30.10.2011
Cong
Voiture, brume infranchissable, voiture, pour un raccourci de cette journée.
Je me suis bien levée ce matin, mais en retard. Vers 7h bien tassées. Et m
e ! Que je me dis pour la milliardième fois, habituée des loupages de réveils matinaux que je suis. Ma chance dans tout ça, c’est que mon réveil affichait bien 7h tassées, mais que dans la nuit, le changement d’heure avait opéré, et qu’il était en fait 6h bien tassées. Pour une fois, je ne maudis pas le changement d’heure.
Je laissai derrière moi la capitale et taillai ma route vers l’ouest, même latitude, soleil levant dans le rétro. Sous le soleil permanent et ciel bleu eau pale, je me dirigeais vers le gris qui arrivait au loin, ces nuages sans doute qui pleuraient au dessus de ma tête lorsque quelques larmes roulèrent en songeant aux années irlandaises que je laisserais bientôt derrière moi.
Je franchis la porte d’entrée qu’est Galway, et me voici engagée dans le ventre du Connemara, ce nom qui à lui seul éveille un imaginaire de terres sauvages pour des millions de Français. J’avais oublié que c’était si peuplé que ça par ici, alors je pousse la pédale un peu sur la N59 entre Galway et Clifden, et finalement un paysage demande à se faire graphier en photo, et je m’arrête sur un bord de route. “Pas de carte mémoire” me dit mon Canon. Qu’est ce que je suis co
e ! J’ai laissé ma carte mémoire dans mon ordinateur, hier soir ! Un appareil numérique sans carte mémoire, aussi utile que de traire une vache sans mettre un saut sous les pis ! P
n de m
e de crotte de mouton ! Nous sommes Dimanche, ma seule chance est de pousser jusqu’à Clifden, que je comptais pourtant bien éviter tellement elle me donne des boutons cette cité ultra touristique du tout-à-l’ouest du Connemara.
Toujours autant de maisons et de lignes électriques derrière mes essuie-glace, qui en arrivent presqu’à gâcher les lacs, marais et montagnes qui bordent la nationale. Ou serait-ce que je m’en veuille d’avoir oublié cette fichue carte mémoire à Dublin et de rouler en direction d’un blède que je n’ai jamais aimé, pour ce qui fait partie d’une tournée d’adieu à un pays que j’ai toujours aimé ?
Je relativise, Clifden est de toute manière sur la route du Connemara National Park, que j’envisageais éventuellement pour aller dégourdir les petons sur Diamond Hill. Comme d’hab’, je n’avais pas de plan, la soirée dublinoise improvisée d’hier soir m’avait tout de même permis de zyeuter les cartes d’un peu plus près, et d’hésiter à me concentrer uniquement sur le sud très ouest du Connemara, ou bien de monter un peu au nord, vers le National Park, entre autre. Mais comme je n’aime pas me presser (à l’inverse des citrons), hier soir, l’envie tournait plutôt au sud très ouest de la région sans passer par Clifden. Raté.
En entrant dans Clifden, c’est une haie d’honneur de gros 4*4 (marque de reconnaissance des farmers irlandais) trainant remorques pour chevaux (chevalières?), parqués des deux côtés de la route et sur tout terrain vacant, qui m’accueillait sous la grisaille. Une banderole plus loin m’annonce que je viens de traverser la grande foire aux poneys du Connemara du bank holiday weekend d’Octobre (week-end de trois jours, demain étant férié). "Ah ? Peut-être bien quelque chose d’intéressant !" que je me dis en approchant du centre nerveux du town. Descendue de voiture, et à la recherche d’une carte mémoire, entre deux newsagents et même magasins souvenirs, je ne croise dans le petit centre que... des touristes Français ! B
l de m
e de crotte de mouton ! Un 30 Octobre ! Lisez pas les guides touristiques, bon sang de bonsoir ?! Il pleut en Irlande, le 30 Octobre ! C’est pas bien, le 30 Octobre, pour les touristes ! C’est pas pour vous ! Vous, vous venez entre avril et fin septembre, pas après ! M
e ! Grrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrr ! Si je croise ce Michel un jour, je lui fais une tête au carré dont il se souviendra ! Pouvait pas chanter les Lochs des Highlands plutôt ? M
e ! Un couple de Français par ci, deux couples de Français par la, une mère et ses deux fils français au distributeur de billets devant moi... Ouhlala ! Que je me trouve cette carte mémoire, et je file d’ici en vitesse ! Cinq seuils de magasins franchis plus loin, et je trouve in extremis une carte mémoire, la dernière en stock de chez cette vieille commerçante qui me sauve la vie. Dépendante d’un bout de plastique au point de mettre les pieds dans un blède que je n’aime pas, j’en suis arrivée bien bas dans le matérialisme me dis-je en rejoignant ma voiture.
Le moteur se met en route, essuie-glace, phares, la pluie devient maintenant une brume qui chiale. J’hésite. Foire aux poneys, ou pas ? Je connais ces endroits-là, les touristes n’y sont jamais les bienvenus, les appareils photos encore moins. Je décide de toute manière d’éviter le Parc National, si Clifden a déjà son lot imposant de Français, il en sera de même la-bas, et je suis en weekend zen, pas en weekend énervant. Ce sera donc sud très ouest du Connemara pour la suite du programme, et pour cela, il me faut sortir du town par là où je suis arrivée.
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