par geob Mar 15 Nov - 17:10
L'administration m'ayant généreusement accordé un an de congé maladie, alors que je ne lui avais rien demandé, j'ai fais mon sac et j'ai pris le train pour l'Espagne, en avril 1978. Bon, c'est vrai, je n'avais pas le droit, mais Nicolas Sarkozy et Xavier Bertrand étaient encore dans les limbes de leurs ambitions politiques.
Fin avril, j'ai pris un autocar à Séville pour la frontière sud du Portugal. Bon sang, en 1978 ! Ça remonte loin ! Pourtant, je garde le souvenir d'avoir passé au moins une nuit dans 16 villes. La première, ce fut la petite ville frontière, puis j'ai longé la côte : Olhao, Faro, Abufeira, Lagos, Sagres. Ensuite, j'ai entamé la montée vers le nord : Sines, Setubal, Lisbonne, Sintra, Coimbra, Leiria, Figuera da Foz et...il m'en manque trois ! Je ne suis pas allé à Porto, j'ai pris la route pour la frontière espagnole d'où un Français, qui transportait des ouvriers portugais pour la France, m'a embarqué dans sa camionnette jusqu'à Salamanque.
J'ai aimé me balader en Portugal, j'ai apprécié les gens - j'en ai souvent rencontrés qui avaient de la famille en France ! -, la nourriture, et la vie pas chère. Toutes les semaines, avec ma carte bleue et un chèque, j'échangeais 250 Fr ! Et toutes les semaines, j'avais toujours plus d'escudos ! Mais c'était juste après la révolution des Oeillets, et les murs étaient encore recouverts de graffitis et des portraits d'Othelo de Carvaiho. C'était le dernier souffle d'un certain romantisme révolutionnaire.
Il me semble que je n'ai jamais dormi dans des hôtels, j'allais toujours dormir chez les gens qui louaient des chambres. Je me souviens qu'à Coimbra, j'ai dormi dans une annexe, le propriétaire avait un studio dans un immeuble : il m'a indiqué l'adresse, filé la clé. Durant mon séjour, je le croisais et on se saluait.
Lisbonne reste ma capitale européenne préférée. Mais Lisbonne, aujourd'hui ? A l'époque, je ne connaissais pas Pesoa, et je crois que "Le livre de l'intranquillité" n'était pas paru - était-il encore dans la fameuse malle ? - et on ne chantait pas "les brunes ne comptent pas pour des prunes", mais je connaissais déjà Amalia Rodriguez - la mélancolie du Fado n'est pas de la tristesse, c'est la nostalgie, celle qui fait vagabonder l'esprit.
Bon, je vais arrêter, ouh là ! je me vois parti pour refaire le voyage !
( au fait, je suis allé à Fatima ! J'ai lu par la suite un livre très bien fait sur les "appartions". A déconseiller aux croyants !)