Une fois de plus il pense être emprisonné d'un mode et d'un cadre vie qui ne sont pas les siens. Ce sentant appatride, il a le besoin de bouger dans un espace à l'échelle internationale pour vivre son existence "pérégrinationnelle". C'est dans l'hémisphère sud, à des milliers de kilomètres de son point d'attache "culturel", qu'il va expérimenter et découvrir le sentiment le plus marquant de son histoire, une terrible émotion que des millions d'hommes et de femmes ont dû souffrir.
C'est un jour de janvier que débute cet exil épisodique sur un sol chaud de GRONENHSBUJA, ville marquée de son histoire coloniale, mouvementée par des heurts ethniques. Aujourd'hui la ville est l'exemple même de la réconciliation, et montre un certain pluriculturalisme.Que se soit au niveau architectural,ou par forme de pensée, la cité se démarque de cette diversité souvent souhaitée mais aussi parfois décriée. Comme dans toutes les acropoles du monde, des édifices modernes dessinent une partie du paysage urbain. Et ici les classes sociales inferieures s'invitent dans ces alentours, si bien que des personnes pauvres vivent aux pieds de ces monstres de béton. Cette cohabitation qui n'est pas forcément dérangeante, a quand même un inconvégnient de taille : l'insécurité.
Déjà, à l'aéroport, Nahum est averti ; il discute, dans la longue file d'attente de la douane, avec une passagère. Celle-ci le met en garde : "Parce que vous êtes un blanc, vous aurez toutes les chances d'être racketté, méfiez-vous." Le trentenaire considère ces propos à sa propre mesure. Avec l'air chaud et humide qui s'amplifie un sentiment d'angoisse retient sensiblement le jeune homme.
Enfin il arrive à quitter l'aéroport. La navette le conduit droit à son hébergement, au fin fond des faubourgs de la ville. Il a bien monnayé ses sous contre la monnaie de singe locale, mais peu famillièrement habitué, machinalement et peut être imprudemment ou maladroitement, il exhibe la liasse de billets pour extirper la valeur du séjour pour l'hôtelier. C'est toujours marrant de voir un étranger se dépatouiller avec l'argent dont il ne connait pas encore la physionomie.
Le lendemain, Mc Leerdam part à l'aventure dans cette jungle urbaine 10 fois plus vaste que sa ville de domicile. Un nègre, euh pardon, un chauffeur va lui faire voir du pays. Pour se déplacer mieux vaut cet engin qu'on appelle "automobile" et dont tout citadin d'une mégapole ne peut plus se séparer.
Le schéma est classique : visite des musées, grimpette sur les plus hautes tours de la métropole et excursion sur des sites naturels pour peu qu'il y en ait. La journée est déjà terminée. Réflexion faite, il n'a eu guère de contact avec la population. Il faut avouer que Nahum ne parle pas le kranafasi, le beneled, le hasox ou le ozuolu. Tout de même, il reste ému de la visite du dramatique sanctuaire au sud de la ville, là où l'histoire retracée d'il n'y a pas plus de 30 ans, a avili, emprisonné, scarifié, torturé, occi des êtres humains dans leurs chairs et dans leurs dignités. Faut_il parfois voir ces choses pour mieux considérer la liberté et la paix ?