L'enfant se recroqueville sous ses couvertures. Les rafales de vent secouent la fenêtre de sa chambre, et projette sur les vitres, telle une poignée de gravier, la pluie qui crépite violemment. Oh il va falloir se lever, prendre le petit déjeuner, puis enfourcher son vélo et traverser cette sombre et tumultueuse matinée pour se rendre à l'école.
La porte de sa chambre s'ouvre. La lumière du couloir dessine la silhouette protectrice de la mère qui annonce tout de suite : Il fait un temps épouvantable, mon petit. Reste au lit, je te ferai un mot d'excuses pour l'école. D'accord maman, dit l'enfant d'une voix atone, à peine audible, pour réprimer cette joie qui l'envahit tout à coup.
La porte de la chambre se referme doucement. Alors l'enfant étire tous ses membres, pareil à un chat devant le feu qui brûle dans l'âtre de la cheminée. Maintenant il écoute attentivement le chant merveilleux du vent, la musique des gouttes de pluie qui improvisent une sarabande démentielle sur les carreaux. Il tire toute la literie au dessus de sa tête, et pousse un soupir d'aise.
Oh la volupté des "Jours sombres" !"
(pour wapiti)
....L'enfant devenu adulte ne se lassa jamais de retrouver cette sensation voluptueuse d'être à l'abri de tout, au chaud sous ses couvertures. Les saisons hivernales lui offrirent maintes occasions de renouer avec ce souvenir d'enfance. Ainsi, dès son réveil, il allumait la petite radio posée sur la moquette, au pied de son lit, s'informait de la météo pour la journée, et si l'habituelle voix suave annonçait un brouillard persistant, givrant de surcroit, et qui s'installait durant toute la semaine sur Paris, il décidait de rendre visite a son médecin particulier. Les mains sous la nuque, il envisageait le scenario de la consultation qui, en fait, ne posait jamais de problèmes, mais il lui fallait se raconter, parler de politique, et puis son médecin aimait l'entendre évoquer ses voyages, tiens, cette fois ci, il lui parlerait de l'ascension du Mont Emei, en Chine, sur les traces du grand poète de l'époque T'ang : Li Po, l'immortel banni, qui avait écrit ce poème : "Ascension du Mt Emei", il lui raconterait les silhouettes géantes figées dans la brume permanente, la cérémonie dans le temple du monastère de "La dent du Tigre", et à la fin il partirait avec sa semaine de repos. Bon, maintenant il devait avertir son responsable, à son boulot, qu'il était dans l'impossibilité de venir s'ennuyer dans ses locaux. Tout d'abord, il lui semblait indispensable de se concentrer, de s'imaginer dans des situations fort désagréables, voire tristes, afin d'être crédible dans le ton souffreteux qu'il emploierait. Puis, il composait le numéro honni et : Bonjour monsieur, c'est Geob à l'appareil, je ne me sens pas bien aujourd'hui, je vais consulter mon médecin. Très bien. Je vous souhaite un bon rétablissement monsieur Geob. Merci monsieur, je ferais mon possible, dit-il d'une voix atone, presque inaudible, pour tenter de contenir un immense éclat de rire.
Il raccrochait, étirait langoureusement tous ses membres, comme un chat devant le feu qui brûle dans l'âtre de la cheminée. Alors, les yeux grands ouverts, il voyait la porte de sa chambre qui s'ouvrait, la lumière du couloir qui dessinait l'ombre protectrice de la mère : Tu as bien fait, mon petit.
La porte de la chambre se refermait doucement.
Oh la volupté des "Jours Sombres" !"
La porte de sa chambre s'ouvre. La lumière du couloir dessine la silhouette protectrice de la mère qui annonce tout de suite : Il fait un temps épouvantable, mon petit. Reste au lit, je te ferai un mot d'excuses pour l'école. D'accord maman, dit l'enfant d'une voix atone, à peine audible, pour réprimer cette joie qui l'envahit tout à coup.
La porte de la chambre se referme doucement. Alors l'enfant étire tous ses membres, pareil à un chat devant le feu qui brûle dans l'âtre de la cheminée. Maintenant il écoute attentivement le chant merveilleux du vent, la musique des gouttes de pluie qui improvisent une sarabande démentielle sur les carreaux. Il tire toute la literie au dessus de sa tête, et pousse un soupir d'aise.
Oh la volupté des "Jours sombres" !"
(pour wapiti)
....L'enfant devenu adulte ne se lassa jamais de retrouver cette sensation voluptueuse d'être à l'abri de tout, au chaud sous ses couvertures. Les saisons hivernales lui offrirent maintes occasions de renouer avec ce souvenir d'enfance. Ainsi, dès son réveil, il allumait la petite radio posée sur la moquette, au pied de son lit, s'informait de la météo pour la journée, et si l'habituelle voix suave annonçait un brouillard persistant, givrant de surcroit, et qui s'installait durant toute la semaine sur Paris, il décidait de rendre visite a son médecin particulier. Les mains sous la nuque, il envisageait le scenario de la consultation qui, en fait, ne posait jamais de problèmes, mais il lui fallait se raconter, parler de politique, et puis son médecin aimait l'entendre évoquer ses voyages, tiens, cette fois ci, il lui parlerait de l'ascension du Mont Emei, en Chine, sur les traces du grand poète de l'époque T'ang : Li Po, l'immortel banni, qui avait écrit ce poème : "Ascension du Mt Emei", il lui raconterait les silhouettes géantes figées dans la brume permanente, la cérémonie dans le temple du monastère de "La dent du Tigre", et à la fin il partirait avec sa semaine de repos. Bon, maintenant il devait avertir son responsable, à son boulot, qu'il était dans l'impossibilité de venir s'ennuyer dans ses locaux. Tout d'abord, il lui semblait indispensable de se concentrer, de s'imaginer dans des situations fort désagréables, voire tristes, afin d'être crédible dans le ton souffreteux qu'il emploierait. Puis, il composait le numéro honni et : Bonjour monsieur, c'est Geob à l'appareil, je ne me sens pas bien aujourd'hui, je vais consulter mon médecin. Très bien. Je vous souhaite un bon rétablissement monsieur Geob. Merci monsieur, je ferais mon possible, dit-il d'une voix atone, presque inaudible, pour tenter de contenir un immense éclat de rire.
Il raccrochait, étirait langoureusement tous ses membres, comme un chat devant le feu qui brûle dans l'âtre de la cheminée. Alors, les yeux grands ouverts, il voyait la porte de sa chambre qui s'ouvrait, la lumière du couloir qui dessinait l'ombre protectrice de la mère : Tu as bien fait, mon petit.
La porte de la chambre se refermait doucement.
Oh la volupté des "Jours Sombres" !"