par Pondy Mer 5 Oct - 18:11
Non, finalement, je ne raconterai pas l’histoire de Jules.
Pas parce que j’ai emmené frère, sœur, cousines et cousins hors de la pièce
Pas parce que je n’ai rien entendu.
Parce que la pastèque est tombée, a éclaté, le jus rubis a giclé jusque sur le mur blanc, Jules a pleuré fort, très fort.
Parce que le panchayat a posé son bâton, s’est levée, a pris Jules dans ses bras, a dit :
« Ton chagrin est aussi lourd que cette pastèque, tu vois elle a éclaté, c’est parfait, maintenant tu peux parler »
Parce qu’une peine comme celle-ci, c’est intime, il faut rester discret, on a filé.
Notre panchayat sait que le plus important c’est écouter. Et aussi ne jamais se moquer, minimiser ou ridiculiser.
On a retrouvé Jules un peu plus tard, il avait encore les yeux brillants mais il riait alors tout allait bien.
Faut pas croire qu’on ne raconte que nos soucis, c’est même plutôt rare parce que l’Heure du Panchayat, c’est une heure de rigolade. On présente nos différends avec les voisins. Celui qui pique nos mangues et nos papayes, celui qui crève les pneus des gens qui se garent devant chez lui, celui qui pique les culottes sur le fil à linge, celle qui fait des bisous à un homme qui n’est pas son mari etc.
Le panchayat écoute puis le bâton frappe le sol et le verdict tombe et c’est drôle, toujours, et juste et équitable.
Voilà, c’est pour ça que je veux être magistrate.