Le Village du Peuple Etrange Voyageur

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    Des volcans et des îles (Sicile et îles Eoliennes)

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    Des volcans et des îles (Sicile et îles Eoliennes) - Page 2 Empty Re: Des volcans et des îles (Sicile et îles Eoliennes)

    Message par Lilie Mar 2 Juil - 22:36

    A défaut de blabla sur Taormina, quelques photos du jour. On a forcément adoré l'amphithéâtre romain (ils sont fous ces Romains ! fous d'esthétisme, de beauté et de grandeur, avec vue sur mer et sur l'Etna !), pour le reste, juste un musée en plein air, vraiment pas notre délire à Kinderette et à moi, donc une fois l'amphithéâtre visité, on est repartie comme on est venue et à 15h45 nous étions déjà de retour à notre appart' à Riposto !

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    Message par fabizan Mar 2 Juil - 23:31

    Lilie a écrit:

    Sauf sur la route ! C’est comme s’ils se transformaient dès qu’on leur mettait un volant ou un guidon entre les mains ! Gremlins siciliens ! Dr Jekyll et Mr Hyde ! Incroyable ! Eux qui sont si tranquilos en piétons et dans leur quotidien, se transforment en créatures possédées dès qu’ils sont sur la route !

    Lilie

    ça me rappelle mon périple italien au siècle dernier, je pensais que les italiens n'avaient besoin que d'un volant, d'un accélérateur et d'un klaxon pour conduire !

    J'attends la suite avec impatience ! sourire


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    Des volcans et des îles (Sicile et îles Eoliennes) - Page 2 Empty Re: Des volcans et des îles (Sicile et îles Eoliennes)

    Message par Lilie Mer 3 Juil - 13:40

    20 juin 2024
    Catania

    Ca y est ! Nous l’avons fait !

    Hier, Kinderette a fêté ses 13 ans au sommet de l’Etna !

    Il y a un peu plus de 4 ans, alors au tout début d’un confinement que nous ne pensions durer que 2 ou 3 semaines tout au plus, et alors que son école ne lui fournissait aucun substitut d’éducation, je m’étais improvisée maman-enseignante fun. J’avais choisi comme premier sujet les volcans, ayant un album imagé sur le sujet et trouvant qu’on pouvait couvrir plusieurs sujets sur ce thème (nous avions même fait notre propre erruption par phénomène chimique avec lessive et je ne sais quoi d’autre que nous avions sous la main). Quelques « C’est pas sorcier » anciens et un témoignage d’Antoine de Maximy trouvés sur youtube avaient complété le tout. Kinderette, fascinée, m’avait alors demandé si j’avais déjà approché des volcans actifs. Indonésie, Colombie, photos et récits de voyage lui avaient mis des étoiles plein les yeux.

    - Moi aussi j’aimerais bien voir des volcans actifs un jour !
    - Tu sais, tu n’as pas besoin d’aller à l’autre bout de la planète pour en voir. En Europe, il y en a pas mal déjà !
    - Ah bon ? Où ça ?
    - En Italie, par exemple. L’Etna est l’un des plus actifs de la planète. Stromboli aussi.
    - On pourrait y aller un jour ?

    Dans ce contexte de fin du monde où elle n’avait pas respirer l’air du dehors depuis 3 semaines, peut-être 4, je me souviens que cette question m’avait touchée en plein cœur. Quelques secondes de silence, et puis :

    - Je te promets.

    C’était il y a un peu plus de 4 ans. Une promesse formulée dans l’espoir de jours meilleurs, de sortir de tunnel, de liberté retrouvée, une promesse à laquelle se raccrocher pour tenir en attendant que les choses passent.

    Son engouement passager pour les volcans s’était ensuite évaporé, je ne lui reparlai pas trop de cette promesse tant que je ne pouvais la tenir. Jusqu’à l’été dernier, où je lui avait annoncé que juin 2024 serait la date à laquelle je l’emmenerais voir les volcans d’Italie, comme je lui avais promis.

    En me penchant sur le sujet, j’avais étendu mes notions de géographie et constaté que dans un mouchoir de poche, se trouvaient non pas un, mais trois volcans actifs. L’Etna, le fameux, en Sicile, et à 50km au Nord de cette île, le tout aussi fameux Stomboli, ainsi que Vulcano, dans un archipel au nom qui mettait du vent dans les rêves, celui des îles Eoliennes ! J’avais un vague souvenir d’un Thalassa, je crois, qui m’avait fait découvrir ce petit archipel méditerranéen, que je ne situais pourtant pas sur la carte du monde. Je ne me souvenais plus non plus qu’il appartenait à l’Italie, mais ce nom m’était resté en tête avec une sensation d’évasion et de petit paradis tranquille, sans pour autant me souvenir de quelque détail ni image.

    Alors, quand à l’été 2023, j’avais pensé « volcans d’Italie », que j’avais sans doute simplement d’abord «googlé » ces mots clés, et que je m’étais aperçue qu’Etna et Stromboli étaient à un jet de basalte l’un de l’autre, le projet avait pris forme ! Et le Vésuve, dans tout ça ? J’y avais évidemment pensé, mais je savais que je n’aurais que 2 semaines au mieux pour ce voyage. Et que lier l’Italie continentale à la Sicile et aux Eoliennes sur ce laps de temps n’était pas optimal d’un point de vue logistique. Il était plus simple de se concentrer sur l’Italie insulaire. Et on garderait le Vésuve et Pompéi pour un prochain voyage, peut-être.

    Et puis, le voyage affiné, j’avais réalisé seulement après avoir réservé les vols, que ces vacances incluaient l’anniversaire de Kinderette au début du séjour. Qu’en était-il de l’Etna ? Serait-ce possible de l’approcher le jour de son anniversaire ? Joli cadeau symbolique, 4 ans après la promesse de l’emmener voir les volcans actifs d’Italie. Très vite, je m’étais aperçue qu’il y avait pas mal de possibilités pour l’approcher. Mais qu’il n’y avait qu’une seule façon d’aller à son sommet : accompagnées d’un guide de montagne. Une excursion que j’avais alors réservé en janvier dernier, dès que les réservations avaient été ouvertes, et en prenant la mesure de ce qu’impliquait une telle excursion (du moins, en fonction de mon expérience et de ce qui était détaillé sur le site, même si succinct).

    Hier, nous y étions enfin.

    (...)

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    Des volcans et des îles (Sicile et îles Eoliennes) - Page 2 Empty Re: Des volcans et des îles (Sicile et îles Eoliennes)

    Message par Lilie Lun 8 Juil - 21:35

    Un peu d’appréhension de ma part, car la dernière fois que j’étais montée au-delà de 3 000 mètres, c’était avec 15 années et quelques kilos en moins. J’ai d’ailleurs fait quelques séances de méditation et de pseudo visualisation mentale durant les 3 jours précédents notre excursion, pour m’aider à atteindre mon but : accompagner Kinderette au sommet de l’Etna le jour de ses 13 ans !

    Hier, la journée ne commençait pourtant pas de la meilleure des manières… 6h du mat’, dans le lit, Kinderette se met à saigner du nez ! Et moi, bah j’étais réveillée depuis déjà 3 heures après m’être péniblement endormie passé minuit (appart’ ultra bruyant sur axe très circulant jusqu’à minuit, chaud et sans mousitquaire)… Le réveil sonnait à 7h30 et si Kinderette a somnelé jusque là, pour moi, la nuit était pliée.

    Je passe la petite heure de trajet, les ¾ passés entre 2ème et 3ème vitesse pour aider notre Fiat Panda de location a monté tant bien que mal en serpentant, pendant une vingtaine de kilomètres. Il fat dire que nous partions du niveau de la mer pour atteindre 1 800 mètres et le refuge des guides de montagne où le rendez-vous était à 9h45.

    Je rentre dans la cabane des guides. Un bureau, un soixantenaire assis avec une feuille de papier devant lui, et le nécessaire pour prendre les paiements (pas d’acompte à la réservation, sans doute dans l’éventualité d’annulation non prévisible). Pas de paiement par carte aujourd’hui m’informe-t-on, en espèces uniquement, on m’indique l’ATM le plus proche et d’aller faire l’essayage pour les chaussures fournies.

    - C’est 5 heures de marche, OK pour vous ? me dit-on au moment du paiement.
    - OK.

    Ce sera le seul pseudo briefing reçu avant départ. Je signale à Kinderette que je trouve ça quand même léger, que je m’attendais à signer un formulaire de décharge, un questionnaire santé car rien lors de la réservation, si ce n’est cette même question : « vous êtes de bons marcheurs ? » .

    10h30. Un guide appelle ceux qui ont reçu un casque jaune. Nous sommes 10, plus le guide, Michele. Et on part. Absolument aucune info sur le déroulé de la journée. On nous monte Kinderette et moi dans une cabine de téléphérique. Une première pour Kinderette, 15 minutes de découverte et d’émerveillement abrupte.

    - Ca va, t’as pas peur ?
    - Bah non ! J’adore les hauteurs, tu sais bien !

    Evidemment ! Imbécile de maman !

    Puis, à la descente du téléphérique, c’est bus tout terrain sur piste lunaire. On apprend en descendant de ces 15 minutes de bus qu’on se trouve un peu au-dessus de 2 900 mètres.

    Je vais d’abord me concentrer sur notre expérience, belle et positive, parce que beaucoup d’éléments viennent me parasiter dans mon cerveau au moment d’écrire ces lignes. Et je crois qu’il est nécessaire que j’évacue ces parasites ici, dans ce carnet, afin de garder cette expérience positive dans ma mémoire.

    On a pris plus de 1000 mètres d’altitude et là où nous a laissé le bus d’expédition sur Mars (le décor s’y prête d’ailleurs). En une trentaine de minutes. Est-ce que mon corps va supporter ? Les gens se mettent à tousser à la descente du bus, le souffre est prenant. Michele nous informe que c’est mieux de respirer par le nez, conseil que je suivrai assidument pendant toute la durée de l’expédition et effectivement, jamais je ne serai prise de crise de toux sur les passages où l’odeur de souffre était plus forte.
    Deuxième et dernière consigne avant de se mettre en marche : marcher en file indienne. Et on part, sans d’autre information !

    Rapidement, on marche sur la dernière coulée de lave de décembre 2023. Très abrasif, le son me fait penser à celui de l’ardoise et je comprends bien que c’est très tranchant, que même trébucher et se rattraper avec les mains peut provoquer une ou des mauvaises incisions. Tout est question d’équilibre, presqu’un jeu, passer le plus vite possible sans s’attarder sur ses appuis. Pendant une bonne trentaine de minutes avant de traverser cette récente coulée de lave et un sol moins dangereux… Mais pas plus agréable, ni plus reposant ! Sol meuble, lave sablonneuse, cailloux qui roulent sous les pieds, on s’enfonce… Tout ça en montant continuellement.

    Mais sur la première heure, mon obsession, ce n’était pas de tenir debout, ni même de réussir à avancer. Mon obsession unique, c’était ma respiration. Je doutais de mes capacités sur ce point, ayant remarqué un cardio pas top, surtout depuis notre arrivée en Sicile, avec la chaleur, où je me trouvais facilement essoufflée. Donc, pendant 1 heure, Kinderette devant moi dans la file, je me concentrais sur ma respiration, la garder régulière, inspirer, expirer par le nez. Je sentais bien un truc pas habituel dans mon nez, comme une irritation, pas confortable. L’altitude ? Le souffre ? Peu importe. Pendant tout ce temps, à part ressentir mes épaisses semelles prendre appui sur la lave tranchante et ce son continu d’ardoise tel un doux carillon qui s’activait sous notre passage (et que j’entends encore dans ma tête au moment où j’écris ces mots), je n’ai absolument pas profité de mon environnement, ni des paysages. Je ne parlais pas non plus. Je voulais juste m’assurer de pouvoir respirer… et atteindre le sommet sans que ce point ne soit un obstacle.

    En réalité, ce n’en fut absolument pas et, passé cette phase d’acclimatation durant laquelle je me suis aperçue que je n’étais en aucun cas gênée par mon souffle, j’ai pu continuer l’ascencion en profitant pleinement de tout, et surtout de l’instant présent. Pendant les plus de 5 heures de marche, en montée comme sur la redescente, je garderai Kinderette devant moi, à porté de main et de vue, bon sens instinctif de protection. Deux ou trois fois seulement pendant la montée,  sur le sable noir qui s’échappait sous ses pieds, j’ai eu besoin de lui donner un petit coup de puce pour la repousser dans le sens de l’avancée. Je ne sais même pas si elle s’en est aperçue, d’ailleurs.

    Michele s’arrête rarement, il nous dit que s’arrêter fréquemment, ce n’est pas bon, qu’il faut mieux de longues périodes à marcher pour ne pas couper le rythme. Il nous dit aussi que ça ne sert à rien de courir et de vouloir absolument coller à la personne qui est devant nous. Pour autant, il ne se retourne jamais pour voir si on suit ou pas.

    Plus on l’effleure, plus ce volcan me paraît gargantuesque. Bien plus impressionnant que les volcans d’Indonésie ou de Colombie en haut desquels je suis montée, même si ce n’est pas le plus haut. Le Purace, en Colombie, s’élevait à plus de 4 700 mètres. Mais la différence avec l’Etna, c’est que les autres, c’était en gros de simples cônes et pour accéder à leurs cratères, il suffisait de grimper à pique sur leur flanc. L’Etna n’est pas comme ça. Déjà, lui, ce n’est pas un mais plusieurs immenses cratères actifs qu’il a ! Hyperactif, ses coulées de lave rende l’accès à son sommet compliqué et semé d’embuches. Ses flancs sont tout sauf lisses, ses cratères recouvrent des kilomètres carrés et sont tous situés entre 3 000 et 3 300 mètres d’altitude. Ce qui donne un paysage pour le coup vraiment lunaire, à perte de vue… Desert noir, gris, ocre, sans aucune végétation (mais avec des coccinelles près du sommet, bizarrement… détail remarqué par Kinderette).

    Le jour où nous y étions, nous n’avions aucune visibilité au loin pour apprécier le panorama sur la Sicile des bords de mer, ou même réellement sur les hauteurs de l’Etna, la faute au vent venu d’Afrique transportant avec lui sable et poussière. Un blanc éblouissant, presqu’opaque, qui nous obligeait tous à porter nos lunettes de soleil.

    Côté température, j’avais laissé gants, bonnets, pulls et polaires dans le coffre de la voiture, les guides nous ayant annoncé au refuge qu’aujourd’hui, il faisait relativement chaud là-haut, entre 15 et 20 degrés… Plus que ce qu’on avait en partant d’Irlande quelques jours plus tôt ! T-shirt et veste coupe-vent seront amplement suffisant effectivement, même quand le vent sera à son paroxysme (j’y reviendrai).

    Si je n’ai pas eu à fournir d’effort poussé, si je n’ai pas eu de douleurs musculaires dans les cuisses ou les mollets, ou de difficultés particulières pour monter, je ne peux pas dire non plus que j’ai pris du plaisir dans cette ascension, qui ne laisse pas de répis pour les pieds, sur un sol qui se dérobe constamment, jamais stable, ni plat. D’ailleurs, au lendemain de cet activité physique tout de même conséquente, ni Kinderette, ni moins, n’avons de courbature ou ne ressentons quelque douleur que ce soit. On s’en étonne. Hier, Michele nous a répété à plusieurs reprises que respirer le souffre, à petite dose comme nous le faisions lors de cette excursion, ce n’était absolument pas dangereux et qu’au contraire, c’était très bon pour le corps, que ça éliminait les toxines. Je me dis que c’est peut-être pour ça qu’aujourd’hui, le lendemain, nous n’avons aucune douleur et qu’au contraire, Kinderette et moi nous sentons en pleine forme, pleine d’énérgie, presque régénérée !

    (...)

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    Message par Skyrgamur Lun 8 Juil - 22:36

    Elle est bien courageuse la petite grande Kinderette


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    Message par Lilie Mer 10 Juil - 17:40

    Pendant la montée, on l’entendait souffler par moment au sommet, comme un dragon. C’était les erruptions, nous disait Michele. Ca devait rajouter à cette impression de bête vivante sous nos pieds.Après plus d’1h30 de marche, nous arrivons finalement au sommet, sur la crète de l’un des cratères, le Boca Nova, je crois (je suis presque déjà incapable de me souvenir de ce genre de détail, c’est vraiment flou dans mon cerveau, je crois que c’est aussi dû à la visibilité là-haut, qui ne permettait pas de distinguer réellement notre environnement ni de nous repérer). On marche sur cette crète, c’est soudain ce nouveau décor, Michele ne nous a absolument pas prévenu ce qui fait qu’on passe d’une surface étendue à se retrouver sur une crète avec le vide sous nos pieds, le vide, sur notre droite, étant juste un cratère actif et fumant… On a l’impression d’une grosse bête qui gronde et qui souffle. Des fumeroles un peu partout, près de nous, sur les flancs intérieurs du cratères, les sources principales de fumée en contrebas, qu’on devine à travers cet écran blanc, de fumée justement. Il y a du vent, ça ne sent finalement pas trop le souffre, sans doute parce qu’on est du bon côté. On monte un peu plus haut, un poste d’observation plus « plat » où on peut se mettre tout notre groupe sans (trop) de danger de chute. Poste d’observation à 3295 mètres. Nous n’irons pas plus haut, conditions non favorables ce jour-là, à cette heure-là. On restera tout de même, une quinzaine de minutes peut-être, profiter de 2 erruptions de type stromboliennes, jets de pierres, puissant comme le souffle dorsale d’une baleine. Bien plus puissant en réalité. Très actif, l’Etna, on le sent vraiment quand on se trouve à son sommet, comme si on avait accès à ses entrailles, qu’on le sentait vivre et respirer, près à exploser à tout moment. « Impressionnant » est encore le mot qui pour moi qualifie le mieux l’Etna. Ceux que j’avais approchés précédemment n’étaient que des chatons comparés à lui.

    Michele nous a bien dit, depuis le début de l’ascencion, de ne pas nous asseoir, pour être réactif et être prêts à partir à tout moment. J’ai bien entendu la consigne, mais au sommet, sans même posé mon sac à dos à terre, je prends un biscuit, pour moi, et pour Kinderette, parce que j’ai en tête qu’il va falloir assurer la descente ensuite, et que Kinderette, du haut de ses 13 ans, n’a pas la même réserve énergétique que moi. Michele m’aperçoit sortir le paquet de biscuits de mon sac et me lance d’un air paniqué :

    - No break ! No break !
    - Je sais, je prends juste un biscuit pour moi et ma fille, je ne pose pas mon sac !

    J’imagine qu’il avait peur qu’en me voyant, tout le monde prenne le sommet pour une air d’autoroute où on se poserait après avoir fourni un bel effort et avalé des centaines de kilomètres sur la route des vacances. Sauf qu’effectivement, le cratère de l’Etna, c’est de la haute montagne, ce n’est effectivement pas là où il faut relâcher son attention, ni traîner. Michele reste sans arrêt en alerte, je le vois bien. Je l’observe depuis le début et je sens le stress, la responsabilité de ce guide de montagne en charge d’un groupe de 10 touristes inexpérimentés dans un environnement hostile où le danger est réel et peut surgir à tout moment.

    Quant à Kinderette, elle m’impressionne. Elle a toujours suivi le rythme, sans jamais ralentir, sans jamais se plaindre, toujours contente. Elle m’avouera sur la redescente qu’à la moitié de la montée, elle pensait déjà à la redescente, qu’elle trouvait ça dur :

    - Mais de toute façon, on n’a pas le choix, faut bien suivre les autres.

    Exact, sans doute ce que tout le monde se disait aussi, moi y compris, notamment à l’approche du sommet où le manque d’oxygène se faisait sentir dans mes jambes plus lourdes, qui avançaient à petits pas, comme au ralenti. Et Kinderette, une fois au sommet, tout sourire, tellement heureuse !

    - C’est dur, mais ça procure une grande joie quand on arrive au sommet !

    J’avais prévu 2 bougies, une en forme de 1 et l’autre en forme de 3. Et un briquet, acheté sans elle la veille, dans un bureau de tabac. Bon, évidemment, trop de vent pour ne serait-ce espérer qu’essayer de les allumer à 3300m d’altitude sur l’arrête d’un cratère d’un kilomètre de profondeur de l’un des volcans les plus actifs du monde. Mais je les ai quand même sorties, pour la photo !

    Michele ne semble pas hyper pressé de redescendre, mais je l’entendrai deux fois prononcer le mot « tornada » qui attirera mon attention, pensant que, soit ça n’avait pas la même intensité de sens en Italien, soit que son anglais approximatif lui faisait utiliser des termes plus ou moins justes (il jonglait entre Italien, Français et Anglais dans les informations qu’il nous donnait). Toujours est-il que j’ai souvenir l’avoir entenu dire, en Anglais :

    - No ! We have time before the tornada !

    Ouais… Bah, en fait… « La tornada », on l’a eue !

    (...)

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    Message par fabizan Mer 10 Juil - 23:27

    Quel courage toutes les deux !
    A votre place j'aurais eu la trouille devant le volcan crachant des pierres.

    (Wapiti, manquerait pas un smiley "peur" ? sourire)


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    Message par Lilie Jeu 11 Juil - 0:41

    C’est donc l’heure de la redescente, on repart, sur une arrête de cratère, toujours. Je suis désorientée (à cause du manque de visibilité je pense ou alors c’est le manque d’oxygène), je ne reconnais pas si on est passé par là à l’aller ou non. Ce qui est certain, c’est qu’on marche plus longtemps sur une arrête de cratère qu’à l’aller (il y a 2 cratères, ou 3, au sommet, on a peut-être récupéré un autre cratère que le Boca Nova, je n’en sais rien). Le chemin devenait étroit et plutôt effrayant parce que sur notre gauche, on devinait le vide fumant d’un cratère en activité sans pour autant pouvoir juger de sa profondeur (1km). Et soudain, alors que nous étions engagés sur cette arrête en file indienne, venu de nullepart, une tempête soudaine, un vent d’une force que je n’avais jamais affronté s’est mis à souffler en biais, à la fois face à nous et par notre gauche, en provenance du cratère. C’est comme si l’Etna en furie nous crachait au visage, nous enjoignant de déguerpir de là, qu’il ne voulait pas de nous ici. Michele ouvrait la marche, comme toujours. Je crois qu’il y avait 2 Italiens devant nous, Kinderette en 4ème position, puis moi, et juste derrière moi, le couple de jeunes français. Le reste de la file, je n’en sais rien. A ce moment-là, j’ai vraiment eu peur. Pour Kinderette, parce qu’elle ne tenait pas de bout avec ses 40 kilos, et que je devais la cramponner pour ne pas qu’elle se fasse emporter, dans un sens ou dans l’autre de l’arrête. Et que je lui criais d’avancer (il fallait crier pour s’entendre), le tout en luttant moi-même contre le vent, penchée en avant. Et puis, j’ai entendu des cris derrière moi, sans pouvoir distinguer quoi que ce soit d’audible. Michele s’est retourné et je l’ai vu passé en courant sur ma droite, côté extérieur au cratère, pour aller vers l’arrière de la file. Naturellement, nous nous sommes tous immobilisés, mais le vent était si fort qu’on ne tenait pas debout. J’ai dû cramponer Kinderette. Les 2 devant moi, les 2 derrière, on s’est tous accroupis, instinctivement, pour ne pas se faire emporter par le vent, parce qu’immobiles, debout, c’était tout bonnement intenable. Une fraction de seconde, je me suis dit que j’étais folle d’avoir emmener ma fille ici. Mais j’ai vite chassé la peur, il n’y avait pas de place pour elle. Dans ces moments-là, il faut garder son sang froid, sinon… Sinon on se retrouve à réagir comme la mère et sa fille ado qui faisaient partie de notre groupe. D’Europe de l’Est, avec un anglais très limités, elles nous avaient déjà bien embetés pendant la montée, à ne pas respecter les consignes de Michele, qu’elles ne comprenaient tout simplement pas, j’imagine. Et là, sur cette crète, prises de paniques, la petite, dans les âges de Kinderette, et la mère, refusaient d’avancer… Et nous mettaient donc ainsi tous en danger, nous, sur le devant de la file, accroupis à lutter contre le vent pour tenir en équilibre, au lieu d’avancer et d’empêcher qu’il n’est d’emprise sur nous. Lois de la physique, tout simplement. Le temps m’a paru long (peut-être 2 minutes en réalité) avant que je ne puisse voir Michele repasser à côté de moi par la droite, en tirant l’ado, et en hurlant sur sa mère qui tirait sa fille en marche arrière, faisant non de la tête, hurlant elle aussi sur Michele, refusant d’avancer ! Et Michele de répéter en criant, en anglais :

    - On doit avancer ! On doit avancer ! C’est trop dangereux ! On doit avancer !

    Quand Michele est repassé devant nous, nous nous sommes remis debout, je cramponais toujours Kinderette de toutes mes forces en lui répétant, aussi calmement que possible, de continuer d’avancer :

    - Avances Kinderette, avances, avances, il faut avancer…

    Quelques dizaines de mètres tout au plus, et nous étions à nouveau tous en sécurité, sorti de l’arrête du cratère, et à nouveau sur surface plane. Mais là, grosse odeur de souffre, on s’est tous mis à tousser, et Michele, sans doute encore dans l’adrénaline, qui se mettait à nous parler de la situation. Et moi dans ma tête qui me disait, mais bordel, il ne va pas nous faire sortir de là ! Il y avait encore énormément de vent là où il s’était arrêté, juste à la sortie de l’arrête, et même si nous n’étions plus en danger de chute, ce n’était certainement pas l’endroit où faire un mini debrief instantané de la situation de crise !

    Il nous a juste dit que le danger là où nous étions arrêtés juste avant, c’était les gazs, qui étaient très dangereux, et que c’est pour ça qu’il fallait qu’on avance ! Pour moi, pour nous tous pris au piège sur cette arrête de cratère, le danger immédiat qu’on ressentait, c’était la chute ! On est enfin redescendu de quelques mètres. La petite saignait du nez, sanglotait encore. La mère, je n’en sais rien. J’ai l’impression qu’on était tous plus ou moins en état de choc, qu’on réalisait sans trop comprendre qu’on était sorti de quelque chose qui aurait pû être dramatique. Je le comprends bien aujourd’hui, et en réalité je l’ai compris quelques minutes plus tard, lorsqu’on s’amusait tous comme des enfants à descendre le flanc de l’Etna en glissant sur la lave sablonneuse, meilleure moyen d’aborder cette descente abrute nous avait dit Michele. A l’issue de ces 10 minutes de descente euphorisantes qu’on avait enchaîné sans transition après le drama de la tempête un peu plus haut, je m’étais approchée de Michele, et l’avait remercié à mi-voix d’avoir géré la situation, là-haut.

    (...)

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    Message par Wapiti Jeu 11 Juil - 9:06

    Parenthèse smileysque* :

    fabizan a écrit:(Wapiti, manquerait pas un smiley "peur" ? sourire)
    C'est pas faux.

    Même si on a beaucoup utilisé surpris ou dégout  ou je file ! (dans les smileys "animés") au besoin dans les années antérieures...

    Après, il y a une époque pas si lointaine où certain.e.s n'apprécia.en.t pas voir le texte truffé de de ces petites bouilles colorées et agités... clin d'oeil

    Et puis maintenant vous devez avoir accès comme moi aux smileys de la plateforme (Emojis by twemoji) qui sont disponibles, et là tu trouves des classiques qui peuvent te convenir :
     Des volcans et des îles (Sicile et îles Eoliennes) - Page 2 1f628 ou Des volcans et des îles (Sicile et îles Eoliennes) - Page 2 1f631  ou Des volcans et des îles (Sicile et îles Eoliennes) - Page 2 1f616

    * cette disgression s'autodétruira d'ici quelques temps (lorsque j'aurais rattrapé mon retard de lecture approfondie de ce carnet - je suis, Lilie, je t'assure mais je n'ai pas encore trouvé le temps de bien lire tranquillement  Des volcans et des îles (Sicile et îles Eoliennes) - Page 2 1f618 -


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    Message par Skyrgamur Jeu 11 Juil - 11:27

    Je comprends pourquoi mon fils a refusé d'emmener les petites tout là-haut (elles avaient 8 et 12 ans)


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    Message par fabizan Jeu 11 Juil - 13:32

    Wapiti a écrit:
    Et puis maintenant vous devez avoir accès comme moi aux smileys de la plateforme (Emojis by twemoji) qui sont disponibles, et là tu trouves des classiques qui peuvent te convenir :
     Des volcans et des îles (Sicile et îles Eoliennes) - Page 2 1f628 ou Des volcans et des îles (Sicile et îles Eoliennes) - Page 2 1f631  ou Des volcans et des îles (Sicile et îles Eoliennes) - Page 2 1f616


    Merci pour ta réponse ! j'aurais même pas eu l'idée d'aller chercher ailleurs.


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    Message par geob Jeu 11 Juil - 21:45


    Ben dis donc ! Un récit inattendu, haletant... suffocant ! Je ne m'attendais pas un lire un récit où on devine ton angoisse à ce point là alors que vous étiez parties pour faire une balade originale !
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    Message par Lilie Jeu 11 Juil - 22:35

    On a donc surfé l’Etna, littéralement, mais sans planche de surf, simplement avec nos chaussures montantes que Michele nous avait conseillé de bien recouvrir de notre bas de pantalon pour éviter d’avoir des cailloux qui entreraient dedans. Parce qu’effectivement, « surfer » le flanc de l’Etna depuis son sommet, et pendant 10 minutes, ça veut dire avoir les chevilles ensevelies pendant la majeure partie du temps. Kinderette, à nouveau, a adoré cette partie et encore aujourd’hui, c’est la partie qu’elle a préférée. Pas moi. Parce que si c’est effectivement super drôle au début cette grosse glissade, mes cuisses ont commencé à chauffer au bout de 5 minutes, et j’ai plutôt subi les 5 dernières minutes de la descente, en me disant que le lendemain, aujourd’hui, j’aurais sans doute de grosses courbatures aux adducteurs et autres muscles cuissiers. Il n’en ai rien, et tant mieux ! Mais Kinderette, jusqu’au coucher, me répétera à plusieurs reprises comme elle a aimé cette expérience, ces quelques minutes de course et glissade libre qu’elle n’avait jamais expérimentée avant. Je le comprends, moi-même je me suis amusée comme une gamine… au début.

    Michele nous indique qu’on va pouvoir enfin faire une pause pour déjeuner et reprendre des forces (il était aux alentours de 14h). On découvre que l’ado qui avait paniqué au sommet s’est aussi cassé la figure sur la descente, jean déchiré et qu’elle a le genou écorché. La mère, qui semble avoir été parachutée dans un monde qui lui est totalement étrangé, demande des pansements, du désinfectant etc. Michele lui donne des conseils pour soigner la plaie (bégnine) qu’elle refuse (une nouvelle fois) d’écouter. Finalement, elle trouvera son bonheur dans ma trousse de secours plutôt que dans celle de Michele. Kinderette soufflera ses bougies à cet endroit, les tenant dans ses mains, avec le charmant couple de français fredonnant un joyeux anniversaire en français pour elle. En réalité, même abrité, il y avait trop de vent pour que la mèche des bougies restent allumées et que Kinderette ait le temps de les souffler avant qu’elles ne s’éteignent d’elles-même.

    - C’est l’Etna qu’a soufflé mes bougies !

    Et c’est encore ce qu’elle a répété à ses grands-parents tout à l’heure, qui lui souhaitaient à leur tour un joyeux anniversaire, par smartphone interposé.

    Après cette petite demie-heure de pause, je pensais qu’on allait redescendre tranquillement jusqu’à la cabane des guides. Sauf que, je vois bien des pistes qui descendent et semblent aller dans la direction du téléphérique, mais nous, on ne les emprunte pas. On continue à niveau, on est encore malgré tout à plus de 3 000 mètres et après un bon moment de marche (et avoir compris que non, nous n’étions pas sur la fin du tout !), je vois se profiler au loin un nouveau cratère, et une nouvelle arrête qui me parait bien étroite elle aussi, et je ne suis pas folle, la piste sur laquelle nous sommes semble bien nous y mener, tout droit devant nous. Là, je me dis que clairement, la mère et la fille qui sont encore derrière moi ne vont pas être capable d’affronter cette nouvelle arrête, qu’elles ont laissé trop d’énergie là-haut. J’espère juste qu’on ne va pas être exposé plein vent en s’engageant dessus, parce que là, vraiment, elles ne vont pas réussir à la passer.

    Je ne suis pas guide de montagne. Mais ça me semblait évident. Et malheureusement, ce que j’ai vu venir gros comme une maison s’est produit. J’ai même pris une photo en nous rapprochant, avec Kinderette devant moi, en me disant que j’aurai un souvenir de ce cratère et de la vision que j’en avais à ce moment précis (je n’ai pas pris beaucoup de photo pendant l’excursion, simplement parce qu’on ne s’arrêtait presque jamais et que je ne voulais pas ralentir mon rythme et décrocher du groupe). La photo est plutôt chouette, mais ne rend en aucun cas justice au paysage réel, et à l’étroitesse de cette arrête.


    Des volcans et des îles (Sicile et îles Eoliennes) - Page 2 Pxl_2045


    Le passage n’est certes pas très long, enfin, tout de même une centaine de mètres, sur une largeur d’un mètre de large… Et même moi, engagée dessus, avec Kinderette toujours devant moi, j’ai tourné la tête à gauche, et le vide du cratère sous mes pieds, je me suis dit qu’il ne fallait pas que je regarde autour de moi, que je reste concentrer sur mes pieds, sinon je pourrais rapidement être prise de vertige et de panique. Kinderette, elle, de l’innocence de son jeune âge, s’emerveillait justement de ce même paysage. Jusqu’à ce que, plus loin sur cette arrête, on soit à nouveau pris dans un couloir de vent, super fort, tellement fort que Kinderette et ses 40 kilos ne tenaient encore pas debout et que je devais la cramponer encore super fort ! Le vent était certes moins fort que l’épisode précédent au sommet, mais ça soufflait quand même encore très fort. Trop fort pour des petits gabaris d’adolescentes. Et c’est à ce moment-là que j’ai entendu le cri perçant et bref de l’autre adolescente derrière moi. Je l’entends encore, et je crois que je m’en souviendrai toute ma vie. Je n’ai pas voulu me retourner, parce que je ne voulais pas voir. Je me suis dit que, soit elle était tombée (dans le vide, de l’un ou l’autre des côtés de l’arrête), soit autre chose, mais que ce cri, c’était du drame. Michele, en début de fil, s’est retourné, et comme là-haut, je l’ai vu passer en courant sur ma droite, en allant vers la fin de la file. Mais nous, en début de file (il y avait toujours les 2 italiens devant Kinderette), on était encore en position hyper critique, accroupis à nouveau pour résister au vent. Heureusement, les deux italiens ont eu le réflexe de continuer à avancer, quelques mètres seulement, pour monter sur une plateforme rocheuse qui nous mettait au moins tous les 4 à l’abri de la chute. Sur ces quelques mètres, je disais à Kinderette de regarder ses pieds, de ne pas regarder autour d’elle. Elle avait elle aussi entendu, forcément, le cri de la jeune ado, et devait elle aussi avoir peur. Je devais l’aider à traverser cette zone critique en gardant son sang froid, et je me disais que désormais, si elle regardait autour, avec le cri qu’elle venait d’entendre, elle pourrait paniquer. Ce que je ne voulais pas. Bref, Kinderette, aussi cool que possible, que je tenais, était à l’abri, moi aussi, et j’étais soulagée, le mot est faible. Et puis, alors que ni Kinderette ni moi ne nous étions retournées (je refusais de voir ce que je redoutais), Michele est arrivé, en tirant à nouveau l’adolescente, en criant toujours sur sa mère qui s’agrippait à sa fille et qui refusait d’avancer :

    - Il faut avancer ! Il faut avancer ! Arrête de tirer ! Ne tire pas ! Avance !

    Un bis repetitas, avec peu être un peu moins d’intensité dans le danger (tout est très relatif ici)… Je ne sais pas ce qui s’est passé, je pense que l’ado à hurler de frayeur tout simplement, et que comme précédemment, mère et fille ont été prises d’une crise d’angoisse.

    Et comme précédemment, Michele qui nous fait une rapide morale alors qu’on est encore super exposé au vent… Et comme précédemment, sans transition, on descend dans l’euphorie d’une longue course sur le flanc d’un cratère qui venait de nous rappeler à notre petite condition d’êtres humains. On a couru sur au moins 500 mètres, je dirais même plus, pour atteindre une sorte de vallée plane, lunaire que nous avons traversée…
    Kinderette en profitera pour pauser deux questions à Michele :

    - Michele, tu fais ça tous les jours ?
    - Non ! On tourne ! Hier, j’ai fait une excursion plus tranquille, pas jusqu’au sommet, et demain, je suis en repos !
    - Tu fais ça depuis longtemps ?
    - Depuis 8 ans. Avant, pendant 20 ans, j’étais moniteur scouts, de colo, avec des jeunes garçons. Là, c’est un peu plus de responsabilités…



    Et 20 minutes plus tard, nous rejoignions la piste des bus 4x4, qui nous menait au téléphérique.

    Michele disparu à ce moment là en nous disant que techniquement, sa mission s’arrêtait là, on s’est tous applaudi, et voilà. Kinderette et moi sommes montées dans la même cabine que les 4 italiens. Ils venaient du nord de l’Italie (comme la plupart des touristes que nous avons croisés jusqu’à présent). C’était la deuxième fois que les parents venaient monter l’Etna, mais il y a 20 ans, il n’était pas allé au sommet.

    - Je suis contente de l’avoir fait, mais je ne reviendrai pas, c’est fini ! Nous avoua la mère.

    Bizarrement, personne n’a parlé de ce qui c’était passé là-haut. Ni eux, ni le couple de français… et ni nous d’ailleurs. Je crois qu’on étais tous trop pris par l’adrénaline, ou pas assez de recul. Mais aujourd’hui, et même hier soir, j’ai pris la mesure de ce que nous avions vécu. On a échappé au pire. A deux reprises. Vraiment. Je n’ai jamais eu aussi peur pour ma vie, ni celle de ma fille évidemment (puisque je ne l’avais jamais mise en situation de danger avant). Parce que j’ai eu peur pour nos vies là-haut.

    De retour à la cabane, Michele, sans doute moralement épuisé s’affarait à ses affaires sans s’occuper vraiment de nous (il nous avait dit au revoir avant de monter dans un téléphérique). Il a croisé la mère et son ado et s’est adressé à la jeunette :
    - Tu devrais être plus courage à l’avenir, avoir plus de courage ! C’est important d’avoir du courage dans la vie.

    Je ne suis pas certaine que c’est ce dont cette petite de 13 ou 14 ans avait besoin d’entendre à ce moment-là.

    Si je dois parler d’une responsabilité… La mienne, celle de tous les participants, bien entendu. Mais sans vouloir me délester de cette responsabilité, lorsque j’ai fait la réservation en janvier, j’avais évidemment réfléchi. J’avais lu tout le site des guides y compris, bien sûr, ce qui concernait cette excursion au sommet de l’Etna. Il était simplement précisé qu’il ne fallait pas être asthmatique ni avoir de problème cardiaque. Aucune restriction d’âge, ou en tout cas, je ne l’ai pas vu. Aucun avertissement, quel qu’il soit. Et moi, bah… j’ai quand même un peu d’expérience, il me semble. Des éléments, de la montagne, j’ai un peu roulé ma bosse, je crois. Je connais aussi ma fille, je me suis demandée si elle était capable de s’engager pour une telle excursion, jusqu’à cette altitude. Et oui, je l’en croyais capable. Kinderette a un tempérament plutôt compétitif, et quand elle se fixe un objectif, elle fait tout pour l’atteindre, elle ne renonce pas. Elle avait 6 ans, et nous étions en Macédoine quand j’en avais pris conscience. Son premier sommet à 2000m, alors que nous avions perdu le flechage, qu’il n’y avait plus de piste, et que nous avancions dans ronces et fougères qui faisaient 2 fois sa taille. Dix fois, au moins, je lui avais proposé de faire demi-tour, et autant de fois elle m’avait répondu que non, elle voulait aller voir la vue au sommet de la montagne. Qu’on avait atteind. Et elle avait tout juste 6 ans.

    Alors voilà, cette excursion, quand je m’y suis inscrite, je l’ai réfléchis, et je l’ai considérée avec les éléments que j’avais.

    Mais si j’avais su, si j’avais su le danger potentiel, l’exposition au vide, les arrêtes de cratères, jamais je n’aurais engagé ma fille de 13 ans sur cette aventure. Jamais.

    Et c’est bien là, en réalité, le nœud du problème. Là où le business prend le dessus sur la sécurité.

    Certes, je crois que cette mère était inconsciente de s’être lancée dans cette excursion avec sa fille. Mais elle ne savait simplement pas. Comme on voit des gens tous les étés partir en montagne en basquettes, sans eau, sans rien, ignorant les dangers de cet environnement. Comme j’en vois en Irlande aussi. De l’inconscience, de la méconnaissance, du manque d’éducation, d’information. Mais justement, est-ce qu’on peut blâmer cette femme qui visiblement ne connaissait en aucun cas ce que représentait une excursion à plus de 3000 mètres d’altitude au sommet d’un volcan actif ? Moi-même, j’étais loin de m’imaginer de ce que c’était là-haut. A nouveau, nous n’avons eu aucun briefing avant de partir, aucun avertissement.

    Je crois malheureusement que ces guides de montagne taisent volontairement les risques potentiels, pour faire marcher leur business. Et que ce ne sont pas les seuls guides de montagne qui le font.

    Hier soir, alors que j’avais tout de même fait une bonne journée en terme de dépense d’énergie, physique et émotionnelle, je n’ai dormi que 3 heures. Et j’avais dormi 3 heures la nuit précédente aussi. J’aurais dû tomber comme une masse. Au lieu de ça, je me refaisait les deux scènes des cratères. Et je pensais. Je pensais aux accidents de haute montagne, d’excursion. Les Alpes, l’Hymalaya. Qui ont lieu avec des guides de montagne, pourtant. Je comprends maintenant comment ça peut arriver.

    Dans notre cas, je crois aussi que notre guide aurait pu éviter ces situations. Au moins la deuxième. Parce que je suis persuadée qu’il y avait d’autres chemins, moins risqués que le dernier cratère et que s’il avait fait preuve d’un peu plus d’empathie, il aurait compris que cette mère et cette fille n’étaient pas en mesure d’être remise dans une situation de vertige. Je pense qu’il a voulu soit prendre le chemin le plus court, ou soit n’a pas été capable de flexibilité en voulant suivre peut-être un itinéraire qu’on lui demande de suivre sur cette excursion. Mais ça reste de la haute montagne, il travaille avec des gens, et je crois qu’une bonne part de son métier, c’est aussi être capable de s’adapter. Il a néanmoins réagi comme il le fallait, en allant chercher à deux reprises cette adolescente. Mais avait-il le choix à ce moment là ? Non. Il ne pouvait que réagir. Peut-être aurait-il plus éviter ces situations, en tout cas la deuxième, je le pense vraiment. Mais je ne le saurai jamais avec certitude. Il nous a tous ramenés sains et saufs, c’est le principal.

    Peut-être est-ce que j’exagère dans ma réaction. Peut-être si on demandait aux Italiens et au couple de français, peut-être n’ont-il pas vécu ces deux situations comme moi. Je ne sais pas, puisque nous n’en avons pas parlé.
    Quant à Kinderette, j’ai débriefé avec elle. Hier. Aujourd’hui. Oui, elle a eu « un peu peur », de la force du vent, de ne pas réussir à tenir debout, elle n’avait jamais connu pareille situation avant. Mais pour le reste, grâce à son innocence, à ses 13 ans tout juste soufflés, elle n’a pas la même conscience du risque, elle ne pense pas au « et si ». Elle, elle a adoré l’expérience dans sa globalité, les glissades géantes surtout. Et c’est très bien comme ça. Parce que cette excursion, au final, c’était tout de même son cadeau d’anniversaire.

    J’ai bien conscience en couchant ces mots sur le papier, que cette aventure a des airs de film d’aventure qui tourne mal. Mais c’est pour ça que j’avais aussi besoin de mettre tout ça par écrit. Parce qu’outre ces deux épisodes aux émotions fortes, qui auraient pu mal tourner (en tout cas, de la manière dont je les ai vécus), le reste de la journée et de l’expérience reste chouette. De vrais beaux souvenirs partagés avec ma fille, des émotions fortes. J’ai l’impression, déjà, que cette excursion au sommet de l’Etna est dans la veine de ce que nous partageons et vivons toutes les deux depuis notre arrivée en Sicile il y a quelques jours : que ça nous rapproche, que ça nous rend encore un peu plus complices. On aura vécu ensemble à travers cette excursion au sommet de l’Etna des émotions fortes, uniques, que personnellement je n’ai jamais partagées avec personne.

    Après avoir laissé notre casque et nos chaussures au gîte des guides, on est allée prendre une limonade dans un café de ce qui est ni plus ni moins une station de montagne pour touristes (sans logements) qui veulent approcher l’Etna. Je n’étais pas en mesure de reprendre tout de suite la route pour près d’une heure et d’avaler 20 kilomètres de descendre en serpentant. J’avais besoin de reprendre un peu de forces et de me poser un peu. Kinderette, elle, ne semblait absolument pas fatiguée. Bon, sur la route, elle a fini par lâcher sa fonction de copilote qu’elle tient admirablement bien depuis le début du séjour. Elle m’avouera d’ailleurs une fois de retour à l’appart, que son cerveau n’était pas en mesure de me lire le gps.

    - Pas grave, le miens n’était pas en mesure de l’écouter ! Et pis, je n’attendais surtout pas à ce que tu fasses copilote après la journée qu’on a eue !

    Du coup, effectivement, sur les derniers kilomètres, j’ai tourné quelques fois en direction opposée que ce qu’indiquait la voix du GPS, et ainsi ralongé le trajet d’une quinzaine de minutes peut-être.


    - T’es la meilleure organisatrice de vacances du monde ! me lança sans prévenir ma fille avant de se mettre au lit, hier soir.


    Surprise, touchée. C’était un joli compliment auquel je ne m’attendais pas. Je comprenais qu’elle avait donc du passer une belle journée d’anniversaire.


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    Message par Skyrgamur Jeu 11 Juil - 22:47

    C'est certain qu'elle s'en souviendra toute sa vie. Et toi, la maman, aussi.
    Bravo à toutes les deux


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    Message par Lilie Jeu 11 Juil - 22:57

    Oui. Avec 3 semaines de recul, déjà, l'intensité de la peur ressentie (par moi) s'estompe. C'est pour ça que je voulais absolument mettre par écrit, à chaud, ce que je ressentais. Parce que je savais qu'avec le temps, tout ça s'estomperait. Même en retapant sur ordi ces mots écrits le lendemain dans mon carnet, depuis notre chambre d'hôtel de Catania, ça m'a fait bizarre.

    Ce qui est certain, c'est que des émotions fortes comme ça, ça reste longtemps, je crois. Et effectivement, ce souvenir commun, ces émotions fortes partagées ensemble, je crois qu'on s'en souviendra toute notre vie. clin d'oeil

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    Message par fabizan Jeu 11 Juil - 23:44

    Quelle aventure palpitante Lilie, j'en avais la respiration suspendue en te lisant top !

    Il parait que l'Etna et le Stromboli sont en éruption depuis quelques jours.


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    Message par geob Sam 13 Juil - 23:35


    Ce qui est certain, c'est que des émotions fortes comme ça, ça reste longtemps, je crois. Et effectivement, ce souvenir commun, ces émotions fortes partagées ensemble, je crois qu'on s'en souviendra toute notre vie. clin d'oeil a écrit:

    Et comment que tu n'oublieras pas cette randonnée épique ! Et ta fille dura à ses copines : avec ma mère on a fait un truc de ouf !

    Quand on s'est perdu sur des sentiers de montagne, à moto, avec l'ami Belge, entamant des descentes caillouteuses en godillant la roue arrière, frein à fond, en passant dans des chemins forestiers pas fait pour faire de la moto, à un moment donné je me suis demandé bêtement si un hélicoptère pourrait venir nous chercher ! Oui, quand on fait quelque chose de pas ordinaire, que tout le monde ne fait pas donc, même si sur le coup c'est une épreuve, de l'angoisse, une fois sorti du périple on se dit, avec le recul : merde ! on a fait un truc incroyable !

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    Message par Lilie Mar 16 Juil - 17:02

    Carnet de maison (moins "haletant" que l'épisode "carnet de voyage" précédant, mais avec autant de coquilles qui font mal aux yeux car tapé d'une traite et sans relecture ! clin d'oeil )


    Le lendemain de notre aventure etnaenne, nous devions libérer notre appartement à 10h00. Ca avait encore été une petite nuit pour moi (combinaison de ressassement de ce qui c’était passé sur l’Etna + chaleur – pourquoi l’air conditionné se trouve dans 80% des cas fasse au lit et est donc inutilisable ? - + moustiques). Je cumulais donc au mieux 12h de sommeil sur les 3 dernières nuits. Mais bizarrement, je sentais mon corps en pleine forme, comme revigoré ! Et surtout, aucune douleur musculaire, aucune courbature ! Je n’en revenais pas ! Idem pour Kinderette, qui depuis petite passe son temps à me dire qu’elle a des courbatures dès qu’elle produit le moindre effort physique ! Durant l’année scolaire par exemple, tous les mardis de toutes les semaines d’école, elle se réveillait le matin en m’annonçant des courbatures de la session de sport de la veille, avec l’école ! Ca m’exaspère, je ne comprends pas comment à 12 ans on peut avoir des courbatures toutes les semaines, alors qu’on fait justement du sport toutes les semaines ! Bref. Lendemain d’ascencion au sommet de l’Etna, pourtant pas une partie de plaisir, Kinderette se lève et… Aucune courbature elle non plus ! Nous n’en aurons pas, ni le lendemain, ni le surlendemain. Je pense vraiment que peut-être, l’air qu’on a respiré, comme nous l’avait dit Michele notre guide, éliminait les toxines, dans le sang, partout, et que c’est pour ça que nous nous sentions si bien, et que nous n’avions aucune douleur dans les jambes.

    On a dû libérer l’appart’ un peu avant 9h30. On rendait la voiture à l’aéroport de Catania pour 11h00 (plus 1 heure de courtoisie en réalité). 50 minutes de route annonçait Google Maps. Mais j’avais remarqué en empruntant cette voie rapide, en venant de Bronte quelques jours plus tôt, tout comme en allant vers Taormina, qu’à chaque fois il y avait des longues cessions de bouchons avec véhicules à l’arrêt. Donc, en retournant vers Catania, la grosse ville, je prévoyais large. Petit tour à la poste de Riposto avant de partir, pour prendre quelques timbres internationaux et 1 timbre national pour cartes postales qu’il nous restait encore à acheter. On sera limité en timbres internationaux, la poste de Riposto n’en ayant même pas une dizaine à disposition. Je rafflerai son stock ce matin-là, avant de prendre la route en direction de l’aéroport de Catania pour rendre la voiture.

    J’avais bien fait de prévoir large, puisque les 50 minutes de trajet sur voie rapide se sont transformé en 1h30, le rab passé à l’arrêt dans des bouchons sans fin. Nous étions pourtant en semaine, entre 9h30 et 11h, pas forcément une heure de pointe. Je pense que cet axe Catania – Messina est toujours encombré de la sorte puisque c’est là que ce concentre le gros de la population, sur la côte.

    On rend la voiture. La chambre que nous avons louée, je l’avais méticulement choisie pour qu’elle soit facile d’accès depuis l’aéroport et surtout proche de la gare d’où nous repartions le lendemain en direction de Milazzo, sur la côte Nord sicilienne. J’ai fait des kilomètres et des kilomètres à pied dans ma vie en portant des sacs à dos et trainant des valises. Moi qui suit pourtant adepte du minimalisme en voyage depuis toujours, je sais bien qu’il n’y a rien de pire que de se balader à pied à travers une ville avec ses bagages. Donc le logement, il avait été choisir sur ce critère prioritaire, voire exclusif : max 10 minutes à pied jusqu’à la gare.

    Bon, les quartiers près des gares, n’importe où dans le monde, ce sont rarement les meilleurs. Mais ce logement, j’avais vu qu’il était aussi en direction des centres d’intérêt de Catania, à 15 minutes à pied. Donc idéalement situé pour nous.

    Notre hébergement m’avait tuyauté le transport à prendre depuis l’aéroport, une navette qui nous laissait à la gare.

    Sauf que ce jour-là, le 20 juin 2024 donc, il faisait hyyyyyper chaud ! Et qu’une fois la voiture cédée à l’aéroport et revenue à ma condition d’humaine sans climatisation incorporée, je me suis mise à subir la chaleur, terriblement. Et même si nous avions eu la clim dans le bus, les 10 minutes de marche entre la gare et notre petit hôtel ont suffit à me présenter dégoulinante de sueur devant la charmante Elena qui nous accueillait pour le check-in. Au secours ! Je suis vite passée sous la douche et une fois rafraichie, j’ai cherché un endroit pour déjeuner dans le coin. Kinderette comme moi ne nous sentions pas d’affronter la chaleur pour aller vers le centre-ville touristique et les adresses que nous avait tuyautées Elena. Google Maps sur ce voyage aura remplacé tout bon vieux guide papier, et je trouvais à deux minutes d’ici un café qui nous contenterait sûrement.

    Deux hommes derrière le comptoir. Je les trouve au premier contact plutôt froid. Mais en fait, c’est quelque chose que j’ai remarqué tout au long du voyage : les Siciliens n’ont certes pas le sourire facile (encore moins que les français !), leurs rapports peuvent parfois sembler frontaux, on ne met pas vraiment les formes, mais dans le fond, en vrai, ils sont vraiment toujours prêts à rendre service, à prendre le temps.

    Dans ce café, on a commandé en pointant du doigt ce qu’on voyait à travers la vitrine. Pis on a pris une glace chacune. Pis j’ai voulu un café… Aaaaah ! Commander un café en Italie ! Moi, ça va, à la maison, quand je veux du café, je ne bois que des espresso fait avec une cafetière italienne Bialetti. Alors, pendant ce séjour en Sicile, j’étais heureuse, enfin du vrai café bien serré. Ce jour-là, j’aurais aimé avoir un café plus grand. J’ai beau eu essayé d’expliquer à mon monsieur le patron que je voulais une grande quantité, en italien, en espagnol, en français et en anglais, il a bien compris ce que je voulais, mais ma répondu qu’ici, je ne sais plus quoi, si je voulais un grand café, il fallait que je demande un « lungo ». Et ce « grand » café qu’il m’a servi, « lungo », rien à voir avec un allongé à la française, encore moins un américano perdu dans l’eau à l’irlandaise, ça devait être le plus grand qu’il pouvait toléré, à savoir ce qui ressemblait à un double espresso ! haha ! Il m’a parlé d’heure de la journée aussi, je crois (je n’ai rien compris en vrai, il parlait italien !)… Bref, un vrai sicilien, passionné quand on en vient à parler des plaisirs de la bouche.

    Et puis, ce café, il était situé à un carrefour, au bout d’une petite rue qui débouchait sur un boulevard parallèle à la mer. Notre petite table près de la vitre, on avait un spectacle extraorinaire : la circulation ! Incroyable ! Je retrouvais sur ce carrefour de Catania, non seulement tout ce que je vivais en tant que conductrice depuis 5 jours, mais aussi ce souvenir romain d’il y a 20 ans, qui m’avait marqué. En effet, à Rome, en matière de circulation, ce qui m’avait fait halluciner, c’était les scooters qui faisaient demi-tour en plein carrefour alors que les voitures circulaient dans tous les sens, sur plusieurs voies ! Eh bien, depuis notre petite table de café, ici, à Catania, j’observais les mêmes scènes, des scooters, des voitures, qui faisaient demi-tour en plein milieu d’un carrefour circulant ! Et puis, les passages piétons sont aussi des places de parking en Sicile, un passage zébré voyant toujours 3 à 4 véhicules garés dessus, n’importe comment, de chaque côté de la rue.

    J’ai partagé ma théorie à Kinderette concernant le code la route, ici. Déjà, je n’ai jamais vu une seule auto-école sur cette île, et j’ai pourtant cherché. Aucun véhicule, aucune vitrine.

    - A Dublin non plus on n’en voit pas beaucoup ! Se défendait Kinderette, défenseuse des Siciliens devant l’Eternel
    - C’est vrai, mais quand même, on en voit. Là, on a quand même été dans des villes de petites tailles, aussi à la campagne, où c’est peut-être plus facile que dans une grande ville d’en apercevoir, et on n’en a pas vu une seule !

    Je théorise donc que les Siciliens achètent leur permis de conduire, font faire un faux permis, ce qui expliqurait leur conduite. J’ai aussi théorisé une police corrompue qui laisserait une grande liberté aux conducteurs siciliens, parce que sinon je n’explique pas que dans une ville comme Catania, tout le monde se gare n’importe comment sans être verbalisé, et que de manière générale, sur la route, tout le monde applique le code « rien à foutre de ta gueule » sans crainte d’être verbalisé non plus. Stop, cédez-le-passage, lignes blanches (surtout lignes blanches), limitations de vitesse (et surtout limitations de vitesse !), rien de tout ça n’est respecté, et au contraire, si vous les respecter, vous vous faites klaxonner, coller au pare-choc, et insulter à travers le parebrise et les fenêtres.

    Dans toutes les petites villes traversées, je me suis aussi trouvée à chaque fois sur une sorte de carrefour-place où 5 à 6 rues convergeaient, sans panneau, sans marquage au sol et où la seule règle qui semblait en vigueur était le « rien à foutre de ta gueule ». J’ai essayé de comprendre s’il y avait priorité à droite, à gauche… Non. C’est juste la loi de la jungle, on force le passage, sinon on devient squelette au volant de sa voiture à l’arrêt à attendre qu’une bonne âme vous laisse passer.

    D’ailleurs, le jour de notre départ de Sicile, on s’est retrouvé dans la salle d’embarquement à côté du couple de Nantais que nous avions croisé au décollage de France. Premier sujet que monsieur a abordé : la conduite des Siciliens.

    - J’ai essayé de comprendre, je n’ai jamais rien compris à comment ils conduisaient !

    AhAhAh ! Oui, la conduite en Sicile, c’est une autre expérience dont je me souviendrai longtemps, aussi intense que notre aventure au sommet de l’Etna ! Ca va, je suis à l’aise au volant, je m’adapte aussi très bien au « rien à foutre de ta gueule » (je sais être c.nne quand on l’est avec moi !), je conduis sur routes irlandaises, donc entre les routes défoncées de la Sicile (les routes irlandaises ne sont pas défoncées, juste étroites, vallonnées, à virage et sans visibilité) et le non code de la route locale, ça m’a finalement plutôt bien amusé !

    Pour revenir à cette journée du 20 juin, après notre déjeuner, nous sommes retournées à notre chouette hébergement. Et puis on y est resté tout l’après-midi, au frais avec une climatisation moderne et réglable à souhait. Trop chaud pour nous dehors, pour moi en tout cas (Kinderette ne souffrait pas de la chaleur comme moi ce jour-là), et puis finalement, on voulait juste se poser, se reposer après la journée de la veille.

    On est retourné dîner à notre café, ils nous ont fait des pâtes à la tomate tout simplement, et on est retourné petit déjeuné le lendemain, et là, Kinderette-gourmande s’est encore régalée d’une pâtisserie à la pistache.


    (...)


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    Message par Lilie Mar 16 Juil - 17:05

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    Message par Lilie Mar 16 Juil - 17:10

    Le passage piéton/parking à l'extérieur de "notre" café :

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    Et puis, pour le fun, vue sur la rue depuis notre chambre d'hôtel : cherchez les véhicules bien garés ! rire Entre celle qui est sur 2 places tout en ayant la moitié du véhicule sur le trottoir, le scooter sur le trottoir alors que 10 mètres plus loin il y a des places vacantes pour 2 roues, celle qui est à la perpendiculaire de la rue et aussi sur le trottoir, celle qui est devant le panneau défense de stationner, le van en bas à gauche qui est garé en travers de la rue... Bref : rien à foutre de ta gueule ! rire

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    Message par Skyrgamur Mar 16 Juil - 17:16

    Ça me donne faim toutes ces bonnes choses.
    J'ai un souvenir d'Italie, à Naples particulièrement, au siècle passé tout comme toi Lilie, Ça venait de toutes parts, même du dessus tellement il y avait de circulation totalement "rien à foutre" comme tu dis.


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    Message par Skyrgamur Mar 16 Juil - 17:18

    Chacun pour soi !!! (pour la photo de ta chambre)


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    Message par Lilie Mar 16 Juil - 17:22

    Et je partage avec vous les seules photos de Catania que j'ai prises, de ce que nous avons "visité", entre notre hébergement et notre café clin d'oeil :


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    Message par Lilie Mar 16 Juil - 17:24

    Skyrgamur a écrit:Ça me donne faim toutes ces bonnes choses.
    J'ai un souvenir d'Italie, à Naples particulièrement, au siècle passé tout comme toi Lilie, Ça venait de toutes parts, même du dessus tellement il y avait de circulation totalement "rien à foutre" comme tu dis.

    Je n'ai pas trop de références italiennes, je n'étais allée qu'à Rome avant la Sicile, mais j'ai bien l'impression que c'est encore une généralité culturelle qu'on retrouve dans tous les pays ! rire clin d'oeil


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    Message par Skyrgamur Mar 16 Juil - 17:30

    Rues typiquement italiennes


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