Etat d'âme (j'ai pas dit d'ânes) - suite -

La carotte! La carotte! La carotte!

Lilie

Je me suis amusée à créer ça hier, inspiré d'un t-shirt vu sur une publicité il y a des mois. Et j'en ai fait un sweat customisé en ligne, que j'ai commandé ce matin... C'est grave?



Lilie

Ha oui, là je crois que tu es (très) gravement atteinte, Lilie !

Mmm... C'est bien ce qu'il me semblait.

Lilie

Mais tu as oublié les accents sur les verbes "écouter"

T'es vraiment redevenue irlandaise

J'attends le Sweat (et toi dedans )

Fabricia a écrit: J'attends le Sweat (et toi dedans )

Moi aussi

Lilie

  Il est très beau !!! (JJG et le Sweat aussi...)

*BREXIT*

Boris Johnson ne veut pas du "backstop", qui implique que le Royaume-Uni resterait dans la zone douanière européenne, le temps qu'une solution soit trouvée, le tout pour éviter une frontière dure entre l'Irlande du Nord (Royaume-Uni) et la République d'Irlande (indépendante). Je comprend qu'il n'en veuille pas, puisqu'il fait partie de ceux qui veulent quitter l'Europe, ce que je respecte.

Là où j'ai beaucoup moins de respect, c'est quand l'idée a été balancée sans penser aux conséquences. A savoir, frontière terrestre inévitable sur l'Irlande. Hors, remettre une frontière en Irlande, c'est inenvisageable (je ne vais pas vous refaire les 30 ans de Troubles jusqu'aux accords de paix de 1998).

Bon, tous les jours, Johnson promet qu'il a une alternative au backstop, sans remettre de frontière en Irlande. Bah aujourd'hui, il a balancé sa solution: mettre des points de controles de chaque côté de la frontière, mais pas à la frontière même, plutot 5 à 10 kilomètres en amont de la frontière.

Il prend les gens pour des cons, ou il prend les gens pour des cons?

Ce qu'on ne sait pas en dehors de l'Irlande, c'est que depuis juin 2016, les bombes ont recommencé à sauter en Irlande du Nord. Ce qu'on ne sait pas en dehors de l'Irlande, c'est que si c'est la paix depuis 1998, c'est une paix toute relative en Irlande du Nord, que les catholiques et les protestants n'habitent pas ensemble, ils cohabitent simplement, qu'ils ne se mélangent pas, qu'il y a des towns protestants et des towns catholiques, que les enfants catholiques vont dans les écoles catholiques des towns catholiques, et que les enfants protestants vont dans les écoles protestantes des towns protestants, qu'il n'y a pas un nord irlandais vivant sur cette planète qui n'a pas eu un membre de sa famille ou un voisin, ou un instituteur ou un ami de la famille qui n'est pas mort dans cette guère civile, et que remettre une frontière entre les deux irlandes, c'est outre entammer la libre circulation des gens qui travaillent et des marchandises quotidiennes, mais c'est aussi raviver les tensions d'un volcan endormi mais que 900 ans d'histoire n'éteindront jamais.

Pour moi, la seule solution pour qu'un brexit raisonnable ait lieu résiderait entre un accord entre le Royaume-Uni et la République d'Irlande, mais je ne suis pas sure que l'UE veule entende un autre cas particulier que la Suisse ou la Norvege et je n'ai pas poussé ma reflexion suffisemment loin pour savoir comment ce serait réalisable.

Lilie

Pour faire suite à mon états d'âme d'hier soir, je suis devant les infos à l'instant même.

Témoignages:

- Vétérinaire: je traverse la frontière environs 50 fois par jour pour aller dans les fermes.
- Employée qui vit dans le nord et travail dans le sud: en 20 minutes de trajet entre chez moi et le travail, je traverse la frontière 4 fois. Cette frontière est complètement entrelacée!
- Gérant d'une boulangerie familiale à la frontière sud: ma farine vient de Belfast car il n'y a pas de farine en quantité produite dans le sud. Il livre des deux côtés de la frontière.
- Famille lithuanienne qui vit côté nord, lui travaille côté sud: "Aujourd'hui je me lève à 7 heures pour aller travailler. Si demain il y a une frontière, je devrai me lever à 4 ou 5 heures j'imagine.


Voilà un aperçu du quotidien ici pour les communautés qui vivent au plus près de cette frontière qui n'en est pas une. Sur l'île d'Irlande, on se déplace librement, on fait du business librement, on vit dans le nord et on travaille à Dublin accessible en train (qui traverse la frontière, on fera comment pour le train avec une frontière?) ou par l'autoroute gratuite Dublin-Belfast (financée par l'UE).

Lilie

Cas pratique: Vous êtes la voiture rouge et prenez la bretelle pour sortir et traverser la voie rapide par le pont en allant vers la droite.

1- Combien de fois devrez-vous montrer vos papiers sur 400 mètres?
2- Où mettez-vous les infrastructures douanières pour passer la frontière sur cette sortie de route?

La frontière traverse les routes irlandaises sur près de 300 points. Ce petit croquis n'est qu'un exemple rencontré sur l'autoroute qui relie Dublin à Belfast.

Lilie

C'est très compliqué. Il va falloir réfléchir et ça ne va pas se faire d'un coup de baguette magique

Ce soir, programme spécial en direct sur la chaine première irlandaise. On a un cadre du port de Dublin, et la présidente de l'association d'export en Irlande, entre autre. Au secours, c'est apocalyptique leur points de vue! Genre apparemment en 1993, quand il y avait une frontière (et la guerre, hein!), il y avait 1200 douaniers déployés à la frontière par le Royaume-Uni. Aujourd'hui, le Royaume-Uni aurait recruté 400 douaniers (il n'y en a plus depuis 20 ans), mais le volume d'échange a été multiplié par 5. Je suis nulle en maths, mais pas autant que le gouvernement britannique apparemment.

Après, le port de Dublin clairement dit qu'aujourd'hui il n'y a pas les moyens humains pour gérer ce qu'implique un BREXIT sans accord pour les importations et les exportations vers le Royaume-Uni.

Et le mec du port de Dublin, il dit comme moi: il pourrait y avoir un accord entre Royaume-Uni et Irlande, une exception dans l'UE vue la situation unique des îles britanniques.

On en revient toujours au même: ce Brexit n'a pas jamais été pensé!

Lilie

Lilie a écrit:On en revient toujours au même: ce Brexit n'a pas jamais été pensé!

Et pourtant, ça fait combien d'années que l'idée est lancée ?

Juin 2016, le réferendum. Mais quitter l'UE, pour le Royaume-Uni ça date des années 70, en fait dès qu'ils ont joint la CEE ou je ne sais plus comme elle s'appelait à cette époque, bref, dès qu'ils sont entrés, ils ont eu un référendum pour en sortir, et à 70% je crois, les britanniques avaient voté pour rester sous l'impulsion de Tatcher, qui plus tard avait retourné sa veste...

En fait, si on regarde, le Royaume-Uni ne s'est jamais senti à l'aise dans l'UE. On peut parler de la monnaie unique par exemple.

Lilie

Ils veulent les avantages de l'UE mais pas les inconvénients !!!

C'est tout à fait ça.



Lilie

Bon bah... Céline Dion aux Vieilles Charrues 2020, quoi!

Lilie

PS: Lire la genèse de "Il suffira d'un signe" dans la rubrique voisine. C'est la suite.

Est sur la carte des destinations Ryanair et réfléchit à une destination de transition d'année... Bratislava? Bucharest? Cagliari?...  

Lilie

"Le souvenir, c'est la présence invisible." - Victor Hugo

Il y a deux ans, je recevais un coup de fil de Dublin. Je m'en souviens très bien. Il faisait beau dans la campagne nantaise, je venais récupérer ma fille en garde chez mes parents après une journée de travail. Nous étions Mercredi, et j'étais assise dans la cuisine à discuter avec ma mère. J'étais sortie immédiatement, comprenant le ton grave à l'autre bout du fil.

Il m'avait fallu m'asseoir sur la terrasse. Ce que je venais d'apprendre était effroyable, irréaliste, inconcevable, violent. Je venais d'apprendre qu'une amie française de Dublin était morte la veille, dans son appartement, d'une trentaine de coups de couteau, reçus de la part de son mari.

Aujourd'hui encore, deux ans après sa mort, ça reste presque irréel. Un scénario de film. J'avais le soir même, une fois ma fille couchée, appelé une amie commune en Italie qui était très très proche de cette amie restée à Dublin. Lui apprendre par téléphone cette terrible nouvelle et l'entendre s'effondrer à l'autre bout du téléphone sans pouvoir la prendre dans mes bras.

Un mois plus tard, cette amie italienne attérissait à Nantes un Vendredi après midi, et le Samedi matin un peu avant 6 heures du matin, nous prenions la route pour la Rochelle, où avait lieu l'enterrement.

Journée particulière que cet enterrement, où j'avais fait l'interprète entre la police judiciaire dublinoise et les parents de mon amie, à la fin de la journée, vers 17 heures. Où j'avais dû traduire des mots que je ne voulais pas entendre, recevoir des informations que je n'aurais pas voulu savoir, et soutenir des regards insoutenables.

C'était il y a deux ans. Et d'être à Dublin ce soir, je pense à elle plus que jamais.

Lilie

Oulà ! Bien triste tout cela, Lilie.

 Ce que tu as vécu est à ne souhaiter à personne.
Bises

C'est terrible ce que tu nous racontes Lilie !