Je le mets où mon blabla ?
Je crois que Bardak s'installe par là de temps en temps alors..
Le ciel prend sa teinte préférée dite de Toussaint et j'aime ça.
Homme menuise et je pars en balade.
« Faut faire une croix dans le calendrier » ironise t-il.
En premier, s'équiper.
Un bandeau en velours marron, large qui retient mes cheveux que la coiffeuse locale a coupé en un carré parfait avec l'inconvénient majeur de ne pas pouvoir baisser la tête sans avoir un rideau gris perle devant les yeux. Mettre un pull large, le kway de mes 15 ans, toujours le même, marque Kway, s'il vous plaît, offert par grand-mère radine dans je ne sais quel geste ébouriffant de générosité.
Puis les chaussures. Euh … quelles chaussures ? J'ai pas de baskets, pas de chaussures de marche, j'en reviens à mes confortables godasses de moto.
Le sac à dos maintenant, là, c'est simple, c'est mon sac à main quotidien. Un sac à dos avec les papiers de la voiture, les sous, une serviette de table. Ça paraît curieux une serviette de table mais c'est d'un pratique ! Essuie pare-brise, essuie-nez, essuie boue, ça fait tout.
Ah et l'appareil photo, j'allais oublier. Les photos iront s'empiler dans l'ordinateur parce que je sais mettre la puce et ça s'arrêtera là.
Et des châtaignes cuites dans le lait et la vanille que je grignote en appuyant sur l'écorce brune comme sur un berlingot.
Je bisouille le menuisier dans son nuage de sciure.
« Tu ressembles à une dame du boulevard des belges » dit-il narquois
Les lyonnais comprendront, c'est pas un vrai compliment !
Clef dans contact, il bruine mais si peu.
Ceinture, clope, fenêtre entrebâillée et en route direction lac de Pannecière.
Je connais bien le lac, en moto. On en a fait le tour de nombreuses fois. Mes cuisses enserrent celles de Homme, ça veut dire : ralentis. Je fais une photo et on accélère.
C'est le paysage vallonné du Morvan. On traverse lentement des villages aux maisonnettes croulant sous les rosiers, des cafés aux terrasses sans parasol et aux chaises appuyées sur des tables désertées.
Ici, on consomme dedans, le dehors c'est pour les touristes.
Autour du lac, z'ont compris les habitants, aire de baignade, aire de pêche, aire de camping, aire de sport nautique, y'a tout c'qui faut pour faire consommer des vacances.
Tout a changé, le lac est vide.
C'est le lac qui protège Paris, faut l'entretenir et ainsi tous les dix ans, dès juin, l'eau s'en va rejoindre la Manche.
Je veux voir le village englouti dont il ne reste m'a-t-on dit que quelques vestiges.
Les morts ont trouvé un autre cimetière en attendant la résurrection promise m'a t-on dit.
Photo 1 :
En conduisant sur les routes sinueuses, les arbres ont pris des coups de chaud et d'autres la couleur des gens sous lampe à bronzer. J'ai lu dans Courrier International qu'une nouvelle mode qu'on appelle « leaf peeping » consiste à regarder les feuilles tomber. Moi, je roule, elles tomberont sans moi, je ne suis pas inquiète.
J'arrive au lac et je suis catastrophée.
Photo 2 :
Baraque à sandwichs au lard , marmaille en poussette, en tricycle, clébards de tous poils, foule endimanchée version campagne et les feuilles mortes des bas-côtés de la route meurtries et écrasées furieusement.
Aïe, que faire. Des panneaux donnent ordre de se ranger dans les parkings prévus pour cet usage, se ranger.
Le barrage, je m'en contrefiche, des jambes de bétons chevauchent toute la largeur de la vallée, des trottoirs protégés de hauts grillages pour traverser le pont, je m'en fiche aussi.C'est laid.
Roule Pondy, descends la petite route boisée, y'a personne et fais le tour du lac.
Photo 3
Plus personne, les frênes jettent leurs feuilles frénétiquement ce qui est normal pour des frênes, des chênes qui ne glandent plus rien parce qu'ils ont tout foutu par terre, des fougères jaunes fatiguées d'avoir grandi toute une saison et sont enchantées de se coucher sur les talus.
Photo 4
Une quatre-chevaux vert épinard est garée à l'orée du sous-bois.
Voilà,c'est surprenant et anachronique, j'ai le sentiment d'arriver à l'époque convenue. Pas tout à fait mais presque, ça me va, je vais descendre marcher vers la vallée libre d'eau.
Mes pieds roulent sur les glands, j'en enfouis quelques uns dans la poche, ça me fait rire de savoir que je n'en connaîtrais qu'une tige fragile et plaisir d'en planter dans mon territoire.
L'air est doux, j'appuie sur le ventre rebondi d'une châtaigne et la pâte parfumée emplie ma bouche.
Je marche encore quelques minutes. Pas longtemps puisque je n'ai pas eu envie d'allumer une cigarette et là, devant moi, c'est la steppe en contre-bas.
Ébahie, extasiée, n'ayons pas peur des mots, je suis subjuguée.
Photo 4
.../...
Ca fait long pour "états d'âme"
Je crois que Bardak s'installe par là de temps en temps alors..
Le ciel prend sa teinte préférée dite de Toussaint et j'aime ça.
Homme menuise et je pars en balade.
« Faut faire une croix dans le calendrier » ironise t-il.
En premier, s'équiper.
Un bandeau en velours marron, large qui retient mes cheveux que la coiffeuse locale a coupé en un carré parfait avec l'inconvénient majeur de ne pas pouvoir baisser la tête sans avoir un rideau gris perle devant les yeux. Mettre un pull large, le kway de mes 15 ans, toujours le même, marque Kway, s'il vous plaît, offert par grand-mère radine dans je ne sais quel geste ébouriffant de générosité.
Puis les chaussures. Euh … quelles chaussures ? J'ai pas de baskets, pas de chaussures de marche, j'en reviens à mes confortables godasses de moto.
Le sac à dos maintenant, là, c'est simple, c'est mon sac à main quotidien. Un sac à dos avec les papiers de la voiture, les sous, une serviette de table. Ça paraît curieux une serviette de table mais c'est d'un pratique ! Essuie pare-brise, essuie-nez, essuie boue, ça fait tout.
Ah et l'appareil photo, j'allais oublier. Les photos iront s'empiler dans l'ordinateur parce que je sais mettre la puce et ça s'arrêtera là.
Et des châtaignes cuites dans le lait et la vanille que je grignote en appuyant sur l'écorce brune comme sur un berlingot.
Je bisouille le menuisier dans son nuage de sciure.
« Tu ressembles à une dame du boulevard des belges » dit-il narquois
Les lyonnais comprendront, c'est pas un vrai compliment !
Clef dans contact, il bruine mais si peu.
Ceinture, clope, fenêtre entrebâillée et en route direction lac de Pannecière.
Je connais bien le lac, en moto. On en a fait le tour de nombreuses fois. Mes cuisses enserrent celles de Homme, ça veut dire : ralentis. Je fais une photo et on accélère.
C'est le paysage vallonné du Morvan. On traverse lentement des villages aux maisonnettes croulant sous les rosiers, des cafés aux terrasses sans parasol et aux chaises appuyées sur des tables désertées.
Ici, on consomme dedans, le dehors c'est pour les touristes.
Autour du lac, z'ont compris les habitants, aire de baignade, aire de pêche, aire de camping, aire de sport nautique, y'a tout c'qui faut pour faire consommer des vacances.
Tout a changé, le lac est vide.
C'est le lac qui protège Paris, faut l'entretenir et ainsi tous les dix ans, dès juin, l'eau s'en va rejoindre la Manche.
Je veux voir le village englouti dont il ne reste m'a-t-on dit que quelques vestiges.
Les morts ont trouvé un autre cimetière en attendant la résurrection promise m'a t-on dit.
Photo 1 :
En conduisant sur les routes sinueuses, les arbres ont pris des coups de chaud et d'autres la couleur des gens sous lampe à bronzer. J'ai lu dans Courrier International qu'une nouvelle mode qu'on appelle « leaf peeping » consiste à regarder les feuilles tomber. Moi, je roule, elles tomberont sans moi, je ne suis pas inquiète.
J'arrive au lac et je suis catastrophée.
Photo 2 :
Baraque à sandwichs au lard , marmaille en poussette, en tricycle, clébards de tous poils, foule endimanchée version campagne et les feuilles mortes des bas-côtés de la route meurtries et écrasées furieusement.
Aïe, que faire. Des panneaux donnent ordre de se ranger dans les parkings prévus pour cet usage, se ranger.
Le barrage, je m'en contrefiche, des jambes de bétons chevauchent toute la largeur de la vallée, des trottoirs protégés de hauts grillages pour traverser le pont, je m'en fiche aussi.C'est laid.
Roule Pondy, descends la petite route boisée, y'a personne et fais le tour du lac.
Photo 3
Plus personne, les frênes jettent leurs feuilles frénétiquement ce qui est normal pour des frênes, des chênes qui ne glandent plus rien parce qu'ils ont tout foutu par terre, des fougères jaunes fatiguées d'avoir grandi toute une saison et sont enchantées de se coucher sur les talus.
Photo 4
Une quatre-chevaux vert épinard est garée à l'orée du sous-bois.
Voilà,c'est surprenant et anachronique, j'ai le sentiment d'arriver à l'époque convenue. Pas tout à fait mais presque, ça me va, je vais descendre marcher vers la vallée libre d'eau.
Mes pieds roulent sur les glands, j'en enfouis quelques uns dans la poche, ça me fait rire de savoir que je n'en connaîtrais qu'une tige fragile et plaisir d'en planter dans mon territoire.
L'air est doux, j'appuie sur le ventre rebondi d'une châtaigne et la pâte parfumée emplie ma bouche.
Je marche encore quelques minutes. Pas longtemps puisque je n'ai pas eu envie d'allumer une cigarette et là, devant moi, c'est la steppe en contre-bas.
Ébahie, extasiée, n'ayons pas peur des mots, je suis subjuguée.
Photo 4
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Ca fait long pour "états d'âme"