Ca fait trois semaines que je l’ai pense, et plus de deux semaines que je me suis arretee sur la premiere vadrouille de ce Farewell Tour of Ireland (tour d’adieu a l’Irlande): randonnee sur Croagh Patrick dans le comte de Mayo, au Nord du comte de Galway et du Connemara.
Au telephone, mes parents: quel temps fait-il? Ca fait presque une decennie que je leur repete que ca ne sert a rien de me poser la question mais bon... A travers les vitres du bus qui roule plein ouest en direction de Galway, je vois alterner sans aucune transition, soleil eclatant sous ciel bleu et petits nuages blancs, et pluie fouettante sous ciel apocalyptique qui ne laisse rien presager de bon, et surtout pas le retour du soleil deux minutes plus tard. Alors a ma mere, ce fut “il fait beau” puis “il pleut des trombes” puis “grand soleil” et a mon pere “il pleut des trombes” puis “grand soleil” puis “temps degueulasse”. J’ai laisse tombe depuis longtemps l’idee de leur faire realiser, ils ne comprendront jamais. Jamais qu’en Irlande, le temps est lunatique et qu’apres la pluie, vient toujours le beau temps... meme si celui-ci ne dure pas toujours tres longtemps.
Ce fut ce temps typique irlandais de Dublin a Galway, puis finallement toute la journee jusqu’a Wesport, mon point de chute de ce Vendredi soir. J’avais loue une voiture a Galway et pris la route pour “la ville” la plus importante du comte de Mayo avec ses 6000 habitants. Comme a mon habitude, je n’avais rien reserve, le sac de couchage dans le sac si l’envie me prenait de dormir a la roots dans la voiture, sur une plage. J’avais hesite a emmener la tente puis pour raison logistique, je l’avais laissee au chaud, a Dublin. Une prochaine fois.
J’ai jete mon devolu sur un pub B&B (le pub plutot que le B&B?), The Quays, le dernier pub le long de la route cotiere en sortant du town. Quand on dort dans un B&B de pub, dans les moeurs irlandais, c’est qu’on va passer la soiree au pub du dessous. On n’en vient pas a faire un tour d’adieu a un pays sans en avoir attraper par contagion ses us et coutumes. Apres mon diner, j’ai donc pousser les portes du pub violet. C’etait risque, ayant choisi completement au pif mon endroit ou pieuter pour la nuit, je choisissais completement au pif mon endroit pour passer la soiree... et ca, c’est vraiment tres risque comme pari, parce qu’on ne sait jamais ce qu’on va trouver en poussant les lourdes d’un pub!
Sauf que mon cerveau, il est encore un peu Francais, et que je m’etais dit que j’y allais “just for one”, juste pour une Guinnness, et de monter me coucher de bonne heure et en bon etat pour attaquer la rando du lendemain. Un Irlandais allant au pub ne se dirait jamais ca. Un irlandais va au pub pour en sortir completement plein, sinon, il ne sort pas. Mais je suis francaise irlandisee, pas irlandaise, alors naivement, je rentre. C’est un old man pub, un pub ou il y a juste une poignee d’hommes au comptoir. Ils sont tous autour d’une moitie de bar, caches derriere la cloison qui fait face a la porte d’entree par laquelle je rentre. J’y pointe ma frimousse rapidement, un “Hi!” timide et evasif, et je me pose sur l’autre partie du comptoir, en attendant que le barman reapparaisse de son arriere-salle. Le voici, je lui commande une Gu.inness. C’est le pub owner, le proprietaire. On les reconnait les pubs owners, ils ont un interet sincere envers la clientele, pas comme les barmen qui ecoutent d’une oreille seulement. Et puis, la pint juste servie devant moi:
- Hi, I’m Liam! me fait-il en me tendant la main, grand sourire placarde sur la facade.
- Hi, Aurelie, nice to meet you.
Le classique poli “pardon, comment tu dis ca?” pour me faire repeter ce prenom barbare a leurs esgourdes.
- Viens de l’autre cote avec les gars, ils ne vont pas te manger! Tu vas voir, ils sont sympas!
Il prend ma pint et mon bouquin, et quand je rejoins la petite assemblee de l’autre cote du bar, ma pint est posee entre deux hommes, et un tabouret attend mon fessier. Si ca ne sent pas le guet-apen, ca! Liam me presente l’homme qui est a ma gauche, dans le coin, pres du mur. C’est Pat. Pat... Pat the farmer... Ahlala! Je la connais bien la campagne irlandaise, et les farmers irlandais, c’est quelque chose! J’en ai passe des veillees dans les troquets du monde avec les fermiers, des montagnes espagnoles aux Andes, je les connais... Mais les irlandais, ils ont la medaille d’or! Deja, comme me dit une copine “il faut leur mettre des sous-titres quand ils parlent”. Pat the farmer, ca va, je le comprend bien... pour l’instant. Pat me parla de ses taureaux pure race qu’il eleve a sa ferme, pis essaya de meubler tant bien que mal la discussion pour quelques pints plus tard me demander mon age.
- That’s good, that’s good... I’m forty, marmone-t-il, et puis sorti de nullepart un “T’es sur que t’as pas un homme qui t’attend a Dublin, quelque part?” Aie!
Qu’est ce que je prefere? Un latino agen qui me sort systematiquement un “ salut, t’as de beau yeux!” a la seconde-meme ou il me rencontre, ou un irlandais d’habitude inhibe qui une fois bourre se jette sur la premiere venue en lui faisant du rentre dedans bon pour la brocante? Pouf, pouf, on jette a l’eau et on s’en va!
Bon, je suis rapidement prise dans un round avec Pat the farmer avant meme que je m’en rende compte. Ils ont le don pour d’un signe de la main ou un hochet du menton, discretement, tout en continuant la conversation, de vous commander une pint. En Irlande, on reste sur la meme boisson toute la soiree, eventuellement en fin de soiree on prend des brandys ou du whiskey mais sinon, c’est la meme boisson toute la soiree. Alors on n’a pas besoin de vous demander ce que vous voulez boire, on le sait deja en fonction de ce qu’il y a sur le comptoir. D’ailleurs, les Irlandais, ils boivent en general toujours la meme chose, Gu¡nness, Smithicks, Carlsberg ou autre mais ils changent rarement de boisson. Le barman qui est arrive preter main forte a Liam s’est joint a notre discussion en entendant Pat the farmer me demander si je buvais toujours de la Guinn3ss. Le jeune serveur de dire:
- J’ai arrete la Guin'ness il y a plusieurs mois, je suis a la Smithicks maintenant, et je ne suis jamais malade!
Quand je lui demande pourquoi il a arrete la Guiinnness:
-Comme ca... pis l’ete, la Smithicks c’est plus leger! Je reprendrai la Gu¡nness en hiver!
- Mais c’est l’hiver! Je m’exclame.
-Ce n’est pas l’hiver, il fait encore chaud dehors. Et en reponse a mon regard suspicieux, sourire en coin, il reitere:
- Serieusement, il fait encore chaud dehors...
Mouai... Faut etre Irlandais pour dire qu’il fait chaud dehors, a Dublin on a sorti bonnets et echarpes depuis une semaine deja!
Autre savoir-vivre pubesque, quand on est pris dans un round, une tournee, c’est chacun son tour qui commande pour le ou les autres (et soi bien sur). Alors Pat the farmer me commande ma deuxieme pint. Pour moi la troisieme, pour lui la quatrieme, pour moi la cinquieme, et je crois que je me suis arretee la. Je crois. Ca doit etre au cour de cette derniere pint que Pat the farmer m’a demande mon numero de telephone, en mentionnant un truc qui parlait de faux numero... merde! Je voulais lui filer un faux numero, du coup j’ai eu peur qu’il l’essaie sur le moment-meme, alors en tapant sur son portable, me pincant les levres, je rentrai mon numero, le vrai. Je ne compte pas le revoir, meme si a cet instant il me demande si je reviens demain soir apres ma rando. Je ne sais pas, que je lui dit. Et c’est vrai, meme si j'en doute, ayant prevu de me diriger vers Achill Island apres Croagh Patrick.
- Mais si! Reviens! Et t’es sure que tu ne veux pas aller prendre un verre ailleurs apres ta pint?
Et merde! Encore un farmer desespere! Pfff... pourquoi j’ai le chic d’attirer les boulets ou les vieux? Pas vrai? Ah! Quand Pat the farmer s’est esquisse fumer sa clope, le seul proprietaire d’un duvet blanc neige cranien est venu me trouver en me serrant la main:
- Tu viens d’ou?
- De France.
- D’ou en France?
- De Bretagne.
-Ah! Je connais bien la Bretagne! Wesport est jumele avec Plougastel, et je suis alle de nombreuses fois en Bretagne! Et Saint-Malo, c’est joli, Saint-Malo!
En l’espace de quatre minutes vingt-deux, il a quand meme reussi a me glisser:
- I knew you were a hiker with the fine figures you’ve got here!... [je savais que t'etais une randonneuse avec les formes que t'as!]
Hahaha! Bullshit, pipot! Et la, je sais que c’est du pipot, parce que s’il savait ce jeune homme a l’age avance, que j’ai ete qoisiment un an sans faire de sport, et qu’en plus, mes formes sont celles d’une femme qui enveloppait du Kinder il y a seulement une poignee de semaines, il ravalerait ses paroles seductrices, qui tout aussi sympathiques soient-elles, prouvent une fois encore qu’il ne faut jamais boire les mots d’un homme qui vous seduit (ce qui n’empeche pas de boire le verre qu’il vous offre). Mais je le laisse croire qu’il m’a pris dans ses filets, et il retourne discretement reprendre son siege en me laissant a mon “boyfriend” [petit ami] de ses propres mots... Pfff... Pat the farmer est revenu et merci Croagh Patrick d’avoir ete mon alibi pour reussir a me liberer de la compagnie de Pat the (desperate) farmer!
Le plafond tournait un peu en me mettant a l’horizontal, je n’ai plus l’entrainement que j’avais avant! Pis je ne sais pas pourquoi, je n’ai dormi que trois heures, vers trois heures du matin, je me suis reveillee, et impossible de me rendormir apres... serait-ce les nouveaux effets de l’alcool sur mon corps? Mmm... pas fun du tout!
[...]
Resume pour la MS: soiree au pub
Lilie
Dernière édition par Lilie le Jeu 22 Sep - 15:02, édité 1 fois (Raison : Grrr! tape a Dublin, mais ecrit a Galway!)