Hier soir, j'ai fini de lire " Journal des années noires " de Jean Guéhenno, Livre de Poche, acheté 20 centimes sur le boulevard Saint Michel. Comme 99% de Français, Guéhenno a supporté péniblement l'occupation allemande en 40/44, il s'est révolté par écrit dans son Journal - rien que l'écrire aurait pu lui valoir de graves ennuis -, tout en restant droit dans son milieu universitaire, devant ses élèves et la pression qui s’exerçait sur lui - il refusait de collaborer. Et comme 99% des Français, il a eu cette obsession d'acquérir ses tickets de rationnement, il a perdu des journées entières dans des files d'attente : il fallait se nourrir, ne pas crever de froid durant les hivers.
Le 28 novembre 1943, Guéhenno parle d'un petit livre que lui ont envoyé les Dominicains : " La France pays de mission?". Les auteurs évoquent la déchristianisation du pays (déjà!), et imaginent les prêtres en missionnaires pour reconquérir les territoires perdus par la religion. Et puis je suis arrivé sur ce paragraphe saisissant, écrit par Géhenno :
" Leurs conclusions sont d'ailleurs pleines de doute. Ils écrivent : << Si nous ne faisons pas de missions pour nos prolétaires sans religion et sans culture, d'autres en feront ; et ils ne tarderont pas à avoir une culture et une religion... Plaise à Dieu qu'elle ne soit pas trop loin alors de celle du Christ...>>"
Les auteurs de cette réflexion ne sont sans doute plus de ce monde, mais leur réflexion lumineuse, basée sur principe très simple : la nature a horreur du vide, s'est avérée oh combien exacte. Les soutanes et les cornettes ont déserté l'espace publique depuis belle lurette, les pauvres et les affamés se font aidés par des O.N.G. et les restaurants du Cœur. Alors, où est-elle cette France chrétienne dont on nous rabat les oreilles tous les jours? Pour les pauvres, elle est visiblement absente, mais, quand il s'agit de s'occuper de la culotte des autres (1), alors là, la France chrétienne n'hésite pas à sortir son chapelet et à s'encanailler dans les manifestations.
Il ne faut donc pas s'étonner de voir de jeunes métropolitains convertis avec une barbe fournie, des jeunes filles converties entièrement voilées, les plus fanatiques au point de gêner les musulmanes de souche. La religion musulmane leur a offert une spiritualité qu'ils n'ont pas trouvé dans le consumérisme, elle leur donne un cadre et un idéal de vie. En plus, la religion musulmane n'est pas bégueule, élitiste : il suffit d'une poignée de main pour entrer dans leur communauté.
Aujourd'hui, nous sommes sidérés de constater que des gens prennent le temps de prier, suivent le "ramadan", nous rappelant ainsi que, il y a longtemps, les chrétiens suivaient le carême, mais nous nous croyons supérieurs puisque nous avons abandonné nos maintenant soi-disant racines chrétiennes, nous sommes devenus laïcs et nous désirons ardemment que la laïcité veuille dire la mort de toutes les religions, car, pour nous, un retour à la religion serait synonyme d'un retour sur un passé révolu, archaïque.
L'autre jour, devant la gare Montparnasse, deux jeunes femmes distribuaient des prospectus. J'en ai pris un, imaginant une publicité. En fait, c'était... L'église de scientologie !!! Mince ! Ils sont toujours là, eux aussi ! Ils s'accrochent à la désespérance occidentale comme des moules à un rocher !!!
Au lieu de nous casser les oreilles avec nos racines chrétiennes, les prêtres feraient mieux de remettre leurs soutanes, les religieuses arborer leurs cornettes... et tiens, qu'elles aillent ouvrir des dispensaires dans le 93 au lieu de faire des confitures !
Il me semble que c'est J.J. Rousseau qui, dans "Le contrat social", prône une religion pour le peuple, Robespierre en avait conscience aussi. Je suis d'accord, une société sans spiritualité devient une société décadente.
Oui, vive Dieu, ou autre chose qui permette à l'être humain une transcendance introuvable dans les objets qui le font rêver.
Pour ma part, je reste un mécréant : j'ai fait mes classes de "mécréance" au Petit Séminaire !
1) Tiens, le Pape François a dû donner des boutons à "La manif pour tous", en affirmant que l’Église devrait regarder ailleurs que dans l'intimité des êtres humains.
Maadadayo !
Le 28 novembre 1943, Guéhenno parle d'un petit livre que lui ont envoyé les Dominicains : " La France pays de mission?". Les auteurs évoquent la déchristianisation du pays (déjà!), et imaginent les prêtres en missionnaires pour reconquérir les territoires perdus par la religion. Et puis je suis arrivé sur ce paragraphe saisissant, écrit par Géhenno :
" Leurs conclusions sont d'ailleurs pleines de doute. Ils écrivent : << Si nous ne faisons pas de missions pour nos prolétaires sans religion et sans culture, d'autres en feront ; et ils ne tarderont pas à avoir une culture et une religion... Plaise à Dieu qu'elle ne soit pas trop loin alors de celle du Christ...>>"
Les auteurs de cette réflexion ne sont sans doute plus de ce monde, mais leur réflexion lumineuse, basée sur principe très simple : la nature a horreur du vide, s'est avérée oh combien exacte. Les soutanes et les cornettes ont déserté l'espace publique depuis belle lurette, les pauvres et les affamés se font aidés par des O.N.G. et les restaurants du Cœur. Alors, où est-elle cette France chrétienne dont on nous rabat les oreilles tous les jours? Pour les pauvres, elle est visiblement absente, mais, quand il s'agit de s'occuper de la culotte des autres (1), alors là, la France chrétienne n'hésite pas à sortir son chapelet et à s'encanailler dans les manifestations.
Il ne faut donc pas s'étonner de voir de jeunes métropolitains convertis avec une barbe fournie, des jeunes filles converties entièrement voilées, les plus fanatiques au point de gêner les musulmanes de souche. La religion musulmane leur a offert une spiritualité qu'ils n'ont pas trouvé dans le consumérisme, elle leur donne un cadre et un idéal de vie. En plus, la religion musulmane n'est pas bégueule, élitiste : il suffit d'une poignée de main pour entrer dans leur communauté.
Aujourd'hui, nous sommes sidérés de constater que des gens prennent le temps de prier, suivent le "ramadan", nous rappelant ainsi que, il y a longtemps, les chrétiens suivaient le carême, mais nous nous croyons supérieurs puisque nous avons abandonné nos maintenant soi-disant racines chrétiennes, nous sommes devenus laïcs et nous désirons ardemment que la laïcité veuille dire la mort de toutes les religions, car, pour nous, un retour à la religion serait synonyme d'un retour sur un passé révolu, archaïque.
L'autre jour, devant la gare Montparnasse, deux jeunes femmes distribuaient des prospectus. J'en ai pris un, imaginant une publicité. En fait, c'était... L'église de scientologie !!! Mince ! Ils sont toujours là, eux aussi ! Ils s'accrochent à la désespérance occidentale comme des moules à un rocher !!!
Au lieu de nous casser les oreilles avec nos racines chrétiennes, les prêtres feraient mieux de remettre leurs soutanes, les religieuses arborer leurs cornettes... et tiens, qu'elles aillent ouvrir des dispensaires dans le 93 au lieu de faire des confitures !
Il me semble que c'est J.J. Rousseau qui, dans "Le contrat social", prône une religion pour le peuple, Robespierre en avait conscience aussi. Je suis d'accord, une société sans spiritualité devient une société décadente.
Oui, vive Dieu, ou autre chose qui permette à l'être humain une transcendance introuvable dans les objets qui le font rêver.
Pour ma part, je reste un mécréant : j'ai fait mes classes de "mécréance" au Petit Séminaire !
1) Tiens, le Pape François a dû donner des boutons à "La manif pour tous", en affirmant que l’Église devrait regarder ailleurs que dans l'intimité des êtres humains.
Maadadayo !