Voici ma recette pour bien commencer la journée : je me branche sur France Inter pour écouter la chronique de Stéphane Guillon, tout en appréciant ma tartine beurrée que je viens de tremper dans mon gros bol de café au lait. Mais ce matin là une sonnerie inopportune décida de me faire rater cette recette. J'ouvris ma porte d'entrée, prêt à envoyer paître l'éventuel marchand de tapis, ou je ne sais quoi. L'aspect du type qui se trouvait devant moi doucha vite mon courroux : plus grand que moi, carré d'épaules, blond, arborant une moustache filandreuse, il se présenta comme inspecteur de police. Il me demanda si j'avais entendu du bruit, cette nuit, provenant de l'appartement au dessous de mon studio. Je répondis que non, dans le cas contraire j'aurais répondu pareil, car, dès que j'entends du bruit, je sors mes boules Quiès. Le flic prit quelques notes et s'en retourna. Je refermai la porte, je repris mon petit déjeuner machinalement, mon esprit occupé par cette visite qu'aucune personne sensée ne souhaiterait. Je savais de quel appartement du 5 ième il s'agissait, ça ne pouvait être que celui-la, je n'avais pas eu besoin de demander des précisions à mon visiteur : il était occupé par un frère et une soeur dont le loisir principal consistait à se droguer et sans doute à dealer. Il y a quelques mois, la fille avait été retrouvée morte dans sa voiture, victime d'une overdose. Quant à son frère, je l'avais croisé dans l'escalier dernièrement, prostré sur une marche, incapable de répondre à ma proposition de lui venir en aide. Bien triste tout ça, glauque ! Une demi-heure plus-tard, je descendis pour acheter un journal et le lire dans un café. Quelques marches avant que d'arriver au cinquième étage, je marquai un temps d'arrêt, stupéfait par ce qui s'offrait devant moi : le frère était allongé sur le palier, raide mort. La porte de son appartement était ouverte, j'entendais des gens parler, remuer des tiroirs, pousser des objets. Les flics semblaient fouiller l'apartement de fond en comble. Merde, me suis-je dis, ils auraient pu tout de même le recouvrir d'une couverture, au lieu de le laisser comme ça, abandonné comme un objet encombrant ! En passant sur le palier, ce fut plus fort que moi, je m'attardai quelque peu pour observer le cadavre : le visage n'arborait aucune marque, mais sur son pull il y avait une petite trace noire, ronde. N'avez-vous rien entendu? m'avait demandé le flic. Peut être était-ce un coup de feu?...En fait, je n'en savais rien, n'étant pas un spécialiste, alors je continuai ma descente vers le rez-de-chaussée.
Vers les midi, je revins chez moi. Je montais alors tranquillement les marches de l'escalier. Arrivé au cinquième...j'étouffai un cri de colère : le cadavre était toujours sur le palier ! C'était pas possible ! Ils se foutaient vraiment de la gueule des gens, ces flics ! Ils n'avaient pas encore trouvé quelque chose pour le recouvrir, ou alors le faire embarquer pour la morgue ? Là, sous l'emprise de mon irritation, j'eus une terrible envie d'entrer dans l'appartement qu'ils continuaient à mettre sans dessus dessous, et les invectiver comme des poissons pourris, non mais des fois ! Une envie seulement, rien qu'une pulsion vite dominée, je jugeai plus approprié à ma situation de passer ma colère sur une personne moins officielle. Je descendis quatre à quatre les marches. Dans la cour, j'allai frapper à la porte de ma concierge. Elle ouvrit en prenant son temps - ah la feignasse !
J'attaquai fort :
- Et les escaliers, jamais vous n'y allez ?
- Ouh là ! Qu'y a-t-il monsieur Geob, vous m'avez l'air bien énervé ?!
- Madame, il y a un cadavre sur le palier ! Depuis des heures madame ! Depuis des heures ! Un cadavre sur le palier, ça fait désordre !
Vers les midi, je revins chez moi. Je montais alors tranquillement les marches de l'escalier. Arrivé au cinquième...j'étouffai un cri de colère : le cadavre était toujours sur le palier ! C'était pas possible ! Ils se foutaient vraiment de la gueule des gens, ces flics ! Ils n'avaient pas encore trouvé quelque chose pour le recouvrir, ou alors le faire embarquer pour la morgue ? Là, sous l'emprise de mon irritation, j'eus une terrible envie d'entrer dans l'appartement qu'ils continuaient à mettre sans dessus dessous, et les invectiver comme des poissons pourris, non mais des fois ! Une envie seulement, rien qu'une pulsion vite dominée, je jugeai plus approprié à ma situation de passer ma colère sur une personne moins officielle. Je descendis quatre à quatre les marches. Dans la cour, j'allai frapper à la porte de ma concierge. Elle ouvrit en prenant son temps - ah la feignasse !
J'attaquai fort :
- Et les escaliers, jamais vous n'y allez ?
- Ouh là ! Qu'y a-t-il monsieur Geob, vous m'avez l'air bien énervé ?!
- Madame, il y a un cadavre sur le palier ! Depuis des heures madame ! Depuis des heures ! Un cadavre sur le palier, ça fait désordre !