Sofia, Bulgaria
- « Je suis pas contente, Maman! »
Kinderette ravale ses larmes, elle est debout depuis 5 heures le matin et il fait chaud, une trentaine de degrés. Le « je suis pas contente, Maman ! » de Kinderette est rare, et il intervient quand elle est dans le rouge. En langage adulte, il pourrait se traduire par « j’en ai ras le bol ! » ou « j’en ai plein le cul ! ».
- Je sais Kinderette, et c’est normal. T’as le droit de ne pas être contente et je comprend. Mais on n’a pas le choix, il faut qu’on marche jusqu’à notre chambre d’hôtel.
Quand j’ai réservé la veille, sur Booking.com, il n’était pas précisé que les chambres étaient à un kilomètre de la réception... Les mauvaises surprises font aussi parties du voyage, et il faut savoir les accepter sans y laisser d’énergie inutlie. Facile, pour un adulte...
Depuis l’aéroport de Sofia, entre métro et taxi, j’avais fait le choix confort pour épargner ma puce qui n’avait ni dormi durant les trois heures de TGV jusqu’à Paris, ni dormi dans l’avion jusqu’à Sofia. Elle était tombée au bout de cinq minutes assise dans l’air étouffant du taxi : la chaleur l’avait vaincue.
Nous nous sommes pausées à l’hôtel. Sur le chemin entre la réception et le bâtiment où nous logions, je m’étais arrêtée dans une de ces épiceries aux allées trop étroites mais pour autant surchargées du sol au plafond. Tomates, biscuits, et Chocapic feront notre dîner et petit déjeuner, pas question de ressortir vu l’état de ma Schtroumpfette !
J’ai souvent fait ça, quand je voyageais seule, picorer dans ma chambre. Je n’ai jamais accordé une grande importance à la nourriture en voyage, ni à l’ordre des repas, ni à leur nombre d’ailleurs, et encore moins à leur contenu ! Je me contente souvent de remplir mon estomac quand j’ai faim, celle-ci en mode voyage étant bien souvent réduite par rapport à mon mode sédentaire. Sédentaire, je mange par habitude, par routine, voire par ennui parfois.En voyage, ce que j’aime, c’est la notion de temps, continu, sans rythme, sans habitude. Je dors quand j’en ai envie. Je mange quand j’en ai envie.
Avec Kinderette, il faut bien entendu que je fasse attention à ses besoins, que je l’écoute. Là, je vois bien que la chaleur la casse. Je l’avais anticipé de toute manière, et elle a de la chance dans son malheur : je n’ai jamais été avide de cases à cocher, de voir le plus possible, et l’expérience d’être dans un endroit que je ne connais pas suffit à me contenter. Surtout l’expérience de sortir de ma zone de confort, d’être plongée dans une culture inconnue où je ne comprend ni la langue, ni l’écriture.
Mise à part l’Asie, c’est la première fois que je me retrouve dans un pays qui utilise un autre alphabet que le miens, le cyrillique en l’occurrence. Et j’adore ! Aucun repère, je ne comprend rien à ce que je lis !
Kinderette aussi a rapidement repéré ces lettres bizarres, ça la fait rire ! Ce matin, elle a d’ailleurs utilisé l’une de ses deux photos journalières pour mettre en boîte une vitrine recouverte de cyrillique « parce que c’est rigolo qu’ils utilisent pas les mêmes lettres que nous ! ».
Hier, dans le taxi, pendant ses cinq minutes éveillées, elle a quand même réussi à me glissé qu’elle aimait bien entendre la langue d’ici, c’était différent. C’est la radio du taxi qu’elle entendait en respirant l’air asphyxiant de nos premiers bouchons bulgares qui nous menaient dans le centre de Sofia.
(...)
Lilie