Wap, les anniversaires, ça la rend toujours nostalgique...
... et comme elle a encore envie d'hiver, que cet hiver blanc dure encore un peu,
elle m'a demandé de ressortir du fond de la malle livistanaise quelques parchemins poussiéreux :
... et comme elle a encore envie d'hiver, que cet hiver blanc dure encore un peu,
elle m'a demandé de ressortir du fond de la malle livistanaise quelques parchemins poussiéreux :
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Voyage au pays du livre
où nous retrouvons Yann et Djamel au chalet des Piards, Jura
Voyage au pays du livre
où nous retrouvons Yann et Djamel au chalet des Piards, Jura
Lorsqu’à leur arrivée Yann lui a fait visiter le chalet, en entrant dans le salon, Djamel n’a pu retenir un « Waouh ! » devant le spectacle du mur face à la cheminée, couvert de haut en bas, sur toute sa largeur de livres.
Même à la bibliothèque municipale Djamel n’avait encore jamais vu ça…
Un mur de livres. Des milliers. Certains de toute évidence très anciens, cornés, jaunis, à la vieille couverture soutenue par une ficelle, d’autres beaucoup plus récents et peut-être à peine ouverts, tomes de collection aux couvertures similaires, livres de poches, des best-sellers, des éditions limitées, des grands, des petits, des épais, des fins, de tranches aux couleurs variées, de tous les genres : pour jeunes, pour adultes, guides de voyage, récits, romans, recueils de poèmes, essais, pièces de théâtre, encyclopédies, dictionnaires, bandes dessinées…
Il apprendra plus tard que le gros coffre en bois ramené du Maroc, posé à côté de la cheminée, et sur lequel on s’assoit parfois, contient aussi des trésors de lecture : carnets de voyage, dessins, plans et cartes, herbiers, accompagnés de bricoles de tout genre ramenées de voyage…
Ce salon, cette bibliothèque comme le trophée d’une famille de lecteurs et voyageurs depuis des générations.
Le lendemain, Djamel osera un « T’as lu tout ça ? »
« - Bien sûr que non. Mais une bonne partie, oui. Te gènes pas, choisis. »
Même à la bibliothèque municipale Djamel n’avait encore jamais vu ça…
Un mur de livres. Des milliers. Certains de toute évidence très anciens, cornés, jaunis, à la vieille couverture soutenue par une ficelle, d’autres beaucoup plus récents et peut-être à peine ouverts, tomes de collection aux couvertures similaires, livres de poches, des best-sellers, des éditions limitées, des grands, des petits, des épais, des fins, de tranches aux couleurs variées, de tous les genres : pour jeunes, pour adultes, guides de voyage, récits, romans, recueils de poèmes, essais, pièces de théâtre, encyclopédies, dictionnaires, bandes dessinées…
Il apprendra plus tard que le gros coffre en bois ramené du Maroc, posé à côté de la cheminée, et sur lequel on s’assoit parfois, contient aussi des trésors de lecture : carnets de voyage, dessins, plans et cartes, herbiers, accompagnés de bricoles de tout genre ramenées de voyage…
Ce salon, cette bibliothèque comme le trophée d’une famille de lecteurs et voyageurs depuis des générations.
Le lendemain, Djamel osera un « T’as lu tout ça ? »
« - Bien sûr que non. Mais une bonne partie, oui. Te gènes pas, choisis. »
Djamel est embarrassé. Lire n’a jamais été un loisir pour lui. Il sait lire. Pas trop mal même d’après ses profs. Mais il n’a jamais vraiment aimé se plonger dans un bouquin, ça demandait trop de temps, trop de concentration. Il ne se souvient même plus ce que ses profs l’ont obligé à feuilleter (en diagonale ! Fallait pas non plus exagérer. Les fiches de lecture, il les trouvait sur le Net…)… du Molière peut-être ; Pagnol ? il n’est pas sûr… le reste, aux oubliettes (comme beaucoup beaucoup de choses son époque scolaire – 13 ans quand même !). Même Harry Potter n’a pas su attirer son attention malgré sa médiatisation… Quelques mangas, oui… mais ce n’est pas vraiment de la lecture, n’est-ce pas ?
Bref, devant ce mur de livres et cette invitation de Yann à choisir, Djamel est vraiment perplexe : il a envie d’essayer… mais par où commencer ?
Son embarras est tel qu’il fait sourire Yann, attendri par ce ‘petit frère’ qu’il a trouvé sur sa route pour accompagner sa solitude. Il cherche un peu dans le mur, et en extirpe deux petits livres qu’il tend à Djamel.
« Tu connais ? Pour commencer, c’est pas mal. »
Djamel regarde les couvertures : Le Petit Prince de St Exupéry et L’Alchimiste de Paul Coelho.
« - Non.
- ça se lit bien, tu verras. Tu devrais apprécier. Après… »
Après, Yann lui montre des zones du mur et lui cite des auteurs, des lectures qu’il a appréciés et qui pourraient permettre à Djamel de s’évader, de voyager, voire d’être piqué par le virus du voyage…
Pour commencer, Jules Verne bien sûr, avec ses Cinq semaines en ballon, ses Voyages extraordinaires, L’île mystérieuse, Le tour du monde en 80 jours…
Pour rester dans la catégorie « livres jeunesse », il y a les Serge Dalens et les autres auteurs de la collection Signes de piste… ou les B.D. de l’ami Tintin, grand reporter globe-trotter…
Ensuite, du René Frison-Roche, dans les Alpes avec son très connu Premier de Cordée (Djamel hoche la tête en connaisseur… mais ne connaissait pas.) et sa suite, dans le Sahara avec la série Bivouacs sous la lune, le Rendez-vous d’Essendilène… dans le grand nord européen avec Le rapt, La dernière migration ou Les terres de l’infini… ou encore en Afrique noire avec l’histoire romancée de l’explorateur René Caillé dans L’esclave de Dieu…
Autre auteur-voyageur qui se lit agréablement et sait si bien peindre avec des mots les paysages, les ambiances : Bernard Clavel, pour découvrir le Canada des pionniers avec la série Le Royaume du Nord (Harricana, etc), ou pour redécouvrir le Jura d’une autre époque avec les tomes des Colonnes du Ciel…
Redécouvrir la France des terroirs avec les romans de Marcel Pagnol bien sûr, mais aussi Christian Signol qui sait si bien faire vibrer avec ses souvenirs… Yann cite même de tête un passage : « J’ai toujours pensé que la beauté du monde était destinée à nous faire oublier la brièveté tragique de nos vies.» (in Les vrais bonheurs)
De St Exupéry, il y en a d’autres aussi dans ce mur, si l’aviation l’intéresse : Courrier sud, Terre des hommes…
Envie d’aller du côté de l’Egypte ? Il faut piocher dans les Christian Jacq : Barrage sur le Nil pour une histoire contemporaine, ou les séries plus historiques sur les pharaons comme Ramsès…
D’aller à la découverte du Mali ? La collection d’Amadou Hampâté Bâ est incontournable : Amkoullel, l’enfant Peul, ou les Contes initiatiques peuls, Petit Bodiel…
Du côté du Maroc, voir Tahar Ben Jelloun, même si la lecture de ses Enfant de sable et Nuit sacrée se révèle peut-être plus fastidieuse.
et… et…
…
Bref, devant ce mur de livres et cette invitation de Yann à choisir, Djamel est vraiment perplexe : il a envie d’essayer… mais par où commencer ?
Son embarras est tel qu’il fait sourire Yann, attendri par ce ‘petit frère’ qu’il a trouvé sur sa route pour accompagner sa solitude. Il cherche un peu dans le mur, et en extirpe deux petits livres qu’il tend à Djamel.
« Tu connais ? Pour commencer, c’est pas mal. »
Djamel regarde les couvertures : Le Petit Prince de St Exupéry et L’Alchimiste de Paul Coelho.
« - Non.
- ça se lit bien, tu verras. Tu devrais apprécier. Après… »
Après, Yann lui montre des zones du mur et lui cite des auteurs, des lectures qu’il a appréciés et qui pourraient permettre à Djamel de s’évader, de voyager, voire d’être piqué par le virus du voyage…
Pour commencer, Jules Verne bien sûr, avec ses Cinq semaines en ballon, ses Voyages extraordinaires, L’île mystérieuse, Le tour du monde en 80 jours…
Pour rester dans la catégorie « livres jeunesse », il y a les Serge Dalens et les autres auteurs de la collection Signes de piste… ou les B.D. de l’ami Tintin, grand reporter globe-trotter…
Ensuite, du René Frison-Roche, dans les Alpes avec son très connu Premier de Cordée (Djamel hoche la tête en connaisseur… mais ne connaissait pas.) et sa suite, dans le Sahara avec la série Bivouacs sous la lune, le Rendez-vous d’Essendilène… dans le grand nord européen avec Le rapt, La dernière migration ou Les terres de l’infini… ou encore en Afrique noire avec l’histoire romancée de l’explorateur René Caillé dans L’esclave de Dieu…
Autre auteur-voyageur qui se lit agréablement et sait si bien peindre avec des mots les paysages, les ambiances : Bernard Clavel, pour découvrir le Canada des pionniers avec la série Le Royaume du Nord (Harricana, etc), ou pour redécouvrir le Jura d’une autre époque avec les tomes des Colonnes du Ciel…
Redécouvrir la France des terroirs avec les romans de Marcel Pagnol bien sûr, mais aussi Christian Signol qui sait si bien faire vibrer avec ses souvenirs… Yann cite même de tête un passage : « J’ai toujours pensé que la beauté du monde était destinée à nous faire oublier la brièveté tragique de nos vies.» (in Les vrais bonheurs)
De St Exupéry, il y en a d’autres aussi dans ce mur, si l’aviation l’intéresse : Courrier sud, Terre des hommes…
Envie d’aller du côté de l’Egypte ? Il faut piocher dans les Christian Jacq : Barrage sur le Nil pour une histoire contemporaine, ou les séries plus historiques sur les pharaons comme Ramsès…
D’aller à la découverte du Mali ? La collection d’Amadou Hampâté Bâ est incontournable : Amkoullel, l’enfant Peul, ou les Contes initiatiques peuls, Petit Bodiel…
Du côté du Maroc, voir Tahar Ben Jelloun, même si la lecture de ses Enfant de sable et Nuit sacrée se révèle peut-être plus fastidieuse.
et… et…
…
Yann semble intarissable sur les trésors de ce mur livresque.
Djamel est assommé par les noms et les titres cités. Il est pris d’un vertige et s’affale dans un fauteuil. Ce qui fait (enfin !) taire Yann, qui s’excuse.
« C’est rien. … Dans quelques dizaine d’années, quand j’aurais lu tout ça, tu me montreras la suite ? », sourire narquois.
Eclats de rire.
« OK, je vais commencer par celui-là » ajoute Djamel en montrant L’Alchimiste qu’il ouvre précautionneusement, avec un peu d’appréhension, il se l’avoue.
Yann de son côté fouine quelques minutes avant de tirer du mur Les sept plumes de l’aigle d’Henri Gougaud. Il compte sur les aventures spirituelles de Luis le Quechua du côté de Tiahuanaco pour dissiper les brumes et langueurs qui assaillent encore son cœur et son esprit.
Le lendemain soir.
Djamel est assommé par les noms et les titres cités. Il est pris d’un vertige et s’affale dans un fauteuil. Ce qui fait (enfin !) taire Yann, qui s’excuse.
« C’est rien. … Dans quelques dizaine d’années, quand j’aurais lu tout ça, tu me montreras la suite ? », sourire narquois.
Eclats de rire.
« OK, je vais commencer par celui-là » ajoute Djamel en montrant L’Alchimiste qu’il ouvre précautionneusement, avec un peu d’appréhension, il se l’avoue.
Yann de son côté fouine quelques minutes avant de tirer du mur Les sept plumes de l’aigle d’Henri Gougaud. Il compte sur les aventures spirituelles de Luis le Quechua du côté de Tiahuanaco pour dissiper les brumes et langueurs qui assaillent encore son cœur et son esprit.
Le lendemain soir.
Après quelques heures de lecture (si peu finalement !), Djamel referme son livre et reste longuement pensif. Comme Santiago le berger andalou, lui aussi est parti en quête, mais il ne sait trop en quête de quoi… sa « légende personnelle » ? En a-t-il vraiment une ? Il ne sait pas. Il ne l’a pas encore découverte, révélée à son cœur…
Dans le fauteuil d’en face, Yann semble plongé dans sa lecture. Il n’ose l’interrompre, mais il a très envie de lui demander si lui connaît sa légende personnelle, s’il a suivi son rêve pour connaître sa vérité…
Perdu dans ses pensées, Djamel retrouve sous ses doigts le contact d’une feuille de papier qui a glissé du livre hier. Il la déplie. Belle écriture fine, sûrement d’une femme. Une signature énigmatique : Mamido. Un titre : Nils m’a prêté son oie.
Les lignes défilent, il les savoure. Décidément, Djamel ne savait pas qu’il pouvait être si bon de lire.
Il a fini. Il ferme les yeux. Le feu ronronne dans la cheminée en garantissant sa douce chaleur. Djamel s’envole. Il rêve. Il rêve de nuages, d’océans, de désert de sable, de pyramides, de moutons d’Andalousie, d’une oie…
Perdu dans ses pensées, Djamel retrouve sous ses doigts le contact d’une feuille de papier qui a glissé du livre hier. Il la déplie. Belle écriture fine, sûrement d’une femme. Une signature énigmatique : Mamido. Un titre : Nils m’a prêté son oie.
Les lignes défilent, il les savoure. Décidément, Djamel ne savait pas qu’il pouvait être si bon de lire.
Il a fini. Il ferme les yeux. Le feu ronronne dans la cheminée en garantissant sa douce chaleur. Djamel s’envole. Il rêve. Il rêve de nuages, d’océans, de désert de sable, de pyramides, de moutons d’Andalousie, d’une oie…
Original de ce texte publié par Wapiti au Livistan le 6 février 2008 : //peuplevoyageur.spaces.live.com/blog/cns!D76DAB0F8562EBE1!242.entry