Soyez indulgents, je ne suis pas coutumière de l’exercice.
Je n’aime pas non plus prendre des photos, je n’excelle pas dans cet art et pour moi prendre une photo, c’est détourner mon regard de tout ce que mes yeux veulent emmagasiner dans ma tête. Donc c’est inévitable, sur nombre des quelques photos que j’ai prises, la mer penche et le cadrage n’est pas terrible. Je dois en récupérer d’autres auprès d’une de mes copines pour laquelle c’est une vraie passion.
Il faut que je commence par l’arrivée à l’aéroport. Mes précédents et anciens voyages au départ de Paris m’avaient laissé le souvenir d’une procédure simple et bien orchestrée, on entrait dans le terminal, on se pointait au comptoir de la compagnie, on enregistrait les bagages et hop, direction la salle d’embarquement et l’avion.
Et bien à Nantes c’est un joyeux foutoir ! j’entre dans le terminal, juste en face une hôtesse se tient devant une porte au dessus de laquelle un tableau lumineux annonce mon vol porte 65. Je lui demande quand même si c’est bien ici que je dois passer, aimable comme une porte de prison, elle me répond que oui, vérifie ma carte d’embarquement et me fait passer. Je me retrouve dans une espèce de ruche où tout le monde pose ses bagages sur un tapis roulant dans des plateaux qui ressemblent à ceux de la cantine. J’installe donc mon matériel, passe sous un portique où une autre nana aussi peu aimable que sa copine demande à voir ma ceinture (pourquoi pas ma culotte tant que tu y est ? ou les baleines de mon soutif). Pendant ce temps ma valise et mon sac cabine sont arrivés en fin de tapis et un type prends ma valise et la met à part. Il m’interpelle sèchement (y’a eu une alerte à la bombe ou quoi ?) et me demande de l’ouvrir. Ensuite il commence à la fouiller, tombe sur ma trousse de toilette, l’ouvre et me dit qu’il va falloir jeter les flacons les plus grands.
Mais ça va pas la tête, ma valise elle voyage en soute, je croyais qu’on pouvait dans la soute. Le type me répond que je suis à l’embarquement et pas à l’enregistrement. Merci à la gourde à l’entrée et à lui aussi qui n’ont même pas remarqué la taille de la valoche. Bon, je récupère ma valise un peu en désordre et je fais demi-tour.
L’enregistrement c’est à l’opposé de la porte d’entrée du terminal, bonjour le côté pratique ! une fois délestée de la valise je repars à l’embarquement. Rebelote les plateaux de cafétéria et là c’est mon sac à main qui est repéré. J’avais oublié un tout petit petit couteau suisse à l’intérieur qui me rends de nombreux services à l’occasion et qui ne me quitte pas depuis plus de 20 ans. Et bien c’est fait, il m’a quitté pour la poubelle de l’aéroport.
Le petit avion (120 places, j’ai pas arrêté de me cogner dans le compartiment à bagages à chaque fois que je me levais) est arrivé avec 1 heure de retard. Moi qui appréhendais déjà, j’avais l’angoisse qui montait. J’avais fait connaissance en salle d’embarquement avec une dame Corse fort sympa et nous avons eu la surprise d’avoir les sièges voisins. Après un moment de panique à la vue de fumée qui sortait des aérations, genre quand tu ouvre un congélateur (il parait que c’est normal mais j’avais jamais vu ça) la menace d’en coller une à mon voisin de gauche qui s’est fichu de moi, le décollage que je déteste et une petite bouteille de Chardonnay bue littéralement cul sec, tout s’est bien passé. Nous avons papoté tout du long avec ma voisine (merci à elle de m’avoir distraite) et la Corse est apparue par le hublot dans la lumière déclinante du soir et à la vue de toutes ces montagnes, j’ai su que j’allais adorer cette semaine.
Après le plaisir de retrouver les copines qui m’attendaient avec impatience et la satisfaction de constater qu’il faisait beau et chaud (26° à 20h00) le trajet jusqu’à notre gite, environ 35 km m’a comblée de plaisir. Des montagnes, des routes pleines de virages, des petits villages accrochés au dessus de la route, une végétation de garrigue, j’ai tout de suite été conquise. Du gîte nous apercevons les aiguilles de Popolasca dont les sommets étaient encore un peu enneigés à mon arrivée (La Corse a aussi eu droit à un printemps tardif). La photo ci-dessous est prise plus tard et la neige avait fondu.
Mardi matin, debout de bonne heure (en fait plus tôt que lorsque je vais travailler), petit déjeuner sous la tonnelle, quelques affaires dans un sac (nous ne rentrerons que demain) et nous voilà parties pour 3 heures de route à travers les montagnes et les gorges en direction de Porto à l’Ouest de l’île.
Nous avions réservé pour 15h00 une ballade en bateau pour visiter la réserve de Scandola et les calanques de Piana. En route nous apercevons nos premiers et derniers cochons. En fait ils ne sont pas sauvages comme on peut le croire mais simplement lâchés en liberté la journée où ils mangent ce que bon leur semble dans la nature. Pour les vaches c’est pareil, elles se baladent avec leurs veaux le long des routes, heureusement que l’on ne roule pas trop vite car c’est quand même surprenant. Il y avait d’ailleurs un petit troupeau près de notre gite et elles venaient quémander chaque soir derrière le grillage et nous leur donnions les épluchures de légumes, du pain et nos restes de repas.
Revenons à notre trajet sur des petites routes de montagne, des traversées de forêts qui apportaient un peu de fraicheur. Vers 11h30 nous avons atteint Porto et la première chose que nous avons vu c’est un panneau au dessus de la pharmacie affichant 38°. On ne s’était pas rendu compte sur la route qu’il faisait si chaud.
Après avoir retiré nos billets de bateau et pris possession de notre chambre d’hôtel, nous nous sommes mollement baladées dans la charmante petite ville de Porto avec ses jolies maisons toutes de pierre blonde et croulant sous les bougainvilliers multicolores. Après un repas pris à l’ombre dans un charmant petit restaurant, il ne restait qu’une solution pour attendre agréablement l’heure du bateau : aller se jeter à l’eau, un vrai bonheur. Quand je pense que les Corses nous ont dit la trouver trop fraiche, ils devraient venir faire un tour tester l’océan à Pornic.
Puis nous voilà embarqués pour 4h30 d’une mini croisière, après avoir traversé le golfe de Porto nous commençons au nord par la réserve de Scandola inscrite au patrimoine mondial de l’unesco. Cette réserve terrestre et marine, interdite d’accès autrement que par bateau abrite de nombreuses espèces d’oiseaux dont le balbuzard et le gypaète barbu et des plantes endémiques de la Corse. On y trouve également tout un écosystème sous-marin avec notamment des Posidonias. Il fait beau, la mer est bleu marine, les falaises volcaniques rouge sombre et le bateau paresse le long de ces côtes fabuleuses où il est interdit d’accoster.
Nous reprenons la mer vers le sud et nous dirigeons vers le petit village de Girolata et son golfe. Ce village est dominé par un fort et une tour Génoise. On trouvait autrefois des tours Génoises tout le long des côtes Corses pour prévenir une attaque éventuelle d’envahisseurs. L’information passait alors d’une tour Génoise à l’autre et ne mettait qu’une demi-heure à faire le tour de l’île. Aujourd’hui, il n’en reste que quelques unes.
Ce petit village de Girolata n’est accessible que par la mer et il a été rendu célèbre par son facteur qui des années durant a apporté le courrier à pied chaque jour. Il devait faire 7 km aller et autant retour sur un sentier de montagne. Il a pris sa retraite en 2006 et aurait accompli la distance de plusieurs tours du monde.
Nous repassons par Porto déposer des passagers et en reprendre d’autres et filons plein sud vers les calanques de Piana et le capo Rosso. De belles formations rocheuses qui tombent abruptement dans l’eau. Des couleurs particulières, j’ai appris que les teintes orangées de certains rochers étaient du porphyre, j’en avais vu en sculpture mais jamais à l’état naturel. Le bateau longe les rochers silencieusement, il a troqué son moteur diesel contre un moteur électrique. L’eau est turquoise et nous apercevons une multitude de poissons argentés. Je m’offre une plaisante pensée qu’à cet instant certains sont serrés dans le métro alors qu’ici je suis au paradis.
Après le retour à Porto et une douche bien méritée, nous avons juste le temps d’admirer le soleil qui se couche, et notre journée se termine par un excellent repas à la fraiche (26°) et un retour à l’hôtel pour une nuit bien méritée.