J´sais pas si elle a branché son poste aujourd´hui, la bonne dame, mais au journal télé, le présentateur a fanfaronné que les smicards allaient pouvoir s´en mettre plein les fouilles dès l´an prochain. A y est, leur rémunération va passer le cap fatidique des 9 euros de l´heure, soit 14 centimes de plus qu´avant. Si c´est pas de la gabegie, ça, hein Vovonne ?
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Vovonne
Glatch- Localisation : Ilmmünster, Bavière, Allemagne
- Message n°201
Re: Vovonne
Nom d´un galurin, on peut pas dire qu´il est empoussiéré le plafonnier de la Vovonne !! De la jugeote, elle en a, et y en a des qui feraient bien de s´en inspirer...
J´sais pas si elle a branché son poste aujourd´hui, la bonne dame, mais au journal télé, le présentateur a fanfaronné que les smicards allaient pouvoir s´en mettre plein les fouilles dès l´an prochain. A y est, leur rémunération va passer le cap fatidique des 9 euros de l´heure, soit 14 centimes de plus qu´avant. Si c´est pas de la gabegie, ça, hein Vovonne ?
J´sais pas si elle a branché son poste aujourd´hui, la bonne dame, mais au journal télé, le présentateur a fanfaronné que les smicards allaient pouvoir s´en mettre plein les fouilles dès l´an prochain. A y est, leur rémunération va passer le cap fatidique des 9 euros de l´heure, soit 14 centimes de plus qu´avant. Si c´est pas de la gabegie, ça, hein Vovonne ?
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Agathe
Glatch- Localisation : Ilmmünster, Bavière, Allemagne
- Message n°202
Re: Vovonne
Dis Vovonne,
En échange de tous ces mots que tu nous offres généreusement depuis quelque temps, j´aimerais bien te raconter à mon tour, si tu n´y vois pas d´inconvénients et si tu as cinq minutes, un fait divers qui a semé une belle pagaille dans le village où qu´je crèche. Faut dire que l´histoire est un peu glauque, mais le scénar bucolique de La petite maison dans la prairie, c´est juste bon dans le poste de télévision.
J´ai de nombreux voisins. Par voisins, j´entends les habitants de ma rue, que je connais de vue, mais ça s´arrête là. Il faut te dire que ma rue est longue, elle coupe le village en partie du nord au sud, et que de ce fait, je peux pas connaître tout le monde. L´un de ces voisins possède une belle maison moderne, qu´il a fait construire par un architecte en vogue quand il a quitté Munich pour venir s´installer à la campagne. Il a une belle situation, une belle famille (une belle femme et deux beaux enfants), une belle maison, située un peu en surplomb avec une belle vue sur l´Ilm, la rivière qui traverse le village. Ils s´appellent Berndt.
L´autre villageois dont il est question ici est moins verni par la vie. Il vivote au bord de la rivière dans une maisonnette aux murs jaunissants où tout semble partir à vau-l´eau. Il est minuscule et porte, été comme hiver, un bonnet ridicule, un peu comme celui des Stroumpfs. Il se promène souvent et sans arrêt accompagné d´un crétin de caniche au poil triste et décoloré, qui se couche sur la plage avant de sa Golf quand il se déplace en voiture et qui aboit quand la voiture se fait doubler. Il a une femme à l´allure fatiguée, épaules voûtées et regard en piqué vers le sol. Leur ado de fille se peinturlure le visage outrageusement. Elle est accoutrée de mini jupes noires moulantes et de collants gothiques. C´est la famille Huber.
Tout ce petit monde cohabitait plutôt bien dans mon village (qui, d´après ce que j´ai cru comprendre en te lisant, est beaucoup plus gros que le tien) jusqu´au jour où.... La population est un mélange d´autochtones bavarois et de citadins qui, las des désagréments de la ville sont venus s´installés au vert, entre les champs de blé et de houblon, et qui font tous les jours la navette à Munich pour aller travailler. Dans ton pays, on les appelle les banlieusards. Dans le mien ce sont les Pendler.
Mon histoire a beau être assez vite résumée, j´ai pas le temps de la continuer là, parce qu´il faut rentrer le bois pour la nuit et commencer à faire chauffer la soupe. Je reviendrai demain soir, après la journée de besogne, si tu veux bien.
En échange de tous ces mots que tu nous offres généreusement depuis quelque temps, j´aimerais bien te raconter à mon tour, si tu n´y vois pas d´inconvénients et si tu as cinq minutes, un fait divers qui a semé une belle pagaille dans le village où qu´je crèche. Faut dire que l´histoire est un peu glauque, mais le scénar bucolique de La petite maison dans la prairie, c´est juste bon dans le poste de télévision.
J´ai de nombreux voisins. Par voisins, j´entends les habitants de ma rue, que je connais de vue, mais ça s´arrête là. Il faut te dire que ma rue est longue, elle coupe le village en partie du nord au sud, et que de ce fait, je peux pas connaître tout le monde. L´un de ces voisins possède une belle maison moderne, qu´il a fait construire par un architecte en vogue quand il a quitté Munich pour venir s´installer à la campagne. Il a une belle situation, une belle famille (une belle femme et deux beaux enfants), une belle maison, située un peu en surplomb avec une belle vue sur l´Ilm, la rivière qui traverse le village. Ils s´appellent Berndt.
L´autre villageois dont il est question ici est moins verni par la vie. Il vivote au bord de la rivière dans une maisonnette aux murs jaunissants où tout semble partir à vau-l´eau. Il est minuscule et porte, été comme hiver, un bonnet ridicule, un peu comme celui des Stroumpfs. Il se promène souvent et sans arrêt accompagné d´un crétin de caniche au poil triste et décoloré, qui se couche sur la plage avant de sa Golf quand il se déplace en voiture et qui aboit quand la voiture se fait doubler. Il a une femme à l´allure fatiguée, épaules voûtées et regard en piqué vers le sol. Leur ado de fille se peinturlure le visage outrageusement. Elle est accoutrée de mini jupes noires moulantes et de collants gothiques. C´est la famille Huber.
Tout ce petit monde cohabitait plutôt bien dans mon village (qui, d´après ce que j´ai cru comprendre en te lisant, est beaucoup plus gros que le tien) jusqu´au jour où.... La population est un mélange d´autochtones bavarois et de citadins qui, las des désagréments de la ville sont venus s´installés au vert, entre les champs de blé et de houblon, et qui font tous les jours la navette à Munich pour aller travailler. Dans ton pays, on les appelle les banlieusards. Dans le mien ce sont les Pendler.
Mon histoire a beau être assez vite résumée, j´ai pas le temps de la continuer là, parce qu´il faut rentrer le bois pour la nuit et commencer à faire chauffer la soupe. Je reviendrai demain soir, après la journée de besogne, si tu veux bien.
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Agathe
Invité- Invité
- Message n°203
Re: Vovonne
Je retiens mon souffle...
Huber-Berndt, la lutte des classes...
J'attends ce soir après la soupe et la corvée de bois.
Vovonne, elle, s'en fout, elle continue, sourde à tout ce qui n'est pas son train-train.
Ca sera donc bien si tu entrecroises ta vie de village, ça lui clouera peut-être son caquet.
P'têtre qu'il faudrait demander à Wapiti de dégager toutes ces pages et celles à venir du coin des invités !
Huber-Berndt, la lutte des classes...
J'attends ce soir après la soupe et la corvée de bois.
Vovonne, elle, s'en fout, elle continue, sourde à tout ce qui n'est pas son train-train.
Ca sera donc bien si tu entrecroises ta vie de village, ça lui clouera peut-être son caquet.
P'têtre qu'il faudrait demander à Wapiti de dégager toutes ces pages et celles à venir du coin des invités !
Vovonne- Invité
- Message n°204
Re: Vovonne
J'ai bien cru n'avoir pas de temps, avant de monter chez notre garçon, pour écrire les petites choses des derniers jours sur mon ordinateur. Tous ces petits moments qui s'empilent en fouillis comme des cartons de déménagement que l'on ouvre plus jamais.
Les hameaux de la commune se sont mis en Noël. Faut dire que chez Atac il y avait une montagne de Père Noël qui s'accrochent sur les façades, à 15 euros. Beaucoup de gens ont acheté et maintenant les père Noël sont fixés sur les volets, sur les gouttières, prêts à entrer chez les gens pour apporter la machine à café et le gaufrier et les jeux d'ordinateurs.
Le boucher en a donné un à Félix pour me porter bonheur parce que je me suis écrasée la figure devant chez lui.
Notre échelle qui traine, appuyée sur le mur depuis que le voisin est monté sur notre toit pour régler l'antenne est maintenant décorée d'un père Noël rouge. Il n'est pas attaché tout en haut parce que Félix aurait pu glisser, mais on le voit bien.
Monsieur le Maire a fait poser des sapins au carrefour du village et des paquets bleus, brillants se balancent dans le vent. D'habitude Monsieur le Maire en fait mettre devant chez nous parce qu'on est la dernière ferme.
Pas cette année, ça doit être à cause de la crise. C'est pas une histoire de fonctionnaires fâchés parce qu'on a donné les étrennes à notre facteur en échange d'un calendrier avec des chats.
Je ne me sers jamais du calendrier de la poste, c'est écrit tout petit, y'a pas de place pour écrire les rendez-vous et si on veut écrire, ça bave sur le carton glacé .
Dans la rue du bourg, il y a aussi des sapins avec des rubans dorés devant la porte de chaque commerçant. C'est comme si les sapins des collines avaient décidé qu'ils étaient beaux et que ça mettrait de la bonne humeur dans le cœur des gens pour qu'ils achètent encore plus.
Au village toutes les maisons ont leur père noël. Que les maisons des gens modestes, parce que les grosses maisons des riches comme celle des voisins ont pas besoin d'espérer des cadeaux qui améliorent la vie.Moi, je fais attention d'enlever mon père Noël quand les fêtes sont finies parce que ça fait très négligé un père Noël tout mou sur la façade quand les fleurs du printemps sont déjà là.
Monsieur le Maire a mobilisé, comme chaque année tous les bénévoles pour la distribution du colis de Noël chez les vieilles gens. Ça fait quatre ans qu'on est, Félix et moi dans la catégorie des vieux.
Quand Emilie est venue nous apporter notre corbeille, on a bu le café.
Dans la corbeille, il y a des bons produits de la Comtesse du Barry. Du foie gras en boîte, une bouteille de Bergerac dans le colis de Félix et du rosé dans le mien. Ils font la différence entre les hommes et les femmes avec la couleur du vin. Faut croire que nous les femmes, on est incapable d'apprécier le vin rouge et qu'un petit rosé c'est plus élégant pour nous.
Il y a aussi des papillotes, deux en chocolat et cinq en pâte de fruit, que c'est plus économique. Et trois clémentines aussi, j'allais oublier. On aime bien notre colis de la mairie.
On a eu aussi notre repas du club. Félix n'est venu qu'au dessert parce qu'il allait au dentiste. Ah non, chez le dentiste, maintenant je ne me trompe presque plus. Il a enlevé les dents du bas et il fallait bien réglé le dentier qui lui blesse le dedans des joues.
On a chanté et dansé et bien mangé. Des cassolettes d'escargots, du rôti de dindonneau à la sauce grand veneur, du fromage. Le fromage, c'était du camembert et du roquefort. J'aime que le roquefort Papillon depuis qu'on a visité les caves, il y a trois ans. C'est le meilleur et même on en trouve chez Atac. Plus cher que les autres mais c'est notre fantaisie. En dessert, c'était une bûche pâtissière décorée avec le père noël qui scie et un sapin.
Tous le repas est bien préparé et prévu pour les problèmes de dents fragiles et de dentiers qui se décollent et sautent mais Félix a pas voulu venir quand même.
Avant d'aller marcher dans la neige avec mes bottes à poils, pour voir si Willy a rentré les dernières vaches dans la stabulation, je voulais dire qu'Imogène est parti.
C'est mieux pour les voisins qui auraient été embêté parce que eux aussi ils quittent le village et, laisser Imogène dans la maison en chantier, c'était une responsabilité grave. Imogène est donc parti avec son chariot de courses à carreaux comme il était arrivé avec en plus la parka du voisin qui était pas prévue. Dans la poche de la parka y'avait les papiers de la voiture et le permis de conduire.
Le voisin était très furieux et je comprends.
Joseph a dit : « Pas étonnant ça devait être un polack, y'avait qu'à voir ses joues rouges et ses yeux bleus ».
Vaut mieux se taire je dis.
mamina- Localisation : Près de Pau, sur le chemin de St Jacques...
- Message n°205
Re: Vovonne
Bonnes fêtes Vovonne... profites de ton petit monde
et dis-moi ? le petit Arun, il ne doit pas être grand frère ces jours-ci ? un bien joli cadeau de Noël si je ne me trompe pas !
plein de gros bisous !!!
et dis-moi ? le petit Arun, il ne doit pas être grand frère ces jours-ci ? un bien joli cadeau de Noël si je ne me trompe pas !
plein de gros bisous !!!
Glatch- Localisation : Ilmmünster, Bavière, Allemagne
- Message n°206
Re: Vovonne
pondy (Jeu 16 Déc - 10:01) a écrit:
Ca sera donc bien si tu entrecroises ta vie de village, ça lui clouera peut-être son caquet!
T´es folle Pondy, ou quoi ! Qui parle de clouer le bec à Vovonne, ici ? Nan mais ça va pas !
_________________
Agathe
Glatch- Localisation : Ilmmünster, Bavière, Allemagne
- Message n°207
Re: Vovonne
Bon, Vovonne, je cause plus à Pondy, moi. Ca lui monte à la tête, tes histoires de sauce grand veneur (quel nom ! C´est à base de vin ?).
Voyons, où en étions-nous ?
Je me rends compte, figure-toi, en relisant le message d´hier, que j´ai oublié de préciser que les deux enfants de la famille Berndt étaient des enfants adoptés. Des mômes placés et déplacés, trimballés de foyers en familles d´accueil au gré de l´humeur des services sociaux jusqu´à ce qu´il atterrissent chez les Berndt et s´y sentent bien. De fait, depuis qu´ils y étaient, leur situation s´étaient stabilisée. J´ajoute aussi, pendant que j´y pense, que les noms ont été changés et qu´il est inutile d´aller chercher midi à quatorze heure chez l´ami Gogol…
Isabella, la fille des Berndt, s´entendait bien avec la Laura, la fille des Huber. Elles étaient dans la même classe au collège et partageaient pas mal de leur temps libre. Un weekend qu´elles avaient décidé de passer ensemble, Laura avait prévu de rester dormir chez les Berndt. Les deux filles étaient excitées, la scène a failli tourner à l´hystérie, à un tel point qu´avant que la soirée ne parte complètement en vrille, Madame Berndt a décidé de renvoyer Laura chez elle. Comme il était plus de minuit, elle a demandé à son mari de raccompagner Laura chez elle en voiture. Ce qu´il a fait.
Ouh la la, je devrais pas te raconter tout ça maintenant, sachant que je suis au travail… et payée pour faire autre chose que radoter.
A plus tard, Vovonne.
Voyons, où en étions-nous ?
Je me rends compte, figure-toi, en relisant le message d´hier, que j´ai oublié de préciser que les deux enfants de la famille Berndt étaient des enfants adoptés. Des mômes placés et déplacés, trimballés de foyers en familles d´accueil au gré de l´humeur des services sociaux jusqu´à ce qu´il atterrissent chez les Berndt et s´y sentent bien. De fait, depuis qu´ils y étaient, leur situation s´étaient stabilisée. J´ajoute aussi, pendant que j´y pense, que les noms ont été changés et qu´il est inutile d´aller chercher midi à quatorze heure chez l´ami Gogol…
Isabella, la fille des Berndt, s´entendait bien avec la Laura, la fille des Huber. Elles étaient dans la même classe au collège et partageaient pas mal de leur temps libre. Un weekend qu´elles avaient décidé de passer ensemble, Laura avait prévu de rester dormir chez les Berndt. Les deux filles étaient excitées, la scène a failli tourner à l´hystérie, à un tel point qu´avant que la soirée ne parte complètement en vrille, Madame Berndt a décidé de renvoyer Laura chez elle. Comme il était plus de minuit, elle a demandé à son mari de raccompagner Laura chez elle en voiture. Ce qu´il a fait.
Ouh la la, je devrais pas te raconter tout ça maintenant, sachant que je suis au travail… et payée pour faire autre chose que radoter.
A plus tard, Vovonne.
Dernière édition par Glatch le Jeu 16 Déc - 22:04, édité 1 fois
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Agathe
fabizan- Localisation : Sainte Enimie Lozère
- Message n°208
Re: Vovonne
Je commence à deviner où tu veux en venir de ton histoire Glatch et en effet ça sent le glauque.
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Fabienne
espacien
- Message n°209
Re: Vovonne
" sachant que je suis au travail… et payée pour faire autre chose que radoter.
A plus tard, "
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Ah Ha Ah Ha Aah... Non sans rire Glatch, t'es sérieuse là ??
Toi au boulot ! Mais t'es boulonnée à ta chaise pivotante, t'es une forteresse inaccessible, et là, tu trouverais le moyen de poster au village ! alors que je t'imaginais, moi, toute transpirante, le front dégoulinant de sueur, avec comme seul objectif : 'faire gagner de l'argent à ton patron' !! Alors là, je suis scié !
(Rassure-toi, je ne t'ai encore ni lu ni entendu, radotanteuse)
[ A l'instar de fabizan, je crains que le fait divers rapporté de ton bled enneigé ne soit glauque.
Personne n'a une histoire sympa à écrire, un conte de Noël sans une vieille sorcière qui mange les nenfants ou un vilain papa ogre qui flirte avec un de ses démons ?? ]
Brrrrrrr... pas cool ces histoires à foutre la frousse. Tiens ! Vais me calfeutrer dans la hutte, descendre quelques gorgeons de bulles avec le cherchepain.
Adios et bonne fête à tous, gens du village.
_________________
' LEs mots qui vont surgir savent de nous des choses que nous ignorons d'eux ' René Char (Citation partagée avec Pondy)
Invité- Invité
- Message n°210
Re: Vovonne
Dis, Agathe, j'imagine que tu as prévu une chouette pirouette pour sortir de ce sentiment latent sordide. T'es suffisamment futée hein ?
Parce que entre la p'tite maison dans la prairie et le moche de la vie, y'a des tas de trucs sympa. à raconter de ton village non ?
Pourquoi déjà Adios, Espacien ? Déserterais-tu déjà ?
Parce que entre la p'tite maison dans la prairie et le moche de la vie, y'a des tas de trucs sympa. à raconter de ton village non ?
Pourquoi déjà Adios, Espacien ? Déserterais-tu déjà ?
Glatch- Localisation : Ilmmünster, Bavière, Allemagne
- Message n°211
Re: Vovonne
Bon, les poulettes, distribution de popcorns, d´happy-end et de tout le toutim au prochain Multiplex, celui que vous trouverez en sortant et en prenant la troisième à gauche après le rond-point... Au village, glauque ou pas glauque, on se cogne le réel sans enfiler de lunettes 3D. C´est d´accord ?
Monsieur Berndt a donc reconduit Laura chez elle, puis est rentré se coucher. L´hiver était aussi rigoureux qu´interminable. Il n´y avait pas âme qui vive dans les rues d´Ilmmünster. Les cheminées des maisons crachotaient en silence leurs volutes cendrées dans le ciel étoilé.
Le lendemain, disons une poignée d´heures plus tard, les gendarmes se sont garés devant la maison des Berndt, dans le sens de la descente comme pour être prêts à repartir au plus vite.... Chacun vaquait paresseusement à la maison. Monsieur Berndt, qui avait ouvert la porte, a été embarqué illico, menottes aux poignets. C´est à peine s´il a eu le temps de prendre une veste et conscience de ce qui lui arrivait. Il n a pas eu le temps, ni le réflexe, d´exiger d´être informé des faits qui lui étaient reprochés. A Madame Berndt, les képis ont demandé de rassembler au plus vite quelques affaires indispensables pour les enfants. Eux aussi ont été emmenés sans attendre. Ils ont été replacés dans un foyer d´accueil et confiés aux soins d´éducateurs anonymes.
Dans le hall d´entrée, Madame Berndt est restée figée, en proie à un désordre mental indescriptible, comme si les notions de temps et d´espace lui avaient été subitement confisquées. Quand elle a voulu prendre appui pour ne pas défaillir, elle a fait tomber le grand vase en bois de cocotier, rapporté de Côte d´Ivoire quelques mois auparavant, celui qui mettait mieux que jamais en valeur le buffet de l´entrée. Elle n´y a pas prêté attention. Elle a allumé une cigarette d´un geste automatique, puis s´est effondrée sur le canapé modulable en mousse et laine de la véranda.
Monsieur Berndt a donc reconduit Laura chez elle, puis est rentré se coucher. L´hiver était aussi rigoureux qu´interminable. Il n´y avait pas âme qui vive dans les rues d´Ilmmünster. Les cheminées des maisons crachotaient en silence leurs volutes cendrées dans le ciel étoilé.
Le lendemain, disons une poignée d´heures plus tard, les gendarmes se sont garés devant la maison des Berndt, dans le sens de la descente comme pour être prêts à repartir au plus vite.... Chacun vaquait paresseusement à la maison. Monsieur Berndt, qui avait ouvert la porte, a été embarqué illico, menottes aux poignets. C´est à peine s´il a eu le temps de prendre une veste et conscience de ce qui lui arrivait. Il n a pas eu le temps, ni le réflexe, d´exiger d´être informé des faits qui lui étaient reprochés. A Madame Berndt, les képis ont demandé de rassembler au plus vite quelques affaires indispensables pour les enfants. Eux aussi ont été emmenés sans attendre. Ils ont été replacés dans un foyer d´accueil et confiés aux soins d´éducateurs anonymes.
Dans le hall d´entrée, Madame Berndt est restée figée, en proie à un désordre mental indescriptible, comme si les notions de temps et d´espace lui avaient été subitement confisquées. Quand elle a voulu prendre appui pour ne pas défaillir, elle a fait tomber le grand vase en bois de cocotier, rapporté de Côte d´Ivoire quelques mois auparavant, celui qui mettait mieux que jamais en valeur le buffet de l´entrée. Elle n´y a pas prêté attention. Elle a allumé une cigarette d´un geste automatique, puis s´est effondrée sur le canapé modulable en mousse et laine de la véranda.
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Agathe
Glatch- Localisation : Ilmmünster, Bavière, Allemagne
- Message n°212
Re: Vovonne
pondy a écrit:Pourquoi déjà Adios, Espacien ? Déserterais-tu déjà ?
T´inquiète, Pondy, l´Espace à résonance caustique, erre dans la capitale comme un pauvre hère, et craint tout bonnement de ne pas trouver de connexion wifi partout comme en Dordogne...
_________________
Agathe
espacien
- Message n°213
Re: Vovonne
Bonsoir Pondy,
Déserter ? Non pas vraiment envie, me sens bien ici. Mais encore une fois, je relis mon message, le trouve nul, sans intérêt, pas inspiré du tout, voire débile, et n'ai qu'une envie, le jeter à la corbeille.
d'ailleurs, c'est ce que je devrais faire. (un p'tit code ascii... et hop ! du vide dans la case), bref pratiquer l'autocensure.
J'arriverai bien à trouver des outils pour partager avec vous une invention. Pour l'instant, je lis (surtout toi et glatch et quelques autres aussi). Ne suis pas non plus né de la dernière pluie, arrive aussi à décortiquer, de-ci de-là, quelques enchaînements de plume. Tu sais, vovonne est une vraie histoire et un bel exercice de style, j'ai souvent douté (surtout au début) et l'auteur, pondy chérie pondy, bin l'auteur a l'oeil aguerri, malaxe la glaise des mots avec précision pondy, et brosse des portraits avec exactitude, fidélité, on dirait du vécu.
Ensuite, bin ensuite, il y a des périodes où on est pas pêchu ditouditout pour forumer ou imprimer, incapable d'animer deux malheureuses lignes écrites. C'est mon cas. J'ai surtout besoin de vivre à pleine bouffer, de partager un allant, de respirer le parfum des pins, de pousser plus loin les limites du bras-dessus bras-dessous à sillonner sur les sentiers. J'aime beaucoup ces vers de machado.
"Marcheur, il n'y a pas de chemin,
Le chemin se construit en marchant.
En marchant se construit le chemin,
Et en regardant en arrière
On voit la sente que jamais
On ne foulera à nouveau."
Antonio Machado.
Après, il y a la vie, la vraie de tous les jours, qui nous rattrape,
avec son cortège d'emmerdement
Et la boussole tenue à quatre mains,
une direction pour chaque entendement
Inch'allah, on verra bien demain
(tiens ça pourrait être joli en rap !)
Bonne nuit Pondy
Déserter ? Non pas vraiment envie, me sens bien ici. Mais encore une fois, je relis mon message, le trouve nul, sans intérêt, pas inspiré du tout, voire débile, et n'ai qu'une envie, le jeter à la corbeille.
d'ailleurs, c'est ce que je devrais faire. (un p'tit code ascii... et hop ! du vide dans la case), bref pratiquer l'autocensure.
J'arriverai bien à trouver des outils pour partager avec vous une invention. Pour l'instant, je lis (surtout toi et glatch et quelques autres aussi). Ne suis pas non plus né de la dernière pluie, arrive aussi à décortiquer, de-ci de-là, quelques enchaînements de plume. Tu sais, vovonne est une vraie histoire et un bel exercice de style, j'ai souvent douté (surtout au début) et l'auteur, pondy chérie pondy, bin l'auteur a l'oeil aguerri, malaxe la glaise des mots avec précision pondy, et brosse des portraits avec exactitude, fidélité, on dirait du vécu.
Ensuite, bin ensuite, il y a des périodes où on est pas pêchu ditouditout pour forumer ou imprimer, incapable d'animer deux malheureuses lignes écrites. C'est mon cas. J'ai surtout besoin de vivre à pleine bouffer, de partager un allant, de respirer le parfum des pins, de pousser plus loin les limites du bras-dessus bras-dessous à sillonner sur les sentiers. J'aime beaucoup ces vers de machado.
"Marcheur, il n'y a pas de chemin,
Le chemin se construit en marchant.
En marchant se construit le chemin,
Et en regardant en arrière
On voit la sente que jamais
On ne foulera à nouveau."
Antonio Machado.
Après, il y a la vie, la vraie de tous les jours, qui nous rattrape,
avec son cortège d'emmerdement
Et la boussole tenue à quatre mains,
une direction pour chaque entendement
Inch'allah, on verra bien demain
(tiens ça pourrait être joli en rap !)
Bonne nuit Pondy
Dernière édition par espacien le Ven 17 Déc - 13:21, édité 1 fois
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' LEs mots qui vont surgir savent de nous des choses que nous ignorons d'eux ' René Char (Citation partagée avec Pondy)
Glatch- Localisation : Ilmmünster, Bavière, Allemagne
- Message n°214
Re: Vovonne
Bon ben puisque c´est ça, et que tout le monde veut des jolis contes cousus de fils rôses, je remballe la fin de mon histoire dans ma besace et je vous prive du dénouement.espacien a écrit:[ A l'instar de fabizan, je crains que le fait divers rapporté de ton bled enneigé ne soit glauque.
Personne n'a une histoire sympa à écrire, un conte de Noël sans une vieille sorcière qui mange les nenfants ou un vilain papa ogre qui flirte avec un de ses démons ?? ]
Bande de malotrus sans coeur !
Petit moral moi aujourd´hui...
_________________
Agathe
Invité- Invité
- Message n°215
Re: Vovonne
"...que tout le monde veut des jolis contes cousus de fils rôses,..."
Non, Agathe, c'est : cousu de fil blanc !
espacien
- Message n°216
Re: Vovonne
Bonjour, vovonne,
J'espère pour toi que tout se passe bien à la grande ville. Moi j'y suis encore pour une poignée d'heures et je constate que les parisiens sont toujours autant fadas. Ce matin, je marchais tranquillement sur le trottoir des grands boulevards. Arrive derrière moi une grosse bonne femme montée sur un é_n_o_r_m_e scooter, elle manque de m'écraser puis râle à la cantonade parce que les piétons flânent (Maintenant les trottoirs sont fait pour les deux roues !). En suivant, devant les Grands Magasins (où il y a les belles vitrines de Noël) des policiers en civil coursaient des pauvres marchands de châtaignes. Et le clou, après être sorti d'un magasin (dans laquelle je m'étais fendu d'un blouson à offrir à ma petite soeur), j'entre dans d'autres boutiques et l'antivol du blouson sonnent à chaque fois à tout va, donc m'en retourne vers la première boutique et là ça ne sonne plus ! Le vigile me dit : y'en a pas d'antivol ! Oui mais moi, le blouson sonne quand même dans les autres boutiques !! Va comprendre vovonne.. tous des fadas les parisiens. PAs fâcher de redescendre à la campagne.
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Vovonne- Invité
- Message n°217
Re: Vovonne
On est rentré hier soir et Willy avait allumé un vrai feu de borde.
Mon grand lapin des Flandres était raidi et bien mort. J'avais eu un coup de téléphone de Willy la veille et je savais. Ca m'a fait un coup, le coup du lapin faut croire. J'ai pas pleuré parce que je sais plus faire.
Et c'est une nouvelle année qui commence, l'année 2011 et onz'en fout il dit Félix.
J'avais hâte d'ouvrir mon ordinateur. Je lui ai fait sa toilette en premier avec le produit lave-vitre sur son capot noir brillant et sur l'écran.
A Paris, c'était bien.
Avant Noël, on est allé a Carrefour qui est bien plus grand qu'Atac pour acheter des huitres et du foie gras et de la bûche glacée et des clémentines et, et encore et. Tellement de choses à manger que je me demandais comment ma belle-fille ferait pour tout faire rentrer dans le coffre de sa Smart.
Tous ces achats ne m'ont pas étonné, c'est toujours comme ça.
Ce qui m'a étonné c'est la manette qui scanne les produits, qu'on prend à l'entrée du magasin.
Pour sortir, on passe à une borne automatique, on a pas besoin de vider le chariot sur le tapis roulant, on a pas besoin de dire bonjour à la borne et on part quand la carte bleue est devenue rouge de honte.
Les gens, ils se rendent pas compte que ça fait du travail en moins et des chômeurs en plus, ils sont tout contents de gagner du temps.
Ca s'appelle le progrès, comme le téléphone qui fait tout, l'aïphone de ma belle-fille et de mon garçon, sont des objets incroyables, on peut même voir des photos avec le doigt qui glisse sur l'appareil comme si on feuilletait un album froid.
J'étais de bonne humeur et bien décidée d'être d'une compagnie agréable et quand je sentais poindre l'agacement, je prenais ma dernière petite fille qui a deux mois et qui pleure toujours. Elle s'appelle Zoé et ressemble à son père. J'en suis contente parce qu'il est beau mon garçon. Lui, il trouve sa femme belle, c'est parce qu'il met des lunettes roses pour la regarder, moi, je la trouve pe.
Elle a les yeux vairon Zoé et c'est promesse de vie heureuse.
Je mangerais les pissenlits par la racine quand elle sera adulte mais je lui espère un monde plus calme que celui que nous avons en ce moment.
Et puis, on a fait le réveillon et puis le jour de Noël. On a beaucoup mangé et beaucoup bu et la nuit, j'ai un peu vomi.
Tout le monde a eu des cadeaux, tout le monde a dit ohhh et ahhh et tout le monde a embrassé tout le monde.
Et voilà, Noël est fini.
On a mis les cadeaux dans la valise.
J'ai eu mon rendez-vous pour mon cerveau, que le docteur a trouvé une tumeur pas méchante qu'il faut enlever quand même vite si je veux pas m'endormir n'importe quand. C'est dans la zone de broca. J'ai bien retenu le nom parce que ça m'a fait penser à brocart, un beau tissu et avec un d au bout du mot, c'est un chevreuil. Les deux sens sont des choses que j'aime, donc la zone de broca est un bel endroit dans ma tête.
Félix me conduit la semaine prochaine pour l'opération. Le docteur a dit que mes cheveux seraient rasés et je suis très contente parce que décidément la moquette frisée que j'ai comme coiffure est une désespérance. Après, quand ça repoussera, je ferai comme la voisine, je garderai le gris et je ferai plus jamais des teintures et des frisures.
La voisine, elle rentre demain. On ira chez eux pour souhaiter les vœux et on verra si les ouvriers ont avancé les travaux pendant les quinze jours où les voisins étaient absents.
Ils vont être contents, ils ne vont plus patracher dans leur cour, la terre est gelée et se protège sous sa croûte dure.
Je laisse mon ordinateur même si je dois encore raconter beaucoup de choses avant que ma mémoire s'effiloche. C'est que le ménage m'attend. Quand ma maison est bien rangée, mes idées elle sont pareilles. Je peux pas vivre dans le foutoir.
Et encore, je souhaite que tous les gens aient une année comme ils ont envie.
Vovonne- Invité
- Message n°218
Re: Vovonne
Ce matin, j'ai vu la lumière chez les voisins et dans l'aube grise, c'était rassurant.
Avant qu'ils n'arrivent au village, la grande bâtisse obscure était désolée et presque menaçante.
Hier Félix a décroché le père noël de l'échelle. Il a déchiré la feutrine de son costume rouge qui s'était collée aux barreaux à cause de la glace. Le vent avait soufflé si fort qu'il avait la tête à l'envers comme si sa mission accomplie, il tournait les talons.
Joseph nous a raconté que la rivière avait débordé et que l'eau avait envahi les champs, la ruelle et s'était arrêtée à trente mètres de notre ferme.
On n'a jamais vu ça au village et peut-être que finalement, c'est vrai ce qu'on appelle le désordre climatique. Pour le réchauffement, je ne suis pas convaincue même si la neige est moins présente que dans ma jeunesse.
Tout à l'heure je vais faire les courses et j'y pense parce que, ce matin, à la radio, il y avait un homme américain qui parlait de son livre. Le traducteur disait qu'on consommait trop de viandes sans aucun respect pour les animaux et il était si convaincant, qu'au moment où je me réjouissais de boire mon café fumant, ça m'a donné envie de vomir et de devenir végétarienne.
Dans la matinée, ça m'aura passé et j'achèterai andouillette et poulet en promotion. En plus, dans la publicité Atac qui était dans la boîte aux lettres, j'ai vu des promotions sur les magrets.
C'est l'avantage de tous ces canards tués pour leur foie, on a tous les pilons, les cuisses et les magrets qui sont bradés.
Le nez dans la vapeur du café, j'ai entendu aussi parler des chrétiens qui sont tués.
Ça me fait peur.
J'ai entendu aussi le nombre des voitures qui ont brûlé et qu'on devait pas dire.
Ça me fait peur
J'ai entendu la police qui était attaquée avec des mitraillettes
Ça me fait peur.
J'ai entendu aussi les agriculteurs de la Creuse qui recevaient des amendes pour avoir garé leur tracteur dans Paris. Félix, il a ri et moi aussi. Il a dit : » je vais prendre le Fergusson et me garer à la Concorde et on verra si j'ai une prime, sont cons quand même. »
Et en dernier, il y avait un petit garçon qui parlait des gens dans le monde. On est sept milliards et ce petit garçon disait qu'il se sentait tout petit et pas important sauf pour ses parents et je me sentais pareil, sauf que j'ai jamais été importante pour mes parents, juste une bouche à nourrir et qu'il fallait que je me nourrisse toute seule très vite.
Et ça m'a fait penser au bol de lait chaud et la tranche de pain noir que me donnaient les sœurs quand je reconduisais leurs vaches à l'étable, le soir.
L'année recommence et je me demande tout ce qui va se passer, c'est excitant et c'est aussi inquiétant et peut-être que je vais pas me réveiller de l'anesthésie et alors je pourrais pas voir les saisons qui défilent et Félix sera tout seul.
Avant qu'ils n'arrivent au village, la grande bâtisse obscure était désolée et presque menaçante.
Hier Félix a décroché le père noël de l'échelle. Il a déchiré la feutrine de son costume rouge qui s'était collée aux barreaux à cause de la glace. Le vent avait soufflé si fort qu'il avait la tête à l'envers comme si sa mission accomplie, il tournait les talons.
Joseph nous a raconté que la rivière avait débordé et que l'eau avait envahi les champs, la ruelle et s'était arrêtée à trente mètres de notre ferme.
On n'a jamais vu ça au village et peut-être que finalement, c'est vrai ce qu'on appelle le désordre climatique. Pour le réchauffement, je ne suis pas convaincue même si la neige est moins présente que dans ma jeunesse.
Tout à l'heure je vais faire les courses et j'y pense parce que, ce matin, à la radio, il y avait un homme américain qui parlait de son livre. Le traducteur disait qu'on consommait trop de viandes sans aucun respect pour les animaux et il était si convaincant, qu'au moment où je me réjouissais de boire mon café fumant, ça m'a donné envie de vomir et de devenir végétarienne.
Dans la matinée, ça m'aura passé et j'achèterai andouillette et poulet en promotion. En plus, dans la publicité Atac qui était dans la boîte aux lettres, j'ai vu des promotions sur les magrets.
C'est l'avantage de tous ces canards tués pour leur foie, on a tous les pilons, les cuisses et les magrets qui sont bradés.
Le nez dans la vapeur du café, j'ai entendu aussi parler des chrétiens qui sont tués.
Ça me fait peur.
J'ai entendu aussi le nombre des voitures qui ont brûlé et qu'on devait pas dire.
Ça me fait peur
J'ai entendu la police qui était attaquée avec des mitraillettes
Ça me fait peur.
J'ai entendu aussi les agriculteurs de la Creuse qui recevaient des amendes pour avoir garé leur tracteur dans Paris. Félix, il a ri et moi aussi. Il a dit : » je vais prendre le Fergusson et me garer à la Concorde et on verra si j'ai une prime, sont cons quand même. »
Et en dernier, il y avait un petit garçon qui parlait des gens dans le monde. On est sept milliards et ce petit garçon disait qu'il se sentait tout petit et pas important sauf pour ses parents et je me sentais pareil, sauf que j'ai jamais été importante pour mes parents, juste une bouche à nourrir et qu'il fallait que je me nourrisse toute seule très vite.
Et ça m'a fait penser au bol de lait chaud et la tranche de pain noir que me donnaient les sœurs quand je reconduisais leurs vaches à l'étable, le soir.
L'année recommence et je me demande tout ce qui va se passer, c'est excitant et c'est aussi inquiétant et peut-être que je vais pas me réveiller de l'anesthésie et alors je pourrais pas voir les saisons qui défilent et Félix sera tout seul.
mamina- Localisation : Près de Pau, sur le chemin de St Jacques...
- Message n°219
Re: Vovonne
Rien d'autre à te dire Vovonne... ou trop ?
Si, une chose quand même : à toi aussi une année comme tu la désires....
Si, une chose quand même : à toi aussi une année comme tu la désires....
mamina- Localisation : Près de Pau, sur le chemin de St Jacques...
- Message n°220
Re: Vovonne
D'un coup l'angoisse m'étreint, mon coeur s'emballe, mes mains deviennent moites, je suis obligée de m'assoir....
Non quand même pas ! Vovonne n'est pas en train de nous préparer doucement à sa fin prochaine ????????????????
Pas question Vovonne ! ta voisine ne s'en remettrait pas ! et nous alors ???? t'y penses à nous dis ????
Non quand même pas ! Vovonne n'est pas en train de nous préparer doucement à sa fin prochaine ????????????????
Pas question Vovonne ! ta voisine ne s'en remettrait pas ! et nous alors ???? t'y penses à nous dis ????
Skyrgamur- Localisation : Normandie
- Message n°221
Re: Vovonne
Vovonne, elle me fait chialer à chaque message, alors, si elle s'en va, je ne m'en remettrai pas.
_________________
Skyrgamur, le lutin Islandais
Vovonne- Invité
- Message n°222
Re: Vovonne
J'ai ouvert le dictionnaire que m'a offert Leila pour Noël. C'est un Larousse, il pèse 1kg150.
C'est un gros poids de mots et je suis contente de l'avoir.
Ca me fait une petite honte les fautes d'orthographe en plus de celles de grammaire.
J'ai cherché et j'ai trouvé beaucoup de mots inconnus dont je ne me servirai jamais parce qu'ils sont trop savants. Il y a valétudinaire-abscons-centripète-carioca et dix mille mots si bizarres que je remplirais ma page rien qu'avec eux.
Plus d'un kilo de mots, c'est une merveille. Ils sentent encore l'encre de l'imprimerie. Des mots d'ancre pour que j' arrive à bon port.
Pas comme le clavier de mon ordinateur qui n'a aucune odeur sauf quand il souffle et se met à sentir une vague odeur de bakélite comme le sentait mon premier téléphone à cadran où les chiffres étaient décalés et où, une fois sur deux, je n'appelais pas la bonne personne.
Un kilo de mots, c'est mieux qu'un kilo de chocolats qui disparaissent un à un parce que je suis gloutonne.
Le dictionnaire, je le pose sur ma table de la salle. Il rentre pas de le tiroir.
Je ne peux pas le lire au lit, il est si gros qu'il m'écrase les seins.C'est lourds, les mots.
Je tourne les pages et je saute d'une lettre de l'alphabet à l'autre.
Je lis, et je retiens, c'est un bon exercice de mémoire.
Je sais que le birr, c'est la monnaie de l'Ethiopie. Ca va ébahir la voisine.
Je sais aussi que le boulingrin, c'est pas une variété de graines mais une pelouse pour jouer aux boules.
J'ai toujours eu envie d'un dictionnaire.
Mon autre belle-fille m'a offert du lait pour le corps Yves Rocher. Pour ma peau pleine d'écailles, elle a dû penser. Il sent une drôle d'odeur de fruit pourrissant. C'est de la pomme, c'est écrit. C'est pas désagréable. Je l'ai posé sur la tablette en verre du lavabo, ça fait joli.
Ma peau de tortue restera comme elle est, je suis habituée à elle et quand Félix glisse ses mains calleuses sur mes jambes, ça râpe un peu et ce ne sont pas mes jambes qui râpent mais ses mains et la chair de poule arrive quand même.
Alors mes écailles m'appartiennent. Sur les bras, c'est parfois embêtant, parce que la peau est devenue plus fine et quand je me cogne, ça s'arrache et ça fait comme du papier cigarette. Ça se soulève. On dirait une lèvre qui se retrousse. Je recolle délicatement le voile de peau et ça guérit tout seul, voilà tout.
J'ai eu aussi des pantoufles fourrées sans semelle dure, ça fait comme des bottes d'indiens. Je peux les mettre soit pour dormir, soit pour marcher. J'ai pas encore décidé et j'ai pas envie de les abîmer tellement elles sont belles. Ça fait même pas grand-mère.
J'ai eu aussi des caramels salés. Quand je pouvais chicoter à mon aise, j'en raffolais, maintenant ça me décolle mon dentier du bas. J'en ai qu'un heureusement, en haut ce sont mes dents véritables.
Félix, qui adore, il peut pas non plus, alors quand Gwendoline viendra, je lui en offrirai. C'est presque la seule du village où je suis sure que les dents tiendront le coup.
Félix, il a eu un bon décathlon pour choisir une veste de chasse.
Y'a pas de décathlon par chez nous, ni près, ni loin, alors, on sait pas comment faire.
Décathlon, c'est un magasin de ville et acheter des vêtements de campagne à la ville c'est bêtiolot.
La voisine nous a offert des bâtons d'encens. Je lui avais dit que j'aimais beaucoup la fumée.
C'est pas bien de mentir parce que je trouve que ça pue mais c'était pour lui faire plaisir.
Quand on est pas honnête, ça se retourne contre soi et c'est bien fait pour moi.
Et c'est du vrai encens qu'elle m'a dit, pas celui du supermarché qui est chimique.
Moi, le chimique je m'en sers pour la bonne odeur dans les WC. Du -brise marine- et c'est pratique parce que c'est gênant quand quelqu'un passe derrière vous.
Félix et moi, on s'est pas fait de cadeaux. On a mis tellement de sous pour la famille qu'on a choisi depuis beaucoup d'années de ne plus s'offrir des cadeaux que ça fait trop cher pour le budget avec nos petites retraites.
Et mon plus beau cadeau, c'est mon petit-fils qui l'a fait tout seul. C'est un poème.
J'ai eu envie de rire quand je l'ai lu, mais il était si grave debout devant moi que je l'ai juste serré dans mes bras.
Je l'écris sur mon ordinateur, comme ça si je perds la feuille décorée avec des sapins verts et des boules rouges, il sera là.
Mamie, j'aime tes macarons
tes macarons tout ronds
comme tes joues toutes douces
Mamie, j'aime être avec toi et Papi dans ta maison
quand ça sent le feu du bois
et que je suis contre toi
Mamie tu es toute petite
et je te dépasse bientôt en taille
quand je serai un homme
je te protègerai toujours
Je veux jamais que tu t'en ailles
tu es ma mamie que j'aime
et quand tu seras morte je pourrais t'empailler
Alors, tu serais pas une âme qu'on voit jamais
Et on serait ensemble tout le temps.
J'ai écrit beaucoup de mots alors je pars.
Le ciel est bleu, je vais marcher dans la sente gelée derrière la maison.
Vovonne- Invité
- Message n°223
Re: Vovonne
Ce soir on a bu du Crémant.
Deux bouteilles. C'est vraiment beaucoup à quatre. J'ai laissé glisser les bulles dans ma gorge et elles coulaient toutes seules.
Le Crémant de Bourgogne, c'est mon délice, plus que celui d'Alsace. Et c'est pas du chauvinisme.
Celui d'Alsace, il est trop âpre et pas assez fruité.
Alors, maintenant que les amis sont partis, que Félix regarde la télévision en feuilletant un catalogue de chasse, j'écris et c'est calme.
Il est tard et demain, j'aurais des poches sous les yeux.
Le docteur a dit d'éviter les boissons alcoolisées avant l'opération.
Les bulles éclatent et disparaissent alors je me dis que c'est pas important.
J'ai un peu mal à la tête, c'est sans doute le Crémant et une mouche sautille parfois sur l'écran.
Pas souvent.
On a discuté, avec Marie-Anne et son mari des eaux pluviales qui inondent nos pâtures et nos cours et de la mairie qui ne veut pas faire curer le fossé qui est en bordure du champ en haut de chez nous.
J'ai dit que j'en parlerai à la prochaine réunion du conseil, qu'on va le mettre à l'ordre du jour. Sauf que j'ai oublié que je serai à Paris pour mon cerveau.
Les gens de la Saur ne feront rien comme des bons fonctionnaires qui se fichent de nous les villageois. Il faudrait réparer les buses et ils disent que c'est à la DDE de le faire. La DDE dit que c'est à la commune et nous, on patauge.
On a parlé de TGV qui a glissé sur le verglas avec son vélo. On lui a mis une broche dans le bras et il est droitier et c'est le bon bras qui a cassé. C'est la femme de Willy qui va lui faire son ménage et sa soupe.
On a parlé de Joseph et de sa mauvaise humeur qui boue et déborde plus vite que la casserole de lait quand on a oublié de mettre la rondelle de verre au fond.
Et on a parlé des enfants qui manquent tant. Eux, leurs enfants, ils habitent en Suisse et au Brésil et ça leur coûte un bras en téléphone.
Ils sont restés à la maison, seuls, pour les fêtes et j'ai trouvé que c'était un peu triste.
Parce que à quoi ça sert de faire des enfants et de les perdre comme s'ils étaient jamais sortis de notre ventre.
On dit qu'on fait des enfants pour leur donner des ailes et nous quitter, mais c'est du pipeau ces choses là. Les enfants, on les aime à se faire mal dans le coeur. On s'inquiète, on les veut heureux, on les veux bien dans leur vie et on se fait du souci.
Sauf qu'on leur dit jamais pour pas être envahissant.
Quand on a pas de nouvelles on est tout angüillé.
Faut dire qu'on aime tellement les grouer et eux ils disent « laissez nous vivre notre vie ».
Ca fait une toute petite blessure invisible tellement on les embête avec notre amour trop gros.
Si seulement j'arrivais à leur dire que c'est mieux que les orties mais je peux pas, il faut qu'ils soient libres mes garçons et pas plein de glu de pitié qui empègue les lèvres et les baisers.
Les enfants, on veut pas les enfermer on veut les aimer comme on veut et on peut pas.
Quand ils sont au Brésil, c'est encore plus difficile ou peut-être plus facile finalement parce qu'on peut pas les voir de toutes façons, pas comme nous, où ils trouvent des excuses pour pas venir dans notre ferme.
Quand je vois mes garçons, si grands et si forts, je me dis qu'ils sont comme des chefs d'orchestre et avec leur baguette ils dirigent les musiciens et font un concert encore plus beau que le boléro de Ravel, sauf que j'entends pas tout parce que je suis trop loin, là où les places sont pas chères. le pigeonnier, non, c'est le poulailler je crois. Ce nom va mieux pour nous.
Je sais pas si j'ai raison, je suis jamais allée à l'opéra.
Enfin, faut pas être morose parce que les amis, ils sont toujours là.
Dimanche on va tirer les rois à la maison et on sera douze.
Faut que je pense à acheter de la poudre d'amande et de l'extrait d'amande amère, j'en ai plus.
Faut aussi que je retrouve mes fèves.
Il y aura un roi et une reine et le Crémant.
Je pourrais continuer des heures mais la nuit avance et Félix est parti sous les couvertures.
Il a piqué un léger baiser sur mes cheveux en disant : « ne veille pas trop tard »
Alors je vais le rejoindre maintenant.
Moi aussi j'ai besoin d'être grouée.
Vovonne- Invité
- Message n°224
Re: Vovonne
C'est Félix qui écrit à ma place.
Il est maladroit et très lent. Sa main large semble écraser le clavier . Sa lenteur me convient parce que je peine à former mes phrases.
Je suis dans le lit de l'hôpital et ne veut rien oublier.
Ni le tuyau qui sort d'un côté de ma tête, ni l'infirmière gentille au sourire mécanique qui change le sac des liquides qui suintent du tuyau.
Ni rien oublier de l'aide-soignante au visage doré qui glisse rudement le bassin sous mes reins.
Je peux pas soulever ma tête lourde comme un sac de charbon.
J'ai mal derrière les yeux, mal au cou, mal dans la gorge où ils ont glissé le tube à respirer pendant l'opération.
Je ne veux rien oublier de la première seconde où j'ai ouvert les yeux, distinguant en flou le visage de Félix et son corps emprunté penché au dessus de moi.
Il a dit « tu es belle », c'est la première fois. Ça voulait dire « j'ai eu peur » et je me suis sentie durant cette seconde aussi belle qu'une pierre précieuse.
Après, je me suis sentie coulée et j'ai refermé les yeux et après, on était demain.
On m'a lavé, on a changé les draps. On a mis des produits dans la perfusion qui me troue le poignet là où la veine palpite. L'anesthésiste est passé et le chirurgien et des gens en blanc, en jaune, en vert.
J'ai touché ma tête, j'ai rencontré une bande épaisse, j'ai reniflé mes doigts et ça sentait le désinfectant et j'ai encore dormi.
Félix vient me voir tous les deux jours.
C'est loin la ferme.
Il apporte avec lui l'odeur de chez nous, le feu de bois et la compote de pommes qu'il mange tiède.
L'hôpital vit comme une personne. J'entends les soupirs des machines, le bruit des sonnettes, celui des roues de caoutchouc des chariots, les pas qui courent, des éclats de voix, de rires, des cris, des gémissements et jamais de silence.
Tout c'est bien passé, ils ont dit, on a pu tout enlever et vous serez vite sur pied.
Etre sur ses pieds, je crois que ça ne m'a jamais fait autant plaisir.
On y pense jamais à ses pieds. Sauf quand on a une jambe cassée ou un cors ou une écharde, ou un oignon. Sinon, on s'en sert sans s'en apercevoir.
Y'a que les gens qui sautent sur les mines dans les pays de guerre qui savent ce que ça veut vraiment dire être sur pieds et moi aussi maintenant que je ne suis pas morte sur le billot.
Je me sens coeurée mais en vie.
Ca fait deux nuits que je ne prends plus des calmants parce que la journée je suis ébeurdinée et c'est important que je garde toutes ces heures qui défilent pour prendre la bonne mesure de ma chance.
Mes garçons sont venus, leurs femmes aussi. Ils parlaient doucement en articulant bien comme si j'étais devenue gourdiflôt. Je ne les ai pas détrompé, c'était si bon de les voir calmes, attentifs et plein de prévenance.
La voisine est venue avec un bonnet du Pérou pour que j'ai pas de picotements de froid quand je vais sortir.
Félix est fatigué de chercher chaque lettre sur le clavier. Il va fermer le couvercle luisant et je le rouvrirai quand je serai de retour chez nous.
Peut-être.
Skyrgamur- Localisation : Normandie
- Message n°225
Re: Vovonne
Accroche-toi Vovonne, le plus difficile est passé.
Tu vas bientôt rentrer chez toi.
Tu pourras continuer à surveiller les travaux de ta voisine.
Tu auras au moins converti Félix à l'informatique. Toi aussi, tu étais lente au début, puis le temps passant, tu es devenue une virtuose du clavier en plus de l'être du bon sens.
Je t'envoie plein d'ondes positives. et donne-nous de tes nouvelles.
Tu vas bientôt rentrer chez toi.
Tu pourras continuer à surveiller les travaux de ta voisine.
Tu auras au moins converti Félix à l'informatique. Toi aussi, tu étais lente au début, puis le temps passant, tu es devenue une virtuose du clavier en plus de l'être du bon sens.
Je t'envoie plein d'ondes positives. et donne-nous de tes nouvelles.
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Skyrgamur, le lutin Islandais