Pour te repondre:
"18 novembre 2009
Neiva
- Mes plans foireux -
Voici comment je voyage: je regarde une carte du pays. Dans ce cas precis, depuis Bogota, je sais que je veux descendre a San Agustin dont on m’a parle. Sur la carte, je regarde si entre ces deux points il y a quelque chose d’interessant. Je vois “Desierto de la Tatacoa”, a peu pres a mi-chemin entre les deux. Tiens, me dis-je, un desert par la, c’est bizarre, j’irais bien y faire un tour! Petit tour a l’office de tourisme pour savoir comment m’y rendre et si ca vaut le coup. Puis rapide recherche sur le net pour completer le tout. Effectivement, sur internet, c’a l’air chouette et en plus on me dit comment m’y rendre depuis Bogota: bus jusqu’a Neiva (environs cinq heures), puis autre bus jusqu’a Villavieja (quarante cinq minutes), et de la apparemment moto-taxi (quinze minutes) jusqu’au desert. Parait qu’on peut y camper, mais je n’en sais pas plus.
(...) Il me ditque je devrais pouvoir rejoindre Villavieja aujourd’hui-meme, sans probleme.
Je rigolais interieurement quand une fois au terminal de Neiva, avec mes deux sacs, je transpirais en faisant des allers-retours pour trouver ce fichu bus ou colectivo pour Villavieja! Oui, puisque chaque personne a qui je demandais m’assurait que je trouverais mon bonheur dans la direction par laquelle j’arrivais. Au bout de quinze minutes, un gentil monsieur d’une agence, comprenant a mon grand sourire desarme que c’etait bien marrant la visite du terminal de bus de Neiva mais que je souhaitais quand meme me rendre a Neiva, est sorti de son comptoir pour ne venir en aide. Bon, avec lui aussi on fait un petit tour de labyrinthe, mais en moins de cinq minutes il me trouve les taxis colectifs qui partent pour Villavieja. Sauf qu’ils ne partent pas avant demain matin, ou alors ce soir pour moi toute seule, mais je vais payer bonbon. Mon bon samaritain, d’un regard appuye me dit:
- Demain, c’est mieux.
Je le remercie et il repart a ses fonctions. Les chauffeurs de taxi me disent de revenir demain a 6h. Il n’y a pas d’heure de depart, ils partent quand ils sont pleins. Ah oui, c’est vrai, j’avais oublie ce principe.
Bon, ben me reste plus qu’a trouver un endroit ou dormir par ici. Pfff... Il creve de chaud ici, je transpire comme pas possible! Mon pauvre petit corps ne doit encore pas apprecier comment je le maltraite ces derniers jours: du climat humide polynesien aux 32 degres ultra secs de Santiago, a l’humidite de Bogota et a ses nuits froides a 2700 metres d’altitude. Et de la, le voici dans un desert et apparemment a nouveau tres bas en altitude! Pauvre petit corps! Il lui faut donc un endroit pour se reposer cette nuit. Toujours dans le terminal, j’apercois la police touristique; je vais y tenter ma chance pour des infos sur un logement. Le gars ne sait pas trop, et d’un seul coup une loupiotte s’eclaire dans ses billes noires. Il sort de sous une pile de trucs, une feuille au papier jaunit. Dessus, des noms et numeros de telephone. Comme je lui ai demande quelque chose de proche du terminal, il m’indique l’Hostel del Terminal, apparemment juste au coin de la rue.
Effectivement, 300 metres plus bas j’apercois une sorte d’hangard douteux mais a la belle enseigne clinquante “Hospedaje del Terminal”. Je vois un hotel plus loin sur la droite. J’hesite. La fleme, je vais au plus proche, et a ce qu’on m’a indique. Je rentre par le grand portail en taule, ouvert sur la rue. C’est ni plus ni moins qu’un garage avec une camionette a l’interieure et un petit bureau sur la gauche. Je demande un lit pour la nuit. 20 000 pesos avec ventilateurs, 30 000 avec air conditionne. Comme j’hesite, la nana m’emmene voir une chambre a 20 000. Ah... y a pas de fenetre, je suis pas fan de ce genre de chambre. Encore, des fois y a un vieux Velux au plafond, mais la, c’est juste un vieux mirroir tout pique qu’il y a au plafond. Bizarre me dis-je. J’opte donc pour une chambre a 30 000. Je paye et elle m’emmene a l’etage. La chambre qu’elle veut me donner est fermee, elle frappe, refrappe. En attendant que ca ouvre, j’apercois par la porte ouverte de la chambre obscure d’en face, des cannettes de coca par-terre, et des papiers. La nana, toujours en attendant que ca ouvre, me dit que la chambre qu’elle veut me donner aurait du etre nettoyee pourtant. La porte s’ouvre enfin. Je ne vois que la tete du mec torse-nu puisqu’il se cache derriere la porte, dans le noir de la piece. S’en suit une breve discussion dont je ne comprends rien, mais en gros ca devait donner ca:
- Tu devrais etre parti, t’as depasse l’heure!
- Non, non, je vais rester encore un peu plus.
- Ok, mais tu paieras le temps supplementaire.
Ennuyee, elle m’emmene sur la chambre d’a cote, porte grande ouverte. Les vieux dessins de femmes nues dans le couloir et dans des positions plus que significatives achevent enfin de confirmer dans ma tete le dessein de cette hospedaje: un endroit ou on paye a l’heure, pour tirer son coup. Pratique habituelle en Amerique du Sud, notemment pour les jeunes qui vivent encore chez leur parents, ou les relations extra-conjuguales aussi je pense. J’ai donc l’air conditionne dans la chambre, qui tient je ne sais comment dans l’emplacement imparfait qu’on lui a troue dans le mur qui donne sur la rue. J’ai aussi un grand dessin d’une belle pulpeuse qui devoile tous ses charmes a gauche de mon lit. Une salle de bain sommaire sur la droite, une tele qui fonctionne et avec plein de chaines en couleur, une grande fenetre qui fait toute la largeur de la piece, face a mon lit, et grace a laquelle j’entend tout ce qui se passe dehors. Et par dessus tout, j’ai meme une serviette de bain et des draps propres! Le luxe pour un hotel de passe!"
Lilie