Il est vieux (2003), et je l'avais lu a moitie il y a 7 ans, avant de le donner a un Mexicain en mal de comprendre les Francais. Je viens de le recommander, voir quel oeil je porte dessus quelques annees plus tard, et maintenant que je suis reviendue vivre en Gaule (for now ). A l'epoque, je le trouvais vraiment juste, pour une fois que ce n'etait pas un "Cocorico!" ou a l'inverse un "tous des cons ces Francais!", meme si les conclusions dans le bouquin etaient souvent tires de seulement un ou deux exemples rapporte(s) dans ces pages.
Je viens de le recommander, avec cette fois-ci l'intention de le finir.
Il a ete traduit en plusieurs langues, mais je ne me suis jamais renseignee sur le titre en Francais (l'original traduit litteralement serait "60 millions de Francais ne peuvent pas avoir/n'ont jamais tord").
"En cette période de grève et de blocage généralisé, le livre « Sixty Million Frenchmen Can't Be Wrong » est une bouffée d’oxygène pour qui désespérerait des Français !
“Sixty Million Frenchmen Can't Be Wrong” a été écrit il y a 5 ans par deux journalistes Canadiens immergés en France pendant plus de deux ans, et analyse cet étrange personnage qu’est « le Français » comme pourrait le faire un anthropologue découvrant un peuple inconnu.
C’est un miroir sur nous même.
Leur travail (puisque ce livre est le résultat d’une étude financée par une Institution) est extrêmement intéressant. J’en recommande la lecture à tous ceux qui voudraient avoir un œil extérieur sur ce que l’on ne voit pas, tant il est difficile d’avoir du recul sur des choses aussi prégnantes que notre sentiment à la terre, à l’histoire, à l’Etat, à l’intégration. A moins que vous ayez vécu à l’étranger (et encore) tous ce qui constitue le fait d’être Français, notre manière de parler, de se présenter, de réfléchir, de voir la France, l’Europe ou le monde, … nous échappe. Ce livre nous pose devant les yeux le miroir dans lequel on peut se découvrir, s’analyser, et même … se comprendre.
Le livre est organisé en trois chapitres : « Spirit », « Structure », et « Change ».
- Dans « Spirit », les auteurs traitent de l’ancienneté et la diversité du peuple français, son lien à la terre, son goût marqué pour la grandeur et l’éloquence, sa difficulté de faire des compromis. Les auteurs insistent sur l’importance de l’Etat, auquel plusieurs chapitres sont consacrés (avec des focus sur l’unification de régions disparates, la définition de ce qu’est l’intérêt général, la place de l’interventionnisme économique).
- Dans « Structure » on aborde les principes d’égalité, l’utilisation de la langue, l’élitisme, la loi, le rôle des associations, la culture de la protestation qui est la conséquence directe de la « délégation » de responsabilité du peuple envers l’Etat, et notre « melting-pot ».
- Dans « Change », on aborde les lignes de forces qui modifient la France, notamment la mondialisation et la construction européenne.
Chaque aspect est analysé intelligemment sur des plans complémentaires, historiques, sociologiques, économiques, …
- On sent une réelle curiosité chez ces auteurs qui ont eu à cœur de décloisonner leur analyse pour utiliser toutes les clés de compréhension de la « francitude » (ça c’est de moi). Les auteurs sont plutôt tendres envers les frenchies.
- Ils expliquent que ce qui peut apparaitre comme des « mauvaises manières » aux yeux des Américains ou Canadiens, vient du fait que ces « visiteurs » ne s’attendent pas à trouver en face d’eux un peuple (indigène) aux coutumes différentes des leurs. Ces « visiteurs » sont beaucoup moins exigeantes quand ils visitent des pays « exotiques » car ils s’attendent et se préparent à la « différence ». Livre fourmille d’exemples. Les auteurs expliquent par exemple pourquoi nous n’hésitons pas à « reprendre » (corriger) un étranger qui prononcerait mal un mot (ce qui peut apparaître « very rude »). Pourquoi dans les petits magasins, le patron a le sentiment d’être « chez lui ». L’ouvrage fourmille de clés de compréhension de la vie de tous les jours. Cela ne les empêche pas de prendre de la hauteur.
- Ils rappellent de nombreux points sur lesquels nous avons été novateurs, que ce soit au niveau économique (inventeur de la maxime libérale « laissez faire »), politique ou culturel. Ils rappellent par exemple « l’invention » de la citoyenneté définie par l’adhésion à des principes, et non par le sang, la langue ou la religion.
Une des conclusions de ce travail est que « le système est tel que les Français l’ont voulu et il fonctionne ». Cependant, peut on lire, les Français n’hésitent pas à évoluer et s’adapter quand il le faut. L’abandon du Franc en est un des exemples les plus marquants.
Ces 351 pages (en anglais) se lisent avec gourmandise, tellement le contenu en est rafraîchissant.
Jérôme Bondu " sur http://www.inter-ligere.net/article-14021147.html
Lilie
Je viens de le recommander, avec cette fois-ci l'intention de le finir.
Il a ete traduit en plusieurs langues, mais je ne me suis jamais renseignee sur le titre en Francais (l'original traduit litteralement serait "60 millions de Francais ne peuvent pas avoir/n'ont jamais tord").
"En cette période de grève et de blocage généralisé, le livre « Sixty Million Frenchmen Can't Be Wrong » est une bouffée d’oxygène pour qui désespérerait des Français !
“Sixty Million Frenchmen Can't Be Wrong” a été écrit il y a 5 ans par deux journalistes Canadiens immergés en France pendant plus de deux ans, et analyse cet étrange personnage qu’est « le Français » comme pourrait le faire un anthropologue découvrant un peuple inconnu.
C’est un miroir sur nous même.
Leur travail (puisque ce livre est le résultat d’une étude financée par une Institution) est extrêmement intéressant. J’en recommande la lecture à tous ceux qui voudraient avoir un œil extérieur sur ce que l’on ne voit pas, tant il est difficile d’avoir du recul sur des choses aussi prégnantes que notre sentiment à la terre, à l’histoire, à l’Etat, à l’intégration. A moins que vous ayez vécu à l’étranger (et encore) tous ce qui constitue le fait d’être Français, notre manière de parler, de se présenter, de réfléchir, de voir la France, l’Europe ou le monde, … nous échappe. Ce livre nous pose devant les yeux le miroir dans lequel on peut se découvrir, s’analyser, et même … se comprendre.
Le livre est organisé en trois chapitres : « Spirit », « Structure », et « Change ».
- Dans « Spirit », les auteurs traitent de l’ancienneté et la diversité du peuple français, son lien à la terre, son goût marqué pour la grandeur et l’éloquence, sa difficulté de faire des compromis. Les auteurs insistent sur l’importance de l’Etat, auquel plusieurs chapitres sont consacrés (avec des focus sur l’unification de régions disparates, la définition de ce qu’est l’intérêt général, la place de l’interventionnisme économique).
- Dans « Structure » on aborde les principes d’égalité, l’utilisation de la langue, l’élitisme, la loi, le rôle des associations, la culture de la protestation qui est la conséquence directe de la « délégation » de responsabilité du peuple envers l’Etat, et notre « melting-pot ».
- Dans « Change », on aborde les lignes de forces qui modifient la France, notamment la mondialisation et la construction européenne.
Chaque aspect est analysé intelligemment sur des plans complémentaires, historiques, sociologiques, économiques, …
- On sent une réelle curiosité chez ces auteurs qui ont eu à cœur de décloisonner leur analyse pour utiliser toutes les clés de compréhension de la « francitude » (ça c’est de moi). Les auteurs sont plutôt tendres envers les frenchies.
- Ils expliquent que ce qui peut apparaitre comme des « mauvaises manières » aux yeux des Américains ou Canadiens, vient du fait que ces « visiteurs » ne s’attendent pas à trouver en face d’eux un peuple (indigène) aux coutumes différentes des leurs. Ces « visiteurs » sont beaucoup moins exigeantes quand ils visitent des pays « exotiques » car ils s’attendent et se préparent à la « différence ». Livre fourmille d’exemples. Les auteurs expliquent par exemple pourquoi nous n’hésitons pas à « reprendre » (corriger) un étranger qui prononcerait mal un mot (ce qui peut apparaître « very rude »). Pourquoi dans les petits magasins, le patron a le sentiment d’être « chez lui ». L’ouvrage fourmille de clés de compréhension de la vie de tous les jours. Cela ne les empêche pas de prendre de la hauteur.
- Ils rappellent de nombreux points sur lesquels nous avons été novateurs, que ce soit au niveau économique (inventeur de la maxime libérale « laissez faire »), politique ou culturel. Ils rappellent par exemple « l’invention » de la citoyenneté définie par l’adhésion à des principes, et non par le sang, la langue ou la religion.
Une des conclusions de ce travail est que « le système est tel que les Français l’ont voulu et il fonctionne ». Cependant, peut on lire, les Français n’hésitent pas à évoluer et s’adapter quand il le faut. L’abandon du Franc en est un des exemples les plus marquants.
Ces 351 pages (en anglais) se lisent avec gourmandise, tellement le contenu en est rafraîchissant.
Jérôme Bondu " sur http://www.inter-ligere.net/article-14021147.html
Lilie