Wapiti ! Tu l'as demandé, tu l'as eu !
Comme je subodorais des réactions intempestives et moralisatrices, j'ai pris soin d'avertir que " les dits passages ne sont qu'anecdotiques " dans la correspondance de Flaubert. Ainsi, celui des hammams, et de ce qui s'y déroule à l'intérieur, ne concerne qu'un paragraphe sur une lettre de 10 pages ! Fallait-il censurer, celui-ci et les autres, sous prétexte qu'ils sont lisibles dans une édition prestigieuse ? Eh bien, mesdames, allez donc chez Gallimard leur apprendre leur métier d'éditeur ! Réduire la correspondance de Flaubert à une "lecture de mecs", il y a de quoi tomber par terre ! Tiens, je suis sûr que si je passais devant la tombe de J.P. Sartre, au cimetière de Froidevaux, j'entendrais un immense éclat de rire. Nul doute que Michel Polac serait surpris d'entendre de telles balivernes, lui qui conseilla sur France Inter, il y a belle lurette, les deux premiers volumes de la correspondance à la Pléiade - et que je n'ai pas manqué d'acheter ! Oui, si on aime la littérature, que dis-je, si c'est une passion, on se doit de lire cette correspondance - mais comme je l'ai dis, je ne vais pas discourir là dessus, ça me prendrait trop de temps.
Quand on aime une œuvre d'art, quelque qu'elle soit, on ne la dissocie de son créateur et ce pour une raison très simple : une œuvre d'art ne naît pas de génération spontanée ! Pour Jean Bruneau, désir/satisfaction traverse toute l’œuvre de Flaubert, et pour autres choses encore, découvrir donc l'intimité de Flaubert nous permet de mieux comprendre sa littérature. Cette fameuse page sur le désir - que je n'ai pas citée in extenso - se conclut par le refus de Flaubert d'assouvir son désir pour une raison difficilement compréhensible pour notre époque, où cette phrase si bête, si stupide "il faut assouvir ses désirs" tient lieu de viatique. Flaubert n'avait pas une vision consumériste du désir. Ouh ! L'affreux bonhomme !
La morale et l'art sont deux termes antinomiques !
Qui n'a pas lu "Une saison en enfer" ? Peut-on comprendre "Délires- I - Vierge folle - L'époux infernal-", si on ne sait pas la vie de Rimbaud et Verlaine à Londres ? Fi ! Quelle horreur ! Faut brûler les livres de ces mecs !
Comment comprendre les tableaux saisissants du Caravage si on ne connait pas sa vie violente et dissolue ?
Je pourrais citer encore d'autres exemples, mais ne concernant que les plus grands artistes, ceux qui nous ont laissé leurs chefs-d’œuvre !
Si on cherche une littérature "de mecs" dans la correspondance de Flaubert, on ne pourra être que déçu, autant choisir les ouvrages de Pierre Louys, ceux du Marquis de Sade, ou autres livres qu'appréciait beaucoup Voltaire, ceux dont il disait : "...ils se lisent d'une seule main !"
Aaaaargh ! Doux Jésus ! Brûlons Voltaire !
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"... Je l'ai couverte de ma pelisse de fourrure, et elle s'est endormie, les doigts passés dans les miens. Pour moi, je n'ai guère fermé l’œil. J'ai passé la nuit dans des intensités rêveuses infinies..." ( Flaubert à Louis Bouilhet)
Vraiment, ce Flaubert, quel con !