en retard parce que Félix avait perdu les clefs de la voiture, elles étaient dans le frigo.
Le maire, il avait fini son discours.
Il y a toujours beaucoup de gens aux vœux de la mairie. Ceux de notre village, ceux des deux autres hameaux. Ça fait bien dans les cent personnes. On se réunit tous dans la salle des fêtes qui est plus aux normes.
C'est l'ancienne école et il y a pas de sortie de secours pour les incendies, il y a de l'amiante qui faut tout casser le plafond et pas d'accès pour les gens en fauteuil roulant.
On s'en fiche que ce soit pas aux normes. Le père Figeron, c'est un forestier qui le porte et un autre qui porte le fauteuil. Pareil pour la vieille Emilie.
D'abord la commune, elle est comme les gens, elle a pas de sous et on s'en arrange très bien.
L'a pas dit le député, l'année dernière qu'il financerait la rénovation de la salle des fêtes. C'est pas de son ressort. Lui son ressort qui le fait rebondir, ce sont les voix des administrés, voilà.
C'était une ruche là-dedans, on a bu du Crémant, on a mangé des boudoirs et des croquets.
Ca sentait la sueur piquante de ceux qui travaillent dehors, la laque qui tient les mises en plis et le déodorant. Ca sentait l'haleine d'alcool, enfin surtout Léonard qui est arrivé avec son chapeau de cow-boy tout fripé au volant de sa voiture sans permis. Il s'est garé en bas des marches sans s'apercevoir qu'il fallait contourner sa voiture. Les forestiers avant de soulever les deux enfauteuillés, ont soulevé la voiture pour faire le passage.
J'ai regardé tout ça parce que j'étais dehors avec la voisine qui fumait sa cigarette. Je lui faisais mes commentaires de tous ceux qui rentraient.
C'était pour qu'elle soit au courant de qui était de quel parti politique, parce que notre maire, il a pas d'étiquette. On sait pas s'il est made in USA ou made in China. Rien d'accrocher au revers de sa veste de costume non plus, même pas une rosette.
Mais la voisine a vexé mon amour-propre, elle m'a dit : « Vovonne, je m'en fous du parti politique des gens, ça m'intéresse pas, je ferai mon idée moi-même ».
Mince alors, c'est vexant.
Après, on est rentré et je l'ai plus vu. Son mari il discutait avec Christophe, le rival de Willy, qui fait de la vache bio parce qu'il veut en acheter un quart. Un quart de vache, ça fait soixante dix kilos de viande et à 7,40 le kilo, ça fait des sous. Surtout qu'ils achètent aussi en Avril, un cochon à 2 euros 45 le kilo sur pattes plus 150 euros du travail du boucher quand ce sera temps de le tuer.
Elle rit la voisine parce qu'il faut d'abord qu'ils achètent un congélateur.
Une année, on a jeté 200 kg de viande parce que, le congélateur avait grillé et tout avait pourri. J'ai pas oublié l'odeur !
Après, on est tous rentrés à la maison. Il a fallu gratter les pare-brises parce que la glace est tombée sans prévenir. On s'est retrouvé chez les voisins avec Willy et sa femme et Gwendoline et son petit qui est toujours sage. On a fait des crêpes même si c'est pas tout à fait la Chandeleur et bu du cidre et on est rentré dormir comme des bienheureux.
J'ai pensé à mettre les clefs sur le buffet et Félix a sorti la carabine parce que des malintentionnés ont tracé des croix sur plusieurs piliers des portes des maisons.
Vovonne- Invité
- Message n°249
Re: Vovonne
Nous rentrions hier soir du concours de belote du club et le voyant du téléphone clignotait.
Nous étions 128 cette année. Par table de quatre, ça en faisait du monde.
Le premier prix, c'était une corbeille de biscuits. J'ai pas gagné. Notre table était avant dernière avec trois mille deux cents points et on a gagné une bouteille de vin.
Félix, il aime pas jouer. Alors il a passé l'après-midi à servir le café et laver les tasses. Le soir, il avait mal au dos.
Bon, alors ce voyant de téléphone, faut que j'en parle parce que ces histoires, ça fait des frissons dans le dos.
C'était notre amie du hameau d'à côté. Elle avait laissé un appel plein d'effroi.
Voilà ce qu'elle disait :
« Vovonne, Félix, il faut que vous veniez. Je viens de me réveiller en sursaut de ma sieste, la peinture de la porte était entrain de fondre, il faisait chaud, c'est ça qui m'a réveillé. C'est plein d'écailles de peinture par terre. En plus le cadre de la photo de Gustave s'est décroché d'un coup, il s'est brisé et il y a aussi une feuille de platane toute verte sur le lit, venez s'il vous plait »
C'était la soirée, alors on a donné un coup de téléphone et on a parlé pour la rassurer.
Après ça allait mieux et on a pas eu besoin de rouler dans la nuit.
On lui a téléphoné ce matin et elle nous a dit qu'elle avait bien dormi parce qu'elle avait pris trois comprimés.
C'est pas la première fois que ça arrive ce genre d'histoires. Même quand Gustave était de ce monde c'était pareil. Ca tapait dans le tiroir de la table de nuit et il disait « laisse-nous tranquille » à l'esprit frappeur. Félix, il dit que c'était parce que sa femme lui cassait les pieds et que comme ça, elle lui fichait la paix.
Faut dire qu'au siècle dernier, il y a eu deux assassinats dans leur maison et qu'on n'a parait-il jamais trouvé les meurtriers. Alors depuis les âmes errent.
Mon amie, elle a déjà demandé au curé de venir, mais lui, il a trente paroisses et il a pas le temps. Il a dit qu'il demanderait à l'évêché pour faire venir un prêtre exorciste mais je crois qu'il l'a jamais fait.
En attendant, il n'y a que mon amie qui entend et voit tout ça. Quand ces enfants viennent passer quelques jours, il ne se passe rien, c'est ça qui est bizarre.
Elle dit que c'est parce qu'il y a trop de monde et que les esprits craignent de ne pas être entendu.
Chaque fois que l'esprit vient c'est quand mon amie a fait un bon repas et surtout très arrosé parce que, faut le dire, elle lève le coude facilement.
Si on lui dit avec Félix que c'est peut-être qu'elle a trop bien mangé, elle s'énerve qu'on ne la croit pas.
On va aller chez elle tout à l'heure voir ce qu'elle dit. Surtout la peinture de la porte qui a fondu.
J'ai aussi envie de voir la feuille verte de platane quand il n'y a aucun platane par ici, ni chez nous, ni chez elle.
Faut qu'on voit aussi la flaque d'eau sous son cumulus alors que le plombier a dit qu'il n'y avait pas de fuites et qu'on voit aussi le tiroir de la table de nuit qui s'est fendu d'un coup.
Moi, je sais que j'y crois pas à ces histoires. C'est de la superstition.
Peut-être que je le crois un tout petit peu, peut-être, parce que j'arrive pas à dormir chez elle, ça me fiche une trouille terrible. Une terreur à me canfouiner sous le lit.
Une nuit aussi chez nous, ça grattait dans le grenier.
C'était une fouine. Et pas un esprit de fouine, j'ai vu les déjections de son passage.
Faut que je parte. Je suis comme St Thomas, je crois que ce que je vois.
Vovonne- Invité
- Message n°250
Re: Vovonne
Je ne vais pas rester longtemps devant mon ordinateur.
La pile de repassage déborde de la corbeille et je me suis jurée de m'y mettre.
Le matou s'est installé sur le dessus et heureusement, en hiver, il perd pas ses poils.
Nous sommes passés chez Léonie voir les phénomènes étranges dont elle parle et nous n'avons rien vu de particulier, elle avait balayé les écailles de peinture de la porte, mis au feu la feuille de platane.
C'est la même chose chaque fois et c'est plus ce qui se passe dans sa tête qui est inquiétant.
Puis, j'ai fini la journée tranquillement avec un nouveau livre drôlement bien prêté par la voisine.
C'est un livre policier qui s'appelle « sous le silence ».
Ca devrait pas être un policier parce que c'est de la poésie parfaite. Enfin, moi je trouve.
Bref, il faut que je repasse le linge. J'aime bien parce que lorsque le fer glisse sur les torchons, les taies d'oreiller, mes pensées glissent elles aussi. Elles dérivent comme les herbes qui flottent sur la frayère, ancrées dans le fond spongieux.
Quand je repasse les chemises de Félix, chaque fois je suis emportée au temps lointain où j'avais tenté de quitter le ferme de mon père.
J'étais partie me louer au château et j'étais devenue servante, aide-lingère, aide-cuisinière.
Ma tâche consistait à préparer l'amidon de maïs avec de l'eau et quand le mélange devenait transparent et gélatineux, je devais tremper les manchettes de mousquetaire et les cols des chemises de Monsieur pour les empeser. Après je repassais en faisant attention de ne pas amidonner le début de la manche.
Le fer était lourd, pas comme le mien qui crache la vapeur quand j'appuie sur le bouton.
Pour qu'il reste chaud, je devais changer les briquettes du socle de fonte.
C'était un travail pénible et mon bras m'élançait en fin de journée. Monsieur changeait de chemises tous les jours.
Je travaillais sous l'œil féroce de Josette qui ne m'épargnait jamais les reproches.
Elle ne m'aimait pas, j'étais la rustre qui osait sortir de sa fange et j'étais jeune.
Elle, s'occupait des dentelles de Madame, des nappes et napperons brodés.
Un jour, je pensais à Félix, nous commencions à nous fréquenter et j'ai laissé le fer sur le col de la chemise et il a vilainement jauni.
S'en était fini de mon emploi. Josette m'envoya sur le champ voir le régisseur. Timothée, le régisseur n'avait pas de travail pour moi. Pas dans le château en tout cas. Il m'a dit que je pouvais m'occuper de la soue des cochons et du poulailler.
Alors, je suis partie, sans oser demander mes gages de la semaine, qu'on ne m'a pas donné et je suis retournée à la ferme.
Mon ascension sociale était terminée avant d'avoir commencé.
Je suis restée trois mois au château et j'ai pourtant appris des bonnes manières, comment dresser la table, placer les fourchettes dans le bons sens pour laisser les armoiries visibles, poser les verres proprement dans le bon ordre, ne jamais mettre un bouquet de fleurs à grandes tiges au centre de la table, se contenter de bouquets ronds qui gênent pas la vue des convives, placer les chandeliers aux extrémités de la table et non au centre.
Ainsi, jetée du château, je rentrais un peu moins ignorante à la ferme.
Ca m'a servi plus tard chez nous. J'ai fait la dame.
Félix, il s'en fiche des plis des manches de la chemise, c'est sous son pull, mais moi, j'aime bien quand tout est bien net dans l'armoire. Je repasse tout. Les draps de dessous qui ont des élastiques aux angles sont les plus difficiles mais je fais en sorte qu'ils soient parfaits, les serviettes et les gants, les slips et les chaussettes, tout.
Comme ça, quand les piles sont parfaites, moi aussi je me sens bien rangée.
Je crois aussi que j'écris depuis beaucoup de mois sur mon ordinateur. Ca serait bien si j'avais la machine qui imprime. Je ferais un carnet comme ceux que j'écrivais avec la main avant et je collerais des photos sur la couverture.
Puis, je pourrais le ranger dans le tiroir de ma table avec écrit en noir à la dernière page,le mot Fin.