Suite et fin -enfin !- de notre périple cambodgien... ce fût long à raconter mais ces trois semaines ont été pleines d'évènements et d'émotions !
J'espère avoir pu vous les faire partager...
Dimanche 6 décembreDernière semaine au Cambodge, allons-nous avoir encore d’aussi bons moments ?
En prenant la route ce matin pour Kratie nous savons que nous allons avoir une journée de voiture....mais assez vite nous nous arrêtons pour visiter une usine de transformation du caoutchouc. C'est dimanche et, même si les ateliers ne sont pas à plein rendement, une chaine fonctionne et nous permet de comprendre le procédé.
Le latex, produit par les milliers d'hévéas dont nous avons traversé les plantations, est répandu dans des rigoles où il trempe dans une solution assez malodorante puis il est pulvérisé, haché, séché pour finir en blocs très compacts qui seront emballés pour être expédiés en Chine ou au Vietnam (30 tonnes par jour quand même !). Toute cette transformation est très peu mécanisée, elle emploie encore beaucoup de main-d'œuvre, le travail est difficile mais le rythme est encore assez cool ! Pierre bien sûr imagine de suite comment rentabiliser la production !
Plus loin nous traversons à pied un pont sur le Mékong rien que pour le plaisir d'admirer la pêche au carrelet. Une dame propose au bord de la route ses fritures : des couleuvres d'eau ! J'ai quand même eu le courage de prendre une photo !
Le chauffeur évite le grand tour par la N7 et prend la direction de Chloung par la RP75. La route est en plein travaux mais avec déjà de belles portions de macadam.
Ici beaucoup de cultures d'arbres fruitiers, de manioc, de maïs et nous nous arrêtons fréquemment pour satisfaire notre curiosité.
Nous longeons à pied le Mékong sur 2 ou 3 kms avant Chloung, quelques cultures maraichères, des villages flottants mais surtout un environnement très sale... pas beaucoup de plaisir à se balader ici ! Chloung est très moche, quelques bâtiments de l'époque coloniale pas du tout entretenus, rien à voir, rien à y faire... juste à partir à la recherche d'une « maison aux cent piliers » indiquée dans le LP.... Peu d'indication et quand nous la trouvons, c'est effectivement une ancienne et immense maison khmère en bois habitée par un ébéniste qui a entreposé son bois et ses meubles sous la maison, au milieu des cent piliers difficiles à repérer... une partie de la maison a brulé aussi il y a peu, donc visite inutile !
Nous mangeons dans un restaurant au bord de la route et Sokha a prévu de nous faire goûter du jacque au dessert, fruit du jacquier, on croirait un peu de l'ananas au goût, c'est assez bon.
Alors que nous longeons pratiquement le Mékong sans le voir car de nombreux villages sont installés ici, nous traversons de nombreuse zones de travaux qui visent à surélever la route dans cette plaine inondable.
Pratiquement sous toutes les maisons qui sont sur de hauts pilotis, les femmes tressent des nattes en palme, elles sont très adroites et nous montrent avec plaisir comment elles confectionnent la trame de leur travail.
A nouveau, pour nous dégourdir les jambes, nous terminons à pied les derniers kms et nous allons à la découverte d' une très jolie pagode en bois à l'entrée de Kratie.
Il fait déjà presque nuit lorsque nous nous installons à l'hôtel face au Mékong.Sur les quais, plein de petites gargotes où les gens prennent leur repas du soir, beaucoup de monde, des marchands ambulants qui font leur publicité avec un haut-parleur... voilà une petite ville bien animée et agréable !Nous mangeons dans un bar-restaurant-guesthouse-internet donc plein à craquer de routards.
Juste au moment où, avant de se coucher, Pierre mets le chargeur dans la prise de courant, c'est tout d'un coup la coupure d'électricité sur la ville ! Drôle d'impression de se sentir comme responsable du black-out !!!!
Lundi 7 décembreIl est tôt ce matin lorsque nous arrivons à l'embarcadère de Kampi pour prendre le bateau qui doit nous guider vers les derniers dauphins d'eau douce. J'avoue être sceptique car plus d'une fois nous avons fait ce genre d'expédition et nous n'avons pas vu grand chose !
A peine avons-nous mis pied sur le bateau que nous commençons déjà à voir poindre quelques museaux, en effet, quelques dauphins restent en permanence près de l'embarcadère. Est-ce de bon augure ?
Ces dauphins de l'Irrawaddy font partie d'une espèce en voie d'extinction et heureusement des associations oeuvrant pour la protection de la nature ont pris des mesures pour limiter leur perte : interdiction de pêche à la dynamite, interdiction de pêche au filet dans leur zone de présence, limitation du passage des bateaux (ils sont très sensibles au bruit des moteurs) Environ 70 à 80 dauphins sont présents ici entre Kratie et le Laos ; nous traversons le fleuve vers la rive opposée et nous nous laissons flotter au gré du courant, très vite des remous à la surface de l'eau nous indiquent leur présence. Comme tous les dauphins ils sont obligés de remonter fréquemment à la surface pour respirer mais ceux-ci ne font pas des bonds comme les dauphins de Méditerranée. On voit leur museau arrondi et leur aileron, ils s'amusent à plusieurs, apparaissent un coup à droite, un coup à gauche, tout autour du bateau et à un moment certainement qu'une bonne vingtaine de dauphins tournent en rond autour de nous ! Pas un mot, pas un bruit sinon le clapotis de leurs sauts, un air frais, une jolie lumière du matin, sur les rives des pêcheurs lancent leurs filets, quelques cris d'enfants venant du village lacustre.... le bonheur ! (une pensée pour toi ma pupuce !)
Malheureusement, sur les photos on ne voit pas grand chose !
Arrêt sur le retour à Phnom Sombok, petite colline où se situe un temple en activité (encore 200 marches !). Autour de la pagode un cercle de petites maisons pour les nonnes et pouvant accueillir des gens de passage désireux d'y trouver un lieu de méditation., juste dérangés par les nombreux macaques qui font de l'équilibre partout. Alors que nous en faisons le tour, nous sommes interpellés en français par une nonne qui s'est retirée ici pour y finir ses jours. Veuve avec enfants et petits-enfants, ancienne enseignante, ne voulant pas être à leur charge, elle s'est vouée à la prière. Nous passons avec elle un moment plein de sérénité.
Sokka nous montre au passage une des immenses barques décorées qui participent à la fête des eaux à Phnom-Penh ; chaque ville ou chaque province envoie son équipe à la capitale pour l'occasion. Celle-ci peut supporter 75 rameurs !
Passage rapide à l'hôtel et nous reprenons un bateau pour aller sur Koh Trong, une jolie île rurale entourée de bancs de sable, juste face à Kratie au milieu du Mékong. Cette île est habitée par des chams, une ethnie qui vient du Vietnam.
Surprise ! cinq vélos nous attendent dans une cahute et ça ne pouvait tomber mieux, faire le tour de cette île sur les chemins sablonneux et ombragés nous plait à tous ! Ok, c'est parti !
A peine un quart d'heure plus tard, c'est qu'il est déjà largement midi, nous nous arrêtons chez l'habitant pour prendre notre repas.
Nous ne nous y attendions pas, c'est souvent que nos deux guides successifs nous ont fait ce genre de surprise et c'est ce qui a contribué à ce chouette voyage...
La maison est super jolie, tout en bois, en hauteur pour laisser toujours ce passage d'air en dessous, d'énormes jarres permettent une réserve d'eau sous la maison, l'intérieur présente toujours la même disposition : une grande salle, une ou deux pièces plus intimes et la cuisine à l'arrière.Ici, pour pouvoir recevoir des hôtes à manger ou même à dormir un coin toilettes a été aménagé.Le couple qui nous reçoit est très sympathique, le repas n'est pas terrible mais l'accueil est chaleureux et nous les quittons après une bonne sieste... une fois de plus il fait très chaud !
Nous continuons notre balade sur l'île. Une immense dépression en son centre permet de nombreuses cultures : riz, céréales mais aussi potagers, nous assistons au labourage des sols avec des engins archaïques mais que les images sont belles !
Nous roulons au milieu des rizières (un rêve !), en bord de fleuve et nous assistons au coucher du soleil près d'une pagode vietnamienne, face à un village flottant..
Nous prenons le dernier bateau pour rejoindre Kratie avec une bande de jeunes étudiants bien sympathiques et avec lesquels nous ferons plein de photos !
Quelle bonne journée encore !
Mardi 8 décembre Aujourd'hui à nouveau une journée de trajet pour rejoindre Phnom Penh.
Nous téléphonons à Théa, le directeur de l'école pour y passer la journée de vendredi. C'est OK, rendez-vous est pris. Une heure après, nouveau coup de fil, il préfère nous voir samedi matin...dommage, ce sera moins long ; bon, on verra !
Avant de quitter Kratie un tour au joli marché où se trouvent réunis tous les poissons (vivants, en tranches, en filets, fumés, séchés, salés, grillés..), tous les légumes et tous les fruits du Cambodge ! Un vrai plaisir de se promener au milieu de tous ces étals colorés et très typiques. Sokka nous avait parlé des grosses crevettes pêchées dans le Mékong, hé bien oui ! Elles sont énormes, de vraies gambas ! Au passage, une fois de plus, nous sommes désolés de voir tous ces anciens bâtiments coloniaux laissés à l'abandon.
Arrêt repas à Skuon où la spécialité c'est l'araignée grillée... bien sûr on nous en présente en apéritif : ni une, ni deux, Pierre a déjà croqué un criquet, par contre, pour les araignées nous ne consentons qu'à goûter chacun une patte, c'est déjà pas mal ! Des enfants approchent avec des seaux pleins de ces bestioles bien vivantes et jouent à les faire courir sur leur bras !
Dès notre arrivée à Phnom Penh nous visitons le Vat Phnom et nous profitons de la proximité de la poste pour envoyer quelques dernières cartes.
Installation au Pacific Hôtel (bof !) à l'angle du Bd Monivong et de la 154 ; cela nous permet de nous balader dans un autre quartier plus moderne. Puis nous embarquons pour une promenade très agréable sur le confluent du Tonlé Sap, du Basak et du Mékong , . Un petit bateau rien que pour nous, fauteuils en terrasse, boissons fraiches, c'est bien aussi d'être de vrais touristes de temps en temps !
Nous remontons le Bd Sisowath à la recherche d'un restaurant et après un repas d'Amok nous remontons à pied vers l'hôtel.
Tous les petits marchands, qui la journée envahissent les trottoirs, ont remballé leurs marchandises et certainement regagné leur pauvre maison loin de Phnom Penh. On sent bien que chacune de leur vente est essentielle pour eux et que leurs maigres avoirs est une vraie aubaine. Le Cambodge est un vrai marché en plein air, de nombreux petits métiers ont cours ici et permettent à ceux qui ont un petit peu d'argent à investir de devenir au moins commerçants. Des tas de détritus jonchent le bord de la rue et ne seront pas enlevés d'ici quelques jours...
Près de l'hôtel, entre le Bd Monivong et le Psar Phmei, au dôme art déco qui accueille un marché des plus achalandés, nous sommes attirés par l'animation qui règne autour d'une galerie commerçante bien moderne. Des centaines de scooters et vélos sont garés autour de cet endroit (Sorya Shopping Center) qui rassemble toute la jeunesse de PNH dans ses fast food ! Quel contraste !
Nous reviendrons y faire un tour...
Mercredi 9 décembreDépart à 7 h 30 en direction de Kep, nous allons vers la mer, vers le Golfe du Siam, tout près de la frontière vietnamienne.
Premier arrêt pour faire le tour d'un ancien temple du XI ième s. dont il ne reste que quelques ruines mais une jolie pagode plus moderne a été construite tout à côté.
Nouvel arrêt au pied du Phnom Sor (montagne blanche), colline ksartique percée de nombreuses grottes et de passages. Cette colline a l'aspect d'un dragon. Nous nous enfonçons dans une grotte pleine de stalactites et de stalagmites, chacune fait appel à notre imagination, des enfants nous accompagnent avec leurs lampes! Et là, surprise nous débouchons au milieu de la colline dans une vallée cachée dont les falaises abruptes sont tapissées de verdure, un autel et un immense Boudha couché en son milieu et nous repartons par un nouveau passage qui nous fait déboucher de l'autre côté. Jolie balade mais très très chaud ce jour-là encore !
Nous arrivons à Kep juste pour le repas que nous prenons au marché aux Crabes, un vrai régal !
Pendant les deux jours que nous passons ici nous avons fait des ventrées de poissons et de crustacés et nous nous sommes véritablement léchés les doigts !!! n'est-ce-pas Pierre ?
Les restaurants du marché donnent directement sur l'eau et nous pouvons observer l'activité,exclusivement féminine, des marchandes de crabes ! Leur pêche est à portée de main, dans l'eau, dans des paniers, et dès qu'un acheteur approche on les voit se livrer à une enchère sur la qualité des crabes et à un sacré marchandage.... certaines gagnent, d'autres perdent.... à charge de revanche. Elles sont physiquement moins fines que les cambodgiennes rencontrées jusque-là et arborent des chapeaux en toile à carreaux à larges bords avec en plus des pans de tissus pour bien se protéger du soleil.
Il y a là une grande activité, les hommes eux, sont certainement sur les bateaux que nous voyons au large. Tôt le matin ils ramènent des kgs de ces petits crabes mous tout bleutés et des quantifiés de seiches. Cuisinés avec le poivre récolté dans les champs des environs, c'est un délice !
Nous allons ensuite nous installer au « Véranda Resort » là-haut sur la colline, d' adorables bungalows avec terrasse, petit salon au dehors, répartis dans un jardin luxuriant.... en attendant que les chambres soient prêtes nous avons droit à un succulent jus de fruits.... hum ! Le séjour ici va être délicieux !
Nous avons bien envie de marcher et de faire le tour de cette petite ville balnéaire, un air frais qui vient de la mer rend cette balade bien agréable. De l'hôtel nous allons vers la plage, puis vers la petite sirène, jusqu'à la statue d'un crabe géant, et même jusqu'à la Coconut Beach. Puis nous rentrons en longeant la mer par le marché aux crabes, petit passage chez Lilie « la faiseuse de perles » et retour à
l'hôtel, il fait nuit !
Nous avons vu de nombreuses villas abandonnées dans de grands jardins, suite à la période de guerre, mais des efforts sont faits pour rendre cette ville agréable. Le bord de mer et les plages étaient très propres (peut-être avons-nous bénéficié de la visite récente d'un ministre), plantés de cocotiers et de palmiers, des hôtels s'installent de plus en plus, espérons que cet endroit restera calme ! Nous, nous avons trouvé l'endroit charmant.
A nouveau repas au marché aux crabes, ce soir pas mal de français à table mais que par couple ou petits groupes.
Un gros gecko nous accueille au-dessus de la porte de la chambre mais il ne nous empêchera pas de passer une bonne nuit !
Jeudi 10 décembreNous partons sur l'île aux lapins « île déserte !» passer la nuit dans un bungalow basique... C'est ce qui nous est annoncé, allons voir !
Avant de prendre le bateau nous passons au marché. Les pêcheurs descendent de leur bateau des casiers avec une pêche impressionnante, les fonds sont bien poissonneux par ici !
Dès leur arrivée les femmes vendent tous ces poissons bien frais ou les font griller sur des barbecues sommaires. Plusieurs fûts de pâte à poisson nous font faire la grimace ; c'est pourtant ce qui sert de base à beaucoup de sauces.
Sur la route de l'embarcadère le minibus est obligé de ralentir avant de doubler.... nos amis suisses sur leur vélo !!! plus de15 jours après nous les retrouvons par hasard sur notre chemin. C'est l'occasion d'embrassades chaleureuses et d'une photo de groupe cette fois-ci ! Ils roulent vers le Vietnam où ils resteront quelques mois puis finiront par la Thaïlande.... ils doivent encore y être les veinards !
Une petite heure de bateau et nous débarquons sur une belle plage de sable fin, face à une série de bungalows en bois au toit de paille...Je sens qu'on va être bien ici pour finir le séjour par un peu de repos !
En attendant, Sokka nous propose de suite de faire le tour de l'île... !!! je suis septique, j'ai lu plusieurs fois que ce n'était pas possible, il sourit, prend une machette et nous entraine derrière lui.
Nous traversons la forêt derrière les bungalows et nous arrivons vite sur le rivage opposé près de quelques maisons de pêcheurs. Ils vivent de la récolte des algues. Elles sèchent accrochées à de longs fils ou répandues sur des claies. Elles prennent alors une jolie teinte rose-mauve.
Il s'agit maintenant de rester au bord de l'eau, parfois le chemin est bien marqué, parfois il faut couper quelques branches ou se baisser le plus possible et parfois, nous remontons le pantalon, enlevons les chaussures et nous marchons dans l'eau !! épique quand même certains passages dans une espèce de mangrove... Nous découvrons aussi quelques belles plages désertes, quelques maisons de pêcheurs et la fin du parcours nous ramène au débarcadère par un joli chemin ombragé.
Il nous aura quand même fallu plus de deux heures pour effectuer tout ce tour !
Un bon repas de poissons et crustacés nous attend, sous les cocotiers, presque sur la plage, que c'est bon de vivre tout ça !
Les bungalows sur pilotis sont effectivement très basiques mais bien suffisant pour quelques nuits ! Une pièce avec un matelas posé à terre et une moustiquaire, un réduit à l'arrière avec une jarre d'eau, un bol en plastique, un trou au plancher... et surtout sur le devant une petit terrasse avec un hamac face à la mer !
Ce sont les quelques familles installées sur l'île qui gèrent une quinzaine de maisonnettes.
Un anglais a posé son sac dans un des bungalow pour plusieurs mois et il en a fait son domaine en le décorant d'objets tous plus hétéroclites les uns que les autres ; c'est comme la visite du Palais du Facteur Cheval !
La mer nous tend ses bras et c'est lovés dans ses vagues que nous passons une bonne partie de l'après-midi, cool, tranquille, rien à faire... hum! Génial !
Pendant un bon moment nous regardons le petit garçon de nos hôtes qui joue avec son camion-citerne, il le rempli de sable, le met à l'eau et son seul jouet bricolé tant bien que mal a bien de la valeur pour lui... quand nous pensons aux chambres de nos petits-enfants !
Coucher de soleil un peu voilé, à nouveau un repas de poissons, un dessert qui a ravivé des souvenirs d'enfance – du tapioca aux bananes cuit dans du lait de coco- un régal !
Toilette et installation du lit à la lueur des lampes de poches... ici on vit au rythme du temps...
Le bruit doux des vagues va nous bercer toute la nuit...
Vendredi 11 décembreLes geckos qui se battent nous réveillent ce matin, quel raffut ! La bonne crêpe aux bananes et au chocolat du petit-déjeuner nous a calé pour la matinée !
Bateau puis route vers Phnom-Penh...
C'est la dernière occasion de tout regarder, de tout admirer et même si nous nous sommes habitués aux scènes de la vie quotidienne c'est encore avec bonheur que nous passons devant les belles mares couvertes de lotus ou de nénuphars, c'est encore avec crainte que nous voyons les échafaudages de marchandises sur les mobylettes, c'est avec des rires que nous voyons des femmes installées dans les paniers en osier de chaque côté du porte-bagage, c'est en voulant imprimer l'image que nous reconnaissons les robes ocres des bonzes quêtant leur nourriture... Nous goûtons aux grosses graines de fleurs de lotus, on croirait des noisettes.
Nous sommes aussi à la recherche d'un marchand de meubles qui pourra nous vendre quelques étagères pour amener à l'école ; nous voyons plein de ces étagères en rotin sur des camionnettes ou sur des motos mais pas de commerçants au bord de la route !C'est finalement aux abords de la capitale que je trouverais ce qu'il faut pour la classe. En nous tassant un peu dans le minibus on arrive à caser les 4 bibliothèques, j'espère que la maitresse sera contente !
Toute l'après-midi nous nous promenons à Phnom Penh, un tour au Psar Thmei et au Srya Shopping Center en haut duquel nous avons une très jolie vue sur les toits de Phnom Penh.
Balade sur les quais, dernier petit caprice : une manucure-pédicure pour 4 $.... hé bien, ça ne valait effectivement que 4 $ mais nous avons bien ri, les jeunes filles étaient charmantes ! Quelques derniers achats autour du quai Sisowath dans des boutiques qui se réclament presque toutes d'associations diverses.
Repas au Taboo chez un Marseillo-khmer ou un khmer de Marseille, petit restaurant sympa !
Et nous remontons à nouveau à pied le quai et la Str 154, petite pensée pour les copines en passant devant le Riverside !
Demain c'est le jour que j'attends depuis le début du voyage, je vais aller à la rencontre des enfants, des maitresses et du directeur de la classe maternelle que nous soutenons avec notre petite association. Ce n'était pas le but du voyage mais c'est quand même à force d'entendre et de lire les récits des uns et des autres sur le Cambodge que j'ai eu envie de connaître ce pays et de voir ces sourires dont vous parliez tous.
Jusque-là, et volontairement, je n'ai que très peu évoqué le choc que produit la misère que l'on ne peut ignorer. Cependant, je dois avouer que le choc, pour moi, a été plus grand en Afrique. Je ne suis pas rentrée du Cambodge avec autant de questionnements et de mal-être qu'au Mali où les gens n'ont pas de quoi manger.
Oui nous avons vu des familles pauvres, très pauvres, oui nous avons vu des adultes estropiés, oui nous avons vu des enfants mendiants et beaucoup de gens vivants dans la saleté. Je me refuse de juger, je me refuse de m'attendrir ou de culpabiliser, je préfère essayer de comprendre et aider comme je peux en participant concrètement.
Je veux continuer à aller en voyage dans ces pays pour que les habitants aient la fierté de nous montrer leur culture, leurs monuments, leurs paysages, pour qu'ils puissent mieux vivre grâce à l'argent du tourisme mais pas pour qu'ils se sentent inférieurs devant notre obole.
J'ai eu honte au Phnom Phulen de voir une dame australienne distribuer des billets à des gamins pour ensuite les prendre en photos ! Acheter des sourires d'enfants !
Arrêtez la lecture ici si notre passage à l'école ne vous intéresse pas. Nous avons pris l'avion le lendemain soir, retour difficile dans le froid et dans la préparation de Noël mais la tête pleine d'images, de sensations, de très bons moments.... Encore un beau voyage !
Samedi 12 décembreIl est assez tôt lorsque nous prenons la route N°4 vers Tranpaing Anchanh, j'ai bien noté toutes les instructions : passer l'aéroport, tourner à droite 4,5 kms après au panneau « KTC câbles », contourner le golf Royal et emprunter la piste à gauche sous la porte dorée, premier chemin à droite, le village est là !
Ce village est assez récent, les habitants ont été expulsés de Phnom Penh par des promoteurs japonais pour construire un énorme hôtel de luxe sur les berges du Tonlé Sap sans penser bien sûr à leur difficulté d'aller travailler à la capitale à 20 kms de là.
Les promoteurs se sont quand même engagés à construire une école primaire sur le site, les écoles maternelles n'existent pas au Cambodge ou elles sont privées.
C'est le directeur Théa qui, voyant le désarroi des parents pour garder les petits et l'absentéisme des plus grands qui du coup restaient s'en occuper à la maison, a décidé d'ouvrir une classe accueillant les 3 – 5 ans.
Mais, cette classe n'est pas du tout prise en charge par l'état, les parents payent un euro par mois quand ils le peuvent, le reste étant à trouver.... et c'est là que nous intervenons !
Pascale, la présidente de l'Association, à la recherche d'une école que nous pourrions soutenir, est arrivée par hasard à Tranpaing-Anchanh il y a un an, Théa parle un peu le français, la gestion de la classe se fait aussi avec les responsables de quartiers, les enfants sont accueillis toute la journée, ils ont un repas le midi, une douche pour laquelle il faut acheter l'eau, deux institutrices et une cuisinière -assistante maternelle- Pour toute cette logistique il ne faut que 240 euros par mois pour les 50 enfants !
Pas question pour nous de couvrir tous les frais, il est impossible que nous les laissions dépendre entièrement de l'extérieur ; nous les aidons comme nous pouvons dans de l'équipement, dans du matériel scolaire et pédagogique, pour l'achat de l'eau (mais l'arrivée de l'eau et de l'électricité se fait actuellement dans le village) et en participant au salaire des enseignantes embauchées par le directeur.
C'est très important pour l'Association d'aller régulièrement sur place voir comment les fonds sont utilisés, déterminer les nouveaux besoins et surtout créer un lien amical. Ces visites se font pour l'instant au hasard des voyages des uns et des autres...
Je vous livre ici, tel que, le petit compte-rendu que j'ai fait pour l'Asso au retour : (ce sera pour demain !)