Un été avec Montaigne
L'été dernier, sur France Inter, Antoine Compagnon a parlé avec bonheur des Essais de Montaigne, au cours de quarante chroniques de cinq minutes qui furent une délectation pour l'esprit, des vitamines pour passer une journée excellente. J'en ai raté quelques unes, dont la quarantième. Alors j'ai acheté le bouquin : Un été avec Montaigne, aux Éditions des Équateurs/France Inter.
Pour la dernière émission, Antoine Compagnon se décida à citer la conclusion des Essais, après tout...
... " Mais si Montaigne l'a dit, de quel droit ne pas le redire ? Allons-y, puisque c'est la dernière occasion : << Ésope ce grand homme vit sont maître qui pissait en se promenant, Quoi donc, fit-il, nous faudra-t-il chier en courant ? Ménageons le temps, encore nous en reste-t-il beaucoup d'oisif, et mal employé>> (III, 13, 1739)
Toute une philosophie de la vie est ainsi résumée en quelques mots frappants. Les hommes de la Renaissance ne faisaient pas tant de manières que nous et disaient franchement ce qu'ils pensaient. Le dernier chapitre des Essais, << De l'expérience>>, expose la sagesse finale de Montaigne, souvent associée à l'épicurisme. Prenons le temps de vivre ; suivons la nature ; jouissons du moment présent ; ne nous précipitons pas pour rien. Festina lente ou << Hâtes toi lentement>>, comme le résumait une devise paradoxale prisée par Erasme...
... Pressons le pas quand nous avons de la peine, mais savourons tranquillement les plaisirs de l'instant. Carpe diem, disait Horace. <> ; profites du moment dans sa plénitude sans penser à la mort..."
Antoine Compagnon termine sa visite des Essais par une phrase magnifique et réconfortante...
..." Montaigne trouve même à reprocher à Socrate, son suprême héros, d'avoir voulu échapper à la condition humaine en ayant un démon qui le tirait par la manche comme un ange gardien. Montaigne, lui, c'est l'homme nu, soumis à la nature, approuvant son sort, notre frère."
Antoine Compagnon.
Qui va doucement, va longtemps (pour Les loges de la lenteur)
L'été dernier, sur France Inter, Antoine Compagnon a parlé avec bonheur des Essais de Montaigne, au cours de quarante chroniques de cinq minutes qui furent une délectation pour l'esprit, des vitamines pour passer une journée excellente. J'en ai raté quelques unes, dont la quarantième. Alors j'ai acheté le bouquin : Un été avec Montaigne, aux Éditions des Équateurs/France Inter.
Pour la dernière émission, Antoine Compagnon se décida à citer la conclusion des Essais, après tout...
... " Mais si Montaigne l'a dit, de quel droit ne pas le redire ? Allons-y, puisque c'est la dernière occasion : << Ésope ce grand homme vit sont maître qui pissait en se promenant, Quoi donc, fit-il, nous faudra-t-il chier en courant ? Ménageons le temps, encore nous en reste-t-il beaucoup d'oisif, et mal employé>> (III, 13, 1739)
Toute une philosophie de la vie est ainsi résumée en quelques mots frappants. Les hommes de la Renaissance ne faisaient pas tant de manières que nous et disaient franchement ce qu'ils pensaient. Le dernier chapitre des Essais, << De l'expérience>>, expose la sagesse finale de Montaigne, souvent associée à l'épicurisme. Prenons le temps de vivre ; suivons la nature ; jouissons du moment présent ; ne nous précipitons pas pour rien. Festina lente ou << Hâtes toi lentement>>, comme le résumait une devise paradoxale prisée par Erasme...
... Pressons le pas quand nous avons de la peine, mais savourons tranquillement les plaisirs de l'instant. Carpe diem, disait Horace. <
Antoine Compagnon termine sa visite des Essais par une phrase magnifique et réconfortante...
..." Montaigne trouve même à reprocher à Socrate, son suprême héros, d'avoir voulu échapper à la condition humaine en ayant un démon qui le tirait par la manche comme un ange gardien. Montaigne, lui, c'est l'homme nu, soumis à la nature, approuvant son sort, notre frère."
Antoine Compagnon.
Qui va doucement, va longtemps (pour Les loges de la lenteur)