par Vovonne Mar 28 Juin - 18:09
Les nuages étripent le ciel et derrière les volets clos, je me sens bien.
C'est donc Haendel le musicien qui me fait des picots sur les bras et des picotements dans les yeux.
La musique classique c'est beau et dans notre canton, l'été, on a le festival qui s'appelle -le vent sur l'arbre- et avec des thèmes comme pour le comice agricole.
Alors, cette année, c'est -l'eau et ses miroirs- et c'est pas très, très cher alors on va aller écouter Mozart et c'est moi qui ait choisi parce que Félix, il s'en fiche. Il vient pour me faire plaisir, c'est sa musique à lui.
J'entends l'orage au loin et aussi un avion qui bourdonne pour emmener les gens dans d'autres pays.
Je ne suis jamais monté dans un avion.
Ca fait des sous et aussi j'ai pas envie d'aller voir d'autres gens dans d'autres pays parce que je parle pas leur langue.
C'est pas intéressant de voir que des monuments ou des temples ou des rizières.
Moi, ce qui m’intéresserai, c'est de parler aux gens de la campagne, qu'elle est pas comme chez nous et je dirais :
« A quel moment vous repiquer le riz ? C'est pas pénible d'avoir les pieds dans l'eau ? Et comment vous décrochez les sangsues ? Et comment vous faites pour que votre bébé n'ait pas trop chaud dans votre dos toute la journée ? Et votre vache, elle donne combien de litres de lait par jour ? Et vous êtes propriétaire de combien d'acres ? Êtes-vous ouvrier agricole ? Êtes-vous métayer ? Pourquoi vos poules ont les œufs si blancs et pourquoi elles sont toutes petites. Allez-vous à la chasse ? C'est quoi la branchette pour frotter vos dents ? Elle sert combien de jours ? Y'a t-il un dentiste dans votre village ?
Enfin des vraies questions de la vie.
Alors comme je sais parler que mon français, je regarde les reportages à la télévision et ça suffit.
Y'a des gens qui voyagent pour voir des autres cultures. Je me demande bien ce qu'il en reste de leur voyage en dehors des belles images. Le vrai voyage c'est de s’asseoir beaucoup de jours avec des gens et de discuter de nos vies.
Alors les trois mots d'une autre langue, ça sert juste à trouver à manger, à acheter des souvenirs et à trouver comment prendre le train.
Rencontrez les gens, ils disent mais moi je voudrais reconter et pour ça, il faut beaucoup de temps et une même langue.
Pour rencontrez des gens, il y en a partout, c'est facile. A Atac, je rencontre la caissière et même avec la même langue, qu'est-ce que je sais de sa vie , Pas beaucoup de choses sans doute. Je sais même pas combien elle gagne et quels sont ses horaires. Alors allez de l'autre côté du monde pour voir si l'herbe est plus verte, j'ai pas envie. Faut dire qu'ici, l'herbe est très verte. Pas trop ces derniers temps faut dire aussi.
La voisine, elle me dit que je suis pantouflarde, alors ça doit être ça.
Je lui avais demandé de nous faire du manger indien et ben, je peux dire que ça pique et qu'elle dit qu'elle a pas mis beaucoup d'épices. C'est vite dit. Même qu'on avait chacun des grandes assiettes en inox à compartiments et dans chaque compartiment, ça piquait, sauf le riz. Ça a soulagé Félix qui voulait pas faire l'impoli et qu'il a pu manger le riz. L'odeur, ça promettait des délices, mais le goût, ça laisse à désirer et y' a pas à dire, je préfère un bon braisé aux carottes.
On a bu avec Félix toute la bouteille de Cristalline, c'est pour dire.
Je dois fermer mon ordinateur parce qu'il paraît que l'orage va faire griller son moteur.
Ah oui, avant de fermer mon ordinateur, je demande, à la patronne de cet endroit, si elle peut mettre toutes les Vovonne à la suite. Là, quand j'allume, il y en a trois et c'est bête parce qu'il n'y a que moi.
S'il vous plait, merci.