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    Message par geob Mer 30 Oct - 3:47

    La crêpière musulmane



       Cela doit faire six à sept mois que je ne lui ai plus acheté une crêpe. Hier soir, j'ai vu qu'elle avait installé sa roulotte en face du temple, sur l'avenue qui mène au monument du roi Mengrai. C'est vers 17h que l'avenue s'anime, les restaurants commencent à ouvrir, et les ambulants installent les tables et les chaises sur le trottoir. La musulmane, elle, elle se met un peu à l'écart des lumières.

    Lorsque je me suis approché, j'ai constaté qu'elle m'avait reconnu, mais, le plus étonnant, c'est que je n'ai pas eu besoin de préciser que je ne voulais d’œuf dans ma "pancake banana" : "no egg !" m'a-elle devancé en souriant. Comme quoi, dans ce quartier, il n'y a pas beaucoup de touristes qui passent régulièrement.


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    Message par geob Lun 4 Nov - 15:57

    Le sourire des Thaïlandais


    Bon, je le dis tout de suite, je préfère que l'on me sourit plutôt que l'on me fasse la gueule, mais le fameux sourire thaï, le pays du sourire, le P.D.S. comme l'abrège parfois les expatriés, me donne maintenant de l'urticaire. Entendons nous bien, je ne veux parler exclusivement que de ce sourire de convenance, celui qui imprègne les touristes qui viennent pour la première fois en Thaïlande, cette grimace qui accentue les rides, cette crispation des zygomatiques qui illusionne les naïfs et déclenchent chez eux, sans doute par réflexe Pavlovien, un sourire de contentement qui leur feront dire plus tard : ah comme les thaïs sont accueillants !.  Mais il n'est pas destiné exclusivement aux touristes, ce sourire, il est pratiqué entre gens du pays car, en fin de compte, c'est un signe de politesse, une façon de se dire que chacun reste à sa place. Une fois les regards détournés, il s'éteint en une fraction de seconde. Et ce n'est pas que les adultes. Je me souviens de cette petite fille à Chiang Mai, il y a belle lurette, pendant un festival des fleurs, qui posait au milieu des orchidées pour ses parents. Elle avait une triste figure jusqu'à tant que son père lui indiquât qu'il commençait à compter... nung... alors le visage s'illumina... song, sam... après trois, le sourire s'éteignit instantanément,  comme on éteint une lumière avant de quitter une pièce. J'étais sidéré, refroidi quant à ce fameux sourire thaï. On apprend aux enfants à faire cette grimace dès leur plus jeune âge !

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    Admirez ces sourires, LES fameux sourires thaïs... horreur !

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    (c'était un samedi soir, sur le "walking market" de Chiang Rai, mais, non loin de là, il y a la mère-chapeau qui ne se croit pas obligé de grimacer, bien au contraire)

    D'ailleurs il ne faut pas croire que les Thaïs sourient tout le temps, ils savent aussi faire la gueule.

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    Debriefing - Page 9 Alapha12

    Dorénavant, à un sourire thaï manifestement de circonstance, je réponds toujours par une attitude neutre, indifférente, qui a le don de réduire d'un coup l'amplitude de la crispation des zygomatiques, mais il ne s'efface pas pour autant d'un coup,  il s'estompe lentement, il devient une esquisse de sourire, le signe de la déconvenue  d'avoir voulu se comporter mécaniquement.

    Heureusement, on peut rencontrer des sourires... humains, des sourires de bienveillance. Parfois, j'arrive à en photographier, et ça me fait plaisir !


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    (j'adore ce sourire, j'y vois comme une trace d'ironie, un autre jour de la bienveillance amusée devant ce farang qui la prend en photo. En tout cas, elle ne s'est pas crue obliger de faire la grimace !)


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    (il a 84ans, un sourire de bonté)


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    ( c'est la première fois que ça m'arrive : je lui ai demandé l'autorisation de la photographier, et je crois que son sourire montre bien que cela lui a fait plaisir. Au fond, si son visage m'a attiré, c'est  parce qu'elle ne ressemble pas à une thaïe !)








    Maadadayo !
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    Message par tcvoyageur Mer 6 Nov - 18:41

    Ravi de lire ceci, surtout de la part d'un habitué de la Thaïlande.top ! 

    Je me souviens avoir écrit, il y a quelques mois, dans un mail envoyé à des amis (désolé, je ne suis pas très blog) quelque chose du même style, dans lequel j'indiquais que ces "faux" sourires m'exaspéraient et que je considérais que les thaïlandais ne méritaient pas les éloges qui leur étaient faits (sur ce point).furax 

    Je terminais en concluant par le fait que ce titre du "pays du sourire" (accordé à la Thaïlande) n'avait pas été donné au bon pays. Si ce n'était que de moi, c'est à la Chine que je le remettrais.sourire clin d'oeil 


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    Message par geob Lun 11 Nov - 15:21


    Les salons de coiffure sur l’ile de Hainan.

    Je ne connais pas la Chine du XXI e siècle, mais celle de 1994 m'a laissé un souvenir impérissable, à tous les niveaux. Nous avons constaté que les Chinois avaient le sens de l'humour, pour ma part il m'est arrivé d'en dérider certains, certaines. Quant à dire que ce serait le pays du sourire, oui, peut être à cette époque là, bien lointaine, il me semble que je parle du moyen âge, en tout cas nous nous avons rencontré beaucoup de gens sympathiques et souriants au cours de notre pérégrination. Mais ce qui nous a le plus frappé, au bout de quelques jours, ce fut le nombre étonnant de salons de coiffure. Tout de même ! Ils prenaient bien soin de leurs personnes, ces Chinois ! Évidemment, ce ne sont pas les livres guides de voyage qui auraient pu nous en expliquer la raison, ils sont surtout préoccupés de morale et d'écologie, de culture et de respect des traditions, et plein de conseils édifiants pour voyager "solidaire". Et pourquoi pas "bio" pendant qu'on y est? Il y a belle lurette que je ne passe plus à "La maison de Chine", à Paris, où on ne voit que des gens aisés se renseigner sur les voyages organisés que cette agence propose. Ah au retour, ils diront qu'ils ont fait la Chine, la Cité interdite d'abord, la Muraille, l'armée enterrée, un bout de la Route de la Soie, bref, une Chine du passé, mais avec une étape à Shanghai pour en avoir plein les mirettes de la Chine d'aujourd'hui aux milles lumières, et voilà, le tour est fait. Bon, disons le tout de suite, nous n'avons pas fait la Chine, nous n'avons pas vu Pékin, Shanghai, la Muraille, et patati et patata, nous avons tout simplement côtoyé les gens du peuple, arpentés les trottoirs, nous sommes allés dans des lieux ignorés des touristes parce qu'il n'y avait rien à voir et donc beaucoup à apprendre sur la vie en Chine, j'ai eu un sacré fou rire dans un salon de massage tenu par l'Armée, à Chengdu, et aussi un peu d'inquiétude dans le monte-charge dans lequel on nous a dit d'entrer, en compagnie de deux officiers militaires, pour être déposé à un étage où nous fûmes accueillis par deux employés en chemise blanche et pantalon noir, avec un nœud papillon en guise de cravates - le lieu était vraiment huppé !- ; nous avons mangé dans des restaurants très simples mais si bon, au milieu de Chinois chaleureux qui nous souriaient parfois, sauf une vieille dame, je ne me souviens plus où, outrée parce que nous avions laissé des restes dans nos assiettes, des os avec encore de la viande autour, enfin, que je ne me lance pas dans la cuisine chinoise, j'aurais encore de sacrés souvenirs délectables à raconter, comme de ce restaurant spécialisé dans les serpents, produits vivants dans les vivariums à l'entrée, et d'ailleurs pas que les serpents, ne pas oublier les volatiles dans les cages, les poissons qui nageaient encore, une fois même une tortue que nous avions choisi avant qu'elle ne se fasse trucider par le cuistot, et les simples bouchées farcies à la viande ou aux légumes cuites à la vapeur que nous prenions au petit déjeuner avec les ouvriers, les marchands, les petites gens qui comptaient leur monnaie, stop, stop, j'ai intitulé ces souvenirs "Les salons de coiffure sur l'ile de Hainan", il est temps de prendre l'avion pour s'envoler vers Haïkou, sa capitale.

    Il me semble que nous avions décollé de Kunming ... bon sang, c'était le mois de décembre, en 1994, c'est si loin tout ça, et pourtant je la revois encore, et j'entends toujours son rire...
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    Message par tcvoyageur Lun 11 Nov - 19:05

    Tout comme toi, je n'ai pas "fait la Chine". Je ne suis allé ni à Pékin, ni à Shanghai, ni n'ai vu la muraille de Chine ou l'armée enterrée de Xi'an. Du moins pas encore...

    Tout comme toi, j'ai côtoyé, rencontré les gens, ai déjeuné ou dîné avec eux, fais du vélo avec eux, marché dans la montagne avec eux, écouté de la musique avec eux, suis allé au cinéma avec eux. Je suis également allé chez le coiffeur, ai joué aux cartes et au mahjong et ai été pris en photo des centaines de fois, etc...

    Ce que tu décris correspond en tous points (à une exception près) à la Chine que j'ai découverte (presque 20 ans après) et que j'aime désormais :
    L'exception ?
    geob a écrit:...sauf une vieille dame, je ne me souviens plus où, outrée parce que nous avions laissé des restes dans nos assiettes...
    C'est plutôt le contraire auquel j'ai assisté : un gaspillage énorme de nourriture. La raison (fournie par plusieurs chinois à qui je demandais des explications : "parce que nous ne supportons pas que la nourriture puisse manquer").

    geob a écrit:...c'est si loin tout ça, et pourtant je la revois encore, et j'entends toujours son rire...
    Le rire de qui ?clin d'oeil 

    PS : les salons de coiffure sont toujours en grand nombre. Ils se partagent la place avec les très nombreux magasins de vêtements et/ou de chaussures (féminins pour la plupart), vendeurs de téléphonie mobile et bien entendu restaurants ou stands de nourriture.


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    Message par geob Dim 17 Nov - 10:29

    Les salons de coiffure sur l'île d'Hainan (II)


    Ce matin là, nous nous rendimes sur une plage, dans le sud de l'ile de Hainan. Nous n'avions pas oser nous baigner, les touristes chinois de la diaspora, des étrangers comme nous au regard des droits d'entrée sur les sites payants à visiter, restaient habillés et se baladaient en groupe sur le sable, en regardant la mer avec circonspection. D'ailleurs, c'étaient les seuls touristes que nous croisios depuis notre arrivée sur l'ile.

    Ce fut alors que nous les vîmes surgir sur la plage. Un couple de blancs, les premiers que l'on voyait depuis une dizaine de jours. Ils s'aperçurent de notre présence et vinrent à notre rencontre. Je ne me souviens plus si c'est moi ou l'ami qui annonça : pour venir dans cet endroit, ça ne peut être que des Francais ! A quelques pas de nous, l'homme nous lança :
    - Vous êtes Français?
    -  Oui...
    -... parce qu'on s'est dit, dès qu'on vous a vu, ces deux gars sont des Français pour venir dans un trou pareil.
    Avec le recul, je me dis que c'est vraiment bizarre que nous ayons eu cette réflexion chacun de notre côté, en tout cas elle s'est avéré pertinente. Nous échangeâmes les anecdotes et banalités habituelles que fournissent les voyageurs quand ils se rencontrent, puis nous regagnâmes le centre ville.  Nous avions envie de boire un café, un vrai, un exresso. Peine perdue. Néanmoins nous finîmes par trouver un curieux endroit pour boire quelque chose : il fallait d'abord entrer dans un immeuble, et juste après l'escalier pour accéder aux étages, le bar  était un lieu sans fenêtres, avec juste une vitrine avec sa porte d'entrée en verre qui délimitait l'espace.

    Je m'installai de façon à voir l'entrée de l'immeuble, et la rue avec ses nombreux passants.  Je vis une superbe jeune femme s'introduire dans le couloir, je crus qu'elle venait pour boir quelque chose, mais non, elle prit l'escalier. Bon, elle devait loger ici. Nos consommations furent déposés devant nous, quand une autre jeune femme entra pour prendre sans hésitation l'escalier. Cela commençait à m'intriguer, j'en fis part à l'ami. Quelques instants plus tard, une nouvelle apparition m'incita à la lui signaler aussitôt. Il se retourna et apprécia. Oui, autant de belles Chinoises qui habitaient dans cet immeuble, ça paraissait fort curieux, non?  Il fallait voir ce qui se passait là haut, enfin, non, nous n'allions pas tout de même frapper à toutes les portes. Et puis, voilà-t-il pas qu'une dame d'une cinquantaine d'années, avec un chignon impeccable, descendit de l'escalier et entra dans le café. Après un rapide coup d'oeil, elle s'adressa à l'ami et lui fit une proposition surprenante :
    - Voulez vous vous faire couper les cheveux?  nous avons un salon au premier étage !
    Il répondit aussi sec qu'il n'en avait pas besoin, et moi de dire si, si, tu as en a besoin, c'est le seul moyen de vérifier ce qui se passe dans ce salon. La curiosité est quand même le moteur principal qui fait bouger le voyageur, alors nous suivêmes  la dame jusqu'au premier étage.

    Effectivement, il y avait un salon de coiffure, et toutes ces jeunes femmes que j'avais vu prendre l'escalier : elles étaient assises sur des chaises, comme des clientes qui attendaient leur tour, seulement elles ne protestèrent pas quand l'ami s'installa dans le gros fauteuil que l'on pouvait incliner, monter ou descendre. Visiblement, ces demoiselles attendaient autre chose que de se faire coiffer. Nous commencions à comprendre pourquoi il y avait tant de salons de coiffure en Chine : c'étaient les bordels ! Néanmoins, il fallait confirmer et prouver ce constat basé sur des apparences. Tandis que la patronne oeuvrait sur le crane de l'ami, j'accrochai le regard d'une des pseudo clientes. Sourires. Elle me fit signe de la suivre. Nous sortimes du salon, traversames le palier, et elle ouvrit une porte qui donnait sur un couloir où d'autres portes cachaient une activité qui, dans mon imagination, devait être sulfureuse. Elle ouvrit la première sur la gauche, et nous entrames dans une chambre au décor et à l'ameublement minimaliste, je veux dire par là que les murs étaient verdatres et qu'il y avait rien qu'un lit. Je jetai un coup d'oeil à la salle de bain, oui, oui, d'accord, enfin je me disais plutôt qu'il valait mieux ne pas se risquer à l'utiliser de peur d'attraper des mycoses.

    Elle m'invita à m'assoir à côté d'elle sur le lit, puis elle me parla tout de suite d'argent, ce qui eut sur moi un effet anaphrodisiaque, et cela me donna l'envie de vite regagner le salon de coiffure. Je fis semblant de ne pas comprendre, mais j'entendais quelque chose qui m'intriguait dans cette chambre. Hein? Quoi? Elle m'embêtait à la fin, elle s'imaginait déjà avoir gagné en une journée le salaire mensuel d'un ouvrier d'usine. Ce bruit, ça venait de sous le lit, ça s'apparentait à des grattements sur le parquet, comme si on essayait de griffer le bois. Oh nom de dieu ! Je vis un énorme rat surgir de sous le sommier et se précipiter dans la salle de bain. Bien entendu, elle n'avait rien vu, trop occupée à me convaincre de laisser mes yuans. Je me levai calmement pour lui montrer que je préférais regagner le salon.
    - Alors? me demanda l'ami.
    - C'est bien un bordel ! Vu le nombre de salons de coiffure, les chinois doivent avoir le choix !
    - Et alors? continua-t-il
    - Alors, rien, il y avait déjà un client : un rat !
    - Beurk !

    Une fois dehors, nous regardâmes la rue chinoise avec un regard toujours bienveillant.

    Le lendemain, nous primes le bus pour Tonghza, situé à peu près au centre de l'ile de Hainan. Et ce fut un soir, à Tonghza, que j'eus la vision sublime d'Ornella Muti dans "Les contes de la folie ordinaire" !....
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    Message par tcvoyageur Mar 19 Nov - 19:35

    Dans les salons de coiffure que j'ai fréquentés en Chine, on ne m'a "que" coupé les cheveux et je n'ai eu aucune autre proposition neutre clin d'oeil 

    Pour ceux que cela intéresse, il n'est pas obligatoire d'avoir un visa pour un séjour dans la province du Hainan.
    Par contre, il faut faire partie d'un voyage organisé. Peut-être y a-t-il des packs "visite des coiffeurs du Hainan". langue 

    Et dire que Lahaut, n'a peut-être pas l'occasion de lire ce post en ce moment ! mon dieu ! gnon


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    Message par Invité Mer 20 Nov - 14:36

    "Et ce fut un soir, à Tonghza, que j'eus la vision sublime d'Ornella Muti dans "Les contes de la folie ordinaire" !...."

    Je n'ai lu que « Les contes de la folie ordinaire » de Bukowski et j'appréhende un peu ta vision de Tonghza si c'est la même que celle de l'auteur. Sexe, beuveries, avilissement de la femme,vice... C'est, pour moi je précise, des nouvelles qui m'ont laissé une impression de souillures.

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    Message par tcvoyageur Mer 20 Nov - 14:50

    geob a écrit:...Et ce fut un soir, à Tonghza, que j'eus la vision sublime d'Ornella Muti dans "Les contes de la folie ordinaire" !....
    pondy a écrit:...j'appréhende un peu ta vision de Tonghza si c'est la même que celle de l'auteur...
    En tant qu'homme, je pense qu'il est possible de ressentir (comme un flash), "la vision sublime" d'une femme  sans que cela signifie inévitablement qu'on apprécie voire cautionne son attitude ou son activité à ce moment-là.


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    Message par Invité Mer 20 Nov - 14:55

    "En tant qu'homme, je pense qu'il est possible de ressentir (comme un flash), "la vision sublime" d'une femme "

    Mais même en tant que femme, d'autant qu'Ornella Mutti est une belle femme.
    Je parlais en fait du recueil de nouvelles et notamment celle intitulée "la machine à baiser".
    De fait,je n'ai pas vu le film.
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    Message par tcvoyageur Mer 20 Nov - 15:02

    De même, je n'ai jamais vu ce film, mais je peux, sans souci, qualifier de "sublime" un grand nombre d'apparitions d'Ornella Muti. timide rêveur bave

    Bon, allez je m'en vais

    je file !


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    Message par geob Jeu 5 Déc - 16:31

     Entracte : voir les gens !


    Deux jours à moto, en passant par Mae Salong et ses plantations de thé, très prisés par les touristes thaïlandais

    Une nuit à Thoet  ThaÏ, l'ancien fiel du baron de la drogue Khun Sa, délogé de cette région du nord ouest de la Thaïlande par l'armée en 1970. Il a sa statue, on le voit sur un cheval, révolver à la ceinture, dans la cour d'un musée sommaire qui lui est consacré. (Escobar a-t-il sa statue et son musée en Colombie?)

    Avec un Français nous sommes tombés en pleine fête du nouvel an Shan : ils sont en 2108 ! Alors kermesse, animations, jeux enfantins, comme par exemple les chaises musicales. A la nuit tombée, la fête continue et la bière coule à flots. Nous avons croisé des Thaïlandais issus des tribus, de l’immigration birmane, de la Chine, en particulier du Yunnan,  et tous étonnés de voir deux "farangs" se balader au milieu d'eux, et tous souriants et heureux de se faire tirer le  portrait.

    Le lendemain, dans la brume matinale en attendant que le soleil passe les montagnes, déambulation dans le marché de Thoet. De prime abord, visages fermés, mais il suffit d'aller vers eux pour que de vrais sourires - et pas celui typique des thaïlandais- apparaissent sur leurs visages, et pour que des réponses surviennent après nos questions élémentaires - celles qui permettent d'établir un contact.

    Vers les 10h du matin, plus de brume, nous avons pris la route souvent en mauvais état vers Huay May Kham, au bout du bout de la Thaïlande, dans le nord ouest - sur la carte, on dirait un doigt qui s'enfonce dans la Birmanie, c'est pourquoi on peut voir la frontière sur deux côtés. Route dépaysante à souhait, quasiment pas de circulation, des paysans qui se demandaient qui étaient ces deux énergumènes qui passaient à moto - ils ont de la chance, le Guide du Routard écrit qu'il n'y a rien à voir sur cette route qui monte jusqu'au cul-de-sac de Huay May Kham, alors ils vont rester tranquilles un bon moment ! ( Le niveau de vie de cette région n'est pas très élévé, la preuve on peut voir une ribambelle de bébés et d'enfants )


    Maadadayo !


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    Au fin fond de la Thaïlande, là où je suis sûr de ne pas rencontrer mon voisin de palier !

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    Message par Invité Mer 11 Déc - 8:34

    Toi ? Le type aux grosses lunettes de ski ?

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    Message par imanachnuelohim Mer 11 Déc - 11:34

    Ce carnet de photo ferait bien plaisir à Ban Naraï !


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    Message par fabizan Mer 11 Déc - 13:31

    pondy a écrit:Toi ? Le type aux grosses lunettes de ski ?


    Ou son voisin de palier ?  clin d'oeil 


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    Message par Invité Ven 3 Jan - 8:58

    Petite remarque : ce carnet est plus foisonnant que l'année dernière où ce n'était que temples et robes safran !!
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    Message par geob Mer 15 Jan - 16:24

    Le salon de coiffure de Tonghza

    Tonghza?  Dix neuf années plus tard, je n'en garde que quelques vagues souvenirs, comme ce parc où l'on pouvait voir les maisons en modèle  réduit  des ethnies autres que Han, enfin, il me semble, en tout cas  je me souviens très bien de l'hôtesse en tenue traditionnelle, postée devant l'entrée payante, parce que je l'ai photographiée en lui disant "ni a ooo". Pourquoi l'ai-je photographié? Pour une raison très simple : elle était superbe !

    A la nuit tombée, qu'est-ce qu'il y avait à faire à Tonghza? Eh bien,  les salons de coiffure ! Le premier que nous visitâmes ne cachait pas trop ses activités annexes, et puis, quand même, dans la nuit chinoise ça paraissait fort curieux toutes ces boutiques ouvertes. Alors, pas besoin de raconter n'importe quoi, une jeune femme vêtue d'un anorak matelassé m'invita tout suite  dans une chambre étroite et sombre. Ses premiers mots furent "yuan, yuan", ses yeux  reflétaient, juste le temps de notre conversation sur un mode très sommaire,  l'espérance d'une forte somme en perspective, un rêve étoilé de désirs inutiles. Je restai cinq minutes, juste pour les convenances, l'ami en fit de même avec une autre chinoise, et nous nous retrouvâmes dehors pour continuer notre déambulation dans les rues de Tonghza qui étaient, il me semble,  mal éclairées. Nous fûmes attirés par un grand bâtiment où les lumières ne manquaient pas : c'était un hôtel, disons de luxe, fréquenté par les Chinois d'outre mer en goguette. Sur la droite, une rue, très bien éclairée aussi, illuminée par les devantures des salons de coiffure - illuminée, bon, c'est peut être exagéré, disons plutôt un éclairage basique,  une lumière diffusée par les ampoules nues, une lumière fade, triste.

    Si j'écris salon, c'est par commodité de langage, parce que je ne me souviens pas d'avoir vu le matériel d'un salon de coiffure dans celui que nous venions de choisir au hasard, il n'y avait même pas de rideaux au fond de la salle, mais je revois encore cette demi douzaine de Chinoises assises sur des sièges ou des tabourets qui nous accueillirent en souriant, et surtout avec une grande curiosité : nous étions devenus une inattendue attraction pour ces dames ! Cette fois ci, vu l'ambiance, je pensai que j'allais rester plus de cinq minutes dans cet endroit vraiment bizarre, il y avait même une échelle qui montait légèrement en diagonale dans ce qui devait être un grenier - j'imaginais déjà les rats qui trottinaient là haut !  Nous voulions savoir où elles entraînaient leurs clients, alors, un seul moyen : désigner chacun une jeune femme ! Ce que nous fîmes rapidement, mû par une impatiente curiosité, tempéré par un brin d'anxiété , celui que l'on ressent lorsqu’on ouvre une porte sur l'inconnu.

    A notre grande surprise, elles nous montrèrent l'échelle pour grimper au grenier. Ouh là !  C'était quoi ce coupe-gorge? Nous n'avions guère envie de nous jeter dans la gueule du loup, ou de baguenauder au milieu des rats !  Les Chinoises éclatèrent de rire devant nos mines stupéfaites. Tant pis ! On y va ! Surtout ne pas perdre la face ! Alors l'ami suivit la jeune femme qu'il avait choisi.  Elle commença à grimper, tout en continuant de rigoler, mais lui, tout comme moi, il gardait une certaine inquiétude.  Moi, j'étais le dernier. Je levai la tête,  je vis qu'il avait déjà les épaules engagées dans la trappe d'ouverture sur...
    - Oh nom de Dieu ! s'exclama-t-il. Ben merde alors ! Ils font du camping là dedans !
    Lorsque j'émergeai à mon tour au dessus de  la trappe, je vis tout de suite deux tentes  "canadiennes"  dressées sur le plancher : les chambres ! Oui, c'était ça les chambres !  Et nous n'étions pas dans un grenier, mais sur une mezzanine, en fait nous étions sur un faux plafond qui permettait de cacher des activités répréhensibles au regard de la loi et de la morale. Ma chinoise me tendit la main pour m'aider à gravir les derniers barreaux de l'échelle et, une fois debout tout contre elle, je constatai que nous n'avions nul besoin de nous courber, il y avait encore de la marge. La lumière provenait du plafond de la boutique. Vu d'en bas, nous avions crû à l'existence d'un grenier, l'angle de vision ne permettait pas de constater que la paroi ne fermait qu'à moitié l'espace, d'où cette impression d'un lieu clos.

    J'étais absolument ravi de la situation. J'avais le sentiment d'être retombé dans une enfance insouciante, celle où l'on s'engage dans des actions jugées immorales par les adultes, donc mystérieuses à souhait, propres à nous motiver, à nous faire prendre des risques peut être inconsidérés. Ce dont je suis sûr aujourd'hui, c'est que ce soir là j'étais vraiment joyeux, toujours en train de rire, mince ! ce n'était pas tous les jours que l'on vivait des moments pareils !

    Nous ne faisions pas la Chine, c'est la Chine qui nous faisait !

    J'entrai dans la tente de droite avec ma compagne d'une parenthèse délibérée. Ce fut une sacrée gymnastique pour se déshabiller à l'intérieur, mais ma Chinoise m'aida beaucoup devant ma difficulté à me contorsionner, ce qui contribua une nouvelle fois à entretenir une bonne humeur permanente.  Nous nous allongeâmes et elle m'attira tout de suite contre elle. Un geste bien charmant qui me décida à l'embrasser sur ses lèvres. A ma grande surprise, elle répondit à mon baiser pendant quelques secondes et puis, tout à coup,  elle me repoussa gentiment. Ah bon ! D'accord ! Pas de problèmes !  Je trouvai ce geste tout à fait naturel et je n'en m'offusquai pas. Elle semblait l'avoir fait pour mieux écouter la conversation qui se déroulait sous l'autre tente où l'ami avait entamé une négociation, ce que pour ma part je ne faisais jamais. Je m'amusais beaucoup à l'observer aussi attentive, intéressée. Aussi soudainement qu'elle m'avait repoussé, elle m'attrapa le cou et m'attira contre elle pour un baiser un peu plus long, puis, une nouvelle fois, elle voulut encore entendre les chiffres du dialogue voisin et, comme la précédente fois, je n'insistai pas, seulement mes mains commencèrent à glisser sur sa peau soyeuse, délicatement, à vrai dire comme si je découvrais une œuvre d'art tant son corps et ses courbes harmonieuses me comblaient au plus haut point.

    Et puis, quand le silence régna sous l'autre tente, ma Chinoise ne s'intéressa qu'à moi, mais toujours d'une manière enjouée. Après tout, pourquoi le sexe doit-il se pratiquer sérieusement? Ce ne fut que caresses, baisers, et fous rires, surtout lorsque au moment de passer à l'acte, comme on dit, de devenir sérieux et adulte, elle tenta de me couvrir d'un préservatif aux normes chinoises, c'est à dire complètement inadapté pour moi. Après quelques tentatives anfractueuses qui m'arrachèrent des petits cris de douleurs, que j'exagérais sciemment,  elle finit par le déchirer avec ses ongles et instantanément le fou rire nous secoua tous les deux. Nous reprîmes notre souffle, et nous reprîmes notre dialogue sensuel, nos échanges de sourires ravis jusqu'à tant que survint le moment d'utiliser le deuxième préservatif,  celui-ci subit le même sort, et cela m'amusa une nouvelle fois. Elle était un peu embêtée, penaude avec son bout de caoutchouc en lambeaux, elle semblait s'excuser devant sa maladresse alors que je ne lui montrais aucun signe d'énervement, à vrai dire je me fichais pas mal d'arriver ou pas à la conclusion, je dirais même que ma plus grande envie c'était de rester dans cette situation charmante et sensuelle, au contact avec sa peau si douce, si lisse.

    Ma Chinoise se mit à genoux, écarta la toile de l'entrée de la tente, et sortit sans me donner une explication. Où allait-elle, complètement nue?  Ce fut à ce moment que je pris conscience qu'il n'y avait plus personne sous l'autre tente. Cela me déstabilisa pendant quelques secondes. Je décida de mettre le nez dehors pour voir ce qu'elle faisait. A mon tour, j'écartai la toile en restant à genoux, je passai la tête et rien de plus parce un choc émotionnel et esthétique intense me figea sur place : elle se tenait debout, les mains posées sur la paroi qui fermait à moitié la mezzanine, le corps en arrière pour ne rien montrer en bas, les reins cambrés, les jambes légèrement écartés, ce qui mettait en valeur ses fesses rondes et musclées ; la lumière du plafond de la  boutique n'éclairait que son visage, et son dos évasé, son cul magnifique, ses longues jambes ne s'offraient qu'à mon seul regard  subjugué, mais moi, le passant, l'éphémère rencontre, celui qui resterait sans doute pour elle le seul blanc qu'elle aura tenu dans ses bras, moi je ne vis que la nudité insouciante et sublime d'Ornella Mutti dans les "Contes de la folie ordinaire", précisément dans la scène où elle est filmée accoudée à une fenêtre. J'étais devenu l'acteur d'un "remake" dans lequel je tenais un rôle qui me dépassait,  tant j'étais éperdu d'admiration, ébloui par ce spectacle d'une beauté que je ne reverrais plus jamais.

    J'entendis du bruit près de la trappe, je rentrai vite la tête sous la tente. Une jeune femme émergea de la trappe et tendit quelque chose en souriant à ma Chinoise qui s'était approchée. Avant de redescendre, disparaître à ma vue, elle jeta un coup d’œil vers moi car je n'avais pas complètement fermé. Elle affichait un sourire encore plus grand.

    Ma compagne éphémère revint près de moi. Nous recommençâmes nos doux échanges , mais je ne me sentais plus dans les mêmes dispositions psychologiques qu'au début, j'étais à vrai dire plutôt en train de planer, pour ne pas dire en état de pâmoison. Je me demande si je n'exagère pas en écrivant ce mot "pâmoison", alors que je ressentais comme de... allez, ose l'écrire...  la tendresse ! Oui, de la tendresse pour cette femme qui n'allait devenir pour moi rien qu'un souvenir de voyage, une rencontre entre deux étapes dans une ville quelconque au milieu de l'ile d'Hainan. Alors quand elle tenta une nouvelle fois d'utiliser le préservatif, je l'arrêtai net en lui faisant comprendre que je ne voulais pas,  bien qu'elle constatait le contraire. Il n'était plus question pour moi de réduire cette superbe rencontre, dans un lieu aussi surprenant, et avec un état d'esprit aussi joyeusement érotique, à de simples soubresauts qui ne durent que quelques secondes, de retrouver la banalité après avoir été plongé dans un profond bouleversement de tous les sens, bref, de redevenir sérieux, épuisé et bête, et se dire tout ça pour ça ! Je connaissais la fameuse lettre sur le désir  envoyé d’Égypte par Flaubert à son ami Louis Bouillet, et sur l'instant je ne la comprenais que trop bien, je pris donc la décision de ne pas  descendre de mon nuage de douceur et de plaisir, ni de me réveiller comme après un rêve enluminé par des désirs inouïs, non, je me sentais dans une légèreté incroyable et j'avais la plus grande envie d'y rester le plus longtemps possible.

    Ma Chinoise me parut inquiète lorsqu'elle me vit prendre mon blouson, mais elle vite son grand sourire lorsque je lui tendis la somme que j'avais prévu. Elle me remercia plus que chaleureusement, et je me rhabillai sous ses baisers, entrecoupés de rires étouffés. A mon tour, je lui passai ses premiers vêtements, et les rires devinrent des gloussements enfantins. Bon sang ! Quelle chance j'avais eue de tomber sur elle ! Je m’extrayais   enfin de la tente et je commençai à descendre l'échelle pour retrouver le salon de coiffure, tout en la regardant pour la dernière fois sous la tente : elle ne me quittait pas des yeux, son visage resplendissait de bonheur. Elle enfila son pull-over, mes épaules étaient au niveau de la trappe, et elle affichait toujours ce sourire magnifique, ce sourire au bord du rire, quand elle sortit de la tente, avec souplesse et rapidité, puis elle s'avança vers moi et elle se mit à genoux tout près de moi. Je ne bougeai plus. Alors, à ma grande et heureuse surprise, j'ajoute que rien ne l'obligeait, elle m’attrapa le cou et me donna un long et langoureux baiser. Oh nom de Dieu ! Quelle femme ! Je n'étais plus sur un nuage, mais au paradis ! Je descendis les derniers barreaux de l'échelle dans un état extatique. Oui, ça devait être ça, car quand l'ami regarda mon visage, il sembla éberlué :
    - Dis donc, tu en as mis du temps pour arriver à tes fins !
    - Il n'y a pas eu de fin, dis-je, complètement ravi.

    Il était assis sur un tabouret, entouré par les filles du salon qui, elles, me regardaient en rigolant. Elles me désignèrent un tabouret. Mon merveilleux déjà souvenir s'installa un peu à l'écart. Elle paraissait fatiguée, mais une fatigue qui peignait son visage d'une douceur angélique. Je détournai mon regard, difficilement, pour ne plus la voir, et mon regard tomba sur une feuille de papier qu'une des filles me mettait sous mon nez. Je pris ce papier sur lequel était écrit un chiffre.
    - C'est quoi ça? demandai-je à l'ami qui m'avait donc largement devancé en regagnant le salon.
    - C'est pour la tente !
    - Hein?
    - Comme si on payait la chambre, quoi !
    - Je ne paye pas ça, moi ! dis-je spontanément.

    Il faisait très chaud, je transpirais à grosses gouttes. Brusquement, je me mis à m’éponger le front avec ce bout de papier en disant haut et fort : "chié-chié ! chié-chié !" ( merci en chinois ) Les filles éclatèrent de rire, une hilarité générale gagna le salon ! Toutes pliées en deux ! Et je remis le papier dans la main qui me l'avait donné. Allez, on s'en va ! dis-je. Nous sortîmes du salon. Nous marchâmes une trentaine de mètres, quand nous fûmes interpellés. Nous nous arrêtâmes. Une des filles salon vint nous rejoindre, et elle avait encore ce vilain bout de papier dans la main. Elle me montra le chiffre inscrit, il fallait que je paye. Alors je refis mon cinéma et je m'épongeai une nouvelle fois le front en la remerciant. Je lui rendis son papier et elle s'en retourna en riant vers le salon.

    Elles ont dû me prendre pour un barjot, bon, peut être que je le suis, n'empêche, qu'est-ce que j'ai été heureux cette nuit là, cette nuit...





    Il n'y a rien à comprendre, vis pour ton plaisir - Francis Picabia

    La morale est le contraire du bonheur depuis que j'existe - Francis Picabia

    Quand on se fout de la morale, le moral est meilleur
    - Albert Willemetz

    La morale est la faiblesse de la cervelle - Arthur Rimbaud


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    Message par Invité Mer 15 Jan - 18:12

    Tonghza, ça n'existe pas en Chine si ? Mais peu importe. Après tout c'est peut-être à Macao ou en Thaïlande quartier chinois, que sais-je...

    J'ai crispé la bouche en te voyant raconter ce qui n'est, il faut le dire qu'une virée de deux copains au bordel. Relation non consommée par défaut de préservatif valide, tu réussis quand même, parce que tu écris bien, à mettre une touche de tendresse dans vos ébats, ouf !

    Tu évites la crudité du recueil de Bukowski même si tu te plais à imaginer un remake du film au titre éponyme.. Te dédouanerais-tu de tes turpitudes en retraçant les sourires, les rires, le visage angélique, la douceur, comme si les filles adoraient la prostitution si exotique avec des longs nez et en précisant que c'était il y a dix neuf ans ?

    En somme un moment de pur bonheur pour elles, autant que pour toi qui n'a pas consommé et qui en plus doit payer la tente où tu t'es dépoilé, à rajouter à la somme généreuse versée pour une prestation non réalisée par ta jolie chinoise.

    L'amour tarifé, c'que j'en pense ? Imagine...

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    Message par geob Jeu 23 Jan - 5:43

    Médecine Lanna, une expérience anthropologique saisissante.

    La médecine Lanna est une médecine traditionnelle qui existe depuis trois milles ans. Un voyageur Québécois nous a conduit chez le docteur Boon qui exerce de manière itinérante  dans toute la Thaïlande, et il ne vient à Chiang Raï qu'un ou deux jours par mois. Comme la curiosité et la rencontre des gens sont les moteurs qui me font avancer, j'ai décidé de me rendre à une consultation.

    Le docteur Boon exerce, lorsqu'il est de passage, dans une petite boutique, à vrai dire un ancien café. Lorsque j'y suis entré, j'ai été accueilli par un homme coiffé d'un chapeau en cuir, habillé à la va-s'y-que-je-te-pousse, ses lunettes (avec une petite étiquette sur un verre) sur le bout de son nez, et surtout un grand sourire jovial.

    Consultation. Oui, oui, ça va bien, à part ces névralgies oculaires, cette arthrose cervicale. Il se marre. Il prend ma tension. 10/7. Pas bon ! Pas bon ! Je le rassure, j'ai l'habitude d'une tension basse. Pas convaincu, mister Boon. Alors il se met à me tirer et tordre les doigts d'une main, à secouer le bras, puis il passe à l'autre main et l'autre bras, et il reprend la tension qui affiche une stabilité. Ces manipulations n'ont pas eu l'effet escompté. Il explore mon avant-bras droit, et il me parle de cholestérol en suivant une ligne qui part du coude jusqu'à la main. Il appuie très fort sur la jointure entre le pouce et l'index. Je pousse un cri de douleur. Problème cardiaque, dit-il. Stupeur. J'aurais mieux fait de ne pas venir !  Il prend un rouleau d'essuie-tout, le pince pour fermer l'orifice d'un quart, pour me montrer que j'ai une coronaire qui ne fonctionne pas bien. Je le regarde, bouche bée. Bon Dieu ! Je ne le sais que trop bien ! Ensuite, je vais ce qui s'appelle "tomber des nues"  lorsque, devant moi, avec son gros feutre bleu, il se met à dessiner sur le papier journal une coronaire avec de petites plaques de cholestérol accrochées aux parois, exactement le même dessin que m'avait fait mon médecin à Paris...  après une coronographie !!! Mais pourquoi, à partir d'une prise de tension mr Boon me parle de coronaire alors que mon médecin ne s'inquiète jamais de ça, habitué à me voir en faible tension.  C'est incompréhensible ! Comment aussi peut-il évoquer le cholestérol en appuyant sur une ligne, un méridien, qui part du coude jusqu'à la main. Je le regarde comme si j'avais en  de moi sorcier. Il se marre.  Il me propose d'activer le méridien désigné, faire sortir du cholestérol !!!  Il me badigeonne l'avant bras avec un baume réchauffant à base de plantes - rien à voir avec le célèbre baume du Tigre-, ensuite il prend une aiguille et il commence à piquer fortement, douloureusement pour faire sortir des gouttes de sang. Je me tortille de douleur... et il se marre ! Ensuite, son assistant lui apporte un verre d'eau chaude, mr Boon trempe une boule de coton et il me l'applique sur les piqures qu'il vient de faire. Une forte sensation de brûlure me fait à nouveau tortiller sur la chaise. Il me reprend la tension ( c'est un appareil comme on en voit dans les pharmacies en France ), et, à ma grande stupeur, la tension passe à 11.3/8 !!! Et les battements du cœur sont passés de 76 à 68 pulsations minute. Je n'arrive pas le croire ! C'est invraisemblable ! Çà va mieux? Heu... oui... mais, j'ai dû mal à l'admettre. Je dois afficher un air ahuri, mr Boon se marre. Il prend une nouvelle aiguille, et cette fois-ci il va me planter sa banderille, en petits coups rapides,  jusqu'au coude. Il me reprend la tension. Beaucoup mieux, beaucoup mieux ! s'exclame mon docteur de médecine Lanna. Mon côté rationnel prend une sacrée gifle, je lis sur le tensiomètre : 12/7, pulsations : 62 !!! Merde alors ! Mais il y a quelque chose en plus, ce n'est pas un effet de mon imagination, je me sens plus léger, je respire beaucoup plus profondément, comme si on m'avait enlevé un poids qui pesait sur ma poitrine.

    Ensuite, mr Boon va me faire la même torture sur le dos, pour les poumons. Ca s'est révélé efficace car maintenant ma respiration est plus ample, profonde.

    Et je suis sorti, pourvu de médicaments à base de plante, là mr Boon ma bien assaisonné, maï pen raï (ce n'est pas grave), je suis un "farang" ! Avec le sentiment d'avoir vécu une expérience anthropologique extraordinaire !

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    (Le docteur Boon se prépare à me piquer à la vitesse d'une machine à coudre !)

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    Message par fabizan Jeu 23 Jan - 13:35

    Tu dois avoir chaud en Thaïlande avec cette fourrure Geob !  clin d'oeil 


    _________________
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    Message par geob Dim 2 Fév - 6:23

    Un dimanche matin, le 2 février 2014, à Chiang Raï.

    C'est la journée cruciale pour la Thaïlande, la journée des élections, au grand dam d'une certaine opposition dont la couleur de rassemblement est le jaune. Elle refuse par avance le résultat à venir qui leur sera à coup sûr défavorable !

    Ce matin, au petit déjeuner, la patronne de l'auberge nous a exprimé sa désolation devant l'agissement de ces gens là. Elle va aller voter tout à l'heure, et bien entendu elle va cocher le numéro 15, celui de parti qui gouverne. La femme de chambre a déjà voté, pas la peine de lui demander pour qui. Dans le nord de la Thaïlande, les "jaunes" ne vont pas se risquer à empêcher la votation : c'est le fief des "rouges" !

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    (les gens à moto vont aux bureaux de vote)


    Files d'attente pour le contrôle d’identité, devant les deux "bureaux" situés dans la cour d'un bâtiment officiel (10h30)

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    Après avoir pris les bulletins, on va les cocher derrière l'isoloir.

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    Et on vote !

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    Les deux bureaux de vote.

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    Un marchand de glaces vient essayer d'en placer aux électeurs.

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    Ce dimanche matin, Chiang Raï ressemble à une ville d'occident : une circulation automobile réduite à sa plus simple expression, beaucoup de magasins fermés, en raison aussi des fêtes du nouvel an chinois, bref, un calme sidérant pour une ville asiatique ! Devant le marché couvert où règne une activité atone, un thaïlandais nettoie les cages de ses oiseaux...

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    ... et dans la cour de la Poste, la camionnette compense la fermeture des guichets : un guichet universel !


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    Message par geob Ven 14 Fév - 4:40

    ]La dame au chapeau de paille


        Depuis deux mois  je traîne des névralgies oculaires, et les journées sans paracétamol ont été bien rares, alors je me venge : la Thaïlande me sort par les yeux ! Je ne supporte plus ces gens avec leur fameux xrzqrrrz de sourire, leurs loisirs qui consistent à manger toute la journée, et pour les hommes à se saouler la gueule parce que c'est "sanouk", pour tous leur manque d'ouverture sur le monde, leurs superstitions invraisemblables. Il y a des moments où je me dis vivement que je m'envole pour le Népal, et puis il suffit d'un arrêt dans un village, une discussion avec les gens, des plaisanteries, des rires, et de vrais sourires aussi, et voilà que je me dis que c'est tout de même un pays pas ordinaire.

    J'aime la Thaïlande des campagnes et des villages !

    Ainsi, l'autre jour, nous nous sommes arrêtés dans un village, devant une épicerie tenue par une femme charmante, coiffée d'un chapeau en paille qui lui allait très bien. Tandis que mes compagnons de route, deux Français et un Belge, garaient leurs motos et discutaient de je ne sais trop quoi, je n'ai pas perdu de temps pour entrer dans le magasin, ouvrir le frigidaire, prendre une boisson - green thea -, et m'assoir sur un des bancs en pierre qui entourent la table carrée de même matière, mais juste à côté de la dame au chapeau qui, sur ma gauche, remplissait un cahier avec des chiffres. Visiblement, je devais être assoiffé, alors elle a pris ma bouteille et elle a ouverte. Un de ces petits gestes non sollicité qui me font encore apprécier la Thaïlande des campagnes et des villages.

    Le Belge et les Français se sont assis à leur tour. Et nous avons conversé. Comme d'habitude, les âges et les situations sociales ou familiales ont été passé en revue. Nous avons eu du mal à lui attribuer un âge. Bon sang ! Elle a quarante huit ans ! Nous avons tous tourné autour de quarante ! Sa mère, affalée sur un fauteuil en toile, a bien ri. Ensuite, notre épicière nous a raconté qu'elle avait travaillé au Japon dans une usine d'assemblage de composants électroniques, qu'elle a trois enfants, deux garçons et une fille - aille ! deux garçons ! mauvais point ! Bien entendu, nous nous sommes racontés, mais rapidement, pour nous cette femme décidément bien charmante était beaucoup plus intéressante que nos petites vies.

    A un moment donné, je lui ai demandé d'enlever son chapeau. Elle l'a fait, elle a secoué ses cheveux ondulés et nous l'avons tous admiré. Elle était aussi bien sans chapeau, et même mieux ! Puis, le Belge a fait aussitôt quelque chose d'inattendu, voir étonnant de sa part, surtout qu'il connait bien la Thaïlande, mais une présence féminine perturbe le comportement des hommes quand ils sont à plusieurs, il y a en toujours qui veut se distinguer, se dresser comme un coq. Oui, le Belge a pris le chapeau, et comme tout le monde j'ai cru qu'il voulait seulement en étudier la qualité, mais voilà, il s'est coiffé avec ! Je l'ai regardé médusé, non pas parce qu'il était ridicule avec ce chapeau de paille, mais parce qu'il avait osé le faire. J'ai bien vu que la femme ne s'était pas attendue à cette action après le lui avoir passé. Quand le Belge l'a enlevé, elle l'a pris et l'a posé sur le banc où elle était assise. C'est à cet instant que j'ai brisé un peu l'ambiance.

    Il y a gros à parier qu'elle ne mettra plus ce chapeau sur sa tête, ai-je dit au Belge. Il a été surpris par ma remarque. J'ai continué en lui précisant qu'il savait très bien pourquoi un thaï nous ne volera jamais notre casque de moto, il y a l'esprit d'un autre et cela lui porterait malheur s'il s'aventurait à le faire. Trop superstitieux le Thaï ! Et donc, cette femme, réfléchira à deux fois avant de le réutiliser, ou alors elle s'adressera à un moine pour le faire bénir, après tout j'ai bien vu la bénédiction des voitures et même d'une moto, mais je crois plutôt qu'elle oubliera son chapeau de paille, il prendra de la poussière au milieu des objets qu'elle n'utilise plus. Ah bon? m'a lancé le Belge, bien embêté. Un des Français qui vit ici, m'a paru aussi déconcerté par mes propos. Allons, allons, me dit-il, elle ne le remet plus parce que tu lui as dit qu'elle était mieux sans ! Cela a rassuré le Belge, sauf que j'ai senti que je l'avais atteint en évoquant cette possibilité, au fond pas si surprenante que ça. Si quelqu'un prenait ma casquette pour l'essayer, rien que pour rigoler, je m'empresserais de la laver avant que de la réutiliser. Je répugne à accaparer les affaires des autres, autres que ma famille, un sentiment proche du dégout qui n'a rien à voir avec la superstition - en ce qui me concerne... on dit ça, on dit ça, mais...

    Nous avons payé chacun nos consommations. Les deux Français et le Belge se sont dirigés vers leurs motos. J'ai été le dernier à partir. Lorsqu'elle m'a rendu la monnaie, je n'ai pu m'empêcher de jeter un coup d’œil sur le chapeau de paille, à côté d'elle. Elle a surpris mon regard, et j'ai lu dans le sien combien elle avait été incommodé par le geste incongru du Belge.

    Sur le chemin du retour, il est venu à ma hauteur pour dire que j'avais sans doute raison, qu'il aurait dû lui laisser un billet pour qu'elle puisse s'acheter un nouveau chapeau. Pour enfoncer le clou, je lui ai dit que c'est peut être pour cette raison que les Thaïs n'hésitent pas à laisser leurs blousons sur les motos dans les parkings, ils savent qu'ils ne risquent rien.

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    Bien plus tard,  j'ai repensé à ce qu'il m'était arrivé en revêtant la veste militaire de mon père.
    Ban Narai
    Ban Narai


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    Message par Ban Narai Ven 14 Fév - 7:17

    Tout à fait d'accord avec toi, geob. D'ailleurs, combien de fois n'avons nous vu, sur la route, des casquettes perdues par des motocyclistes. Personne hormis leurs propriétaires ne s'arrête pour la ramasser.
    geob
    geob


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    Message par geob Dim 2 Mar - 14:38

    Wera, ma voisine polonaise.


    Lorsqu'elle est venue vers moi, je me suis demandé d'où elle sortait tant elle m'a paru chic, distinguée,  avec un petit côté hautain et dominateur. J'étais assis sur un fauteuil, à l'extérieur de ma chambre, en train de boire un thé vert tout en remerciant le ciel de m'avoir permis de revenir en entier après une virée périlleuse à moto. Bon, je l'avais remarquée au bord de la piscine, sur une chaise, un livre à la main, et je me suis tout simplement dit "tiens, une nouvelle !". Elle m'a abordé en anglais, alors aussi sec je lui ai répondu que je ne parlais pas cette langue : j'ai remarqué que c'est un moyen radical pour ne pas se faire manger son temps par n'importe qui. Elle a pris un air pincé, du genre à se dire : ciel ! il ne parle pas anglais ! Pas de problèmes pour elle, elle pratique le Français, pas mal d'ailleurs, ainsi que le russe comme je l'ai constaté après lui avoir présenté Boris, un architecte que je vois chaque hiver depuis deux ans. Je suis voisine de la chambre n°10, m'a-t-elle dit, avec un accent de film de l'est doublé en français. Très bien, très bien, dis-je pour m'en débarrasser. En fait, pendant un mois, elle a toujours eu quelque chose à me dire, et souvent elle a commencé par :
    - Geob, j'ai question à poser ! (si, si, c'est comme ça qu'elle disait !)
    - J'ai peut être réponse, disais-je avec un sourire en coin.


    Bizarrement, je n'ai jamais osé la tutoyer. J'avais l'impression d'avoir affaire à une comtesse qui s'encanaille chez les manants, c'est à dire tous les autres, à part moi,. Faut dire qu'elle détestait vigoureusement tous les locataires de la Chian guest house, elle les trouvait bêtes, bruyants, ivrognes, moi je préfère étrangers de l'Inde, m'a-elle précisé un jour. Parce qu'elle a voyagé pendant dix ans en Inde. J'ai vite compris qu'elle est "New Age", "chakra" et macrobiotique. Quel âge a-t-elle? Certes, elle est très mince, elle s'applique tous les jours des crèmes sur son visage, elle prend excessivement soin d'elle, elle est exigeante pour tout, jusqu'au moindre légume ou condiment d'un plat, elle fait son yoga tous les matins, puis prépare elle même son muesli qu'elle achète, cela va de soi, bio, s'inquiète des moustiques, de l'air qu'elle respire pas bon pour moi, pas bon.... ouh ! je lui ai dit une fois qu'elle me faisait peur, que je la trouvais d'une dureté incroyable, alors elle est partie dans un rire de diva, celui qu'elle me servait pour me dire à quel point je me fourvoyais dans ma nonchalance de dilettante. Elle n'a jamais compris pourquoi je ne partageais pas son projet de vie, son unique ambition : vivre le plus longtemps possible !

    Bon sang ! Qu'est-ce qu'elle m'a énervé !

    - Geob, j'ai question à poser. A Mae Hongson, y'a-t-il malaria?
    - Mais Wera, vous ne risquez rien ! Si vous allez vivre dans une rizière, pendant la saison des pluies, ok, prenez des précautions, mais là, bon sang, dans une ville ! Arrêtez de vous pourrir la vie avec toutes vos questions, vos peurs de ceci ou de cela, ou alors retournez en Pologne et enfermez vous chez vous, là au moins vous n'attraperez peut être aucune maladie.

    Elle m'a regardé, bouche bée.
    - Vous, êtes méchant !
    Et elle claqué la porte de sa chambre ! Le lendemain...
    - Geob, j'ai question à poser.
    Elle était passée à autre chose.

    Un jour, nous avons parlé des signes du zodiaque chinois. Je lui ai dit que je suis du "Lièvre" et j'ai ajouté :
    - Wera, je suis certain que vous êtes du "Cochon".
    Exclamation de diva :
    - Ooooh ! Comment vous savoir?
    - Intuition sémantique !
    - Moi pas comprendre....

    Wera savait utiliser les gens. Ainsi, moi. J'ai eu la mauvaise idée, un matin, de lui dire que j'allais au Central Plaza, le grand centre commercial.
    - Vous pouvez me conduire?
    - A vos risques et périls, Wera. Je vous signale que je n'ai pas de permis de conduire. Surtout m'empêchez pas de tourner !
    Elle a affiché un air méchant.
    - Vous le savez déjà, je suis trèèès intelligente, alors je savoir comment être sur la moto.
    Mais, comme je l'aurais parié, elle ne m'a jamais remercié en me payant un verre... ah si, assez régulièrement, elle m'a proposé une tasse de thé...
    - Geob, votre tasse !
    Elle n'est du genre à vous laisser tremper vos lèvres dans un ustensile qui lui appartient, principe de précaution, on ne se jamais !

    Wera est l'incarnation de la femme de Thénardier. C'est une propriétaire terrienne. Son métier qu'elle exerce dorénavant en privé, lui rapporte pas mal d'argent - non, non, camarades voyageurs qui la connaissez, je n'écrirais pas ce qu'elle fait, je lui ai promis et je tiens mes promesses, et donc vous n'en saurez rien ! Elle m'a demandé pourquoi je n'ai pas pris l'avion pour descendre à Hua Hin, alors qu'elle allait réserver pour le principal aéroport à Bangkok. 1 500 baths ! s'est-elle exclamé avec  enthousiasme. Ah non ! Wera, seule la Thaï Airways a le droit d'y atterrir pour les vols domestiques, et ça peut coûter 4000 baths, mais pouvez vous le permettre, vous, vous êtes riche !
    - Oui, je suis riche ! dit-elle fermement.  Moi, je pas mettre autant d'argent pour ce vol !

    - Geob, j'ai question à poser : comment aller à Maison Noire, comment vous dire?
    - Ban Dam !

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    Je lui donné tous les renseignements nécessaires, l'endroit où elle pouvait arrêter n'importe quel bus qui monte en direction du nord. Vous verrez, c'est facile, postez vous près de la pharmacie. Comme, je le répète, elle détonne par rapport aux normes que se font les thaïlandais du "farang", étant toujours très bien habillée, coiffée, et arborant toujours son collier et pendentif en métal chromé de très belle facture, alors elle n'a eu aucun mal pour amener le pharmacien à s'occuper d'elle.
    - Lui, gentil monsieur, m'a-t-elle dit en gloussant. Il arrête bus pour moi !
    Wera est une sacrée débrouillarde ! Et bien d'autres Thaïlandais ont tenu à l'aider dans ses déplacements. Des gens d'un milieu aisé.
    -  Trèèès sympathiques !

    Wera est quelquefois méchante, peut être que "quelquefois" est un mot en trop. Ainsi, je me rappelle que je discutais avec miss Porn, la femme de chambre de Chian's House. Je lui avais demandé si son fils étudiait bien à l'école. Miss Porn en était satisfaite, fière même, car il a toujours un livre en main, il ne sort pas avec ses copains... je remarquai que Wera restait sur le pas de la porte de sa chambre, visiblement agacé de me voir parler avec une, pour elle, domestique. Une fois la conversation terminée, elle m'a.... posé question.
    - Vous comprendre ce qu'elle dit?
    Alors je lui restitue ma conversation, combien miss Porn est fière de son fils. Rire de diva, avec une morgue incroyable.
    - Nooon ! Touuuus pareils ! Dire n'importe quoi !
    - Ah bon?
    Je me suis demandé si ce n'était pas une crise de jalousie parce que je l'avais ignorée.

    Séance photos.
    - Geob, j'ai photos Pologne à montrer !
    Je crois que je suis trop gentil. Nous avons regardé ses photos sur son appareil. Paysages, bâtiments, bâtiments, paysages... petit à petit il y a quelque chose qui m'a troublé. Il n'y a aucun être humain en vue, comme si une bombe à neutrons s'était abattue sur son pays. Et puis, tout à coup, j'ai pensé aux tableaux de Hitler, exposés au cours d'une exposition intitulé "Paris-Vienne". Ce qui m'avait fasciné, c'est qu'il n'y avait aucun signe de présence humaine, je me souviens de rues, d'enfilades de bâtiments, et rien d'autres. Au bout d'un moment, j'ai senti que j'allais craquer, alors, pour me détendre, je lui ai demandé :
    - Vous n'auriez pas des photos d’Auschwitz?
    - Noooon ! Moi allé une fois ! Horriiible !
    Elle a continué, pas longtemps. Elle avait compris, Wera est très intelligente.

    Dernier jour à Chian House, à Chiang Rai. Visiblement, derrière son masque hautain, Wera était bien embêté de me voir partir. Tiens, elle m'avait signalé qu'elle s'était un peu lâché, la veille, en mangeant une glace. Et quand Boris nous a offert de la vodka, elle en a bu ! Ah, bien Wera, bien ! Quand elle frappé à ma porte, je suis sorti sans tee-shirt. Elle n'a pas osé quitter mon regard.
    - Geob, mon numéro téléphone en Pologne pas bon, donnez ma carte de visite.
    Oh merde ! Où l'avais-je mis? Je suis rentré dans ma chambre et, ouf, je l'ai retrouvé. Wera a corrigé son numéro. Bien sûr que je vais téléphoner en Pologne, j'en ai toujours rêvé.
    - Bon, Geob, bon voyage.
    Elle m'a tendu sa main. Je n'ai pas été surpris, cela m'a paru logique, comme elle est allergique à tout, au gluten par exemple, elle doit l'être aussi au contact de la joue d'un être humain.

    Elle m'a dit au revoir un peu trop vite. A un moment donné, elle a refrappé à ma porte, et là, stupeur, elle m'a apparu, oui, elle a osé, aux yeux de tout le monde, elle a osé sortir de sa chambre en culotte et soutien gorge noirs. Miss Porn était comme frappé de stupeur, mais Wera, royale, m'a encore dit deux ou trois mots, et puis elle est parti s'assoir sur un fauteuil, au soleil. Pas un pouce de graisse, la Wera, et une peau d'une blancheur laiteuse.
    Bravo Wera, belle prestation ! Relâchez vous, Wera, relâchez vous, vivez sans penser aux O.G.M., à la pollution, et aux légumes biologiques !



    postscriptum :

    Dernier jour, dernier dimanche en Thaïlande, non loin de l'aéroport de Bangkok, dans un nouveau quartier accolé aux autoroutes. Et j'ai découvert un immense restaurant qui s'organise autour d'un plan d'eau, un personnel pléthorique... vu le nombre de tables, et dans le parking des voitures de luxe, des 4x4 rutilants. Les gens viennent diner et regarder les avions atterrir.

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    Message par geob Mer 12 Mar - 12:31

    Katmandou, c'est trop tard !

    Dès mon arrivée à l'aéroport de Katmandou, je me suis demandé qu'est-ce que je foutais là? Longue file d'attente pour obtenir un visa, lenteur des formalités, bon, faut ce qu'il faut, ce n'est pas parce que le Népal est un pays parmi les plus pauvres de la planète qu'il ne doit pas afficher cette modernité des contraintes administratives. Ah j'aurais dû rester à Chiang Raï ! Si je n'avais pas pris mon billet d'avion pour Katmandou avant de quitter la France, je me connais, jamais je n'aurais eu la volonté de le faire en Thaïlande où tout est si facile, agréable, confortable, pas cher,  pourquoi s'embêter aller voir ailleurs, me serais-je dis,  pour découvrir quoi? Jamais je n'ai entendu quelqu'un se déclarer déçu par le Népal, alors je crois que c'est juste pour vérifier cet enthousiasme, juste de la curiosité, la curiosité qui me fait avancer, je veux toujours voir ce qu'il y a derrière la porte, même si je sais qu'il n'y a rien derrière, tant pis, c'est plus fort que moi.

    Quartiers près de l'aéroport, à l'intérieur de mon taxi, impressions de voir une ville après un bombardement tant cela me parait délabré, et les gens semblent être des réfugiés sortis de leurs abris. Circulation automobile sur les nerfs, klaxons, poussière, rues défoncées, le quotidien d'un pays sous-développé, et puis je me dis qu'il n'y là rien de surprenant, c'est ce à quoi je m'attendais.

    Voyager, c'est à dire se déplacer d'un endroit à un autre, cela me devient fort pénible. Puisque tout le monde voyage, dorénavant il faut réserver même pour une guest house !!!C'est ce que j'ai fait pour Katmandou, et j'ai fait le mauvais choix. Lorsque j'ai débarqué dans cette guest house, j'ai crû que je me retrouvais dans mon premier hôtel à Hanoï : aucune femme dans le personnel, rien que des hommes. Et les hommes ensemble cela devient vite une bande de cons, bien gentils, bien serviables, seulement quand ils rendent service pour, par exemple, acheter un billet de bus, ils prennent une commission monumentale.

    Oh qu'ils sont cools, ces Népalais !

    Coupure d'électricité. Seule une petite ampoule reste allumée et diffuse une lumière blafarde qui rend la chambre lugubre. Tout à coup, j'ai envisagé mon retour en France, le plus vite possible, plus envie, oui, l'envie de pousser la porte avait disparue, j'ai ressenti une immense et profonde démotivation, un désenchantement radical. Le lendemain matin, j'ai décidé de voir quand même Durbar Square où le capitaine Haddock, dans "Tintin au Tibet", mange un piment qui met le feu dans sa bouche. Alors j'ai commencé à arpenter les ruelles, à regarder à droit à gauche, à observer, et heureusement la curiosité se réinstallait dans  mon esprit, dès lors faire des photos devenait une évidence. Au fond, c'est l'expérience du voyage qui m'a fait mettre un pas devant l'autre, jusqu'à ne plus m'encombrer de pensées parasites.

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    Ah voici Durbar Square ! J'ai vu une  des guérites en bois où l'on s'acquitte du droit d'entrée : 750 roupies ! (diviser par 130 pour avoir le prix en €). Je l'ai ignorée, et je suis passé.

    J'ai apprécié Durbar Square, il y avait si longtemps que je voulais m'y promener, mais je n'ai ressenti aucune émotion, rien.  Là où le capitaine Haddock a mangé un piment, il y a sur le sol une quantité de babioles, statues, bijoux, colliers, enfin quoi des souvenirs en pagaille, avec peut être là dedans une pépite, on ne peut jurer de rien, seulement il faut que tout le monde vive et vendre tous ces objets hétéroclites, estampillés cool attitude, nirvana, bouddhisme et compagnie, ça rapporte plus d'argent que de vendre des piments. Je me suis assis dans un café pour observer tranquillement. Tout à coup, un sentiment m'a gagné, donc le contraire d'une émotion, un sentiment inattendu, raisonné et irréfutable qui ne m'a pas attristé, qui m'a laissé serein : c'est trop tard ! Oui, j'ai mis trop longtemps pour venir ici, j'ai tellement emmagasiné de souvenirs, de lieux fantastiques et grandioses, alors cet endroit je vais le ranger parmi les autres, et peut être même que je l’oublierais.


    Évidemment, il y a les mendiants. Les saddhus - ou pseudos?- qui se font photographier, et qui demandent ensuite de l'argent. Ainsi celui ci...

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    ... et cette touriste qui a eu la mauvaise idée de le prendre en photo !


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    Avant de sortir de Durbar, il y a en eu un qui m'a interpellé. Habillé en orange, avec une bonne couche de couleurs sur le front. Je n'ai pas voulu le prendre en photo, mais lui, il a insisté. Bon, d'accord. Une fois son image enregistrée, il m'a demandé une obole. Je me suis avancé vers lui, et je lui ai montré son portrait. Il a gardé son sourire en permanence tant il était ravi de l'argent qui allait tomber dans son escarcelle. Regarde bien, lui ai-je dis. J'ai appuyé sur un bouton pour faire apparaître "effacer vue par vue- oui-non", j'ai mis le curseur sur oui, j'ai appuyé et hop ! Plus de photo camarade ! Disparue ! Volatilisé ! Oh la stupeur du saddhu ! Oh ses yeux hagards ! Bouche bée ! Complètement ahuri ! Ça lui est sans doute jamais arrivé un coup pareil ! Et je suis parti. J'avais remarqué cette bourgeoise népalaise qui avait observé la scène, elle m'a souri quand je suis passé devant elle...



    (comme mettre une photo ça demande une patience infinie, elles viendront plus tard, quand j'aurais une connexion correcte... le Népal ce n'est pas la Thaïlande, mais si on trouve que le sous développement et la pauvreté sont des critères d'authenticité, alors le Népal est un pays... authentique !)

    Maadadayo !

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