Comme l'équilibriste sur son fil.
Depuis des semaines.
Un rien, un courant d'air, une baisse de luminosité, un eu trop d'humidité, une vibration inattendue, une surcharge minime supplémentaire sur les épaules, une milliseconde de déconcentration... et le déséquilibre s'installe.
Il faut alors déployer des trésors d'énergie pour retrouver l'équilibre précaire.
Pour éviter de tomber,
s'appliquer jour après jour à mettre en oeuvre les actions pour avancer pas à pas sur ce fil, avec pour seul objectif d'avancer et ne pas tomber.
Faire le job, avec l'injonction, extérieure et intérieure, d'y trouver de la sérénité si ce n'est du plaisir ou du bonheur, appeler cela comme vous le voulez.
On connait le danger, on connait les risques. On connait l'objectif ultime : la libération en arrivant au bout du fil, sur une base stable, solide, qui nous portera dans une légèreté et un sérénité totale. Le bonheur retrouvé, assuré.
Je connais mes dangers, je connais les risques. Je ne rêve même pas de cette libération finale, je ne fais que l'espérer du fond de mes tripes.
Un jour sûrement, je m'y applique.
Un jour peut-être, In'ch Allah.
En attendant le fil vibre, ça tangue, ça se contracte de gauche, de droite, du dos surtout, de haut en bas, ça vrille là-haut dans le ciboulot, ça cogne dans la cage thoracique qui manque encore cruellement de souplesse...
Je mesure le chemin parcouru sur ce fil, je conserve en mémoire les chutes et les remontées, les avancées timides ou plus assurées, mais que la distance parait longue vers ce but ultime là-bas, invisible dans le brouillard.
Ce matin, en sortant le beurre, un des mantras collés sur le frigo me saute aux yeux :
Souris, Respire, Ralentis.
Thich Nath Hanh
Ralentir dans les 48h qui viennent est impossible.
Respirer, j'y travaille.
Sourire...