Il n'y a pas photo !
On le voit dormir, ou plutôt allongé, terrassé par son dénuement, par le manque de nourriture et d'hygiène, derrière le Novotel de la gare n°3 de Montparnasse, là où entrent les taxis. Il s'adosse contre le mur de l'hôtel, les gens passent, moi en premier, en faisant un écart tant son odeur effarante agresse les narines, une odeur si puissante qu'elle imprègne le sol, même si on ne le voit pas lorsqu'on s'approche, on le devine déjà à une trentaine de mètres quand il y a du vent, et son odeur a subsisté après une journée de pluie alors qu'il était parti je ne sais où pour s'abriter. Quelquefois, les employés de l'hôtel mette du grésyl quand il n'est pas là, je ne sais pas si c'est pour le dissuader de revenir, en tout cas il revient toujours : il y a une bouche d'aération au bas du mur qui diffuse de la chaleur. C'est un blanc, il porte une barbe, il est jeune, il n'a pas trente ans, et je ne le prendrai pas en photo, jamais.