Isabelle est partie à la mer. Se baigner lui remet toujours les idées en place et apaise ses colères. L'eau est un peu frisquée à cette époque de l'année mais elle aime cette sensation de lutte que cela lui demande. Aller un peu plus loin, dépasser sa zone de confort, c'est un challenge qui lui plaît dans la vie. Oui, dépasser sa zone de confort, aller voir ce qui se passe, descendre toujours plus profondément et ne pas se fier seulement aux apparences. Voilà, elle l'a trouvé sa solution : elle va accepter de revoir Yann s'il la rappelle. Mélissandre a surement raison, il y a certainement quelque chose par rapport à ce qu'il a vécu et elle a terriblement envie de savoir quoi. Quitte à se casser les dents ? Euh, se dépasser d'accord mais faut savoir se préserver aussi. Oui et bien ça, faudra que quelqu'un lui enseigne parce qu'elle n'a toujours pas compris comment on fait. Elle en est là de ses réflexions lorsqu'elle aperçoit tout à coup sur le sable, Yann qui lui fait un signe.
- Salut, je voudrais te parler
- Alors viens te baigner
- Tu plaisantes là, l'eau est gelée.
Isabelle fait demi-tour et s'éloigne en nageant. Yann fait tomber le pantalon et le tee-shirt et se jette dans l'eau
- brrr, quelle dingue cette fille
Mais plus il nage et plus il a l'impression de se réveiller, de se défaire d'un voile opaque qui l'enveloppait jusqu'à maintenant. Isabelle a pratiqué quelques symboles reiki lorsqu'il est entré dans l'eau et a demandé aux esprits de la mer d'accueillir cet homme.
Il arrive près d'elle et ils nagent tous les deux en silence. Il se sent bien ici avec cette fille, il a envie de lui dire mais il sent que cela serait malvenu et manipulateur de sa part pour l'instant. Il décide de faire demi-tour car le froid commence à prendre le dessus sur le bien-être. Assis sur le sable, il la regarde. Ses cheveux flottent autour d'elle. C'est vrai qu'elle est jolie. Et quelle folle de rester dans une eau à 15 degrés aussi longtemps. C'est un truc qu'il est incapable de faire. Il a envie de la prendre dans ses bras. Mais pour ça, il va falloir qu'il s'explique avant et rien ne dit qu'ensuite elle ne s'en ira pas en courant ou en lui riant au nez.
Elle sort enfin, se rhabille et sans même lui adresser un regard, elle s'en va.
- Ok je sais que j'ai mille choses à me reprocher. Je comprends que j'ai dû te faire souffrir et que tu as envie de te venger mais arrête. Parce qu'à ce rythme là je ne vais rien pouvoir te dire. Et si on s'asseyait maintenant. Laisse-moi au moins une chance.
Mais elle lui a donné une épreuve dont il ne sait rien. S'il prononce le mot précis qu'elle attend, alors elle lui donnera le droit de s'expliquer. Il se place devant elle pour essayer de la stopper.
- Isabelle arrête, s'il te plaît. Je me sens idiot, tu me mets dans le rôle d'un petit garçon qui aurait fait une grosse bêtise et qui doit tout accepter afin de se faire pardonner. Je ne peux pas jouer à ce jeu. Je suis venu pour te demander pardon effectivement mais si tu ne me donnes pas le temps de le faire on ne va pas s'en sortir. Je t'en prie, pardonne-moi Isabelle ... s'il te plaît...
Elle sort une cannette de coca de son sac de plage, l'ouvre et en regardant Yann droit dans les yeux, elle la verse sur lui. Il est tellement surpris qu'il n'a pas le temps de se retirer. Il a prononcé le mot qu'elle attendait mais décidément, elle se sent encore trop en colère contre lui pour avoir des contacts pacifiques. Elle a envie de le tuer !
- Ok puisque tu ne veux rien entendre, je m'en vais. J'espère que tu t'es bien vengée. Tu as raison, je ne suis qu'un sale con et si me balancer du coca sur la tête a pu t'apaiser, j'en suis heureux. Désolé.
C'est lui qui a présent s'en va. Isabelle le regarde un instant s'éloigner. Il a l'air si malheureux en disant ça qu'elle ne peut pas s'empêcher de lui courir après. Pff, décidément pense t-elle, elle est toujours bloquée dans le fameux "Suis-moi je te fuis, fuis-moi je te suis".
- Attends, c'est bon, on peut signer le traité de paix, j'accepte de t'écouter mais fais quelque chose parce que le coca dans les cheveux, ça colle et ça te donne un air totalement débile.
Yann se dirige vers les sanitaires et lorsqu'il en ressort, ils décident d'aller manger un plateau de fruits de mer.
Le repas est silencieux. Yann ne sait pas comment commencer. La bouteille de vin blanc qu'ils ont commandée est déjà à moitié bue, le plateau pratiquement vide.
- et bien on peut dire qu'avec toi la vie doit être joyeuse alors excuse-moi mais je sors fumer une cigarette
- Désolé, je n'arrive pas à te dire ce que je voudrais t'expliquer. Ca fait 3 jours que je pense à tout ça. J'ai envie de te parler et les mots n'arrivent pas à sortir. C'est dingue, j'ai l'impression que quelque chose me baillonne. Est-ce que tu veux qu'on s'en aille ? Je me sens mal ici, je préfèrerais qu'on aille à l'hôtel. J'ai besoin qu'on soit dans un lieu moins bruyant, j'ai besoin de te sentir plus près de moi pour y arriver. Tu veux bien ?
- Si tu ne me la rejoues pas à Docteur Jeckill et Mister Hyde je veux bien.
Original publié par Béatrice le 13 juillet 2008 au livistan : http://peuplevoyageur.spaces.live.com/blog/cns!D76DAB0F8562EBE1!2659.entry
Wapiti le 14 Juillet 2008 a écrit:Ils ont de la chance d'avoir du soleil ces deux-là !
Mais vont-ils y arriver à se dire les choses ??? Suspens !!!
Merci Béa de partager avec nous tous cette petite suite des aventures de nos étranges voyageurs. :-)
Bisouilles
Lahaut le 16 Juillet 2008 a écrit:C'est "Amour Gloire et beauté" mélangé avec "Sous le soleil " avec un zeste de "Santa Barbara " en espérant que cela ne devienne pas "Marie Pervenche " ou "Jacquou le Croquant "