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    anti coups de coeur

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    Localisation : Je m'balade sur les chemins...

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    Message par Dolma Mer 2 Nov - 16:54

    Les anti-coups de coeur c'est ici aussi pensif ?

    Remise aujourd'hui des prix Goncourt et Renaudot...

    Quand il m'est arrivé de lire un livre qui a reçu un prix c'était avant qu'il le reçoive et je l'avais lu parce que je savais/pensais qu'il allait me plaire (pour des tas de raisons qui ne sont pas mon propos d'aujourd'hui). Quand il m'est arrivé (très rarement) de lire un livre après remise d'un prix j'ai quasiment toujours été déçue, au point de ne pas terminer la lecture (un comble en ce qui me concerne).

    Je ne crois pas en ces prix. Dans d'autres pays, je ne sais pas, mais en France, c'est devenu au fil des ans une mascarade...

    Je n'ai aucune envie de lire ces 2 livres neutre . Et vous ?

    Dolma
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    Message par geob Mer 2 Nov - 17:06

    J'ai déjà évoqué ici ma déception à la lecture du prix Goncourt de l'année dernière. Hoeullbecq l'aurait cent fois mériter pour "Plateform".
    En revanche, j'étais en train de lire "Retour à Kellybegs" de Sorj Shalandon quand il a recu le prix de l'Académie Française. Faut pas se laisser impressionner, il faut lire ce livre qui est vraiment passionnant, un brin romantique pour ceux qui connaissent l'Irlande et la lutte de l'IRA. Je n'ai pas lu "Mon traître"

    Je me souviens d'un autre prix Goncourt, "L'ogre" de Jacques Chessex. Là, on comprend ce que c'est un grand écrivain !
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    Message par Invité Mer 2 Nov - 17:10

    Je n'achète jamais les prix littéraires.
    S'ils survivent au temps je les trouverai en format de poche ou chez le bouquiniste. Puis, comme pour les autres livres depuis que je suis devenue nomade, je les donne... ou les sème.

    Il y a parait-il des chefs-d'oeuvre. Et alors ? Les goûts sont tellement propres à chacun que cela me fait carrément braire quand on me dit "tu devrais lire cela, c'est excellent"; neuf fois sur dix j'y perds mon temps. Qui donc peut se targuer de savoir ce qu'un autre va puiser ou recevoir dans un livre ?

    Michel Polac, du temps où il intervenait à la radio, avait ce don de transmettre le contenu d'un ouvrage en quelques minutes. Il en parlait de manière intelligente et sensible, j'imagine qu'il a donné envie de plusieurs livres à beaucoup de gens.

    Laure Adler, qui intervient actuellement en quelques minutes hebdomadaires, essaie de faire pareil avec les livres qu'elle recommande. Elle en parle de manière intelligente et... émotive. La première fois, ça passe, tu te dis qu'elle est tombée sur un truc exceptionnel qui l'a prise aux tripes. Mais à force de répétitions inlassables de ce même registre, bah moi je tords le cou au bouton de la radio sitôt que j'entends la voix de cette personne.
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    Message par Invité Mer 2 Nov - 18:19

    J'écoute toujours les nominations, n'achète jamais les pavés, attends les parutions en poche si j'en ai encore envie, si j'y pense encore parce que l'écrivain m'attire et lorsque je cherche dans mes souvenirs, je me rappelle avoir acheté en pocket "mes nuits sont plus belles que vos jours" de
    Raphael Billetdoux, il y a, pfuuu,très longtemps. (je n'en ai rien retenu d'ailleurs, que le titre et le nom)


    Quoiqu'il en soit, je lis peu, si peu en ce moment et aucun livre ne trouve grâce à mes yeux, si ce n'est ce polar extraordinaire dont d'ailleurs j'ai sûrement parlé (ou Vovonne ?)
    Seul le silence de R.J. Ellory, un bouquin qui n'a rien à faire en section polar tant c'est magnifique.
    Lis Pataugas rire si t'aime pas je t'envoie des girolles !

    Les prix sont une vaste affaire commerciale voire politique ( le Nobel de la paix l'année dernière) on le sait tous.

    Homme lit les publications scientifiques et est en désaccord avec moi. Il dit que pour le prix Nobel de physique attribué à Saul Perlmutter c'est une juste récompense. Mais moi, faut dire que la physique, j'm'en fous.

    Donc, en conclusion, je ne vois qu'une chose, les prix augmentent !
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    Message par Invité Mer 2 Nov - 18:59

    J'ai commencé très récemment "Mon traître" de Sorj Chalandon. Cela se lit facilement mais... je ne suis pas sûre de poursuivre.
    Tout simplement parce que, comme Pondy, en ce moment peu de livres trouvent grâce à mes yeux (j'emprunte à la médiathèque, c'est donc sans dommages pour le portefaffe).
    J'ai dû ces derniers mois commencer une douzaine de livres sans jamais dépasser la page 30.
    Et puis de temps à autres un ouvrage me ravit... ou me fournit des nutriments. C'est rare cependant.

    Il y a ceux que je relis, qui voyagent avec moi même lorsque la place manque. Cosmicomics d'Italo Calvino, est du nombre. Le seul fait d'en pianoter ici le titre et l'auteur me met dans un état de joie bouillonnante. langue
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    Message par fabizan Mer 2 Nov - 19:01

    Bien d'accord avec vous toutes. Les livres je les emprunte ou alors je n'achète que les livres de poches (sauf quelques exceptions comme l'an dernier avec un livre d'or clin d'oeil ).
    Les goûts des autre n'étant pas forcement les miens je me fiche des Goncourt et autres, pareil avec le festival de Cannes et sa palme, jamais aimé un film qui l'avait obtenu.


    _________________
    Fabienne
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    Message par Invité Mer 2 Nov - 19:03

    Seul livre acheté depuis des années avant qu'il passe en poche, parce que le bonhomme est intéressant et impressionnant, et que j'étais restée pendant plus de 8h sans décoller de son film- enquête "Shoah", un livre qui est un vrai pavé : Le lièvre de Patagonie, de Claude Lanzmann, une autobiographie.
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    Message par Invité Mer 2 Nov - 19:32

    Mais c'est que tu fais des suggestions !

    Les deux livres achetés dans les brocantes et que j'ai beaucoup aimé :

    L'histoire de France (0,10cts d'euro) édition 1947, livre scolaire cours élémentaire, à replacer dans le contexte de l'époque : surprenant

    La langue arabe en 30 leçons (24 francs) édition 1941 : 0,50 cts d'euros, à replacer aussi dans le contexte : ahurissant.
    Pour ma petite fille (7 ans) qui suit l'exemple de sa mère et sa passion pour les langues étrangères sans notre alphabet bien entendu. Je me demande comment on peut parler avec tant de langues dans la bouche.

    Suis loin du sujet ? Je crois banane
    geob
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    Message par geob Jeu 3 Nov - 16:30

    Pour rester sur les prix littéraires, il y en a que je relirais encore et encore : le prix Pulitzer, à titre posthume, " LA CONJURATION DES IMBÉCILES" de John Kennedy Toole !

    Avec ce livre, j'ai converti à la littérature pas mal de collègues qui s'en croyaient rejetés. Je n'ai jamais revu la première édition de ce livre, tout le monde se le passait, se l'envoyait ! Un grand roman a une portée universelle, c'est à dire qu'il s'adresse à chacun d'entre nous, car, consciemment ou inconsciemment, on finit par tomber sur une phrase, une scène que l'auteur semble avoir écrit rien que pour nous.

    Ce qui est aussi extraordinaire dans ce roman délirant, émouvant, tragi-comique, c'est que le style change à chaque chapitre, selon le lieu et les personnages.


    Un autre prix Pulitzer, une bande dessinée : "MAUS" de Art Spiegelman. L'artiste nous raconte la vie de son père, déporté à Auschwitz, la vie dans ce camp. Et le tour de force ahurissant c'est de nous faire oublier que les Allemands sont représentés en chats, les Juifs en souris !!! On ne voit que des êtres humains !!!

    Knut Hamsun, prix Nobel de littérature, pourquoi ne pas le lire ? Son style si simple, limpide comme un ruisseau de montagne, que Henry Miller voulait, en vain, imiter, raconte des histoires universelles, des histoires d'êtres humains, dans lesquelles, peu ou prou, on se retrouve.



    Maadadayo !
    Dolma
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    Localisation : Je m'balade sur les chemins...

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    Message par Dolma Jeu 3 Nov - 16:56

    Ah mais tu parles de prix prestigieux là ! Nous ne sommes plus dans la franchouillardise franco-française rire

    Dolma
    qui passe actuellement de magnifiques moments de lecture avec Rick Bass et son "journal des cinq saisons"...
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    Message par Invité Jeu 3 Nov - 17:15

    J'ai eu une période Knut Hamsun. Aujourd'hui j'en ai tout oublié.
    Comme c'est étrange cette façon qu'ont les choses de se diluer après avoir eu du sens.
    Et si le sens s'en était tout simplement incorporé à la matière dont, au fur et à mesure, nous nous modelons ?
    Je suppose que cela arrive bien des fois.

    A vingt ans je dévorais...
    A trente...
    A...
    Les détacher, comme des lambeaux de chair qui auraient pour nom une nourriture sensible composant les strates d'une vie.

    Laissons cela.

    J'avais envie de revenir ici pour parler d'un autre bouquin, très particulier.
    Un bouquin trouvé en divers endroits, jamais il ne portait le même titre, jamais il n'émanait du même auteur. Mais toujours en ouvrant ses pages il se rapprochait de mes narines et fermait mes paupières.
    Sens ! Hume !
    Pas la peine de décrire, vous savez. Jusqu'ici je n'ai pas rencontré un seul voyageur d'histoires qui ne connaisse du régal livresque ce préambule. sourire
    bardak
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    Localisation : Dans mon canapé

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    Message par bardak Jeu 3 Nov - 17:42

    Moi non plus, je ne lis jamais les prix littéraires. Je ne les suis même pas.
    Je ne lis pas non plus de magazines littéraires ou d'analyses savantes.
    Et il n'y a que deux libraires à qui je fais vraiment confiance.

    La plupart du temps, je me contente de me ballader dans les librairies ou les bibliothèques, je regarde aussi les étagères chez les amis, je prends un livre au hasard, en lit quelques lignes et puis je me lance. Parfois ça marche, parfois, je tombe sur de vrais navets et parfois, je tombe sur de chefs-d'oeuvre, de mon point de vue.

    Et puis, comme tous, il y a les périodes où tous les bouquins m'emmerdent.

    Cela étant, Seul le silence, je confirme, vraiment génial. J'ai dévoré ce bouquin (d'ailleurs conseillé par un de mes deux libraires chéris)et il m'a donné une envie folle d'écrire.


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    Message par Invité Jeu 3 Nov - 20:23

    Mes livres préférés sont les littéraires, mais je n'aime pas trop la littérature trop "académique". Mes écrivains préférés sont les latins, parce qu'ils racontent des histoires qui me "parlent", j'arrive à imaginer facilement les situations qu'ils décrivent.
    Souvent, je lis le résumé, et puis si j'aime je lis le livre. Il y a beaucoup beaucoup de livres qui ont gagné des prix que je n'aime pas, il y a aussi beaucoup beaucoup que j'ai adoré.
    Lorsque je suis arrivé en France, je ne savais pas ni parler, ni lire, ni écrire français. Le deuxième livre que j'ai lu en français, fut Les noces barbares d'Yann Quéffelec, et le seul regret que j'ai eu fut d'avoir à recourir aussi souvent au dictionnaire, qui me coupait de l'histoire. Un aller simple de Didier Van Cauwelaert simplement beau. Gabiel Garcia Marquez, José Saramago, François Mauriac, Toni Morrisson,... tant d'écrivains qui ont gagné des prix et qui ont écrit des véritables bijoux.
    Mais, par exemple, je n'ai pas aimé Les raisins de la colère de John Steinbeck. Je n'ai pas réussi à le finir, stoppée à la page 35, ça fait si longtemps, mais je me rappelle toujours car la lecture était pour moi aussi pénible que l'avancée de la tortue sur le sol aride. Je me disais toujours ici il va avoir un point, et puis ici il va avoir une virgule... un romain trop "académique" pour mon goût. Je n'ai pas réussi à "entrer" dans l'histoire.
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    Message par geob Mar 8 Nov - 16:52

    Emmanuel Carrère : "Limonov", prix Renaudot.

    Je connais Edouard Limonov depuis les années 80, depuis l'époque révolue où je lisais ses articles dans le journal de Jean Hedern Hallier : "L'idiot international". Cet hebdomadaire, sous la mittérrandie, n'était pas bien vu par la gauche bien pensante, et la droite qui jouait les vierges effarouchées. Faut dire ceux qui écrivaient la-dedans formaient un aréopage de fous furieux, de déments, qui trempaient sept fois leurs plumes dans de l'acide sulfurique avant que d'écrire un mot. Mais, sacré nom d'un chien, quel talent ces mecs là !
    D'abord J.H. Hallier qui dérangeait Mittérand, on comprenait bien en lisant l'hebdo qu'il y avait une histoire d'enfant caché, mais on pouvait lire aussi Arrabal, Baudrillard, Muray ( Luccini a mis du temps pour le découvrir), M.E. Nabe, enfin des gens pas très invités sur les plateaux de télévision.
    Ils bousculaient un peu trop les convenances !
    L'écrivain Christian Laborde se demandait ce qu'il faisait au milieu de ces gars ! Pour lui, ça dérapait trop, c'était même la course à la sortie de route, et "L'idiot international" est mort de trop de procès.
    L’intelligentsia française a fait ouf !

    Mais je n'avais lu aucun livre de Limonov. Et l'intérêt du bouquin de Carrère, c'est les nouvelles éditions des ouvrages de Limonov. Ainsi, je viens de lire "Journal d'un raté", où l'écrivain russe, au courage physique sidérant, raconte ses dérives au raz du bitume d'un New York pas très sympathique avec les pauvres. J'y vois un mélange de Rimbaud et de Genet mais surtout le baroque, la démence alcoolisée d'un slave qui ne recule devant rien. Quand on le lit, l'évidence s'impose : Limonov est un sacré écrivain dans un monde où il y a bien trop de romanciers !

    Si des villageoises et des villageois considèrent que la morale est un critère pour juger une œuvre d'art, je leur déconseille de lire "Journal d'un raté" !
    Pour les autres, il ne faut pas hésiter de lire un écrivain qui écrit, à propos d'une femme : " Si petite, juste la place d'une âme"


    ( si je vous faisais lire quelques extraits de lettres de Flaubert à son ami Louis Bouillet, des lettres d’Égypte, où Flaubert ne fut pas qu'intéressé par les pyramides, notre égérie wapititienne se verrait dans l'obligation de les censurer, et pourtant elles se trouvent dans le volume premier de la Pléiade consacrée à la correspondance de Flaubert !)


    Maadadayo !
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    Message par Wapiti Mar 8 Nov - 16:55

    un petit extrait avec mention précise de la source, est autorisé, et peut mettre l'eau à la bouche -ou l'envie à l’œil- clin d'oeil


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    Message par Invité Mar 8 Nov - 18:54

    "Maadadayo !"

    ca veut dire quoi ?

    Bonsoir ?
    A bientôt ?
    Prenez soin de vous ?
    Cordialement ?
    A plus tard ?

    C'est en quelle langue ?

    Merci.
    geob
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    Message par geob Mer 9 Nov - 17:28

    Pour Wapiti :
    Bon, tu l'auras voulu ! gag !

    Pour Pondy : cela veut dire " pas encore !" en japonais.
    "Madadayo" est un merveilleux film de Kurosawa, loin des grandes batailles de samourai, d'épopée médiévale, juste l'histoire d'un vieux professeur qui recoit la visite, chaque année, de ses élèves qui lui demandent en guise de bonjour : Vous n'êtes pas parti ? ( ça veut dire bien sûr que nous sommes contents que vous êtes encore vivant.) Et le prof de répondre : Maadadaayo ! En même temps, on voit l'histoire du Japon, son évolution, après la défaite de 1945.
    C'est un film qui m'a mis vraiment en joie !
    geob
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    Message par geob Jeu 10 Nov - 10:01


    Au XIXe siècle, les écrivains voyageurs étaient attirés par le Moyen Orient pour... diverses raisons dont celles que la morale, surtout celle d'aujourd'hui, réprouve.
    Flaubert prit cette route avec Maxime Du Camp en 1850, sponsorisé par le gouvernement Français sous la forme d'une lettre de mission sur les possibilités de faire du commerce avec l’Égypte. Bien entendu, ils n'ont rendu aucun rapport. En lisant les lettres que Flaubert adresse à son ami Louis Bouilhet, on tombe sur des passages que l'on ne donnerait pas à étudier dans les écoles. Je ne vais discourir sur la correspondance de Flaubert, ça me prendrait trop de temps, il faut savoir tout de même que les dits passages ne sont qu'anecdotiques mais laissent à voir, incidemment, une personnalité qui n'est d’embarrassée par pas grand chose, et la totalité de ces lettres la "patte" d'un écrivain formidable, entièrement habité par son art - pour lui, c'est le socle de sa vie, et il écrit à Louise Colet, qui lui parle de l'importance de l'amour, que l'amour pour lui ce n'est que la cerise sur le gâteau !

    Lettre à Louis Bouilhet, Le Caire, 15 janvier 1850
    "... On avoue sa sodomie et on en parle à table d'hôte... Voyageant pour notre instruction et chargés d'une mission par le gouvernement, nous avons regardé comme de notre devoir de nous livrer à ce mode d'éjaculation... C'est aux bains que cela se pratique. On retient le bain pour soi... et on enfile son gamin dans une des salles..."

    Page 605, il y a une page magnifique sur le désir. Ils se trouvent à Keneh, dans un quartier de prostitués. Il décrit ces femmes qui l'interpellent, l'agrippent, il parle du vent chaud qui fait claquer les étoffes, des senteurs d'épices, des couleurs, tout un tableau qui le met dans un état d'émerveillement. Maxime Du Camp y va tout de suite, mais Flaubert écrit à Louis Bouilhet ce " 13 mars 185O, à bord de notre cange, à 12 lieues au-delà de Syène "(Assouan) :
    "... Eh bien ! Je n'ai pas baisé (le jeune Du Camp n'en fit pas ainsi), exprès, par parti pris, afin de garder la mélancolie de ce tableau et faire qu'il restât plus profondément en moi. Aussi, je suis parti avec un grand éblouissement, et que j'ai gardé. Il n'y a rien de plus beau que ces femmes vous appelant. Si j'eusse baisé, une autre image serait venue par-dessus celle-là et en aurait atténué la splendeur."

    Une réaction que je comprends très bien.

    L'éditeur Jean Bruneau écrit, dans une note, que pour Flaubert la satisfaction détruit le désir et que c'est là le fondement de la tragédie humaine. (alors que pour un bouddhiste, se libérer du désir offre la délivrance - là, c'est moi qui le dit !)

    C'est une courtisane, une hétaïre, une danseuse nommée Kuchuk-Hanem qui restera le plus grand souvenir d’Égypte pour Flaubert. Je ne vais pas mettre les passages où il raconte à Louis Bouilhet sa nuit, dans un lieu pas très romantique, ni le nombre de coups qu'il a tirés (c'est le terme que Flaubert emploie), mais juste ces quelques mots, toujours dans la lettre du 13 mars 1850 :
    "... Je l'ai couverte de ma pelisse de fourrure, et elle s'est endormie, les doigts passés dans les miens. Pour moi, je n'ai guère fermé l’œil. J'ai passé la nuit dans des intensités rêveuses infinies..."

    Vous voulez savoir comment était Kuchuk Hanem, lorsqu'elle enlevait ses voiles pendant qu'elle dansait ? Eh bien, lisez ou relisez "Salammbô".
    C'est elle !

    Tous les passages cités se trouvent dans le volume 1 de la correspondance de Flaubert, [ Bibliothèque de la Pléiade - éditions Gallimard ]


    (Une chanson de Léo Ferré qui ne passera pas de sitôt sur les ondes : http://www.frmusique.ru/texts/f/ferre_leo/petite.htm )


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    Message par Dolma Ven 11 Nov - 9:00

    On dirait bien que ce sont des lectures pour mecs ça ! Enfin une certaine catégorie (mais y en a-t-il plusieurs ?)de mecs.

    En tous cas, pour moi, c'est d'un inintérêt majeur et je ne vois vraiment ce que ce genre de propos peut apporter à la littérature !

    Je sais bien que Flaubert n'est pas un scribouillard comme le sont certain(e)s de nos contemporains qui se complaisent dans la pornographie mais je dis que ses propos n'ajoutent rien à sont talent d'écrivain et qu'on ne peut pas le qualifier de tel grâce à ces écrits-là.

    Bien contente d'être dans le post des "anti coups de coeurs" dégout


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    Message par Wapiti Ven 11 Nov - 10:05

    rire Je suis assez d'accord avec toi, Dolma.

    Et pour répondre à la question initiale (chose que je n'avais pas encore pris le temps de faire)...

    Remise aujourd'hui des prix Goncourt et Renaudot...
    ...
    Je n'ai aucune envie de lire ces 2 livres. Et vous ?
    Je n'ai jamais été attentive à l'annonce des divers prix littéraires, c'est quelque chose qui m'est toujours passé à 500 miles au-dessus de la tête.
    Et de fait, je n'ai que très rarement lus d'ouvrages qui avaient été primés, et souvent avec quelques années d'écart. Et l'achat ou l'emprunt n'a jamais été conditionné par le fait qu'ils soient primés.
    Une seule exception : Chagrin d'école de Daniel Pennac. Déçue. neutre
    Et quand il m'est arrivé d'apprécier des Goncourt ou autres prix littéraires, ce sont les "vieux" (comprendre : de quand j'étais pas né à la lecture... ou tout court) comme Les fruits de l'hiver de B. Clavel (1968), Le Roi des Aulnes de Michel Tournier (1970), La nuit sacrée de Tahar Ben Jelloun (1987). Et on m'en a fait lire quelques-uns dans mes années collège et lycée qui me laissent un sacré arrière-goût de reviens-z-y-pas... beurk !

    Qu'est-ce qui me fait choisir un livre ?
    A une époque plus lointaine, simplement parce que je voulais lire (j'étais boulimique de lectures pendant mes vacances) et que ce livre se trouvait dans la bibliothèque familiale. J'ai ainsi découvert un certain nombre d'auteurs qui me plaisaient et n'hésite pas depuis à acquérir leurs ouvrages lorsque ceux-ci se présentent à moi. J'ai aussi dévoré ainsi beaucoup d'autres ouvrages sitôt oubliés.
    Il y a ensuite les lectures conseillées par les ami(e)s et la famille... pas toujours une réussite. Mais on apprend aussi à repérer les personnes qui ont les mêmes goûts littéraires que soi.
    Et puis, il y a (surtout lors des phases de boulimie littéraire qui me reprennent parfois) les impulsions d'achat ou de choix dans la bibliothèque publique, à la simple lecture des pages de couverture... pas toujours une réussite non plus.


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    Message par geob Ven 11 Nov - 16:05



    Wapiti ! Tu l'as demandé, tu l'as eu ! rire


    Comme je subodorais des réactions intempestives et moralisatrices, j'ai pris soin d'avertir que " les dits passages ne sont qu'anecdotiques " dans la correspondance de Flaubert. Ainsi, celui des hammams, et de ce qui s'y déroule à l'intérieur, ne concerne qu'un paragraphe sur une lettre de 10 pages ! Fallait-il censurer, celui-ci et les autres, sous prétexte qu'ils sont lisibles dans une édition prestigieuse ? Eh bien, mesdames, allez donc chez Gallimard leur apprendre leur métier d'éditeur ! Réduire la correspondance de Flaubert à une "lecture de mecs", il y a de quoi tomber par terre ! Tiens, je suis sûr que si je passais devant la tombe de J.P. Sartre, au cimetière de Froidevaux, j'entendrais un immense éclat de rire. Nul doute que Michel Polac serait surpris d'entendre de telles balivernes, lui qui conseilla sur France Inter, il y a belle lurette, les deux premiers volumes de la correspondance à la Pléiade - et que je n'ai pas manqué d'acheter ! Oui, si on aime la littérature, que dis-je, si c'est une passion, on se doit de lire cette correspondance - mais comme je l'ai dis, je ne vais pas discourir là dessus, ça me prendrait trop de temps.

    Quand on aime une œuvre d'art, quelque qu'elle soit, on ne la dissocie de son créateur et ce pour une raison très simple : une œuvre d'art ne naît pas de génération spontanée ! Pour Jean Bruneau, désir/satisfaction traverse toute l’œuvre de Flaubert, et pour autres choses encore, découvrir donc l'intimité de Flaubert nous permet de mieux comprendre sa littérature. Cette fameuse page sur le désir - que je n'ai pas citée in extenso - se conclut par le refus de Flaubert d'assouvir son désir pour une raison difficilement compréhensible pour notre époque, où cette phrase si bête, si stupide "il faut assouvir ses désirs" tient lieu de viatique. Flaubert n'avait pas une vision consumériste du désir. Ouh ! L'affreux bonhomme !

    La morale et l'art sont deux termes antinomiques !

    Qui n'a pas lu "Une saison en enfer" ? Peut-on comprendre "Délires- I - Vierge folle - L'époux infernal-", si on ne sait pas la vie de Rimbaud et Verlaine à Londres ? Fi ! Quelle horreur ! Faut brûler les livres de ces mecs !

    Comment comprendre les tableaux saisissants du Caravage si on ne connait pas sa vie violente et dissolue ?

    Je pourrais citer encore d'autres exemples, mais ne concernant que les plus grands artistes, ceux qui nous ont laissé leurs chefs-d’œuvre !

    Si on cherche une littérature "de mecs" dans la correspondance de Flaubert, on ne pourra être que déçu, autant choisir les ouvrages de Pierre Louys, ceux du Marquis de Sade, ou autres livres qu'appréciait beaucoup Voltaire, ceux dont il disait : "...ils se lisent d'une seule main !"

    Aaaaargh ! Doux Jésus ! Brûlons Voltaire !

    ---------------------------------------------------------------------


    "... Je l'ai couverte de ma pelisse de fourrure, et elle s'est endormie, les doigts passés dans les miens. Pour moi, je n'ai guère fermé l’œil. J'ai passé la nuit dans des intensités rêveuses infinies..." ( Flaubert à Louis Bouilhet)

    Vraiment, ce Flaubert, quel con !




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    anti coups de coeur Empty Re: anti coups de coeur

    Message par Invité Lun 14 Nov - 8:15

    J'ai lu Madame Bovary de Flaubert et j'ai trouvé agréable à lire.

    J'avais 9 ans lorsque la ditacture est tombée au Portugal. A cette époque, et même pendant quelques années après, c'était mal vu de lire au Portugal. A l'âge de 6 ans, je suis entrée dans un pensionnat (c'est moi qui a demandé à mes parents d'y aller pour être avec ma soeur), et c'est à ce moment-là que j'ai commencé à lire tout ce que me passait par les mains. J'étais très souvent punie. Les journées commençaient à 6h00 du matin, et les miennes finissaient presque toujours au delà de minuit. Assise par terre, dans le bureau de la directrice, avec les livres scolaires que je ne lisait pas, à part celui d'histoire parce qu'il racontait des histoires.

    Je ne guette pas les prix, mais vu le nombre de livres sur le marché, c'est vrai que souvent je lis les plus connus, ou ceux qu'on me conseillent. Quand je n'aime pas un roman, je ne me force jamais à le lire jusqu'au bout.
    Je pense que beaucoup de prix sont donnés par intérêt, amitiés ou d'autres raisons, mais pas toujours parce que le roman le mérite vraiment.

    C'est la rubrique des anti coups de coeur, mais si tu permets Dolma, je vais élogier ici un de mes plus grands coups de coeur littéraires, La métamorphose de Kafka. J'ai adoré ce livre. Je trouve qu'il est hyper bien écrit, émouvant, peu être lié à n'importe quel époque, n'importe quelle société...

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