Non, non, pas vraiment le temps de visiter Adelaïde.
Fatigué, tout crasseux et collant, avec mon gros sac à dos, j'arrive à trouver un hôtel de Backpackers. 1/2 heure avant l'ouverture de sa réception, la porte d'entrée du motel est a demi-ouverte. Furtivement je rentre et m'aperçois qu'il n'y a personne. Au coin de la réception, une petite pièce laisse à penser qu'il y a un lieu à penser (et à déposer). Comme on dit en alsacien "Erote wolf um hoch". Dans ce résidu, je règle le problème comme un sauvage et en catimini. Enfin, une "belle"réceptionniste arrive, m'accueille "chaleureusement", me propose une chambre à bon prix et me donne une quantité de guide touristique pour aller voir la ville. Toujours pas de douche pour me débarrasser de mes moiteurs nocturnes ; je suis donc contraint de me balancer (discrètement) une bonne dose de déodorant sur moi pour sortir. A la va-vite je sillonne les rues, m'arrête dans un centre pour consulter le web. Avant d'entrer dans une boutique d'opale, je m'humidifie de parfum que j'avais un peu, dans une petite fiole d'échantillon gratuit. Dans l'après-midi, j'achète des provisions de bouche, traîne dans les grandes surfaces et prends le temps de visiter, à l'oeil, le musée sud australien.
Dehors, bien sûr, quelques artistes de rue attirent l'attention des passants dans la zone piétonière ; mais ma lassitude me presse à entrer à l'hôtel pour enfin y prendre une bonne douche.
Le lendemain, à pied je rejoins "la gare inter-états et nationaux" pour prendre "le direct" jusqu'à A.S. En souvenir des chameliers d'Afghanistan, le train qui relie Adélaïde à Darwin porte le nom diminutif "Ghan".
The Ghan, comme ils l'appellent, porte vraiment un caractère cosmopolite, un aspect culturel pour mieux faire visiter le pays au touriste. Dans ce tchou-tchou à la locomotive rouge, j'ai le sentiment pour la première fois de rencontrer des autochtones. Pourtant, dès le premier jour en Australie, j'ai pu découvrir ces Australiens à la peau blanche ; mais l'histoire coloniale ne m'a pas révélé l'authenticité d'un peuple qui a vécu des milliers d'années. Et là, devant moi, sur les sièges, je vois des gens à la peau fripée noir-chocolat, les cheveux blonds dont la physionomie décèle leur appendice platyrrrhiniens. Avec beaucoup de patience, je sympathise avec un enfant
indigène. Car il faut remarquer que ces habitants, restent souvent à l'écart des touristes. Avec discrétion, je fais un cliché furtif de ce garçon attendrissant qui n'hésite plus à aller vers moi pour jouer. Au bout d'une journée et demie, me voici presqu'au centre géographique du pays dans la région appelée "le centre rouge".
Alice Springs n'est pas une très grande ville (à peu près aussi peuplée que la commune de Vichy, France) et, en cette saison sèche (le dry), il se met à pleuvoir avec un crachin qui se fait de plus en plus fort. Ici, dit-on, il y a une rivière, la Tod River, qui est tout le temps asséchée ; et les touristes qui sont de passage ne sont plus considérés comme tels, si ils l'ont vue couler 3 fois ---- ce qui peut prendre au moins 20 ans. Peut-être aurais-je l'occasion de la voir couler au moins 1 fois. C'est sur cette même rivière que les Australiens organisent le "Henley-on-Todd Regatta" . Complètement loufoque !!
Dans cette bourgade là se trouve le royaume des bambous creusés par les termites. Alice Springs peut se prévaloir de "capitale des Didgeridoos".
L'art rupestre aborigène fait également office de vitrine dans toute la cité. C'est vraiment passionnant. En voyant ces gens d'un temps passé, une réflexion me vient à l'esprit: De chez qui, des colons ou des aborigènes, suis-je ? Fallait-il que des blancs adaptent leur environnement pour se créer un monde "civilisé" ? Qui, des indigènes ou des gringos, vivent en marge de la vie naturelle ? A tord, on pense que les uns vivent au dépend des autres. Quel dommage !
Au Alice secret's, j'y loue une chambre pour 2 jours. Je la partage avec une Irlandaise, un Bangladeshi et un Autrichien. Tous les trois sont ici pour des séjours de travail. A la réception du motel , le réceptionniste est également un agent de l'agence Adventure Tours, localement, nationalement, monstrueusement inévitablement et hégémoniquement célèbre. En Australie, y a pas d'agence de voyage plus connue qu'eux. Ils proposent des days-tours dans tous le pays, écrasant la concurrence des autres agences. Justement, Dennis de son prénom, me propose un days-tours de 6 jours qui pars d'A.S. et qui finit à Adelaïde....pour seulement 850 dollars tout compris. Il ne me manque plus qu'à retourner en ville pour changer mes travellers chèques en liquide (car bien sûr, Adventures tours n'acceptent pas les TC ) et régler le montant de ladite somme. Au passage, le gentil Dennis, dans un grand élan commercial, généreux et plein de bonté, m'offre une moustiquaire à porter sur la tête pour les visites dans le pays.
Sachons tout même que bien mal nous prendrait si, pour visiter l'Australie, on utiliserait des Travellers Chèques. Cela devient une vraie calamité pour les échanger. Car bon nombre de commerçants les refusent. Quant aux banques, elles les échangent moyennant des frais. Alors, au diable ce moyen de paiement, les Australiens n'aiment pas ça (j'apprendrai plus tard que l'acceptation des TC se fait à la tête du client, donc mieux vaut ne pas avoir une tête de Franc Comtois touristico-idiot)