(C'est normal, c'était mardi = jour des blagounettes )Q comme... Queyras.En réfléchissant bien, je crois qu'il s'agit de mon premier long trek (dépassant le 2 jours / 1 nuit), avec mon groupe de randonneurs retraités.
C'était l'été, nous étions 8 et nous sommes embarqués dans le Tour du Queyras en version "liberté - sherpa" : logistique organisée par l'agence, nos affaires qui nous rejoignaient en véhicule de refuge en auberge chaque soir et de belles étapes de marche aux dénivelés qui m'effrayeraient aujourd'hui (mais où sont passés mes 20 ans !!).
Le Queyras, belle vallée alpine qui sent déjà le sud, pour moi l'Alpine du nord.
Etape 1 : Abriès - Ristolas - refuge Agnel.
Belle montée en alpages, en forêts, le long des lacs Egorgéou et Foréant aux bleus profonds... pour finir dans les caillasses au pied du Pain de Sucre, non loin de la frontière italienne.
Le crachin du soir sera le seul qui agrémentera la semaine, mais peu importe, nous sommes à l'abri, entassés dans ce refuge surfréquenté (car accessible en véhicules).
Etape 2 : Refuge Agnel - St-Véran
Après une première grimpette dans un pierrier pas très facile et le passage très venté du col de Chamoussière, c'est une longue descente herbeuse et tranquille qui nous mène dans les alpages vers la Chapelle de Clausis et jusqu'à Saint-Véran, village emblématique du Queyras, souvent cité comme "la plus haute commune de France et d'Europe" avec son altitude de plus de 2000 mètres. Le plaisir est surtout dans ses maisonnées de bois d'architecture typique de la vallée, dans ses cadrans solaires réputés, ses croix de missions...
La journée se termine avec une rapide descente jusqu'au hameau de La Chalp où notre auberge nous attend.
Etape 3 : La Chalp - Montbardon
Nous grimpons tout d'abord sur les mamelons herbeux et forestiers vers les Cols des Prés-de-Fromage et Fromage... puis nous laissons dégringoler de plus de 800 mètres sur le sentier qui nous ramène au bord du torrent Guil, à Montbardon. J'ai souvenir là de genoux et chevilles qui ne voulaient plus rien savoir et d'une magnifique petite auberge tout de bois et bien accueillante.
Etape 4 : Montbardon - refuge de Furfande
Ou la journée en enfer...
C'est le 4ème jour, la descente de la veille a laissé des traces, notre sac est plus chargé que les autres jours (nuit en refuge isolé), nous avons près de 1000 mètres à grimper... quand le mental prend le pouvoir et que mettre un pied devant l'autre ne devient qu'un automatisme douloureux, rythme lent pour faire taire ces poumons qui ont envie d'éclater... des heures durant.
Quelques premiers mètres de descente pour rejoindre le Guil, la traversée, et la longue, très longue montée dans la fraiche forêt puis les alpages agrémentés de chalets et assommés de soleil, fleurs de fin d'été pour nous accompagner aux pieds, troupeaux pour nous accueillir là-haut.
Etape 5 : Furfande - La Chalp-d’Arvieux
Je crois me rappeler que certains se sont offerts là un petit détour par un sommet pendant que je les attendais sagement sur le chemin principal qui redescend tranquillement vers la vallée d'Arvieux. Souvenirs fugaces d'une belle forêt de résineux rafraichissante, d'une gouille d'eau d'un vert irréel, d'un coin pique-nique champêtre où nous avions pu délasser nos petons au ruisseau... à moins que ce soit sur une autre étape ?
Etape 6 : Arvieux - Les Fonts-de-Cervières
Il nous a fallu remonter encore, d'abord tranquillement en passant par le lac de Roue qui doit être resplendissant en automne, entouré de ses mélèzes, puis le petit village de Souliers, avant de nous engager dans le sentier en alpage qui grimpe sous les roches abruptes du Pic de Rochebrune jusqu'au Col de Péas qui permet la bascule vers les Fonts-de-Cervières où nous attendait une surprise : manifestation tibétaine en l'honneur de la venue (passée ou prochaine, je ne sais plus) du Dalaï Lama. Drapeaux multicolores, bonzes, trompes tibétaines, festivités... belle ambiance dans le soleil venté de fin d'après-midi.
Etape 7 : Les Fonts-de-Cervières - Abriès
Pour boucler la boucle, une dernière montée conséquente dans un joli pierrier acéré et bien raide
(souvenir d'une galère intestinale pour nombre d'entre nous dans ce pierrier où il n'y avait aucun sapin pour cacher nos forfaits, aucun moyen de faire plus de 2 pas pour s'écarter du chemin...) jusqu'au Col de Malrif qui nous a permis de re-basculer sur les versants adrets, les alpages, les lacs Malrif et du Grand Laus, puis plus bas, une vallée verte aux torrent et ombrage résineux agréables... Pour finir avec un sentier en balcon, un campanile isolé, un chemin de croix agréable... et le bonheur suprême de déchausser les godillots avec l'idée de ne pas les renfiler avant plusieurs jours... ou semaines.
De bien belles images emmagasinées en tête durant cette semaine là.
Un sentiment de belle victoire : je l'ai fait !
L'envie d'y retourner, en été, en hiver aussi... Un jour peut-être (lorsque la forme sera retrouvée !
).