4 h ce matin
L’aube blême n’a pas encore effacé la nuit.
Depuis quelques jours j’ai cessé de dormir seulement emmitouflée de ma peau nue.
Les nuits sont maintenant fraîches et avant l’aube j’ai retrouvé ma vieille robe de chambre si usée qu’elle est piquetée de transparence.
Assise sur la pierre froide du perron, le nez dans la vapeur odorante et brûlante du café c’est mon heure bénie, celle ou je réfléchis, celle où j’ordonne mes pensées qui s’éparpillent sans cesse dans ces nuits d’insomnie.
Les premiers pépiements timides des oiseaux nichés dans le chèvrefeuille trouent à peine le silence.
Même le coq dort encore.
On dirait que mes neurones frottent dans mon cerveau comme les cymbales d’une cigale. Un crissement si fatiguant :
- Comment continuer d’accompagner vieux papa. Hier soir il a dit d’un ton désolé : « il n’y a pas assez de personnel dans cet établissement, vous devriez recruter ».
Peut-être se rend t-il compte de ce tournoiement de ma vie ?
Le bel été est achevé, les nuits paisibles sont achevées, chacun a repris le chemin d’une existence quotidienne, les petits- enfants vont reprendre l’école, le collège, le lycée. La moto a repris sa place dans la grange, sans la bâche protectrice, les hirondelles sont déjà parties, si tôt cette année, c’est étrange.
« Qu’est-ce que je vais faire à manger à midi ? »
« Il faut aller acheter des nonnettes, au moins ça il mangera »
« Pourvu qu’Homme trouve pourquoi y’a un voyant orange qui s’allume dans ma voiture ? »
« Faut renouveler l’ordonnance de vieux papa, chuis sure que le médecin est en vacances »
« Pauvres gens en Afghanistan, 40 ans de guerre et de désolation et moi je me plains »
« J’vais pas finir ce polar, il est archi nul »
« A tous les coups faudra changer les draps lourds de pisse »
« Fais gaffe à pas déprimer »
« J’voudrais retourner en Russie tout l’hiver dans le village de Sveta et Vova »
« Déjà tant d’années que nous nous sommes mariés en Inde, je n’ai rien vu passer »
« Faut que je remette des croquettes de chat pour le hérisson, il est où d’ailleurs ? »
« Ca m’énerve d’avoir oublié les filets de poulet dans le frigo, sont daubés, ça pue, j’vais demander à Homme de les jeter dans le pré pour le renard, sinon je vais vomir »
« pourquoi le gardénia n’a pas fleuri ? »
« merde un avion de chasse à cette heure, c’est foutu, il va se réveiller »
« faut remettre des piles dans la balance »
« faut que je m’épile, ras le bol de ces poils qui poussent au menton »
« demain il va à l’accueil de jour, j’irais voir Joëlle »
« p’têtre qu’il fera beau ce week-end, on fera un barbeuque avec les copains, c’est facile »
Café fini, clope consumée, pieds gelés et fesses froides, je rentre.
Le ciel s’éclaircit, j’entends le ronflement de Homme et aucun bruit chez Vieux Papa.
Youpi j’ai le temps d’écrire au Village, j’vais mettre ça dans – états d’âme - ? Non c’est trop long, alors dans – les plumes s’envolent - ?
Est-ce que tous les gens du village ont des pensées qui jouent des castagnettes à l’aube ?
J’me demande toujours s’ils sont heureux ?
Finalement, je ne sais rien de leurs vies.
J’ai lu que le bonheur c’est de connaître sa définition pour ne plus le chercher.
Je crois que chacun à sa propre définition.
L’aube blême n’a pas encore effacé la nuit.
Depuis quelques jours j’ai cessé de dormir seulement emmitouflée de ma peau nue.
Les nuits sont maintenant fraîches et avant l’aube j’ai retrouvé ma vieille robe de chambre si usée qu’elle est piquetée de transparence.
Assise sur la pierre froide du perron, le nez dans la vapeur odorante et brûlante du café c’est mon heure bénie, celle ou je réfléchis, celle où j’ordonne mes pensées qui s’éparpillent sans cesse dans ces nuits d’insomnie.
Les premiers pépiements timides des oiseaux nichés dans le chèvrefeuille trouent à peine le silence.
Même le coq dort encore.
On dirait que mes neurones frottent dans mon cerveau comme les cymbales d’une cigale. Un crissement si fatiguant :
- Comment continuer d’accompagner vieux papa. Hier soir il a dit d’un ton désolé : « il n’y a pas assez de personnel dans cet établissement, vous devriez recruter ».
Peut-être se rend t-il compte de ce tournoiement de ma vie ?
Le bel été est achevé, les nuits paisibles sont achevées, chacun a repris le chemin d’une existence quotidienne, les petits- enfants vont reprendre l’école, le collège, le lycée. La moto a repris sa place dans la grange, sans la bâche protectrice, les hirondelles sont déjà parties, si tôt cette année, c’est étrange.
« Qu’est-ce que je vais faire à manger à midi ? »
« Il faut aller acheter des nonnettes, au moins ça il mangera »
« Pourvu qu’Homme trouve pourquoi y’a un voyant orange qui s’allume dans ma voiture ? »
« Faut renouveler l’ordonnance de vieux papa, chuis sure que le médecin est en vacances »
« Pauvres gens en Afghanistan, 40 ans de guerre et de désolation et moi je me plains »
« J’vais pas finir ce polar, il est archi nul »
« A tous les coups faudra changer les draps lourds de pisse »
« Fais gaffe à pas déprimer »
« J’voudrais retourner en Russie tout l’hiver dans le village de Sveta et Vova »
« Déjà tant d’années que nous nous sommes mariés en Inde, je n’ai rien vu passer »
« Faut que je remette des croquettes de chat pour le hérisson, il est où d’ailleurs ? »
« Ca m’énerve d’avoir oublié les filets de poulet dans le frigo, sont daubés, ça pue, j’vais demander à Homme de les jeter dans le pré pour le renard, sinon je vais vomir »
« pourquoi le gardénia n’a pas fleuri ? »
« merde un avion de chasse à cette heure, c’est foutu, il va se réveiller »
« faut remettre des piles dans la balance »
« faut que je m’épile, ras le bol de ces poils qui poussent au menton »
« demain il va à l’accueil de jour, j’irais voir Joëlle »
« p’têtre qu’il fera beau ce week-end, on fera un barbeuque avec les copains, c’est facile »
Café fini, clope consumée, pieds gelés et fesses froides, je rentre.
Le ciel s’éclaircit, j’entends le ronflement de Homme et aucun bruit chez Vieux Papa.
Youpi j’ai le temps d’écrire au Village, j’vais mettre ça dans – états d’âme - ? Non c’est trop long, alors dans – les plumes s’envolent - ?
Est-ce que tous les gens du village ont des pensées qui jouent des castagnettes à l’aube ?
J’me demande toujours s’ils sont heureux ?
Finalement, je ne sais rien de leurs vies.
J’ai lu que le bonheur c’est de connaître sa définition pour ne plus le chercher.
Je crois que chacun à sa propre définition.