La libraire
Le roman a paru en 1978, et depuis plusieurs fois réédité. Le film date de 2017, plusieurs fois récompensé. L'adaptation est réusssi mais sacrifie un peu aux effets cinématographiques. Par exemple, les scènes entre l’héroïne et le vieux monsieur, alors que dans le roman ils ne se voient qu'une fois. La fin du film nous venge quelque peu de la bêtise des bourgeois, alors que dans le roman la fin, beaucoup moins spectaculaire mais plus réaliste, est plus émouvante, pathétique, déchirante... et surtout humiliante.
Penelope Fitzgerald n'a pas écrit un brûlot contre la bourgeoisie anglaise, guindée, corsetée dans ses traditions et dans son pouvoir de nuisance, mais son aversion contre elle est dénoncée sans esbroufe, ni propos tonitruants, plutôt avec un humour glacial, très British. Son héroïne, de nature si pure, lucide et pourtant naïve tant l'idée de faire du mal aux autres lui est étrangère, va aller de désillusion en désillusion.
"En bref, elle se leurra un temps en niant que l'humanité fût scindée en deux catégories : celle des exterminateurs et celle des exterminés, avec prédominance constante de la première. A quoi sert la volonté sans le sens de l'orientation? Le sien était au plus bas ; il ne lui donnait même plus les instructions nécessaires pour survivre".
Après avoir lu ce roman, je parlerai de littérature subliminale. En effet, on lit sans trop d'émotions, avec intérêt toutefois, et ce n'est qu'une fois le livre refermé que des scènes reviennent en mémoire, que le texte nous interpelle.
Aux éditions "Petit Quai Voltaire". Un joli objet en soi. J'aime l’utilisation du bleu.
(avec l'encart du film)
En quatrième de couverture :